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Posts written by Mallory Quinn

view post Posted: 9/12/2021, 16:21     Candy Neige et le 4 nains - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 2




A quelque distance de là, dans une petite chaumière faiblement éclairée, une grande conversation se tenait autour des reliefs d’un copieux repas. Quatre nains discutaient âprement. Avec leurs bonnets rouges et leurs longues barbes, rien ne les distinguait des autres nains si ce n’est qu’ils semblaient bien au courant de la situation politique.

Ils argumentaient avec véhémence, aussi sérieux que des politiciens à la tribune. Le seul des quatre à porter des lunettes essayait d’en convaincre un autre.

« Tu n’as pas le choix ! Tu dois le faire si c’est le seul moyen de nous tirer tous du pétrin ! »

Les sourcils froncés et la mine butée, son interlocuteur croisait les bras et tentait de prendre une attitude aussi digne que le lui permettaient ses petites jambes qui ne touchaient pas le sol.

« Je croirais entendre mon père ! Répondit-il. C’est mon devoir, selon lui.

- Alors fais-le ! Tu peux tous nous sauver en acceptant.

- Tout cela ne serait pas arrivé si votre fameux Grand Mage n’avait pas disparu depuis seize ans pour filer le parfait amour avec une elfe venue d’on ne sait où...

- Le mage Albert avait sûrement ses raisons, intervint un troisième nain au bonnet élégamment garni d’une longue plume de paon. Je ne vois pas de quoi tu te plains. C’est plutôt bien payé : Devenir roi simplement en épousant cette fille... Alors que tout le monde sait que c’est à mon cousin que devait revenir le trône ! »

Le dernier des nains leva le nez du magazine cochon qu’il était en train de feuilleter et posa sur les trois autres son regard d’azur, clair comme un ciel d’été.

« Il est inutile de s’énerver, précisa-t-il. La prophétie est très claire. Celui qui réussira à lever la malédiction deviendra roi. Je l’aurais bien épousée cette fille, mais ce n’est pas moi qu’elle a choisi. J’en ai plus que marre d’être un nain et de vivre dans ce trou. Il n’y a même pas une fille aux alentours...

- Si tu écoutais les cours au lieu de penser aux demoiselles, tu saurais que les filles ne peuvent être transformées qu’en animal ou en végétal, jamais en nains, annonça le porteur de lunettes.

- Oui, bon... de toute façon, il n’y en a pas une seule dans les environs, alors... Quant à la fille de la sorcière, il parait qu’elle a une jambe de bois !

- Super ! Renchérit le troisième en rajustant sur son bonnet la plume qui refusait de tenir droite. On dit aussi qu’elle a le derrière couvert de pustules lumineux ! Au moins tu n’auras pas de problèmes pour lire au lit !

- La ferme, Dandy ! Grommela le nain à la mine sombre. Je vais peut-être accepter juste pour avoir le plaisir de te voir me saluer bien bas en m’appelant Majesté ! Maintenant laissez-moi tranquille tous le trois. »

Sur ces mots, le nain se leva et sortit. Il s’éloigna de la maison et s’adossa contre un arbre à l’orée de la forêt en ruminant de sombres pensées.

Il n’avait jamais demandé ce qui était en train de lui arriver. L’éventualité de devenir roi ne l’attirait pas particulièrement alors que son père se rengorgeait à cette idée. Tout ce qu’il aurait voulu c’était mener une existence normale comme tous les garçons de son âge. Sans l’intervention de la puissante sorcière Marlow, c’est ce qu’il aurait pu faire. Mais celle-ci avait profité du départ du grand mage Albert pour étendre sa puissance sur tout le pays. Elle avait multiplié les malédictions dont la plus humiliante était sans doute d’avoir transformé en nains les fils de tous ceux qui lui résistaient. Depuis lors il vivait dans cette maison perdue au fond des bois en compagnie des autres infortunés frappés comme lui par la métamorphose.

Mais la vieille Marlow avait une fille et la condition qu’elle avait posée pour mettre fin à leur calvaire était d’épouser sa fille Susanna. Pourquoi avait-il fallu que celle-ci jette son dévolu sur lui ? Qu’est-ce qui le distinguait des trois autres ? Avec leurs jambes courtes, leur ventre rebondi et leurs costumes ridicules, ils se ressemblaient tous. Pourtant c’était lui que Susanna avait choisi et sa sorcière de mère avait promis d’annuler toutes les malédictions qu’elle avait jetées sur les jeunes gens du pays de Lakewood comme sur le duché de Granchester aussitôt que le mariage serait célébré.

Lui qui venait à peine d’avoir dix-huit ans ne s’était jamais imaginé se retrouver si vite marié et en charge d’un royaume. Pourtant il savait que s’il était en son pouvoir de rendre à tous une vie normale, il n’avait pas le droit de se dérober à son devoir. Bien que cela ne l’enchante pas, il n’était pas homme à tourner le dos à ses obligations, et comme rien ne le retenait...

Un homme sortit du bois et le tira de ses réflexions. L’inconnu le fixait comme s’il pouvait voir au-delà des apparences et une étrange chaleur parcourut les veines du nain.

« Qui êtes-vous ? Demanda-t-il à l’étranger.

- Je pourrais vous retourner la question, mon jeune ami.

- Jeune ? Comment savez-vous...?

- Je sais, c’est tout. Je possède des pouvoirs que vous n’imaginez pas et je sens que vous n’êtes pas celui que vous paraissez. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi vous êtes ici, dans ma forêt...

- Votre forêt ? Je vis ici ! Répondit le nain en désignant la cabane un peu plus loin.

- Dans ma cabane ? Je suis heureux qu’elle ait pu vous être utile. J’étais désolé de l’abandonner. Mon nom est Albert, et...

- Le mage Albert ! Vous êtes le mage Albert ? »

L’inconnu acquiesça en souriant et le nain se sentit soudain plus léger. L’instant d’avant il était désespéré et voilà que le destin lui envoyait enfin une lueur d’espoir.

« Venez vite ! S’exclama le nain. Il faut annoncer la bonne nouvelle aux autres ! »

Il se précipita dans la chaumière de toute la vitesse de ses petites jambes, suivi par Albert. Ce fut un concert de cris et d’exclamations quand les trois autres comprirent qui était leur visiteur inattendu. Les malheureux nains avaient un peu tendance à parler tous en même temps, mais le mage finit par se faire une idée de la situation.

« Je n’imaginais pas que les choses tourneraient de cette façon, avoua-t-il. La Marlowe semble avoir pris beaucoup de pouvoir durant mon absence.

- Mais maintenant que vous êtes de retour, tout va rentrer dans l’ordre, n’est-ce pas ? Demanda le nain à la plume de paon.

- Oui, renchérit celui au regard d’azur, comment allez-vous nous rendre notre apparence normale. Je n’en peux plus d’être ainsi. Je veux retourner au château, je veux... »

Les trois autres lui jetèrent un regard noir pour le faire taire. Ils n’eurent pas le temps de lui faire la moindre réflexion que le mage Albert leva une main apaisante.

« Du calme, jeunes gens. Je sais parfaitement qui vous êtes tous les trois. J’ai fréquenté la cour de la Reine Elroy suffisamment longtemps pour reconnaître les princes héritiers. Vous êtes ses petit-fils : Allistair, Archibald et Anthony... Par contre, poursuivit-il, en se tournant vers le quatrième, je me demande qui vous êtes...

- Je suis Terrence, avoua celui-ci en soupirant. Le fils du Duc de Granchester.

- Terrence ! Bien sûr ! Je me souviens d’être venu présenter mes félicitations à vos parents après votre naissance. L’accueil que m’a réservé votre père était tout sauf chaleureux ! Je voulais vous faire un cadeau, mais... Oublions cela. Le passé est le passé. Tous cela ne m’explique pas ce que vous faites ici tous les quatre.

- Nos familles ne tenaient pas à ce que le peuple soit au courant de notre infortune, expliqua le nain qui portait des lunettes. Si cela s’était su... que même les familles régnantes n’étaient pas à l’abri des pouvoirs de la sorcière... Bref, il a été jugé préférable de cacher notre état. Voilà pourquoi nous avons été isolés ici.

- Ainsi la vieille Elroy et ce bougon de Richard ont fini par se mettre d’accord sur quelque chose ! C’est déjà ça ! Mais cela n’arrange pas mes affaires. J’ignorais que ma vieille cabane était occupée, sinon je n’aurais pas dit à la jeune fille de venir s’y réfugier... »

Un des nains bondit sur ses pieds en entendant ces mots, les yeux brillants et un sourire béat sur les lèvres.

« Une fille ! Une vraie fille ?

- Une jeune fille, oui. Elle était perdue dans la forêt. Je lui ai indiqué le chemin de la maison afin qu’elle puisse y passer la nuit en sécurité. Si j’avais su...

- Ce n’est par un problème, affirma le nain surexcité. Elle n’aura qu’à dormir dans mon lit. »

Agréablement surpris, le mage Albert se tourna vers lui en souriant.

« C’est très aimable de votre part, mon jeune ami. Cette galanterie est digne du prince que vous êtes. Mais où dormirez-vous ?

- Avec elle, bien sûr ! Depuis le temps que je n’ai plus... »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que ses congénères se précipitaient sur lui pour le faire taire.

« Ne l’écoutez pas, Mage Albert, protesta celui qui semblait le plus élégant. Il dormira avec moi !

- Certainement pas, se récria l’autre. Tu n’arrêtes pas de remuer quand tu dors. Et Allistair marmonne en dormant. Quand à Terry... Plutôt mourir que de partager le lit de celui qui va me voler le trône !

- Quelle est cette histoire ? Demanda Albert.

- C’est la prophétie, soupira Terry. Celui qui épousera Susanna, la fille de la sorcière, lèvera toutes les malédictions qui pèsent sur le pays et deviendra roi. Et c’est moi qu’elle a choisi.

- C’est n’importe quoi ! Décidément, la sorcière a tout déformé à son avantage ! Il était temps que je revienne. »

Le mage arpentait la pièce en marmonnant sous le regard surpris des nains qui mouraient d'envie d'en savoir plus. Hélas, il ne semblait pas disposé à éclairer leur lanterne. Finalement, il s'arrêta et posa sur eux un regard sévère.

« J’ai besoin d’en savoir plus, dit Albert, mais nous n’avons pas le temps. Candy va arriver d’une minute à l’autre. Dans l’immédiat, le mieux est qu’elle dorme... là ! »

Il désigna dans le mur du fond une porte qui n’était pas là auparavant. Intrigués, les nains l’ouvrirent et découvrirent une coquette petite chambre, parfaitement aménagée.

« Pour plus de sûreté, je vais rajouter ceci. »

Un petit geste du doigt et la porte se retrouva munie d’un solide loquet... à l’intérieur.

« Écoutez-moi bien tous les quatre. Je vous confie Candy. Vous devez veiller sur elle. Je reviendrai demain matin pour la ramener chez elle. D’ici là, vous êtes responsables de sa sécurité. Et surtout, faites en sorte qu’elle ne sache rien de votre véritable identité. Respectez mes instructions et vous ne le regretterez pas. »

Il ne put en dire plus car des coups discrets furent frappés à la porte. Albert alla ouvrir. C’était bien Candy qui se trouvait là, fatiguée et un peu inquiète, mais son regard vert brillait de curiosité.

« Entrez, mon enfant, dit le mage. Vous êtes la bienvenue dans ma modeste demeure. »

Intimidée par les quatre nains qui la fixaient avec des yeux grands comme des soucoupes, elle fit quelques pas à l’intérieur.

« Voici mes amis, expliqua Albert. Ils se sont réfugiés ici, tout comme vous. Laissez-moi vous les présenter. Celui qui porte des lunettes s’appelle Prof. Son ami au bonnet si élégant répond au nom de Coquet. A côté de lui, celui qui fronce les sourcils, c’est Grincheux et enfin celui qui ne vous quitte pas des yeux, c’est...

- Charmeur ! Se présenta-t-il lui même. Appelez-moi Charmeur. Vous verrez que nos noms correspondent tout à fait à notre caractère, et je suis le seul à savoir parler aux dames. »

Tout en disant cela, il s’était approché d’elle et avait pris sa main pour la porter à ses lèvres. Puis il l’avait gardée dans la sienne et commençait à la caresser doucement de son autre main. La jeune fille lui retira vivement ses doigts en rougissant.

« Je ne suis pas une dame, balbutia-t-elle, gênée. Je suis juste une orpheline. Je suis employée comme domestique chez les Legrand. Je suis désolée de vous déranger, mais je me ferais toute petite, je vous le promets, et je partirai dès demain matin. Au fait, je m’appelle Candy Neige, et je suis enchantée de faire votre connaissance, conclut-elle avec un délicieux sourire qui fit fondre le coeur des quatre garçons.

- Puisque les présentations sont faites, je vous conseille d’aller vous coucher, Candy. Demain, je trouverai un moyen de vous ramener chez vous. Vous êtes parfaitement en sécurité ici.

- Je ne sais pas comment vous remercier, répondit Candy, des larmes de gratitude dans les yeux. Si vous n’aviez pas été là...

- Ne vous inquiétez pas. Je ne fais que ce qui est juste. Passez une bonne nuit et je vous promets que tout va s’arranger. »

La jeune fille ne comprenait pas très bien ce qu’il entendait par là, mais elle était trop fatiguée pour discuter. Après un dernier remerciement pour les gentils nains, elle se laissa pousser dans sa chambre et s’écroula sur son lit. Elle entendit vaguement des chuchotements et des rires dans la grande salle, mais ne tarda pas à sombrer dans un sommeil réparateur.

« Charmeur ! S’exclamait Archibald alias Coquet. C’est n’importe quoi ! C’est Simplet que tu aurais dû t’appeler.

- Moi j’aurais plutôt choisi Obsédé, ou Pervers ! Précisa méchamment Terry.

- Toi Grincheux, la ferme ! Répondit Anthony. Cette fille est adorable, je crois que cette fois je suis vraiment amoureux ! N’ayez aucune crainte, Mage Albert, je veillerai sur elle comme sur la prunelle de mes yeux.

- Vous avez intérêt, menaça Albert, ou vous aurez affaire à moi ! »

Sur ces mots, il passa la porte. Quand les nains se précipitèrent à la fenêtre pour voir où il allait, il avait déjà disparu. Ils retournèrent s’asseoir à table et restèrent un long moment silencieux. Avant de s’en aller, le mage avait laissé un pichet de vin et des gobelets sur la table. Ils se servirent et Archibald fit claquer sa langue de satisfaction en goûtant le breuvage.

