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Les vents de l’hiver Chapitre 10 L’avion de Candy atterrit à New York en début d’après-midi. Il lui avait fallu toutes les forces du monde pour ne pas faire demi-tour pour rester avec sa fille… et son mari. Elle arriva chez sa mère, qui l’attendait. Elle courut se jeter dans ses bras. - Mais enfin, qui êtes-vous? Fit Eleonor, que faites-vous chez moi? - Maman, ce n’est pas le moment de plaisanter! Dit Candy en colère. - Je m’excuse ma chérie, dit sa mère en la serrant contre elle. Candy la serra très fort. Elle avait des larmes aux yeux. Elles allèrent s’asseoir dans le salon de détente, où il y avait un piano à queue, tout blanc. Elles allèrent s’asseoir sur le canapé à deux places, le loveseat pour bavarder. - Que se passe-t-il? Pourquoi es-tu revenue? - Il faut ma signature pour certains documents chez l’avocat de papa. - Ah… - Je sais, tu es contre… - Candy, comment c’était de vivre avec ta fille et ton mari? - C’était absolument divin, maman! J’avais vraiment l’impression de vivre un rêve éveillé… - Alors pourquoi veux-tu te réveiller de ce rêve? - Que veux-tu dire? - Il y a une façon simple de rendre ce rêve permanent… - Il m’a menti maman, comment a-t-il pu me faire croire que mon bébé était mort? Esther est si belle maman, j’ai manqué ses premiers instants sur cette terre que je ne pourrai plus jamais récupérer! - Candy… tu aimes toujours ton mari… - Ce goujat? Il me fait des avances, le salaud! - Il te fait des avances? Dit sa mère en la regardant. - Oui, tu te rends compte? - Et qu’as-tu fait? - Je l’ai menacé de le poursuivre pour harcèlement sexuel… - Et…? - Il a dit que je tenais trop à Esther pour le faire! Et il a raison! Eleonor réfléchit et elle se dit que peut-être que Terry savait que Blanche était Candy… Si c’était bien le cas, alors Terry avait sûrement un plan pour sa femme… Candy était trop impliquée émotionnellement dans cette histoire pour être rationnelle. - Candy, ma chérie. Essaye de te détendre un peu… ici tu peux être toi-même. - Oui, ça fait du bien de reparler avec mon accent britannique! Dit-elle en souriant. Elle alla dans sa chambre pour se débarbouiller, enlever son maquillage et ses lentilles de contact. Ses taches de son étaient de retour et ses yeux émeraude aussi. Elle laissa ses cheveux libres sur ses épaules, elle prenait aussi congé de son chignon sévère. Ca faisait du bien d’être elle-même! Elle ne savait pas combien de temps encore elle allait supporter cette comédie. Mais la pensée d’Esther lui donnait le courage de continuer. Mais elle aurait dû déjà prendre une décision, mais elle s’attardait, car être avec sa fille était absolument merveilleux. Elle descendit pour se rendre au bureau de l’avocat de son père. Sa mère la regarda en souriant. - Il ne reste plus que la couleur de tes cheveux…, dit sa mère en souriant. Candy fit une accolade à sa mère. - Je vais à mon rendez-vous, maman. Elle alla au rendez-vous chez l’avocat de son père. Sa mère lui avait prêté sa voiture et son chauffeur. Pendant le trajet, elle était en train de réfléchir. Esther et Terry lui manquaient horriblement, elle voulait lui téléphoner, mais elle n’était que la nounou. Si elle reprenait sa place, elle serait en mesure de lui téléphoner et entendre sa voix. Comme sa petite fille lui manquait! Et Terry? Terry aussi lui manquait, même son « patron » qui lui faisait des avances, lui manquait. Que devait-elle faire? Devait-elle tout abandonner tout simplement et essayer de reconstituer sa famille? Elle était encore confuse… Dans le grand bureau de l’avocat, elle était assise sur une chaise et elle signait les papiers en question. - Je vais m’assurer que tout est en ordre, pour ne plus à avoir vous faire revenir ici à New York pour une simple signature. - Il y a une raison pour tout, dit Candy, j’avais besoin de m’éloigner un peu… - Tout va bien? - Tout est parfait, être avec ma fille c’est un rêve dont je ne veux plus jamais me réveiller… - Avez-vous pris une décision? Car votre père semblait dire… - Je n’ai encore pris aucune décision, d’accord? - N’oubliez pas de me faire signe, pour que je puisse envoyer les papiers… Vous avez toujours votre copie? N’oubliez pas de la signer. - D’accord… - Candy, écoutez, je vois que vous êtes très émotive avec toute cette histoire. Vous êtes sûre que vous voulez continuer? - Que voulez-vous dire? - Je veux dire