Chapitre 5
« Une bonne soirée… »
Seth n’était pas de très bonne humeur. Il n’avait pas envie de déménager encore une fois. Du travail ? Il n’avait même pas commencé à en chercher. Il n’aimait pas trop dépendre de la famille de sa femme. Quand il se promenait au port il voyait les bateaux, et, à chaque fois, il se voyait en train d’en dessiner. Il aimait beaucoup les bateaux, il ne s’en souvenait pas, mais il se sentait bien au port, avec les bateaux. Il alla se promener vers le port, il y avait des bars où les hommes aimaient jouer aux cartes et s’amuser avec les femmes. Il entra dans un des bars, qui semblait un peu plus luxueux que les autres. Est-ce qu’il savait jouer aux cartes ? Et toute cette fumée des cigares et des cigarettes... Mais il ne voulait pas tellement voir Becky pour le moment. Il se rendit au bar pour demander un verre. Il prit place à coté d’un homme blond. Ce dernier se retourna pour le regarder... et son cœur bondit dans sa poitrine... Le frère de Georgie ? Mais il avait appris qu’il avait été fusillé, non ? Par l’oncle d’Elise en fait... Et Georgie, maintenant, était malheureuse avec son fils. Il aurait tellement voulu l’aider, mais elle l’avait rendu à sa famille et Elise l’avait repris et s’était occupé de lui, et il était resté avec elle après la disgrâce de son oncle. Il faisait ce qu’on attendait de lui. Le jeune homme le regarda et ne réagit pas, comme s’il ne le connaissait pas. Le jeune homme blond décida de l’aborder.
- Bonsoir.
- Salut, dit Seth.
- Tout va bien ?
- Enfin… Je cherche du travail, mais tout va bien.
- Du travail ?
- Oui, ma femme voudrait que nous déménagions pour que son oncle me trouve du travail dans sa compagnie.
- Ça semble être un bon programme.
- Seulement, je n’ai pas très envie de quitter la ville en ce moment.
- Et pourquoi donc ?
- Je voulais travailler ici, j’aime bien la ville.
- Et votre femme ?
- Eh bien, on dirait qu’elle a tout à coup envie de partir.
- Pourtant, c’est la période des réceptions que les dames aiment bien.
- Elle veut que nous déménagions.
- Et vous ?
- Eh bien, hier soir dans une réception, j’ai rencontré une jeune femme…
- D’accord, mais je pensais que vous étiez marié.
- Ce n’est pas ce que vous croyez, elle était très belle, mais, quand on s’est regardé, elle avait l’air surpris et elle est tombée dans les pommes.
- Oh, dit le blond, que s’est-il passé ?
- Je ne sais pas, ma femme a préféré que nous quittions la réception.
- Alors, vous ne savez pas pourquoi elle s’est évanouie ? Mais vous ne la connaissez pas.
- Justement, je ne sais pas ce que c’est, mais je voulais savoir pourquoi elle s’est évanouie et si elle allait bien.
- D’accord, à présent, votre femme veut que vous quittiez la ville.
- Je n’ai pas de travail, son oncle va me donner du travail.
- D’accord.