« Voilà un des meilleurs vins que j’ai jamais bu ! Aussi bon que celui qu’on trouve au château. »

Anthony avala une longue gorgée et approuva avant de se resservir généreusement. Préoccupé, Terry se contenta d’y tremper les lèvres, mais Allistair, bien que plongé dans ses réflexions, imita son frère et son cousin.

« Pourquoi le mage Albert tient-il tant à protéger cette orpheline ? Demanda-t-il tout haut. Et que va-t-il faire pour arranger notre situation ? »

Terry réalisa que les pensées du prince Allistair rejoignaient les siennes. Sortant de sa rêverie, il reporta son attention sur ses compagnons. Archibald dormait sur la table, la tête entre ses bras croisés. Allistair, les sourcils froncés essayait encore d’émettre quelques idées mais ne réussissait qu’à marmonner des paroles incompréhensibles, tandis qu’Anthony, un coude sur la table pour soutenir sa tête qui dodelinait, faisait de gros efforts pour garder les yeux rivés sur la porte de la chambre de Candy, mais ceux-ci se fermaient tous seuls. Surpris, Terry examina son gobelet auquel il avait à peine touché et sourit. Oui, le mage Albert était plein de ressources. Pour assurer la sécurité de sa protégée, il leur avait laissé ce pichet de vin drogué et tous ceux qui y avait goûté allaient dormir comme des bûches jusqu’au lendemain matin.

Il aida ses compagnons à se mettre au lit et reprit sa place à table. Il était bien trop agité pour dormir. La question d’Allistair était plus que pertinente. Pourquoi le mage Albert veillait-il si étroitement sur cette jeune inconnue ?


A suivre

view post Posted: 9/12/2021, 16:19     Candy Neige et le 4 nains - Les fanfictions de Noël

AVERTISSEMENT



Comme certaines d'entre vous le savent déjà, je traverse actuellement une période "ALLERGIQUE AU DRAME" En d'autres termes, j'en ai ras la casquette des larmes, de la tristesse, des coeurs brisés et des vies fichues en l'air. Si vous rajoutez à tout ça la crise, les guerres, la faim dans le monde, les catastrophes naturelles, et j'en passe, on court droit à la catastrophe :angry:

La période des fêtes de fin d'année ne devrait-elle pas être un moment de paix et de joie ?

Bref, afin de ne pas ajouter à la morosité ambiante, j'ai décidé de vous proposer cette fic parfaitement loufoque, et tant pis si je me prends des coups de poêle sur la figure :lol:




CANDY NEIGE ET LES QUATRE NAINS

UN DRÔLE DE CONTE DE FEES !

CHAPITRE 1




Il était une fois, dans un pays très lointain, une jolie jeune fille du nom de Candy Neige. Elle était orpheline et n'avait jamais connu ses parents. Elle avait été recueillie bébé sur le perron d'un orphelinat : La maison de Pony. Les deux gentilles femmes qui s'occupaient de l'établissement lui avaient donné le nom de Neige parce qu'elle avait été trouvée un soir d'hiver. Le prénom était celui brodé sur une poupée laissée au fond du couffin.

Melle Pony et Soeur Maria s'occupaient avec dévouement de tous les enfants abandonnés de la région. Bien que l'argent vienne souvent à manquer, elles faisaient de leur mieux pour nourrir et habiller tout leur petit monde. Malgré la pauvreté, les enfants étaient heureux et bien soignés. C'est là que la petite Candy grandit calmement, entourée de rires et d'amour.

Quand arriva l'année de ses douze ans, elle était devenue une ravissante enfant aux longs cheveux blonds et bouclés et aux grands yeux verts. Melle Pony et Soeur Maria la convoquèrent dans leur bureau pour lui annoncer une triste nouvelle.

« Ma petite Candy, commença Melle Pony, tu sais que nous t’aimons comme notre propre fille, mais nous ne pouvons pas te garder plus longtemps avec nous. »

Les yeux de la petite fille s’agrandirent et sa lèvre inférieure se mit à trembler. Au bord des larmes elle demanda :

« Mais, je n’ai pas d’autre maison, où pourrais-je aller ? Que vais-je devenir si vous ne voulez plus de moi ?

- Ce n’est pas que nous ne voulons plus de toi, ma chérie, intervint Soeur Maria. Mais la loi est stricte dans notre pays. A partir de douze ans, les orphelins doivent apprendre à subvenir à leurs besoins. C’est pourquoi nous t’avons trouvé une place de demoiselle de compagnie dans une famille riche pas très loin d’ici. Tu y apprendras à bien te comporter en société et à gagner ta vie. Tu pourras revenir nous voir chaque fois que tu en auras l’occasion. Rien ne nous fera plus plaisir que de te voir devenir une jeune fille accomplie. »

Candy baissa la tête. Tous les enfants de l’orphelinat connaissaient cette règle. S’ils n’avaient pas été adoptés à douze ans, ils devaient tous commencer à travailler. Elle savait depuis toujours que tel serait son destin. Heureusement, les deux gentilles femmes qui l’avaient élevée et qu’elle considérait au fond de son coeur comme ses mamans, avaient réussi à lui trouver une place pas trop loin de la maison de Pony et elle pourrait toujours leur rendre visite dès qu’elle aurait un moment de libre. Cette idée la rassurait un peu avant de se lancer seule dans le vaste monde.

« J’ai été très heureuse ici, Melle Pony... Soeur Maria. Vous avez été les plus gentilles des mamans. Je ne vous remercierai jamais assez de tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous promets de faire de mon mieux dans mon travail et vous rendre fières de moi. Où dois-je aller ? »

Les deux directrices de l’orphelinat échangèrent un regard de connivence. Puis Melle Pony reprit la parole.

« Tu n’auras même pas besoin de faire ce long chemin toute seule, Candy. Le chauffeur de la famille viendra te chercher ce soir et t’emmènera en voiture automobile ! Tu te rends compte ? Une voiture automobile ! Je crois que je n’en ai vu que deux dans toute ma vie, et jamais je n’ai eu l’occasion de monter dedans. Cela doit être fabuleux !

- Ils ont une voiture automobile ? Ce sont des gens riches alors ?

- Encore plus riches que tu ne l’imagines, ma chérie. Et tu ne sais pas tout. Il s’agit de la famille Legrand ! »

Candy en resta bouche bée un long moment. Enchantées de leur petite surprise, ses deux mamans se frottaient les mains.

« Les Legrand ! Balbutia Candy. Mais on dit qu’ils sont de la famille de la Reine Elroy !

- Exactement ! Ils sont ses neveux. N’est-ce pas merveilleux Candy ? Tu seras très proche de la famille royale. Tu iras même au château. Peut-être rencontreras-tu le prince Anthony et ses cousins. Nous ne pouvions rêver meilleure situation pour toi. Promets-moi que tu nous feras honneur.

- Je vous le jure, s’exclama l’enfant. Vos serez très fières de moi. »

Candy serra les deux femmes dans ses bras et partit préparer son maigre bagage le coeur en fête. Quelques minutes plus tôt elle était au désespoir à l’idée de quitter le seul foyer qu’elle ait jamais connu. Maintenant, elle tremblait d’excitation en songeant à la nouvelle vie qui l’attendait.

Hélas, les rêves de Candy ne tardèrent pas à voler en éclats. Dès son arrivée à la propriété des Legrand, elle réalisa qu'ils n'étaient pas aussi gentils qu'ils voulaient le paraître. M. Legrand n'était jamais à la maison, sa femme Sarah était très prétentieuse et regardait tout le monde de haut, quand à leurs deux enfants, Daniel et Elisa, ils n'étaient que des enfants gâtés, égoïstes et méchants. Ils détestèrent Candy dès le premier jour et n'avaient de cesse de lui jouer des tours pendables pour la ridiculiser aux yeux de leur mère.

Au lieu de servir de demoiselle de compagnie à Elisa, la jeune orpheline se retrouva bientôt reléguée avec les domestiques, obligées d'accomplir tous les travaux les plus pénibles. Pourtant elle gardait le sourire et accomplissait sa tâche du mieux possible. Au fond de son coeur, il y avait un espoir qui la soutenait au milieu de ses épreuves. Elle voulait rencontrer le prince Anthony ! Elle n'avouait son secret à personne, mais elle savait qu'un jour son rêve se réaliserait et que sa vie changerait du tout au tout. Pour cela, elle devait à tout prix éviter d'être renvoyée et éviter de mettre Mme Legrand en colère.

Ainsi s'écoulèrent plusieurs années marquées par les tentatives des enfants Legrand pour faire renvoyer la jeune Candy et la persévérance de celle-ci face à l'adversité qui s'acharnait contre elle. La jolie blonde allait bientôt atteindre ses dix-sept ans.

Agacés de ne pas réussir à faire chasser Candy, Elisa et Daniel Legrand décidèrent un jour de se débarrasser d'elle d'une autre manière. Ils la firent appeler dans le salon et lui ordonnèrent de préparer un panier de pique-nique. La jeune fille s'exécuta et rejoignit les deux compères dans le parc, chargée de son lourd panier. Ils traversèrent le jardin jusqu'au mur d'enceinte, puis Daniel sortit de sa poche une grosse clef de fer et ouvrit une porte dissimulée au milieu du lierre que Candy n'avait jamais remarquée.

« Où allons-nous, demanda Candy soudain inquiète.

- Je te l’ai dit, répondit Elisa. Nous allons faire un pique-nique dans la forêt. »

Le coeur de la petite orpheline s’emballa. La forêt qui s’étendait derrière la propriété était maudite et peuplée de monstres et de lutins. Elle marquait la frontière avec le pays voisin, le Grand Duché de Granchester. Son souverain, le Grand Duc Richard était un méchant homme qui ne souhaitait qu’une chose, s’emparer du royaume de la Reine Elroy et devenir Roi à sa place.

« Mais c’est la forêt interdite, s’exclama Candy. Il est très dangereux de s’y aventurer et c’est défendu !

- C’est interdit pour les pauvres comme toi, dit Daniel d’un air hautain. Mais pas pour nous qui sommes de la famille royale. Nous avons le droit d’aller partout et de faire tout ce que nous voulons. Nous n’irons pas jusqu’à la frontière du Grand Duché, de toute façon. Nous connaissons une clairière pas très loin où nous pourrons être au frais pour notre déjeuner sur l’herbe. Tu n’as qu’à nous suivre et cesse de te mêler de ce qui ne te regarde pas. A moins que tu n’ais trop peur pour nous accompagner ? »

Candy serra les lèvres et redressa la tête. Pour rien au monde elle n’aurait montré à quel point elle était inquiète, cela aurait fait trop plaisir à ses deux tortionnaires. Elle ne dit plus rien et s’engagea derrière eux sur le petit sentier qui serpentait à travers les bois.

Elle se calma peu à peu car la forêt n’avait rien de bien inquiétant. Elle ressemblait à n’importe quelle autre forêt. De jolies fleurs poussaient le long du chemin et des oiseaux chantaient à la cime des arbres. Au bout d’une demi-heure de marche, ils arrivèrent dans une petite clairière où serpentait un ruisseau. Elisa ordonna à Candy d’étendre sur l’herbe la couverture qu’elle avait emportée et de lui servir à boire. Les enfants Legrand ne buvaient que de la citronnade spécialement préparée pour eux par la cuisinière. Candy mourrait de soif elle aussi. Elisa prit son verre et but à longues gorgées avec satisfaction sans quitter son souffre douleur des yeux.

« Ce n’est pas pour les orphelines comme toi, décréta-t-elle. Si tu as soif, tu n’as qu’à boire l’eau du ruisseau. De toute façon, nous n’avons plus besoin de toi pour l’instant. Nous allons nous reposer un peu avant de manger. »

Joignant le geste à la parole, les Legrand s’étendirent sur la couverture et se désintéressèrent de la jeune fille qui se dirigea vers le ruisseau. L’eau était claire et limpide. Candy y trempa la main et la trouva fraîche à souhait. Elle but quelques gorgées dans ses mains en coupe et se sentit aussitôt mieux. Elle s’assit au pied d’un arbre et laissa son esprit vagabonder. Les minutes de tranquillité où personne ne réclamait ses services étaient trop rares pour ne pas en profiter. Elle ferma les yeux et tendit son visage vers un rayon de soleil qui filtrait entre les hautes branches de l’arbre. Comme il serait agréable de grimper jusqu’au sommet et de dominer la forêt. Peut-être de là haut pouvait-on voir le château du prince Anthony, ou celui du Grand Duc Granchester ? Perdue dans ses rêves, Candy s’endormit sans même s’en rendre compte.

Daniel et Elisa n’attendaient que cela. Dès qu’ils la virent dodeliner de la tête, ils ramassèrent en toute hâte la couverture et le panier et disparurent par où ils étaient venus, abandonnant la pauvre Candy seule dans la clairière.

Il faisait nuit quand elle se réveilla. La jeune fille comprit très vite qu’elle était une nouvelle fois victime d’un mauvais tour des enfants Legrand. Résolue à ne pas se laisser abattre, elle s’engagea à son tour sur le sentier. Il suffisait de le suivre pour retrouver la maison, elle en était sûre. Pourtant avec l’obscurité, la forêt n’avait plus rien d’accueillant. Des bruits étranges se faisaient entendre dans l’ombre et des buissons se dressaient au milieu du chemin alors qu’elle était certaine qu’ils n’avaient rencontré aucun obstacle le matin. On aurait dit que les branches des arbres se tendaient vers elle comme pour l’attraper. Bientôt Candy fut obligée de s’engager dans le sous-bois pour éviter les taillis qui apparaissaient sur sa route. D’autres sentiers apparurent entre les troncs, qui n’étaient pas là une minute avant. Toute la nature semblait s’être liguée pour guider la jeune fille vers un lieu inconnu. Elle fut bientôt complètement perdue. Pour couronner le tout, un terrible orage éclata soudain. Trempée jusqu’aux os, Candy sentit le découragement la gagner. Quand elle trébucha sur une racine et s’étala dans la boue, ce fut plus qu’elle ne pouvait en supporter. Elle resta étendue sur le sol et pleura à chaudes larmes, la tête entre les bras.

« Que fais-tu là petite fille ? Ne sais-tu pas qu’il est dangereux de se promener dans la forêt la nuit ? On peut y faire de très mauvaises rencontres. »

Candy sursauta au son de cette voix. Elle essuya ses yeux d’un revers de la main, mais ne put distinguer qu’une silhouette sombre qui la dominait. On racontait que les bois étaient fréquentés par des voleurs et des assassins. Et si cet homme était l’un d’eux ? Elle voulut se sauver mais l’inconnu la rattrapa par le bras.