que vous êtes revenue, pourquoi ne pas envoyer les papiers à votre mari d’ici et en finir une fois pour toute? - Mais j’ai promis à Esther que j’allais revenir, je ne peux pas briser ma promesse! Elle va avoir le cœur brisé. Vous auriez dû voir son visage quand je suis partie! J’ai eu toutes les peines du monde à la laisser… « … à les laisser, Terry et elle » rectifia-t-elle dans sa tête. - Vous savez, j’ai eu beaucoup de cas de divorces et dans la majorité des cas, ce sont les enfants qui payent les pots cassés… - Je sais, je dois penser à Esther… mais son père m’a menti et il lui a aussi menti en quelque sorte, non? Mais elle ne voulait pas montrer son père sous un mauvais jour à Esther, pour une raison quelconque… Esther aimait son père. Ça serait plus facile pour elle d’envoyer les papiers à Terry, mais non, elle allait retourner, car elle voulait revoir sa fille, elle lui avait promis de revenir. Elle quitta le bureau de l’avocat et elle alla faire des achats pour Esther. Elle ne voulait pas trop la gâter, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher non plus. Elle avait été privée de sa fille pendant quatre ans… Elle retourna chez elle chargée de paquets, la mère la regardait avec de grands yeux. - Qu’est-ce que tu as fait ? - Des achats pour ma fille… - Et tu vas les lui donner en tant que nounou? - Maman… - Oh tu vas les lui donner quand tu vas te battre pour la garde? Ça sera pour la consoler quand elle va pleurer son papa? - Maman, tu n’es pas marrante du tout! - Je n’essaye pas d’être marrante… Comment as-tu trouvé ta fille? Candy était en train d’enlever son manteau pendant que les domestiques amenaient les paquets dans sa chambre. - Que veux-tu dire? - Est-ce que c’est une petite fille heureuse? - Oui, elle adore son papa et prie pour que sa maman revienne… - Moi je pense que ta fille te donne la réponse à ton problème, tu ne trouves pas? C’est toi qui manque au tableau… Candy ne répondit pas. Sa mère avait raison, elle le savait. Esther était heureuse, elle voulait sa maman, c’était elle sa maman… - Tu vas au théâtre ce soir, maman? Demanda-t-elle pour changer de sujet. - Oui… - Je veux venir te voir… - D’accord. Il y a une réception après… tu as besoin d’un cavalier? - Maman! Je suis une femme mariée! Eleonor sourit. Candy après son malheur, n’avait jamais cessé de se considérer comme une femme mariée… elle aimait toujours son mari. Elles allèrent au théâtre et Éléonore brilla sur scène comme d’habitude. Candy se trouvait dans la loge familiale, mais elle pensait à Esther et à Terry. Ce que lui avait dit sa mère trottait dans sa tête. Ce que l’avocat lui avait dit aussi… Devait-elle rester et servir Terry avec les papiers ou retourner comme elle l’avait promis à Esther. Elle avait été absente pendant quatre ans, elle n’allait pas lui fausser compagnie maintenant. Elle allait retourner pour Esther… Esther passait son temps avec son père, mais ne faisait pas deux minutes sans parler de « Blanche-Neige »… « Blanche-Neige ceci, Blanche-Neige cela… ». Ça aurait été lassant venant de quelqu’un d’autre, mais ça venait de la bouche de sa petite Esther et c’était de la musique à ses oreilles. Il souriait. Candy-Blanche lui manquait à lui aussi, il avait hâte de la revoir, si elle revenait comme elle l’avait promis. Il était persuadé que Candy n’allait pas abandonner sa fille une deuxième fois, pas après avoir passé du temps avec elle. Esther était un amour de petite fille, tout le monde l’aimait et sa mère encore plus, il en était sûr. Le lendemain, son ami Jones était venu pour passer du temps avec Esther et Terry. Il avait amené aussi ses enfants; il avait une fille et un garçon avec Ashley. - Alors des nouvelles de ta femme? - Non… - Tu crois qu’elle va revenir? - Oui… - Et si elle ne revient pas? - Elle reviendra… - Tu ne pensais pas non plus qu’elle t’abandonnerait avec un bébé… - Je ne sais pas ce qui s’est passé pour qu’elle me quitte, mais cette fois-ci, elle a rencontré Esther… La dernière fois elle est partie sans l’avoir vue… je suis sûr que si elle avait vu Esther, elle ne l’aurait pas abandonnée… Il arrive aux mères d’être dépressives après la naissance de leur enfant, non? La dépression postnale... - Sa dépression à elle a duré quatre ans…, dit Jones. - C’est pour ça que je dois lui parler… - Quand comptes-tu lui parler? - Bientôt, dit Terry, je vais m’amuser d’abord… - Avec elle? A