Lowell Gray se mit à réfléchir. C’était bien le frère de Georgie avec qui elle avait eu le bébé. Le bébé qu’il aurait voulu avoir avec elle, mais… Il lui avait remonté le moral, même si tout en lui voulait reprendre leur relation là où elle s’était arrêtée. Abel était mort, mais Elise s’était occupé de lui et il avait un devoir envers elle. Georgie, il l’aimera toujours, mais leurs vies avaient pris des chemins différents, et il avait son frère qui ne semblait pas savoir qui il était. Une femme qui s’est évanouie ? Il avait entendu la rumeur que Georgie avait eu un malaise lors de la réception chez le duc de Havington, tout le monde parlait de l’évanouissement de la fille de Earl Gerald, certaines mauvaises langues disaient qu’elle était peut-être encore enceinte, comme elle avait déjà eu un enfant sans père. Lowell ne voulait pas écouter ces fausses rumeurs, et en rencontrant Abel, le frère de Georgie et le père de son bébé, il avait compris pourquoi elle s’était évanouie à la réception, chez le duc de Havington. Il aimait Georgie, il voulait qu’elle soit heureuse, alors, il allait aider Abel, même si tout lui disait de ne pas le faire, mais comme il aimait Georgie, l’amour était plus fort. Il avait dit que sa femme voulait qu’ils déménagent pour aller travailler dans une autre ville, et s’il le gardait en ville, en lui donnant du boulot ? Il devait être fou… Il savait tout ce que le cousin d’Elise avait fait à l’autre frère de Georgie, et comme il avait « tué » Abel, mais son ange gardien devait être avec lui, car c’était bien lui qui était à côté de lui, en train de boire, et il ne semblait pas se souvenir de lui, de comment il lui avait donné un sacré coup de poing parce qu’il avait osé embrasser Georgie. Il devait cacher cela à Elise, qui d’ailleurs, depuis la disgrâce de son oncle, était devenue beaucoup plus humble et silencieuse. Mais elle faisait toujours partie de la famille du duc de Roussac, et ils avaient déjà essayé de tuer Abel, une fois, pour la mort de Irwin. Il savait que Irwin était un être ignoble qui avait gardé le frère de Georgie et Abel prisonnier. D’un côté, il était heureux qu’Irwin préférait les garçons, il aurait pu être amoureux de Georgie, mais il pouvait aider Abel à être avec Georgie et leur enfant, il aimait Georgie, il allait l’aider, comme elle l’avait rendu à Elise pour ne pas qu’il meurt. Il n’avait pas compris pourquoi, à l’époque, maintenant, il a compris qu’elle avait fait cela par amour, pour lui sauver la vie, elle n’était pas égoïste, elle était la générosité même. Il aimait tellement Georgie, et il comprenait à présent pourquoi elle l’avait rendu à sa famille. Il allait lui rendre la pareille. C’était sûrement cela, l’amour, le vrai, l’amour de Dieu qui a donné son fils unique pour sauver le monde. C’était comme s’il venait d’avoir une révélation, il devait aider Georgie. Alors il dit à Abel :
- À propos, si vous cherchez du travail, je peux vous aider.
- Ah oui ?
- Oui. Ma famille est très riche, je peux vous trouver quelque chose à faire, comme ça, vous n’aurez pas besoin de déménager.
- Vous parlez sérieusement ?
- Oui.
- Mais j’ai eu un accident, je ne me souviens pas de ma vie.
- Que voulez-vous dire ?
- Que ma vie à commencé, il y a quelques mois, dans une chambre d’hôpital, avec une jeune femme qui s’est présentée comme ma femme.
- Oh, et personne n’a confirmé ce qui se passait ?
- On dirait que je n’avais pas de famille. Je vois des images dans ma tête, mais ce n’est pas clair.
- Dites à votre femme que vous avez à présent un travail, et ne vous tracassez pas trop.
- Comment vous remercier ?
- Je veux que vous retrouviez votre santé et viviez votre vie.
- Sans aucune raison ?
- Disons que j’aime aider les gens.
- Ma femme ne va pas aimer cela.
- C’est vous l’homme de la famille, vous devez montrer votre autorité.
Lowell lui donna sa carte de visite et lui donna rendez-vous le lendemain matin pour commencer le travail. Ils continuèrent à causer et à grignoter des amuse-bouche et Laurent fut surprit de voir combien Abel était sympa. Vivre avec Georgie lui avait appris à vivre avec les gens plus « petits » que lui, et il n’en était pas mort pour autant. Il continuait à discuter avec Abel. D’autres jeunes hommes arrivèrent et ils se mirent a jouer aux cartes. Il passa une bonne soirée et il finit par se décider à rentrer chez lui. Becky n’allait pas être contente. Il arriva finalement chez lui.
- Chéri ? Dit Becky, où étais-tu ? Je t’attends depuis si longtemps ! On devait finir nos bagages.
- Eh bien, je cherchais du travail, et, devine quoi ? J’ai trouvé.
Becky sursauta.