« Attends petite fille ! Il ne faut pas avoir peur de moi. Je ne suis pas dangereux... Je m’appelle Albert.

- Vous avez l’air d’un vagabond ! Et je ne suis pas une petite fille ! J’ai dix-sept ans et je m’appelle Candy Neige...

- Candy ! Dix-sept ans ! Bon sang, je ne m’étais pas rendu compte que j’étais parti si longtemps... Et comment va le pays depuis mon départ ? »

La mine perplexe de la jeune fille indiquait clairement qu’elle ne se passionnait pas pour la situation politique du royaume. Le nouveau venu se racla la gorge, embarrassé.

« Bon. Je vois qu’il faudra que je me renseigne ailleurs. Le plus urgent est de te trouver un abri pour la nuit, après nous aviserons. Tu n’as qu’à continuer tout droit sur ce chemin et tu atteindras une petite chaumière. C’est la mienne. Tu pourras t’y reposer jusqu’à demain matin. Je viendrai te chercher pour te ramener chez toi. »

Candy approuva de la tête, stupéfaite de voir se dessiner devant elle un sentier bien net qui n’était pas là quelques minutes avant. L’homme la poussa gentiment par les épaules et elle obéit. Qu’aurait-elle pu faire d’autre de toute façon... Quand elle se retourna pour le remercier, il avait disparu.


A suivre

view post Posted: 9/12/2021, 15:57     Douce nuit - Les fanfictions de Noël

DOUCE NUIT…





C’est la belle nuit de Noël, Candy marche en pleurant dans les rues de Chicago, la neige tombe en virevoltant dans le vent léger qui venait de se lever. Après avoir passé sa soirée à marcher, pour oublier sa solitude, c’est l’âme en peine, qu’elle se résigna à rentrer dans son misérable appartement, qu’elle occupait seule depuis deux ans déjà. Terry l’ayant laissé, Albert l’ayant quitté, il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer. Doucement elle enleva son manteau et le laissa tomber par terre, elle se glissa sous la fine couverture qui reposait sur le canapé et ferma les yeux. Emportée par la douce chaleur que lui procurait la couverture, elle sombra doucement dans un sommeil profond…

- Un, deux, trois soleils !

- Candy ! Tu vas trop vite !

- Annie, je vais y aller plus doucement.

- D’accord Candy



- Je t’écrirai Candy !

- Je t’écrirai Annie !

- Je t’aime Candy !


- Je t’aime Annie….


- Anthony, je suis bien avec toi…

- Moi aussi Candy, je t’aime et quand je serai en âge je te demanderai de devenir ma femme, je ferai de toi l’épouse la plus heureuse qui puisse exister sur cette terre !

- Anthony, je t’aime, et tu me rends déjà très heureuse…



- Candyyyyyyyyyyy

- Anthonyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy ! NOOONNNNNNNNNNNN !!!

- Je t’aime Candy…

- Ne me quitte pas Anthony….



- Tu es plus jolie quand tu ries ma petite Candy !

- Je ne pleurerais plus jamais alors Mons Albert…

- La vie ne t’a pas fait beaucoup de cadeau ma petite, mais viendra le jour où tu seras heureuse, et tous ces mauvais souvenirs resterons dans un coin de ta tête et serons remplacés par ceux merveilleux que tu vivras…

- J’espère que ce jour ne sera pas loin alors…



- Ma chère Candy, il est venu le temps des adieux, je te sais heureuse, je ne peux rester avec toi, mais je resterai à jamais dans ton cœur…

- Albert…non…pourquoi m’as-tu quitté ? Reviens Albert, j’ai tant besoin de toi, je ne suis plus rien sans toi, pourquoi tous ceux que j’aime me quittent…



- Mlle tâche de son…

- Terry arrête de m’appeler ainsi !

- J’aime tes tâches de son, Mlle tarzan-cheeta tâche de son…

- Terry…

- Je t’aime Candy…

- Je t’aime aussi Terry…

...

- Candy, j’ai un devoir envers Susanne, je t’aime, mais…

- Je sais Terry…je t’aime…Adieu…

- Candy…

- Terry…


Un bruit sourd se fit entendre au loin, mais Candy n’arrivait pas à ouvrir les paupières, elle pleurait toujours dans son sommeil, sa vie y avait défilée et les mauvais souvenirs avaient afflués, mais elle ne voulait plus se réveiller. Elle avait passé la nuit dehors, car elle ne voulait pas rester toute seule dans son appartement et maintenant elle sentait que la vie allait quitter son corps. Elle était anesthésiée et la douleur que portait son cœur depuis des années commençait à s’estomper, elle sera plus heureuse maintenant…Mais la personne derrière la porte ne l’entendait pas de cette oreille, elle continuait à tambouriner à la porte, cette personne savait qu’il y avait quelqu’un car la lumière brillait sous la porte.

- Candy !!! Ouvre-moi, c’est moi Terry !

Candy dans son sommeil cru rêver, la douce voix de Terry allait l’accompagner sur le chemin de la paix, mais la voix se fit de plus en plus forte, Candy y reconnu de l’inquiétude, mais ses paupières refusèrent toujours de se lever, elle n’en avait plus l’envie et la force, elle voulait tout simplement partir, pour ne plus souffrir…

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ??!! Cria le concierge de l’immeuble

- Dites-moi, savez-vous si la jeune femme qui vit ici est chez elle ?

- Oui, je l’ai vu rentrer tout à l’heure, d’ailleurs je me demandais ce qu’elle pouvait bien faire dehors par un temps pareil et le soir de Noël !

- Elle ne répond pas ! Je suis très inquiet ! Auriez-vous le double de sa porte d’entrée ?

- Oui nous en avons toujours ! Attendez, je reviens.

- Dépêchez-vous ! J’ai un mauvais pressentiment

- Voilà tenez !

Terry se dépêcha d’ouvrir la porte, il entra en trombe dans l’appartement. Il vit Candy sur le canapé replié sur elle-même et endormie.

- Je m’occupe d’elle ne vous inquiétez pas !

- Bien, appelez-moi si vous avez un souci !

- Oui. Dit Terry en refermant la porte

Il s’approcha de Candy, elle dormait profondément, il s’agenouilla devant elle et posa sa main sur son front.

- Candy, tu es brulante !

Il fila en vitesse dans la cuisine et rempli une bassine d’eau fraiche, il prit un linge et commença à lui faire des compresses qu’il déposa sur son front brulant.

- Mon adorable tâche de son, mais que t’ai-je donc fait ? Je te retrouve dans un bien piteux état, mais c’est fini, je suis venu te chercher, tu es la seule que j’aime et sans toi la vie ne vaut pas la peine d’être vécue…Nous sommes la veille de Noel, tu devrais être en train d’ouvrir tes cadeaux de Noel avec nos enfants, car je suis sûr que nous en aurions déjà eu deux. Une fille et un garçon…

Candy, ne semblait pas vouloir se réveiller, la douce voix de Terry la berçait, pour elle ce rêve merveilleux ne pouvait pas être réel, elle ne veut plus jamais se réveiller pour continuer à entendre les belles paroles d’avenir que Terry lui contait…

- Je vais prendre soins de toi ma chérie, dès que tu iras mieux, je t’emmènerai avec moi en Angleterre, je deviendrai le Duc, car ce que tu ne sais pas, c’est que mon père m’a rappelé pour lui succéder et je lui ai dit que je reviendrai avec toi ma future épouse, cette fois-ci il avait l’air d’être heureux pour moi, il m’a même dit que tu étais la femme idéal, que je ne pouvais rêver mieux…je n’ai pas compris, il m’a simplement dit que tu me diras pourquoi…

Candy, commençait à aller mieux, sa fièvre baissait, cela faisait déjà deux heures que Terry prenait soin d’elle. Candy dans son sommeil n’osait croire ce qu’elle entendait, étais-ce la réalité ? Où toujours ce doux rêve qui la menait au paradis ? Elle ne voulait pas tenter d’ouvrir les yeux, qu’elle déception si elle se retrouvait toute seule dans son appartement…

- Mon amour, il fait froid ici, je vais te porter dans ta chambre, et je resterai avec toi ! Je serai sage bien sûr, je suis un gentleman, tu me connais ! Dit Terry en souriant pour lui-même.
Terry porta Candy jusque dans son lit, il la déshabilla et lui mit une chemise de nuit et un chandail bien chaud qu’il avait dans sa valise. Après l’avoir bordé, il se coucha à ses côtés et la blotti dans ses bras afin qu’elle profite de la chaleur de son corps. Candy ne se réveillait toujours pas, elle pouvait sentir tout ce qu’il se passait mais da conscience ne voulait pas y croire…

- Si tu savais comme j’ai rêvé de ce moment mon amour, t’avoir dans mes bras, m’endormir à tes côtés, si seulement tu pouvais te réveiller, que nous puissions jouir ensemble de ce moment…Mais repose-toi mon amour, demain c’est Noel et je suis avec toi…tu te réveilleras…Dit Terry avant de tomber de sommeil

Candy passa une nuit sans rêve et avec une immense plénitude, Terry aussi dormait avec le sourire aux lèvres, la première depuis longtemps. Un rayon de soleil inonda la chambre, Candy ouvrit les yeux, elle avait senti des bras fort autour d’elle, mais elle ne voulait pas croire que c’était lui, elle savait que c’était lui, elle pouvait reconnaitre son odeur entre mille, mais elle avait trop souffert pour voir encore sa vie basculer. Terry se réveilla à son tour, il avait senti lui aussi que Candy était réveillée, il lui laissa le temps de se rendre compte qu’il était là, mais le temps passait sans qu’elle ne veuille bouger.

- Tâche de son ? Je suis là, je suis venu te chercher, je t’aime mon amour et il est temps pour nous de vivre notre amour sans que personne ne puisse se mettre entre toi et moi !

Candy pleurait, les larmes qu’elle laissait échapper, était des larmes de bonheur, jamais elle n’aurait cru hier soir en se couchant qu’elle allait se réveiller ce matin pour entendre Terry lui dire tout cela. Elle avait souhaité mourir cette nuit, et elle pensait que son âme l’avait enfin quitté, mais il est venu, pour la sauver.

- Terry…c’est bien toi ? Dit-elle en se retournant

- Mon amour, oui c’est bien moi, je suis là maintenant et nous pouvons enfin être heureux…je ne veux plus jamais voir toutes cette tristesse dans ton regard ! Plus jamais !

- Terry, je ne veux plus jamais me réveiller…

- Tu peux te réveiller mon amour, je suis là et je t’aime ! Veux-tu m’épouser Candy ?

- Oh Terry ! Oui oui oui !!! Plus que tout au monde !

- Mon amour je rêve de ce moment depuis le collège, puis-je embrasser mon adorable fiancée ?

- Elle ne demande que ça…

Terry se pencha et prit les lèvres de Candy avec la plus grande douceur, un baiser qui dura une éternité, un baiser qui scella le bonheur d’une vie future…

- Joyeux Noël mon amour…

- Joyeux Noël mon amour…


FIN

view post Posted: 8/12/2021, 19:34     Bonne année mon coeur... - Les fanfictions de Noël

Bonne année, mon cœur !



Une mini fic pour l’année 2009






Le 22 Juillet 2008 :


Candice Neige est serveuse dans un grand restaurant gastronomique. Elle travaille dur tous les jours, afin de pouvoir subvenir a ses besoins et ceux de son petit garçon de 10 ans.
Ce soir, c’est particulièrement complet et les clients n’arrêtaient pas d’arriver.
Elle court partout avec des assiettes pleines, des vides, des verres, des couverts, des boissons… Perchée sur des petits talons, elle cavale comme une sportive.
Alors que 22h sonne et que son patron décide de ne plus recevoir de couverts, un homme d’environ 25 ans, entre avec un énorme chien.
Candy va l’accueillir en souriant :

- Bonsoir Mr.

- Bonsoir Mlle, est ce que vous autorisez les animaux dans votre établissement ? Il n’y a plus de place en terrasse.

- Et bien.. Je vais demander a mon supérieur.

Candy s’en va et revient 5 minutes après avec la réponse :

- Puisque qu’il n’y a plus de place en terrasse, il n’y a pas de problème, mais il faudra qu’il se tienne tranquille.

- Bien sur. Merci.

Candy le conduit a une table et lui tend le menu :

- Pardon, nous n’avons plus de menu du jour…

- Ca ira merci.

- Bien.

Candy retourne a son travail, elle est appelée dans tous les sens :

- Mlle, une carafe d’eau SVP

- Du pain SVP

- L’addition !

- Les cafés !

- La carte des desserts…

Elle est partout a la fois et des fois, elle se demande si elle s’est bien occupée de tout le monde.
Finalement, 20 min après son arrivée, Candy prend la commande du jeune homme :

- Avez vous choisi ?

- Je vais vous prendre le menu B

- Bien et en boisson ?

- Une bière.

- Parfait. Je vous apporte ça très vite.

La soirée continue a s’étaler longuement et c’est avec fatigue, que Candy reconduit les avants derniers clients a la porte :

- Merci Messieurs dames au plaisir de vous revoir.

Elle va s’asseoir sur une chaise derrière le restaurant et souffle en enlevant ses chaussures.
Le jeune homme finit de siroter son café en donnant son chocolat a son chien.
Le bruit de la porte du restaurant s’ouvre et Candy va voir, elle sourit en entendant :

- Maman !

- Hey ! Mon lapin ! Tu n’es pas encore au lit ?

- Tante Annie m’a emmener a la foire, j’ai fait du manège et oncle Archi m’a acheter une grosse barbe a papa.

- Je vois. Tu as été gâté. Merci Annie de l’avoir gardé.

- Avec plaisir ma puce.

- Archi, merci a toi aussi.

- De rien..

Le petit garçon voit le chien couché sous la table, qui le regarde en remuant de la queue.

- Wow maman ! Tu as vu comme ce chien est énorme. J’adore

- Oh Gabriel, demande avant de toucher au chien.

Le jeune homme souri au petit garçon et lui dit :

- Tu peux le caresser, il est très gentil.

- Je peux maman ?

- Et bien, si le monsieur a dit oui, vas-y. Merci monsieur.

Gabriel pose plein de questions :

- Comment il s’appelle ?

- Otello.

- C’est quoi comme race ?