la bonne heure! Je pensais sincèrement que tu avais fait un vœu de chasteté! - Je suis un homme marié, Jones… - Oh ça, je le sais! Tu as changé depuis le moment où tu as posé les yeux sur elle! Le fait qu’elle sortait avec un prince ne t’a pas arrêté… Terry sourit en pensant à l’instant où il avait vu Candy pour la première fois… Esther interrompit ses souvenirs. - Papa? - Oui, ma chérie? - J’ai mal à la tête… Terry la prit dans ses bras et lui toucha le front. Elle était brûlante. Le temps ne passa pas assez vite pour Candy, elle voulait retourner chez elle… - J’ai hâte de rentrer à la maison, dit-elle à sa mère. - Oui, et de retrouver ta fille et ton mari… - Oui… Non! Seulement ma fille! Éléonore la regarda en souriant pour dire : - Si tu le dis… mais tu as appelé ça « à la maison »… - Maman, s’il te plaît… - Candy, tu sais ce que je pense… réconcilie-toi avec ton mari et élevez votre fille ensemble. - Qu’est-ce qui te fait croire que ça réussirait? - Pourquoi es-tu en colère contre lui? - Parce qu’il m’a caché ma fille… - Je ne parle pas de ça… je parle de maintenant… Tu ne m’as pas dit qu’il t’a fait des avances? - Il a fait plus que ça, il m’a embrassée! Deux fois! - Ah! - Quoi? - Eh bien, ça sera plus facile de le séduire que je le pensais! - Je ne vais pas le séduire… - Candy, c’est ton mari…, le seul homme que tu as aimé, le seul homme avec qui tu as fait l’amour… le seul homme avec qui tu peux te défouler si tu le veux! Tu peux avoir le beurre et l’argent du beurre… - Maman… - Je sais, il t’a menti… alors expliquez-vous, embrassez-vous et faites la paix! - Tu penses qu’il est resté chaste lui aussi? - Je ne sais pas, mais je sais qu’il devait s’occuper de son bébé tout seul. - A qui la faute? - Tu ne le sauras pas si tu ne lui parles pas… cette fois-ci tu dois lui parler, Candy, sinon, c’est moi qui vais le faire… - Maman! - Je me suis retenue, parce que c’était ta vie… je commence même à comprendre son expression un peu surprise… sa grand-tante l’a vite éloigné de moi… je me demande si Terry voulait me parler d’Esther… Candy la regarda, surprise, elle était en train de regarder son cellulaire qui était fermé. Elle pouvait l’allumer pour voir si elle avait reçu des appels. - Tu le crois, maman? - Je ne suis pas sûre, mais je sais que la grand-tante ne voulait pas que nous parlions, elle a interrompu notre conversation… - Maman, tu es l’avocate de Terry… - Je suis pour Esther. Je veux qu’elle ait ses deux parents. En tout cas, cette fois-ci parle à Terry… Candy voulait répondre lorsque son cellulaire sonna et elle regarda l’afficheur, c’était le numéro de Terry. Elle devait reprendre son accent américain. Elle décrocha en disant : - Monsieur? Est-ce que Esther va bien? Demanda-t-elle. - Non, elle est souffrante. Elle vous réclame. Pouvez-vous revenir? Le cœur de Candy chavira. Esther était malade… - Bien, Monsieur. C’est très grave? - Elle a eu un accès de fièvre … Mal de gorge, migraine, vomissements. Son état s’est aggravé ... D’après le médecin, il n’est pas indispensable de la faire hospitaliser. Du moins pour le moment… Mais elle vous demande. Je lui ai promis de vous appeler. J’ai essayé de vous joindre toute la journée… - J’avais accidentellement fermé mon téléphone. Excusez-moi… J’arrive. - Je savais que je pouvais compter sur vous… J’envoie le jet privé, il est déjà à New York en train de vous attendre. - Parfait, je cours à l’aéroport. - Bien. Je vais sans doute rester auprès d’Esther. Le chauffeur va vous attendre. Merci, Mlle Graham. Il raccrocha. - Que se passe-t-il? Demanda sa mère… - Esther est souffrante. Je dois rentrer à la maison, maman. - Ah… à la maison… Elle plissa le front. - Tu recommences? - L’endroit où se trouve Terry. - L’endroit où se trouve Esther, corrigea-t-elle un peu sèchement. Elle est malade. Je suis obligée de partir… - Tu n’as pas besoin de me convaincre. Et chapeau pour ton accent américain! Tu es brillante! Et tu voulais retourner « à la maison », je suis sûre que tu es ravie de rentrer plus tôt… - Le jet privé m’attends à l’aéroport… il a essayé de me joindre toute la journée… - Tu avais fermé ton téléphone? - Oui, j’évitais un appel de papa et je voulais faire le vide autour de moi… Je dois me souvenir que j’ai une fille à présent… Elle monta rapidement prendre ses valises… Vingt minutes plus tard, Candy était dans la limousine de sa mère, en route vers l’aéroport. |