- Quoi ? Mais mon oncle…
- Je n’ai pas envie de déménager, tu le sais, j’ai trouvé du travail ici.
- Où ça ?
Il sortit la carte de visite qu’on lui avait donnée.
- C’est du sérieux ? Ce n’est pas de l’arnaque ?
- Oui, je commence demain matin.
- Mais chéri…
- Becky, je ne veux pas déménager, je veux rester ici et remettre de l’ordre dans ma tête.
Le docteur lui avait dit de ne pas le contrarier, alors elle n’insista pas. Mais Georgie… Il ne se souvenait pas d’elle, alors, pour le moment, elle n’avait rien à craindre.
- Si on allait dormir, dit-il à sa femme, tu m’as manqué.
- La prochaine fois, je sors avec toi.
- Comme tu voudras, mais j’aime aussi me débrouiller seul, je ne suis pas un enfant.
- Je sais, tu es l’homme que j’aime.
Il la serra sans ses bras et prit ses lèvres, et pendant une fraction de seconde, il eut l’impression d’avoir la jeune femme blonde de la réception dans les bras, mais l’image s’effaça aussi vite qu’elle était venue. Il amena sa femme au lit pour lui faire passionnément l’amour. L’image de la jeune femme blonde apparut à nouveau, mais il n’y prêta pas attention.
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Lowell retourna chez lui. Il monta dans sa chambre et trouva Elise en train de brosser ses beaux cheveux ondulés.
- Pas encore au lit ?
- Puisque je me brosse les cheveux… Tu étais où ?
- Je jouais aux cartes.
- Tu t’es bien amusé ?
- Oui.
- Chéri, je voulais m’excuser pour ce que j’ai dit sur Georgie et toi.
- Ah ?
- Elle t’a rendu à moi, quand elle aurait pu te garder pour toujours. Elle a pensé à ta vie d’abord.
- C’est une bonne fille, Elise.
- Tu as entendu la rumeur qu’elle s’est évanouie à la réception du duc de Havington, l’autre soir.
- Les bonnes nouvelles vont vite !
- Tu en as aussi entendu parler.
- Si on veut…
- Tu sais quelque chose ? Tu sais ce qui s’est passé ? Elle est encore enceinte ?
- Enceinte ? Fit son mari surpris.
- Elle a eu un bébé avec son soi-disant frère.
- Celui que ton oncle a tué ?
- En effet. Il n’aurait peut-être pas dû le tuer.
- Peut-être ? Dit-il d’un ton ironique, tu crois ?
- Abel a tué son fils.
- Ton cousin était un être immonde, Abel a pris la place de son frère pour le protéger.
- C’est un beau gâchis, tout ceci, maintenant Georgie est libre avec son enfant.
- Son père s’occupe d’elle et de son enfant, et elle travaille, aussi, elle confectionne des robes.
- Tu es bien au courant de ses faits et gestes, on dirait.
- Elise, je t’en prie…
- D’accord, je me tais.
- Tu ne t’es jamais demandé ce qui m’avait attiré chez elle ?
Elise ne répondit pas. Lowell sortit de la chambre pour la salle de bain et Elise se mit au lit. Ce qui avait attiré Lowell chez Georgie… Cette fille était un garçon manqué ! Au concours de boomerang où elle devait embrasser le gagnant, qui s’est avéré être Lowell, Georgie l’avait embrassé devant tout le monde ! Georgie était gentille, elle devait le reconnaître, elle l’avait attaquée avec ses amies, et Cain était venu à son aide. C’est le genre de femme qu’aimait Lowell ? Et si elle devenait gentille ? Son oncle avait perdu sa fortune, elle avait déjà beaucoup changé, elle était effacée. Si elle devenait gentille, tout le monde mettrait cela sur le compte de la disgrâce de son père, et peut-être que Lowell la trouverait aussi attirante que Georgie.
Lorsque Lowell revint dans la chambre, elle était tout à coup tout sucre et tout miel, et il était content de la trouver ainsi. Il pensa à Georgie, mais surtout, au cadeau qu’il voulait lui faire en lui rendant son « frère » et le père de son enfant. Il ne dira rien à Elise pour le moment.