- Un St Bernard.

- J’adore, il est super doux. Maman, quand est ce qu’on pourra avoir un chien ?

- Tu sais bien que dans l’appartement c’est pas possible, il serait malheureux.

- Si tu veux, dit le jeune homme, je reviendrai ici avec lui et tu pourras jouer avec.

- Super ! Au fait, vous vous appelez comment ? Moi c’est Gabriel Neige.

- Gabriel ! gronde Candy. Ce n’est pas poli

- Ca ne fait rien. Je suis Terry Graham.

Un lien vient de se créer entre le petit garçon et ce « Terry ». Candy sourit, en trouvant cet inconnu bien sympathique. Il se lève de table :

- Ou allez vous maintenant ? demande Gabriel.

- Je vais aller promener Otello et ensuite je vais rentrer chez moi.

- Je peux vous accompagner ?

- Il n’en est pas question, dit Candy. Il est tard et tu vas aller te coucher.

- Oh maman… j’aimerai jouer avec Otello.

- J’ai dit non Gabriel.

Terry paye son addition et dit :

- T’en fais pas bonhomme, on se reverra d’accord ?

- Promis ?

- Promis. Dit Terry en riant.

Candy le raccompagne a la porte et ferme a clé derrière lui. Elle finit de ranger le restaurant et enfin, elle quitte cet endroit, jusqu’au lendemain.
Ses amis Archi et Annie les reconduisent chez eux en voiture. Candy couche son fils et va se faire couler un bon bain.
Elle se surprend a repensé a ce client, il avait été si gentil avec son fils. Qui est il ? Allait il réellement revenir comme il l’avait promit a Gabriel ?
On verra bien.

Le lendemain et pendant toute la semaine qui suit, l’homme ne se montra pas. Gabriel commençait a croire que c’était un menteur et que jamais il ne reviendrai avec ce gros chien si gentil.
Hors, il se trompait lourdement, car Terry Graham n’était pas du genre a négliger ses engagements et une semaine plus tard, il revenait vers la fin du service de Candy, avec son chien.
Gabriel saute littéralement de joie et cours vers le gros chien qui remue de la queue joyeusement.

Candy arrive et dit :

- Gabriel, il y a encore des clients mon chéri, pourquoi n’irais tu pas a l’arrière dans la cours avec le chien ?

- Je peux Mr Terry ?

- Bien entendu. Je peux l’accompagner ?

- Allez-y, répond Candy en souriant toujours.

Pendant qu’elle termine son service Gabriel court, cri, rit et saute avec le chien. Terry avait ramener une balle de Tennis qu’ils s’amusaient a envoyer et Otello ramenait.
Vers une heure du matin, Candy fait son apparition dans la cours avec trois verres de menthe a l’eau. Elle en tend une a Terry qui la prend en lui souriant.

Elle s’installe sur les marches de l’entrée des cuisines en soupirant et en se massant la nuque :

- Fatiguée ? demande Terry

- Oui, ces journées sont de plus en plus longues et peuplée de monde. On dirait que les gens n’ont pas de chez eux !

Elle éclate de rire et Terry lui sourit tendrement.

- Vous travaillez ici depuis longtemps ?

- Cela fait 2 ans. C’est un rythme auquel on finit par s’habituer et puis de toute façon, je n’ai pas le choix si je veux nourrir mon fils.

- Ou est votre.. enfin le père de votre fils ?

- Oh.. il a été l’homme le plus courageux du monde lorsque je lui ai annoncé que j’étais enceinte. Le lendemain de cette nouvelle il est parti au travail en emportant toutes ses affaires.

- Je suis désolé.

- Ca va maintenant, je vis avec mon trésor et c’est la seule chose qui compte.

- Vous avez l’air heureuse, c’est bien ça.

- C’est parce que je le suis.

Gabriel arrive en courant et boit d’un trait son verre. Il est rouge et essoufflé. Candy décide qu’il est temps d’aller se coucher. Demain elle est en congé pour 2 jours.

Elle sort du restaurant en saluant son patron, une fois dehors Terry leur propose de les raccompagner :

- Ca va aller, ne vous inquiétez pas, c’est pas loin.

- Bien. Je vous souhaite une bonne soirée.

- A vous aussi. A propos, je m’appelle Candy.

- J’aime beaucoup, êtes vous aussi sucrée qu’eux ?

Elle éclate de rire pour la seconde fois et Terry l’accompagne. Est ce que Candy est sucrée comme un bonbon ?
Gabriel dit au revoir au chien et a Terry, puis il suit sa mère jusque chez eux.

Ce soir la, dans sa douche, Candy ne peut s’empêcher de penser aux yeux bleus profonds du jeune homme. Il est vraiment très gentil et très beau. Il semble être quelqu’un de riche aussi que fait il dans la vie ?
Elle pose sa main sur sa poitrine et sent son cœur s’emballer.. Elle rougit et secoue la tête de gauche a droite :

- Allons Candy calme toi. Un homme comme lui ne peut pas être intéressé par une fille comme toi. Il est simplement un gentil monsieur qui donne de la joie a ton fils en lui permettant de jouer avec son chien. C’est tout, oublie le et puis de toute façon, tu as déjà été trahit par un homme. Une fois pas deux ! Laisse tomber !

Elle soupire fort alors qu’elle est en train de sécher ses cheveux. Elle se met au lit, mais a peine eut elle les yeux fermés que l’image du jeune homme lui revient en tête...

Raaaaaaaaaaa ! Il ne faut pas qu’elle pense a lui comme ça !!!

Enfin l’été finit, la saison avec et le restaurant va devenir plus calme avec la rentrée des classes pour les enfants et la reprise du travail pour les autres.
Terry était passé au restaurant une fois par semaine avec Otello. Le chien et l’enfant s’étaient adoptés mutuellement et s’ennuyaient de l’un l’autre.
Alors que Candy vient de finir son après midi de travail, elle reçoit un coup de fil de la part de l’école.

- Allô ? Oui c’est moi.. Gabriel s’est battu ? Quand ? Oui bien sur que je peux venir tout de suite.

Candy accourt comme une furie a l’école et est reçue immédiatement dans le bureau de la directrice.

- Merci d’être venue aussi vite madame.

- Que c’est il passé ?

- Et bien votre fils s’est battu avec un autre camarade classe pour un certain Otario.

- Pas Otario, dit Gabriel, Otello.

- Otello ? demande Candy

- Steve de ma classe a dit qu’il était débile.

- Qui est ce Otario ? Demande la directrice.

- Otello, dit Candy. C’est le chien d’une connaissance. Gabriel je t’ai déjà dit que tu ne devais pas de te battre.

- Mais il a insulté le chien le plus fantastique du monde, toi aussi tu l’aimes maman n’est ce pas ?

- Et bien…

- Tu ne l’aurais pas laisser l’insulter sans rien dire.. maman, je ne voulais pas le laisser faire. Otello est..

- Ca suffit ! Coupe Candy ! Tu devras, dés demain, aller présenter tes excuses auprès de ce camarade c’est clair ?

- Mais...

- C’est clair ? Dit Candy plus sèchement

- Oui maman.

- Bien. Rentrons maintenant. Mme La directrice, merci de m’avoir prévenu, je suis désolée pour tout ça.

- De rien. A demain Gabriel.

- Au revoir madame.

Candy et son fils quittent le bureau, ils croisent Steve et sa mère. Le garçon a le net gonflé, il le tient dans un mouchoir emplit de sang et sa mère se fâche après Candy :

- Votre fils est un voyou. Non mais regardez ce qu’il a fait a mon pauvre Steve. Il a le nez cassé j’en suis certaine. Je ne sais pas comment vous élever votre enfant mais je vais vous envoyer les services sociaux croyez moi !

- Je suis sincèrement désolée, dit Candy

- Etre désolée n’arrange rien a l’affaire. Les services sociaux, attendez vous a les recevoir !

Steve dit méchamment :

- Ouais, on va t’enlever a ton idiote de mère et tu ira a l’orphelinat !

- MA MERE N’EST PAS UNE IDIOTE !! Hurle Gabriel en se jetant sur lui.

Candy l’arrête juste a temps et Steve se plaint auprès de sa mère en pleurant :

- Maman, tu as vu ? Il a recommencé et j’ai rient dit ni fait.

- J’ai vu mon fils, c’est un sauvage, avec une mère orpheline il peut en être autrement !

Candy regarde tristement la mère et le fils partir. Elle rentre chez elle et envoie Gabriel dans sa chambre. Elle appelle Annie et lui raconte tout :

- Elle t’a dit que c’est parce que tu es une orpheline que ton fils est violent ?

- Oui… Je sais que mes origines ne sont un secret pour personne, mais enfin je pensais que les êtres humains avaient évolué.

- Pas tous malheureusement.. Tu veux que je vienne ma puce ?

- Tu dois être occupée avec ton entreprise.

- Candy pourquoi ne viendrais tu pas travailler avec moi. Je te l’ai déjà proposé.

- Oui je le sais, je te remercie mais je veux m’en sortir toute seule.

- Mais…

- Je sais que c’est pas facile, mais j’arriverai a atteindre mon rêve. Merci d’être la.. Je te rappellerai plus tard.

- D’accord, n’hésite surtout pas.

- Promis. Bye ma puce.

- Salut.

Candy Neige l’orpheline.. Voilà comment les gens l’appellent. Parce qu’elle a été retrouvé abandonné devant un orphelinat en pleine nuit en hivers. Parce qu’elle n’avait pas été adopté comme Annie. Parce qu’a l’âge de 16 ans elle avait été stupide, elle était tombée amoureuse et avait suivit cet homme a New York. Qu’il lui avait fait miroité un futur heureux et que lorsqu’elle lui a dit qu’elle était enceinte il l’avait laissé.
Elle avait mit au monde un enfant alors qu’elle n’en était qu’une elle même. 17 ans. 17 ans et déjà maman, des responsabilités, des factures, un loyer, les assurances et un petit job minable comme serveuse. Elle devait manger des pâtes pour s’en sortir. Elle ne peut même pas payer une bonne école a son fils, il fréquente la racaille et les voyous des bas fonds de New York.. Il s’était battu pour une histoire débile de chien, mais quelque part, elle était heureuse de voir qu’il ne se laissait pas faire. Mais.. Est ce que tout irait bien après ça ?

Elle se met a pleurer en silence dans sa cuisine en faisant couler du café.
La sonnette de la porte d’entrée se fait entendre, elle essuie rapidement ses larmes et va ouvrir. Elle reste bloquée sur place en voyant :

- Mr Graham

- Bonjour Mlle Neige.

- Bonjour, entrez.

Elle s’écarte et laisse Terry entrer avec son chien. Que vient il fait ici ? Comment a t il eut son adresse ? Et pourquoi est il habillé de façon aussi classe ?

- Gabriel ? Appelle Candy

- Qu’est ce qu’il y a maman ? OH OTELLO !!!

Le garçon saute sur le chien qui aboie en remuant la queue. Ils se font la fête un petit moment, puis Gabriel salue poliment le visiteur.

- Maman ? Je peux emmener Otello dans ma chambre ?

- Et bien.. Oui, mais interdiction de le laisser monter sur ton lit.

- Promis, aller viens Otello !

La porte de la chambre claque et Candy se retourne sur Terry :

- J’espère que je ne vous dérange pas.

- Pas du tout… Comment avez vous eu mon adresse ?

- Le restaurant. Je vous rassure j’ai insisté pour qu’il me la donne.

- Pourquoi ?

- J’avais envie de vous voir et puis Otello s’ennuyait de Gabriel.

- Je vois. Vous voulez du café ?

- Avec plaisir.

- Installez vous.

Candy lui indique la table et les chaises de la cuisine.
Elle est pauvre et n’a que très peu de meuble. Pas de canapé, pas de télé, mais c’est d’une propreté impeccable... Terry remarque ces choses tout de suite. Elle n’a rien et sourit tout le temps. Une femme comme elle, c’est rare.
Elle lui pose une tasse devant lui et s’installe a son tour.
De la chambre de Gabriel on peut entendre des rires et des aboiements. Elle est heureuse d’entendre son fils ainsi. Cela faisait longtemps.

- Vous êtes venu juste pour que votre chien et mon fils soient ensemble ?

- Et bien non. Voilà j’ai un service a vous demander.

- Je vous écoute.

- Ce soir, je dois me rendre a une soirée très importante et j’aurai besoin d’être accompagné par une femme.

- Je ne pense pas pouvoir vous aider.

- Pourquoi ?

- Et bien, a en juger votre tenue vous êtes quelqu’un qui doit travailler avec des personnes importantes. Je n’ai pas votre niveau de culture général ni votre statut social.

- Cela n’a aucune importance. Vous aurez juste a m’accompagner.

- En gros « soit belle et tais toi »

Terry éclate de rire et Candy l’imite :

- Non, ce n’est pas cela non plus. Et puis ce soir, je dîne avec les parents d’une amie.

- Sera t elle ?

- Je ne sais pas.

- Pourquoi ne lui demandez vous pas a elle plutôt ? Surtout si c’est avec ses parents que vous passez la soirée.

- J’ai.. Vraiment envie que ce soit vous.

Candy le regarde en souriant. Il est beau, il sent bon et sa proximité lui fait tourner la tête.
Elle est amoureuse ? Si vite ? Il lui pose sa main sur la sienne, son cœur s’emballe un peu plus, elle rougie :

- S’il vous plait Candy…

- Bon.. Mais… Je n’ai rien a me mettre.

- Allons faire du shopping.

- Quoi ? Ah non alors !

- Je vous offre et ça me fait plaisir. Ne refusez pas.

- Vous me laisserez vous rembourser ?

- Si vous vous voulez.

Elle lui sourit et appelle son fils, elle prend son sac a main et tous trois sortent joyeusement.

- Ce soir, je vais accompagner Mr Graham a une soirée Gabriel, je vais demander a tante Annie ou Tante Patti de venir te garder.

- Est ce que Otello pourra rester avec moi ?

- Bien sur, si ta maman veut bien, dit Terry.

- D’accord, répond Candy.

Terry les emmène dans un grand magasin de vêtement et Candy fait des essais. Terry fait des commentaires et parfois la grimace. Ils rient bien pendant la séance. Candy défile avec différentes robes de soirée. Des longues, des courtes, avec ou sans manches, avec ou sans gants et les chaussures…
Finalement, son choix se pose sur une robe de cocktail noire longue, sans manches et une paire d’escarpin a hauts talons, noire également.
Terry paye le tout sans même se soucier du prix que cela va engendrer.
Candy, quant a elle, manque de faire une crise cardiaque en voyant la facture.
$12.000 ? Ils sont chez Chanel ou quoi ?


- Non Candy, Gucchi, ainsi je suis certain que vous ne chercherez pas a me rembourser.

- C’est malhonnête !

- Non, j’aurai été malhonnête si en plus, de vous obligez a m’accompagner, je vous avait demander de faire des dépenses qui n’étaient pas prévu dans le mois, pour une robe hors de prix.. Vous allez payer l’addition du restaurant aussi peut être ?

- Ma part oui.

- Certainement.. Allons, je vous raccompagne, préparez vous, je viendrai vous chercher ce soir a 20h.

- Très bien.


19h45 :

Annie vient d’arriver et trouve Candy en train de courir partout.
Elle regarde le mobilier de cet appartement et franchement.. Elle a mal au cœur pour son amie. Elle pourrait l’engager et lui donner un bon salaire. Elle pourrait vivre mieux que ça, mais Candy est têtue et elle veut s’en sortir seule.

Bref, elle va a la salle de bain et trouve Gabriel en train de remonter la fermeture éclaire de la robe de sa maman.

- Voilà maman, tu es très belle.

- Merci mon poussin. Oh Annie, tu es déjà la. Je ne t’ai pas entendu entrer.

- Oui, depuis que tu m’as donné les clés j’entre comme je veux ici.

- Merci d’être venue.

- De rien. On va regarder un film sur le PC portable d’Archi et manger du pop corn toute la soirée !

- Y a mon copain Otello, dit Gabriel.

- Interdiction de donner des cochonneries a manger a ce chien. Dit Candy en souriant

- Oh un chien, dit Annie.

- Un gros St Bernard, dit Gabriel.

Annie sourit tendrement au petit garçon. Candy lui explique :

- Oui, c’est le chien de l’homme que j’accompagne ce soir.

- Et c’est qui cet homme ?

- Tu l’as vu une fois cet été au restaurant.

- Je ne me souviens pas.

- Bon peu importe, toujours est il c’est qu’il a absolument tenu a ce que je l’accompagne a cette soirée.

- Et la robe, tu l’as sort d’ou ?

- Devine !

- Non, c’est lui qui te l’a offerte ?

- Je ne voulais pas

- Ben il a réussit a te faire faire le contraire de ce que tu voulais ? Il va falloir que je le félicite.

- Arrête de dire des bêtises. Je vais le rembourser.

- Candy, c’est une Gucchi.

- Je le sais très bien.

Candy se met du rouge a lèvres alors que ça sonne a la porte. Annie décide d’aller ouvrir
Elle reste sans voix en voyant l’homme se présenter.
Elle le connais, elle sait qui il est, mais.. Candy ? Est ce qu’elle le sait ?
Candy ne lisait jamais la presse, ni les revues people. C’est a peine si elle sais qui est le vice Président des Etats Unis.
Elle le fait entrer et a une attitude plutôt froide avec lui. Ce qui surprend Terry. Pourquoi cette fille réagissait elle comme ça avec lui ?
Gabriel se précipite sur lui et embrasse le chien. Immédiatement il entraîne la bête dans « le salon »
Annie se pointe devant Candy et la fusille du regard :

- Qu’est ce qu’il y a ?

- Tu sais qui est ce garçon ?

- Non. Pourquoi ? Ça pose un problème ?

Annie réfléchit un petit moment. Il avait payer une superbe robe a Candy, l’implorait pour qu’elle l’accompagne. Mais ce qu’il la surprend le plus c’est qu’un homme comme lui s’intéresse a une fille aussi pauvre que Candy.. Il ne peut donc rien vouloir d’elle.
Elle décide de lui donner sa chance et conserve le silence sur son identité :

- Non, ma puce, aucun problèmes.

- Tu devrais te reposer, tu sembles fatiguée, dit Candy en souriant. Bon, comment je suis ?

- Tu es a croquer. Très belle. Tu as toujours été belle.

- Merci Annie.

- Candy ?

- Oui ?

- Réfléchis a ma proposition s’il te plait.

- Celle de venir travailler avec toi ?

- Je n’en peux plus de te voir ainsi. Tu mérites mieux et ton fils aussi. Tu pourras réaliser ton rêve avec l’argent que tu gagneras en travaillant chez moi.

- Je vais y penser.

- Bien… Bonne soirée.

- Merci, toi aussi.

Candy sort de la salle de bain et se trouve devant Terry. Il la regarde en souriant tendrement, ce qui n’échappe pas a Annie. Un regard tendre ? Un intérêt amoureux ? Sans blague ? Lui et son amie Candy ?
Terry la salut en la regardant avec admiration, il lui tend une rose blanche, qu’elle accepte avec un délicieux sourire.
Puis c’est le départ, Candy prend son manteau, ses clés, son sac a main, embrasse son fils et hop, elle passe la porte pour sa soirée.

Annie soupire une fois qu’elle est seule avec Gabriel :

- Tu sais tata, je trouve que Mr Terry va très bien avec maman.

- Gabriel, tu sais qui il est toi pas vrai ?

- Bien sur. Qui ne le saurait pas ?

- Ta mère ! Dit Annie en riant. Allez viens, allons regarder notre film.


Dans la voiture, Candy est relativement silencieuse. Terry conduit calmement en essayant de créer une conversation.

En arrivant au restaurant, Candy ouvre de grands yeux. Ce doit être le plus cher et plus chic de tout New York.. Elle commence a comprendre, que jamais elle n’aurait les moyens de rembourser ni la robe, ni le repas.
Elle regarde Terry et le lui reproche :

- Vous m’avez menti !

- Pardon ?

- Je pensais que nous avions convenu que je vous rembourserai.

- Ecoutez Candy, il n’en est pas question, j’ai voulu le faire par plaisir, pas en espérant revoir l’argent que j’aurai dépensé pour vous. Détendez vous.

- Mais..

- S’il vous plait..

Il lui passe sa main sur sa joue et Candy sent une grande chaleur l’envahir… Bon n’en parlons plus.

Il lui tend le bras et Candy le lui prend. Ils entrent et sont accueillit par le réceptionniste :

- Oh bonsoir Mr Graham, vos invités vous attendent au bar. John va vous y conduire.

- Mr Holson, voici Mlle Neige.

- Enchanté Mlle. Avez vous un vestiaire ?

- Ma veste, répond Candy en souriant poliment.

Elle lui tend sa veste et ils sont conduit au bar. On peut immédiatement entendre :

- Terry !

- Mr Marlowe, Mme Marlowe, bonsoir.

- Bonsoir jeune homme. Oh vous êtes en compagnie d’une ravissante demoiselle, dit Mr Marlowe. Bonsoir Mlle.

- Mlle Neige, Candice Neige.

- Appelez moi Georges, voici mon épouse Magda et… ma fille Suzanna.

- Enchantée, dit Candy toujours aimablement.

Le regard que la mère et la fille lui envoient, lui donne des frissons dans le dos. Elles ne lui répondent tout simplement pas.
Ils vont prendre place a une table et commande une boisson. Pas d’alcool pour Candy, mais plus un jus de fruit. Suzanna en rit même :

- Oui, vous avez raison, l’alcool c’est pour les grands.

- Je suis plus âgée que j’en ai l’air Mlle.

- Vraiment ? Et Terry s’intéresse aux femmes si vieille que ça..

Candy reste choqué. Mais pourquoi l’agressait elle a la fin ? Du coup Candy se tait et écoute.
Une heure plus tard, ils vont au restaurant et le repas est commandé. Candy décide de boire tout de même un verre de vin. En trinquant, Suzanna remarque le regard et le sourire que Terry adresse a cette fille sortie d’on ne sait ou. Cela ne lui plait pas du tout et décide de l’humilier. Elle va tellement la dégoûter que cette frisée ne s’approchera plus jamais de près ou de loin de Terry. D’abord d’ou venait elle :

- Je suis curieuse dit Suzanna. Vous vous êtes rencontrés comment ?

- Et bien, dans un restaurant, répond Candy.

- Oh, vous y dîniez seule ? Continue Suzanna.

- Suzanna, dit Terry, je t’en prie.

- Quoi ? Je veux juste engagée la conversation avec ton amie. Alors ?

- Non.. j’y travaille. Dit Candy

- Oh seigneur ! Dit Suzanna scandalisée.. Une serveuse ?

- Et alors ? Il n’y a pas de sot métier.

- Oh grand dieu si.. Le votre en est un.

- Et je peux savoir quel est le vôtre ? Demande Candy.

- Candy.. dit Terry.. Vous ne la reconnaissez pas ?

- Je devrais ?

- Mais je suis la grande actrice Suzanna Marlowe.

- Je suis désolée répond Candy. Je ne vais pas au cinéma et je ne regarde pas la télé.

- Mais la presse, dit Mme Marlowe.

- Je ne la lis pas non plus. Je me fiche des mauvaises nouvelles qu’elle nous donne ou encore les dernières nouvelles des stars totalement inintéressante.

- Comment osez vous ? demande Suzanna !

- Oui Terry, dit Mme Marlowe, retenez votre compagne, elle devient particulièrement insultante.

- Pardon ? Dit Mr Marlowe. Depuis tout a l’heure vous ne faites que l’acculer au mur. Ca suffit vous deux.

- Terry, comment as tu peux choisir une vulgaire serveuse a moi ?

- Je te l’ai déjà dit, tu ne m’intéresses pas Suzanna.

- Vous croyez qu’en amenant une petite intrigante avec vous allait vous sortir de l’affaire ? Je vous rappel que vous devez épouser ma fille ! Dit Mme Marlowe méchamment en regardant Candy.

Candy prend un coup au ventre.. Il doit épouser Suzanna ? Pourquoi cela lui fait il tellement mal ?
Il est promit a une autre femme et elle.. Elle.. a servit a quoi ? A lui donner une excuse de montrer a cette espèce de chipie qu’il ne voulait pas d’elle comme épouse ? Elle n’avait servit qu’a ça ? Elle comprend maintenant pourquoi il ne veut pas qu’elle le rembourse. Il va l’utiliser et une fois qu’il en aura finit, il partira sans plus jamais lui donner de nouvelle.
Et elle, comme une cruche elle avait commencé a l’aimer.


Elle est perdue dans ses pensée lorsque des paroles plus qu’humiliantes venant de la part de Suzanna la sort de sa transe :

- Terry ! J’exige que tu me jètes cette fille a de ta vie. Une pouilleuse, une simple serveuse, tu es tomber sur la tête ? Elle ne représente rien, rien du tout a part la partie pauvre des Etats Unis…..

Candy prend son verre de vin et lui jète a la figure. Suzanna se tait tant elle est surprise. Sa belle robe blanche s’imprégnait du liquide rouge et coûteux. Elle regarde Candy qui lui dit :

- La pouilleuse des bas quartier vous emmerde Mlle Marlowe ! Laissez moi vous dire que premièrement, si j’avais été une de vos fan, j’aurai été déçu de vous et deuxièmement, vous pouvez gardez votre Terry. Il ne représente rien pour moi, pas plus que le verre de vin que je viens de vous envoyer dans la figure.

- Candy ! Dit Terry

- Pardonnez moi Mr Marlowe, je vous souhaite une agréable fin de soirée !

Mme Marlowe essuie sa fille qui geins comme une fille pourri gâtée, alors que Candy quitte la table pour aller récupérer sa veste.

- Candy ! Dit Terry qui l’avait suivit.

- Laissez moi.

- Pourquoi avez vous dit cela ?

- Parce que je me suis faite avoir. Vous avez absolument tenu a ce que je vous accompagne pour éloigner cette demeurée de vous ? Pour qui m’avez vous prit ? Je regrette tellement, je regrette a en mourir, j’ai été stupide.

- Mais pas du tout. Je tenais vraiment a être avec vous car j’apprécie votre compagnie, je ne pensais pas que cela se passerai ainsi. Ce sont des gens bien élevés. Enfin je le croyais. Je ne pensais pas qu’elles vous humilieraient ainsi.

- Fichez moi la paix. Je ne veux plus jamais vous voir. Restez dans votre monde riche et pourri. J’allais très bien avant de vous rencontrer.

Terry continue a la suivre, Candy rentre a pied jusque chez elle. A mi-chemin elle se retourne et dit :

- Arrêtez de me suivre ou j’appelle la police.

- Mon chien est chez vous je vous rappelle, j’aimerai bien le récupérer.

- C’est vrai, dit Candy. D’accord.

Enfin elle arrive chez elle, elle laisse Terry en bas de l’immeuble. Pas question qu’il monte. Elle demande a Annie de bien vouloir redescendre le chien en partant.

Cette dernière est surprise de voir son amie dans cet état de nerf intense, mais elle n’ose pas lui poser de question. Elle accepte de lui rendre service.
Candy se déshabille en vitesse, enfile sa robe de chambre et se penche a la fenêtre avec la robe dans les mains. Elle hurle :

- Je n’aurai jamais les moyens de vous rembourser, mais au moins vous pourrez récupérer votre argent !

Terry lève la tête et reçoit le tissu chaud sur le nez.
Annie arrive a ce moment avec le chien. Elle lui tend la laisse et lui dit :

- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre vous, mais bravo ! Vous l’avez mit dans un drôle d’état. Allez vous en et ne revenez plus jamais.

- Mais… Je l’aime, dit il tout bas.

Annie ouvre de grands yeux :

- Quoi ?

- Je suis amoureux d’elle.

- Vous ne la connaissez pas.

- Tout l’été je l’ai vu, nous avons beaucoup discuté, rit, chahuté. J’ai adoré chaque moment passé avec elle. Je crois que je suis tombé amoureux d’elle au premier regard. Le chien était une excuse pour la revoir. Enfin.. Non, car son petit bonhomme adore Otello. Mais j’en ai profité.. Qu’est ce que je dois faire ?

Annie reste sans voix. Ainsi il était bel et bien amoureux. Cela se sentait dans sa voix, dans ses gestes, dans sa façon de parler.

- Je ne sais pas… Laissez lui le temps de se calmer.

- Elle…

- Elle ?

- Rien… Pourriez vous lui dire que jamais je ne l’ai utiliser pour ce qu’elle croit, mais que j’avais envie de m’afficher avec elle par fierté de l’avoir près de moi.

- Je lui dirai.

- Merci.

Terry tourne les talons et s’en va.
Candy pleure toute la nuit sur son lit. Elle avait vraiment été stupide !

Gabriel se réveille le lendemain matin et est déçut de s’apercevoir que Otello n’était plus la.
Il trouve sa mère installée a la cuisine, une tasse de café a la main :

- Bonjour maman.

- Bonjour mon poussin. Tu as bien dormi ?

- Oui. Ou est le chien ?

- Il est rentré chez lui.

- Oh… J’aurai aimé qu’il reste toute la nuit.

- C’est impossible Gabriel.

- Tu as passé une bonne soirée ?

- Pas vraiment.

- Tu t’es disputé avec Mr Terry ?

- Oui et d’ailleurs on ne le reverra jamais.

- Pourquoi ?

- Parce que c’est comme ça.

- Mais Otello...

- Gabriel ça suffit avec ce chien !

- Mais..

- J’ai dit ça suffit, cri t elle.

Gabriel la regarde tristement. Candy inspire profondément et dit :

- Pardon mon fils.

Le petit garçon se détourne de sa mère :

- Tu ne déjeunes pas ?

- J’ai pas faim.

La porte de la chambre claque et Candy se sent encore plus triste.
Vers 10h du matin, Annie et Patti arrivent toutes affolée chez Candy :

- Et bien les filles ? Qu’est ce qu’il vous arrive ?

- Ecoute Candy, je sais que tu n’aimes pas la presse, mais tu devrais regarder ça.

- Quoi donc ?

Annie sort un journal et le tend a son amie. Candy s’assoit la bouche ouverte. Elle fait la une avec Terry et on peut lire :

« Le Sénateur Grandchester en compagnie d’une inconnue dans les rues de New York »

Le Sénateur Grandchester ? Elle lit l’article :

« Le Duc et sénateur Grandchester a été vu hier soir en pleine dispute avec cette jeune femme dans les rues de New York.. Qui est elle ? D’ou vient elle ? Serait ce l’heureuse élu du cœur le plus en vogue des Etats Unis… »

- Mais c’est quoi ce délire ? Dit Candy

- Tu ignorais qui il était ? Dit Patti

- Oui.. Vous savez très bien que je ne me tiens pas informé de ce genre de chose. Je ne sais même pas qui est le vice président d’Amérique. Tu le savais Annie ?

- Bien entendu.

- Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

- Tu semblais si heureuse, tu avais des étoiles plein les yeux. Je n’ai pas voulu gâcher ta joie. Ton fils aussi le sait.

- Hein ? Gabriel ?

- Lui, il s’intéresse a la presse Candy. Dit Annie.

Candy reste sans voix. Elle discute et traîne avec le sénateur Grandchester depuis des mois ? C’est insensé ! Pourquoi un homme comme lui passerait son temps avec une fille comme elle.

- Candy, Terry m’a dit hier soir qu’il était amoureux de toi.

- Pardon ?

- Il ne t’as pas utilisé pour ce que tu crois, mais il voulait être avec toi tout simplement. Je ne sais pas quoi il parlait, dit Annie.

- Candy ? raconte nous ta soirée. Dit Patti.

Candy raconte donc tout ce qu’il s’était passé la veille… En pleurant. Patti explose de rire lorsque Candy raconte qu’elle avait envoyé son verre de Chardonnay dans la figure de la « grande star » Suzanna Marlowe. Etre ignorante des choses a du bon. Elle n’a pas été intimidé par la chipie, par Terry, ni par leur célébrité a tous les deux.
Maintenant, tout était finit et Candy ne reverrai jamais plus Terry.

Vers 18h, Candy se prépare a aller travailler. Patti va garder Gabriel ce soir. Demain il a école et il ne peut plus se permettre de se coucher a des heures impossibles comme cet été. De plus les vacances de Noël arrivaient a grands pas.

En arrivant a son restaurant, elle est accueillit par les flash et les journalistes. Comment diable ont ils su qu’elle travaillait ici ? Son patron les chasse froidement et entraîne Candy jusqu’a son bureau :

- Candy, je regrette mais je ne peux pas te garder ici.

- Pourquoi ?

- Tu as vu le tapage que ton aventure a produite ?

- Cet été cela ne vous avait dérangé que mon « aventure » vienne ici.

- Je ne pensais pas que vous iriez aussi loin.

- Et ou on a été d’après vous ?

- ...

- Nul part. Il ne s’est rien passé entre lui et moi.

- Je regrette, mais ton histoire va nous créer une mauvaise réputation et attirer les journalistes comme des mouches. Je risque mon restaurant. Essaye de comprendre.

- Oui moi ce que je comprend c’est que je me retrouve sans emploi du jour au lendemain. Je vais faire quoi maintenant ?

- Je suis désolé.

- Mais non, vous ne l’êtes pas.

- Voici ton chèque de ce mois ci.

Candy prend le chèque et quitte le bureau en claquant la porte.
Elle venait de se faire virer par son patron, elle n’avait plus rien.. Comment elle allait faire maintenant ?

Décidément tout était contre elle.
Le mois de décembre était installé et Candy commençait a ressentir les premiers effet dut au fait qu’elle ne travaillait plus.
Pourtant, elle avait posé sa candidature dans beaucoup de restaurant. Aucun ne lui avait répondu positivement. En fait, ils avaient même pas répondu du tout.

Finalement, un hôtel lui envoie une lettre en lui proposant de travailler comme femme de chambre.
Candy répond positivement. De toute façon, elle n’a pas le choix.

Pendant sa recherche d’emploi Annie lui avait encore demandé de venir travailler avec elle. Candy avait répondu que si elle n’avait pas d’autre choix, elle viendrai la trouver, mais qu’elle voulait vraiment s’en sortir seule.
Annie n’avait pas insisté et espérait, au fond d’elle, qu’elle n’aurait pas de réponse positive.
Si Candy travaillait pour elle, elle lui donnerai une bonne place, un bon salaire et Candy vivrait mieux.. Mais, elle avait accepté de travailler dans cet hôtel.


Ainsi commence son nouvel emploi. Il est plus facile que celui de serveuse, mais les horaires sont compliquées parfois.

Noël Passe. Elle n’avait pas pu offrir grand chose a son fils, mais au moins, il avait eut ce qu’il souhait le plus. Elle avait été heureuse de voir la joie de son fils en déballant ses paquets le matin de noël.
Gabriel ne parlait plus d’Otello ni de Terry. Mais Candy savait que son fils souffrait de ne plus voir le gros chien. Parfois, il se mettait a la fenêtre et regardait pendant de longues minutes la rue…

La veille nouvel an, Candy emmène son fils faire quelques courses pour le réveillon. En passant devant le kiosque a journaux, Gabriel peut lire sur un journal :

« Le sénateur Grandchester rejète la proposition de mariage de l’actrice Suzanna Marlowe, hier soir a l’hôtel V. »

L’hôtel V. C’est la que sa mère travaille. Il est persuadé qu’elle l’ignore, comme d’habitude, elle ignore tout.
Dans son petit cerveau ça travaille vite. Il doit absolument faire en sorte que ces deux la se rencontrent. Il avait vu la peine de sa mère et la tendresse avec laquelle Terry regardait cette dernière.
De l’amour. Voilà ce qu’il y avait entre les deux adultes.

Ca y est, il a une idée :

- Maman ?

- Mmm ?

- Est ce que je pourrai venir a ton travail demain après tout c’est le jour de l’an.

- Si tu restes dans l’office oui.

- Génial. Merci. J’emporterai mon baladeur et quelques jeux.

- Si tu veux et ensuite nous iront manger une bonne pizza !

- GENIAL !!


Donc, le lendemain Candy et Gabriel arrivent a l’hôtel. Son supérieur lui dit qu’il n’y a pas de problème a ce que le petit garçon reste dans l’office pendant qu’elle travaille.
Au début, Gabriel se tient tranquille, il ne bouge pas, il fait en sorte que sa surveillance soit relâchée et lorsqu’il sent que c’est bon, il profite d’une seconde d’inattention des adultes et prend la poudre d’escampette.

Il regarde sur la fiche des chambres a nettoyer ou est celle de Terry. Elle se trouve au 8ème étage chambre 852.
Il prend l’ascenseur et se trouve bien vite devant la porte de la chambre. Il entend du bruit, en fait, il entend Terry parler. Il sourit, il est la.
Il frappe et on peut entendre derrière la porte :

- Qui est ce ?

- Je suis un ami d’Otello.

- Qui ça ?

- Je suis Gabriel Neige !

En entendant le nom, Terry se lève d’un bon de son fauteuil et va rapidement ouvrir la porte :

- Hey ! Salut bonhomme !

- Salut Mr Terry

- Terry tout court ça suffit. Tu viens voir Otello ?

- Oui, mais surtout je viens te voir toi.

- Vraiment ? Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci. Je voudrai savoir…

- Quoi ?

- Ma maman… Elle ne te manque pas ?

Terry regarde le petit garçon dans les yeux et répond :

- Si bien sur.. Mais ta mère refuse de me voir.

- Et toi ? Tu veux la voir ?

- Oui. J’aimerai beaucoup même.

- Ma mère travaille dans cet hôtel.

- Hein ?

- Après le scandale médiatique, elle a été renvoyée par son patron au restaurant. Elle a cherché partout et on lui a proposé une place de femme de chambre.

- Femme de chambre ?

- Ca te dégoûte que ma maman fasse ce genre de travail ?

- Jamais je ne serai dégoûté par ta mère. Elle me manque et je veux la voir.

Gabriel sourit.

- Dis moi. Ou est elle en ce moment ?

- Dans la cafétéria des employés, elle prend sa pause.

- Conduit moi a elle.

Le secrétaire de Terry est abasourdit. Qui diable est cette femme ? Celle de la photo il y a déjà deux mois ? C’est pas finit cette histoire ?
Gabriel appelle Otello qui arrive en remuant de la queue, puis Gabriel montre le chemin a Terry.
Un journaliste, qui était a la réception, voit le sénateur passer rapidement avec un petit garçon..
Dans la tête de l’homme ça travail : Un enfant caché ?
Il décide de le suivre discrètement pour en savoir plus.

Après avoir emprunté tout un tas de couloir et de porte, Gabriel entre dans la cafétéria :

- Gabriel ? Qu’est ce que tu fais ici ? Demande Candy en se levant de sa chaise.

Otello arrive avec le petit garçon et le visage de Candy se décompose. Si le chien est la.. Alors.. Lui aussi.

- Ce chien, balbutie Candy

- C’est le mien, répond Terry.

- Terry...

- Candy.

Il s’approche d’elle et lui dit :

- Pardonne moi Candy, je ne me suis pas servit de toi. Jamais.

- Tu ne m’avais jamais dit qui tu étais non plus.

- Je le sais. Mais je n’en voyais pas l’intérêt. Je voyais bien que tu ignorais qui j’étais. J’avais peur qu’en te le disant, tu me fuis.

- Pourquoi aurai-je fait cela ?

- Je ne sais pas. Des fois on peut réagir bizarrement avec ce genre de nouvelle.

- C’est certain.

- Nous n’avons pas prit un bon départ. On peut recommencer ?

Candy réfléchit un instant et lui dit en lui tendant la main :

- Je suis Candice Neige, femme de chambre.

- Je suis Terrence Graham Grandchester, duc de Grandchester et Sénateur de Califonie, de passage a New York pour le travail.

Gabriel sourit en voyant Terry prendre sa mère dans ses bras.

- Tu m’as manqué Candy, tu me manques en ce moment.. J’ai envie de t’embrasser.

- Qu’attends tu pour le faire alors ?

Terry se penche et prend ses lèvres tendrement dans un baiser passionné.
Le journaliste arrive a ce moment et prend une photo. Le scoop !!!
Candy et Terry se retournent en même temps :

- Mr le Sénateur, qui est cette femme ? Et cet enfant ?

Terry serre Candy près de lui et tend le bras a Gabriel. Ce petit garçon vient se serre contre lui. Ensuite Terry répond :

- Cette jeune femme est celle que mon cœur a choisi et cet enfant sera bientôt mon fils.

- C’est a dire ? demande le journaliste.

- Candy ? Veux tu m’épouser ? Et toi Gabriel, veux tu que je devienne ton père ?

Candy pleure de joie. Elle ne s’attendait pas a ce genre de demande. Elle regarde son fils qui sourit et ensemble ils répondent :

- Oui !

Le journaliste note qu’un mariage va bientôt avoir lieu entre le sénateur et une femme de chambre de New York.
Il reprend encore des photos Terry serre sa famille contre lui en s’affichant clairement avec eux sur les photos.

Le mariage le plus improbable du siècle fait la une des journaux dés le lendemain matin.
Candy est vite assaillit de journaliste, que les vigiles de l’hôtel s’empressent de virer.
Candy quitte son emploi peu de temps après l’annonce, pour suivre Terry en Californie.
Ne voulant plus se séparer, ils s’unissent en janvier 2009.
La joie, l’amour et la bonne entente, bercent la vie du couple.
Candy tombe enceinte peu de temps après son mariage et est la femme la plus resplendissante de tous les états unis.
Elle donnera naissance a un petit garçon, John et une petite fille, Sarah.


En 2014, le restaurant gastronomique, Candy’s voit le jour. Le rêve de cette jeune épouse et mère naît.
Ainsi, voilà ce pourquoi Candy économisait. Elle voulait avoir son propre restaurant ou toute la crème de la Californie entière se retrouvait.

Quant au Sénateur Terrence Graham Grandchester, il n’a jamais été plus fier de lui que depuis qu’il a rencontré et épousé celle pour qui son cœur s’emballait dés qu’il la voyait ou pensait a elle.
Le voilà mari, père et heureux.

Fin

view post Posted: 8/12/2021, 19:18     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 6




Candy faisait les cents pas dans son salon. Elle espérait et redoutait tout à la fois de recevoir un coup de fil de Terry. Comment se passait son entrevue avec Weldon ? Allait-il réussir à redresser la situation, ou allait-il tout faire capoter une nouvelle fois en laissant parler son caractère impulsif ? Elle sursauta lorsque le téléphone de Terry émit un bip, et l'ouvrit les mains tremblantes. Mais il s'agissait d'un fichier photo, et envoyé par l'horrible Suzanna, en plus ! Cette femme ne la laisserait-elle jamais en paix ? Elle regarda l'image s'afficher sur l'écran. On la voyait très nettement en compagnie d'Archibald sortir de l'hôtel Weldon. L'entrevue était terminée ? Pourquoi Terry ne l'appelait-il pas, dans ce cas ? Il avait l'air préoccupé sur le cliché, alors qu'Archie semblait ravi. Était-ce bon ou mauvais signe ? N'y tenant plus, elle décida de contacter Terry lorsqu'un appel entrant se signala. Encore Suzanna ! Candy avait très envie de refuser l'appel, mais la curiosité fut la plus forte.

« Terry ! Avez-vous compris maintenant ? Attaqua sans préambule la voix surexcitée de la secrétaire.

- Mademoiselle Marlow ! Que dois-je faire pour que vous cessiez de me harceler ! C’est Noël et nous sommes en congés ! Allez passer les fêtes avec qui vous voulez et oubliez-moi !

- Votre femme aussi, semble bien vous oublier !

- Ma vie privée ne vous regarde pas ! Sans vouloir être impoli, je vais raccrocher. J’attends un appel de Candy.

- Très bien ! Fulmina Suzanna. Puisque vous ne voulez pas comprendre, quelqu’un d’autre sera certainement plus intéressé. Je n’ai pas dit mon dernier mot ! »

Et ce fut elle qui raccrocha au nez de Candy. « Moi non plus, je n’ai pas dit mon dernier mot, espèce de chipie ! »Songea la jeune femme. Et avant toute chose, je vais avoir une sérieuse explication avec mon cher mari ! Elle était tellement en colère, qu’elle n’entendit pas la voiture qui déposait Terry devant chez eux et sursauta quand celui-ci fit irruption dans le salon.

« Candy ! Pourquoi ne répondais-tu pas au téléphone ? Dit il en fouillant dans le vide poche sur le meuble de l’entrée pour trouver ses clefs de voiture. Prends un manteau ! Nous devons filer à l’aéroport ! »

Il s’était déjà précipité vers le garage avant qu’elle puisse réagir. Mais à voir son mari pressé au point qu’il semblait avoir oublié ses chaussures à talons, elle devina qu’il se passait quelque chose de grave. Elle attrapa un pardessus et le rejoignit au garage. Il avait déjà ouvert la porte et pris place au volant. Il démarra dès qu’elle fut installée, sans lui laisser le temps d’attacher sa ceinture de sécurité.

« Vas-tu me dire ce qui se passe ? C’est à cause de Weldon ?

- Weldon ! Toujours Weldon ! Grommela Terry tout en conduisant à sa manière sportive habituelle. Tu ne peux pas oublier le boulot de temps en temps ?

- Ah ! Cela te va bien de dire des choses pareilles ! Toi qui passes plus de temps à ton bureau qu’à la maison ! Il est vrai que tu n’y es pas tout seul. Il y a ta chère secrétaire !

- Ne remets pas Suzanna sur le tapis, s’il te plait !

- Et toi ? Tu l’as déjà allongée sur le tapis ?

- Candy arrête ! Ce n’est pas le moment !

- Quand, alors ? Il va bien falloir finir par en parler.

- Bientôt, chérie. Si tout se passe comme je l’espère...

- Ne m’appelle pas chérie ! Je ne pense plus que tu en ais le droit.

- Tu préfères quand c’est ton dandy qui t’appelle comme ça ?

- Qu’est-ce qu’Archie vient faire dans cette discussion ?

- La même chose que Suzanna, je suppose ! »

Ils étaient tellement pris par leur dispute, que Terry ne vit qu’au dernier moment le feu qui passait au rouge. Il freina brutalement et Candy fut projetée en avant. Heureusement, elle eut le réflexe d’amortir le choc en tendant les longs bras qui étaient désormais les siens. Le souffle court, tous deux se renfoncèrent dans leurs sièges. Terry fut le premier à reprendre ses esprits. Il se pencha vers sa femme et boucla lui-même sa ceinture de sécurité avant de redémarrer.

« Tu devrais conduire plus prudemment, murmura Candy d’une voix tremblante. Ce sont les gens comme toi qui font la mauvaise réputation des femmes au volant !

- D’accord, répondit Terry avec un sourire forcé. Essayons de rester calmes et de ne pas nous disputer. Pour commencer, cesse de t’inquiéter pour ton contrat. Weldon a signé un compromis. Il ne restera qu’à finaliser les détails, mais c’est dans la poche.

- Tu as réussi ! Soupira la jeune femme avec soulagement.

- En doutais-tu ?

- Non ! Bien sûr que non ! C’est toi le meilleur !

- C’est pour ça que tu m’as épousé, non ? »

Candy aurait pu lui répondre que si elle avait fait une liste des raisons pour lesquelles elle l’avait épousé, ses compétences pour négocier des contrats n’auraient certainement pas figuré dessus, mais elle ne se sentait pas de force à lui ouvrir son coeur maintenant.

« Alors, pourquoi allons-nous à l’aéroport ? Biaisa-t-elle.

- Parce que j’ai eu une idée ! »

Si Terry fut déçu par sa réaction, il n’en laissa rien paraître. Il tenta alors de lui expliquer l’intuition qu’il avait eue au sujet de ce drôle de lutin qu’ils avaient rencontré. Comment il la voyait partout, dans ses rêves, à Édimbourg, au restaurant... Il fit son possible pour être persuasif, mais Candy restait sceptique. Elle n’était toujours pas convaincue lorsqu’ils arrivèrent devant le hall des départs de l’aéroport. Pourtant le Père Noël et son étrange lutin étaient bien là, agitant leur cloche pour appeler les voyageurs à la générosité. Et l’insistance avec laquelle le lutin les fixait prouvait qu’elle les reconnaissait, elle aussi. Elle observa leurs mains entrelacées et un grand sourire éclaira son visage.

« Joyeux Noël ! » Les salua-t-elle en agitant sa cloche de plus belle.

Candy donna un coup de coude à son mari qui comprit son intention. Il fouilla dans son sac à main pour un tirer son porte-monnaie qui hélas ne contenait que quelques pièces.

« Pourquoi n’as-tu jamais de liquide sur toi ! Grogna-t-il.

- Et toi, tu en transportes beaucoup trop, répliqua Candy en sortant le portefeuille de Terry. Elle y prit un billet de cent dollars qu’elle posa dans la corbeille.

- Cent dollars ! Rien que cela ! S’exclama-t-il.

- Oh, ça va ! Ce n’est rien du tout pour toi, Monsieur-Je-Veux-Devenir-L’homme-Le-Plus-Riche-Du-Monde ! Et si Madame le Lutin peut faire quelque chose pour nous, elle mériterait encore plus ! »

Mais Madame le Lutin le regardait en secouant la tête. Son sourire avait disparu.

« Vous êtes toujours fâchés, constat-t-elle.

- Vous vous souvenez de nous, Madame Tania ?

- Tasia ! Rectifia le lutin.

- Oui, d’accord, Tasia... Admit Terry. C’est vous qui êtes à l’origine de tout cela, n’est-ce pas ?

- Pas du tout ! Protesta le lutin. C’est vous qui le vouliez. Rappelez-vous. Vous aviez dit : « Je voudrais que tu sois à ma place. » Je ne fais qu’exaucer les voeux, je ne les formule pas.

- Vous devez nous aider, supplia Candy. Nous ne pouvons pas rester comme ça. Nous voulons retrouver nos corps.

- Je le sais, reconnut Tasia. Mais cela ne marche pas. J’ai essayé, je vous le jure ! Mais mon pouvoir n’est pas suffisant. Peut-être ne le voulez-vous pas vraiment. Êtes vous certains que c’est réellement ce que vous souhaitez ? Du plus profond de votre coeur ?

- Mais bien sûr que oui ! S’emporta Terry.

- Prouvez le, alors ! Embrassez-vous ! »

Les deux jeunes gens se regardèrent. Terry vit un fol espoir s’allumer dans les yeux bleu-vert qui le dominaient. Des yeux qui n’avaient plus rien de froid. Il regarde son propre visage s’incliner vers lui. Était-ce aussi simple que ça ? Il s’avança. Et réalisa soudain qu’il se dressait sur la pointe des pieds pour atteindre les lèvres qui s’approchaient des siennes. C’était ridicule ! Aussi se contenta-t-il d’effleurer la bouche tremblante qui avait rejoint la sienne avant de s’écarter rapidement.

« Voilà ! Vous êtes contente ? Dit-il au lutin. Vous nous avez mis dans ce pétrin, c’est à vous de nous en sortir ! »

La malheureuse Tasia rentra la tête dans les épaules pour laisser passer l’orage. Elle jeta un coup d’oeil suppliant vers son collègue et l’imposant Père Noël qui l’accompagnait les rejoignit. Il fronça les sourcils en regardant Terry qui se calma aussitôt.

« Ne vous en prenez pas à ma petite Tasia, Monsieur Granchester. Son initiative partait d’un bon sentiment. Elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour vous aider. Le reste ne dépend plus que de vous.

- Mais que devons-nous faire ?

- Vous finirez par trouver, j’en suis sûr. Mais vous devrez le faire seuls. Tasia et moi devons vous laisser.

- Vous ne pouvez pas nous abandonner sous prétexte que votre journée est finie.

- Elle ne fait que commencer, au contraire, répondit le Père Noël en riant. Nous avons une longue nuit devant nous. »

Candy et Terry se regardèrent, incrédules. Décidément, ces deux-là prenaient leur rôle beaucoup trop au sérieux. Terry se retourna, bien décidé à insister encore, mais il ne vit que des voyageurs pressés qui se bousculaient pour prendre leur avion. Il n’y avait plus dans les parages ni Père Noël, ni lutin !


-----oooOooo-----




Le retour à leur domicile se fit dans un silence lourd et tendu. Garée sur le trottoir, une camionnette au logo des hôtels Weldon semblait les attendre. Le conducteur en descendit et se dirigea vers Terry.

« Je vous livre votre commande, Madame. Si vous voulez bien m’ouvrir la porte, je vais tout transporter à l’intérieur. »

Candy semblait se désintéresser totalement de la question et était déjà rentrée dans la maison. Avec un soupir, Terry aida le livreur à transporter les nombreux plateaux jusqu’à la cuisine. Tandis qu’il lui donnait un généreux pourboire, l’employé lui adressa un sourire entendu en désignant du menton la porte par laquelle Candy avait disparu.

« On dirait que votre mari a eu une dure journée.

- Vous n’imaginez même pas à quel point ! Reconnut Terry. »

L’homme parti, il se dirigea vers la chambre où il trouva Candy qui pleurait à fendre à l’âme. Oh comme il détestait se voir ainsi, larmoyant comme un bébé, pourtant il n’arrivait pas en lui en vouloir. Lui aussi était terriblement déçu.

« J’avais commandé un souper pour le réveillon, tenta-t-il d’expliquer. Tu comprends, j’étais tellement persuadé que tout allait s’arranger... Je me suis dit que nous aurions envie de célébrer ça avec un bon repas, et comme la cuisine du restaurant de l’hôtel est une des plus réputée de New York... Après notre rendez-vous avec Weldon, je me suis arrêté et je leur ai commandé...

- Laisse-moi tranquille, Terry. Je n’ai pas envie de parler maintenant. Je suis fatiguée. »

Puis elle lui tourna le dos et se roula en boule dans un coin du lit. Comprenant qu’il était inutile d’insister, il retourna à la cuisine pour ranger les différents plats dans le réfrigérateur. Puis il se rendit au salon et se laissa tomber sur le canapé, ressassant des idées aussi noires que celles qui devaient agiter l’esprit de Candy. Qu’allaient-ils faire à présent ? Il n’avait bien sûr pas trouvé de solution quand la porte de leur chambre s’ouvrit. Candy s’approcha et lui lança son portable dans les mains.

« Ton téléphone n’arrête pas de sonner, mais j’ai laissé s’enclencher la boîte vocale. Je te préviens, que si c’est encore ta secrétaire, je vais tordre le cou à la première personne qui me tombera sous la main, c’est à dire toi ! »

Un rapide coup d’oeil à sa messagerie permit à Terry de constater que l’appel venait de son père. Il consulta son répondeur et entendit la voix autoritaire du duc lui ordonner de le rappeler dès qu’il aurait ce message. Mais celui-ci disait aussi autre chose qui ramena Terry à des considérations plus personnelles et plus douloureuses.

« C’était mon père, expliqua-t-il.

- Il t’envoie les papiers du divorce ? Demanda Candy d’un ton désabusé.

- Pas encore, mais il en est bien capable. Surtout que je n’ai plus le choix, selon lui, puisqu’il t’accuse aussi de me tromper.

- Magnifique ! S’exclama la jeune femme en s’asseyant sur le canapé. Trois fois dans la même journée, voilà qui fait un peu beaucoup, même pour moi. D’abord toi, qui me soupçonne d’user de mes charmes pour décrocher mes contrats. Ensuite ta chère secrétaire qui m’espionne. Et maintenant ton père qui...

- Suzanna ne t’espionne pas. D’où tiens-tu ce délire ?

- Tu devrais regarder la photo qu’elle t’a envoyée tout à l’heure ! C’est toi qui lui as demandé de me suivre ? »

Intrigué, Terry consulta son téléphone. Il fronça les sourcils en découvrant la photo incriminée. Il se reconnut sortant de l’hôtel Weldon l’après-midi même en compagnie de Cornwell.

« Candy, soupira-t-il. Je suis bien placé pour savoir que cette photo ne signifie rien. Je ne sais pas comment Susanna l’a obtenue, mais je te jure que je ne lui ai pas demandé de t’espionner.

- Pourquoi l’a-t-elle prise, alors ?

- Je n’en sais rien ! Je sais qu’elle devait passer les fêtes avec sa famille et je crois me souvenir qu’ils habitent dans le quartier. C’est un simple hasard...

- Le hasard fait bien les choses, ironisa Candy. Elle m’a bien précisé que cette photo intéresserait quelqu’un. Qui cela pourrait-il être, à part toi ? »

Le téléphone qui se mit à sonner dans le salon dispensa Terry de répondre.

« C’est encore mon père, constata-t-il en vérifiant le numéro.

- Oh ! J’en ai plus qu’assez de la famille Granchester et de ses manigances ! S’exclama Candy. Débrouille-toi tout seul.

- Je te signale que tu fais partie de cette famille, rétorqua Terry piqué au vif. Je connais mon père, il ne cessera pas d’appeler jusqu’à ce qu’il réussisse à me parler. Autant nous en débarrasser tout de suite. Réponds-lui, s’il te plait. »

Candy se leva avec un soupir et enclencha le haut parleur.

« Bonjour père, dit-elle, Joyeux noël !

- Je me fiche pas mal de noël, bougonna le duc. Je veux savoir ce que tu vas faire.

- A quel propos ?

- Ton prétendu mariage, bien sûr ! Tu es cocu, mon fils ! Tu ne vas pas tolérer ça ! Tu dois divorcer et revenir en Angleterre.

- Pourquoi devrais-je vous croire ? Demanda Candy prudemment.

- Parce que ta femme a été vue sortant d’un hôtel avec un autre homme en plein milieu de l’après-midi ! J’ai une photo pour le prouver. Inutile de se demander ce qu’elle y faisait ! »

Les deux jeunes gens échangèrent un regard. Une seule personne avait pu faire parvenir cette photo au duc. Aussitôt la lumière se fit dans l’esprit de Terry.

« Quelles autres informations vous a fourni Susanna Marlow, Père ? Intervint Terry. »

Il y eut un silence au bout du fil tant le duc était surpris d’entendre une voix féminine.

« Qui est avec toi ? C’est ton américaine ? Que fait-elle là ?

- Elle est là parce qu’elle est chez elle ! Précisa Candy avec satisfaction. Et sa question est parfaitement sensée. Répondez, Père. Depuis combien de temps Susanna Marlow est-elle votre espionne ?

- Susanna est la fille d’un de mes vieux amis d’université, reconnut Richard Granchester. Je l’ai rencontrée lors d’un dîner peu de temps après qu’elle ait été embauchée dans notre firme. Oui, je lui ai demandé de me fournir des informations sur tes activités. Des renseignements qui ne figuraient pas dans les rapports trimestriels que tu m’envoyais. Ta réussite me surprenait, je l’avoue. C’est une jeune femme remarquable, exactement celle qu’il te faut.

- Et de qui vient cette idée de mariage ? Insista Terry sans se soucier que son père le prenne pour Candy. De cette chère Susanna, ou de vous ?

- Et bien... J’ai compris qu’elle n’était pas insensible à ton charme, mais tu étais tellement obsédé par ton arriviste, que tu ne t’en rendais pas compte.

- C’est Candy que vous traitez d’arriviste ! Vous êtes aveugle, Père ! Vous avez raison, il est grand temps que vous passiez la main si vous n’êtes plus capable de réaliser que vous avez été manipulé par cette peste. Mais ne comptez pas sur moi pour reprendre le flambeau. Je ne quitterai jamais les États-unis, et encore moins ma femme ! »

Terry coupa la communication d’un geste brusque et décrocha le combiné pour éviter toute nouvelle interruption. Puis il se tourna vers Candy qui le regardait avec des yeux remplis de larmes.

« Je suis désolé, Candy. Je n’ai pas été plus clairvoyant que mon père. Je croyais que Susanna était la parfaite assistante, alors que pendant tout ce temps elle essayait de s’immiscer dans ma vie. Je ne voyais que ses compétences professionnelles et je pensais déjà à lui déléguer plus de responsabilités une fois ce dernier contrat conclu. J’aurais pu disposer alors de plus de temps pour moi, pour toi...

- Une promotion ? C’est à cela que tu pensais ?

- Elle a visiblement mal interprété mes paroles. Tout ce qu’elle obtiendra désormais, c’est un aller simple pour faire ses cartons !

- Tu n’as pas eu d’aventure avec elle ?

- Comment dois-je te le dire ! S’emporta Terry. C’est toi que j’ai épousée ! Je n’ai plus regardé aucune femme depuis que je t’ai rencontrée ! Je t’aime, bon sang ! »

Candy s’assit sur le canapé. Penchée en avant, elle se prit la tête entre les mains en marmonnant.

« Mon Dieu ! Quel horrible gâchis ! »

Le jeune homme sentit un grand froid s’insinuer en lui. Pourquoi sa femme avait-elle une réaction pareille ? Il lui disait qu’il l’aimait, et elle... Bon, son ton avait été un peu vif, d’accord, mais quand même ! C’était la vérité, après tout. Alors pourquoi cet aveu semblait-il la désoler ? A moins que... Avait-il attendu trop longtemps ? Candy s’était-elle sentie libérée de toute obligation envers lui parce qu’elle le soupçonnait d’être infidèle ? Avait-elle considéré que ce dandy d’Archibald était plus à même de s’occuper d’elle... et du bébé ? Celui-ci avait laissé entendre qu’il lui avait proposé de vivre avec lui... Soudain la solution s’imposa à l’esprit de Terry, claire comme de l’eau de roche.

« Dis-lui non ! Demanda-t-il d’une voix implorante.

- De qui parles-tu ?

- De Cornwell ! Je te présente mes excuses pour ce que j’ai dit. J’étais en colère. Je sais bien que jamais tu ne t’abaisserais à utiliser ton corps pour obtenir un contrat. De même que je suis sûr que tu ne m’as pas trompé avec ton collègue. Bien que je sois certain qu’il ne demanderait pas mieux ! Il t’a proposé de vivre avec lui, n’est-ce pas ? Dis-lui non ! Tu ne peux pas me quitter !

- Tu vois ! Tu recommences ! Soupira la jeune femme. Tu imagines le pire à mon sujet, comme ton père ! Comment pourrais-je te tromper, Terry. Je t’aime tellement ! »

Il savait bien que c’était impossible, pourtant Terry était prêt à jurer que le petit bout d’humain qu’il portait venait de faire un salto arrière pour exprimer sa joie. « Tu es à moi, petit miracle ! Mon bébé ! » Songea-t-il, fou de bonheur. Mais alors ? Qu’avait voulu dire cet imbécile de Cornwell ? Il n’y comprenait plus rien. Il s’approcha lentement de Candy qui fixait toujours le tapis.

« Archibald veut que nous quittions Monsieur Brighton et que nous fondions notre propre entreprise. Je lui ai promis de lui donner ma réponse avant la fin de l’année.

- Et que vas-tu lui répondre ?

- Je n’en sais rien, avoua la jeune femme. De même que je ne sais pas si je peux rester avec toi.

- Mais pourquoi ? Si tu m’aimes...

- Comme tu l’as dit, tant que nous n’avons pas récupéré nos corps, nous n’avons pas vraiment le choix. Or, je ne veux pas d’un mari qui reste avec moi parce qu’il y est obligé ! De même que je ne me vois pas vivre avec quelqu’un qui refuse de m’embrasser comme tu l’as fait deux fois aujourd’hui. Juste un baiser, Terry ! Est-ce trop demander ? »

Terry s’en voulut terriblement en réalisant à quel point il avait blessé sa femme. Il avait laissé parler son orgueil une nouvelle fois, et il avait peut-être tout gâché. Il vint s’agenouiller près d’elle sur le canapé et l’obligea à le regarder.

« Je suis sans doute un imbécile prétentieux, reconnut-il. Mais je dois avouer que je déteste être obligé de me mettre sur la pointe des pieds pour t’embrasser. Même si j’adore quand c’est toi qui le fais. »

Il sourit en voyant l’expression éberluée peinte sur son propre visage.

« Ferme les yeux ! » Ordonna-t-il.

Il attendit qu’elle ait obéi pour faire de même et s’inclina vers le visage qui lui faisait face. Lentement, il posa sa bouche sur la sienne et fit un effort pour fait abstraction de tout ce qui semblait si étrange : Le grand nez qui le gênait un peu, les épaules musclées qu’il sentait sous ses doigts... Rien ne devait compter que l’amour qu’il éprouvait pour Candy et qu’il devait à tout prix lui prouver. Si elle voulait un baiser, il lui donnerait le plus fabuleux baiser dont il était capable ! Curieusement, les sensations qu’il aimait tant étaient là. Le souffle chaud qu’il sentait dans sa bouche, les lèvres tendres qui répondaient à chacune de ses sollicitations, la douceur de sa langue contre la sienne... A regret, il mit fin à leur étreinte.

« Je t’aime, mon amour. Ne doute jamais de cela.

- Oh ! Moi aussi je t’aime, Terry ! »

Oublieuse du corps qui était désormais le sien, Candy se jeta dans les bras de son mari sans penser à sa force. Terry se retrouva renversé sur le canapé, écrasé sous le poids de son propre corps dans le lequel Candy sanglotait à fendre l’âme. Il serra ce corps d’homme dans ses bras frêles en chuchotant des paroles rassurantes.

« Tout ira bien, je te le promets. Tant que nous serons ensemble, rien ne pourra nous arriver. »

Candy pleura longtemps, mais finit par sombrer dans le sommeil. Et bien qu’il fit de son mieux pour résister, Terry ne tarda pas à la rejoindre dans les bras de Morphée.


-----oooOooo-----




Terry ouvrit péniblement les yeux et regarda autour de lui. Ils étaient toujours dans leur salon. Le feu crépitait encore joyeusement, preuve qu'ils n'étaient pas restés inconscients très longtemps. Que c'était-il passé ? Il sentait un souffle léger agiter les mèches de son front et était blotti contre un corps doux et tiède... Tendre ? Pris d'un immense espoir, il serra très fort les paupières et adressa une prière muette au ciel. Puis il se redressa sur un coude et se força à rouvrir les yeux. Un profond soupir lui échappa quand il vit le visage de Candy.

Elle n'avait pas repris connaissance et son bras reposait encore mollement autour de sa taille. Dieu qu'elle était belle ! Un sourire heureux sur les lèvres, il ne se lassait pas de la contempler. Ses longs cils qui projetaient une ombre duveteuse sur ses joues rosies par la chaleur du feu. Les vestiges de taches de rousseur qui ornaient son petit nez mutin. Ses lèvres roses qui appelaient au baiser. Il laissa sa main errer sur le corps abandonné. Savoura chacune de ses courbes jusqu'à son ventre tiède qui abritait cette vie dont elle ne lui avait toujours pas parlé.

Il prit le visage adoré entre ses grandes mains pour le couvrir de baisers tendres en murmurant des mots d'amour.

« Réveille-toi mon ange, murmura-t-il à son oreille. J’ai tant de choses à te dire. Réveille-toi ! »

Candy tressaillit au son de cette voix basse et tendre qu’elle aimait tant. Elle se blottit plus étroitement contre le grand corps qui l’enveloppait de sa chaleur. C’était ainsi que les choses devaient être et si c’était un rêve, elle ne voulait surtout pas se réveiller.

« Mon Dieu ! Implora-t-elle en silence. Faites que tout soit rentré dans l’ordre. Je l’aime et je l’aimerais toujours, quoi que vous décidiez, mais j’ai besoin d'avoir mon mari près de moi, pas d’être mon mari ! »

Elle leva une main tremblante et effleura du bout des doigts le visage qui la dominait. Elle suivit la ligne de ses pommettes, son nez droit, sa mâchoire volontaire... C’était bien le visage de Terry qu’elle sentait sous ses doigts, pas le sien, et il souriait.

« Terry ? Demanda-t-elle d’une voix timide. »

Le son de sa propre voix sonna bizarrement à ses oreilles. Pourtant c’était bien la sienne.

« Oui, mon amour. C’est moi. C’est vraiment moi. Regarde-moi je t’en supplie. Laisse-moi voir tes yeux magnifiques qui m’ont tant manqué. »

Candy obéit et ouvrit les paupières. Les larmes lui brouillaient la vue, mais pas assez pour qu’elle ne puisse distinguer les traits de son mari qu’elle avait déjà deviné sous ses doigts. Avec un cri de joie, elle enfouit la tête contre sa poitrine et éclata en sanglots.

« Ne pleure pas, implora Terry en la serrant contre lui. Tout est rentré dans l’ordre. Dis-moi que tu vas bien. J’ai besoin d’être sûr...

- Je vais bien. Assura Candy. Merveilleusement bien ! »

Elle sécha ses dernières larmes d’un revers de la main et ébaucha un sourire.

« Alors tout est redevenu comme avant ? »

A ces mots, Terry fronça les sourcils. Il lui souleva le menton du bout des doigts et posa sur ses lèvres un baiser bref mais intense. Puis il desserra son étreinte et descendit du canapé pour s’agenouiller devant elle.

« Non, ma chérie. Plus rien ne sera comme avant. A partir d’aujourd’hui, plus jamais je ne laisserai mon travail me faire oublier les choses importantes.

- Comme quoi ?

- Que je t’aime, par exemple. Et que je t’ai toujours aimée. Oh, je ne l’avais pas oublié, mais comme un idiot, j’avais fini par considérer cela comme acquis. Plus jamais je ne ferais une telle bêtise, et surtout, plus jamais je n’oublierai de te dire que je t’aime, chaque jour, chaque heure, chaque minute un peu plus.

- Tu ne veux plus devenir l’homme le plus riche du monde ?

- Je le suis déjà, puisque je t’ai.

- Moi aussi je t’aime, Terry. Je t’aime tant ! S’exclama Candy en lui tendant les bras.

- C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre, mon amour. » Affirma Terry.

L’instant d’après il était debout et la serrait contre lui dans une étreinte qui semblait ne jamais devoir finir. Ils restèrent ainsi un long moment, savourant simplement le bonheur d’être ensemble. Jusqu’à ce que, sans prévenir, Terry glisse un bras sous les jambes de sa femme et la soulève dans ses bras pour la faire tournoyer dans le salon en riant.

« Arrête ! Tu es fou ! Pourquoi fais-tu cela ?

- Parce que je peux de nouveau le faire, tout simplement, et que j’en avais très envie ! Allons sur la terrasse ! Je veux admirer cette magnifique nuit de noël ! »

Il attrapa du bout des doigts un grand plaid qui traînait sur un fauteuil et laissa le soin à Candy d’ouvrir la porte-fenêtre. Une fois dehors, il la posa sur ses pieds et les enveloppa tous deux dans la couverture. Le ciel scintillait de milliers d’étoiles dans cette froide nuit de décembre. Mais blottie dans la chaleur des bras de son mari, Candy ne s’était jamais sentie aussi bien. Les grandes mains de Terry glissèrent sur sa taille et se posèrent tendrement sur son ventre. Si tendrement qu’elle comprit aussitôt qu’il savait !

« Pourquoi ne m’as-tu rien dit pour le bébé ? Interrogea-t-il doucement en enfouissant la tête au creux de son cou. »

Candy voulut se dégager, mais il la maintint fermement contre lui.

« Je suis heureux, Candy. Très, très heureux...

- C’est vrai ? Demanda-t-elle en se retournant entre ses bras. Nous étions toujours en train de nous disputer... J’avais peur que cela ne te fasse pas plaisir.

- Rien ne pourrait me faire plus plaisir.

- J’avais prévu de t’en parler le jour de noël...

- C’est le plus beau cadeau que j’ai jamais eu ! Après toi ! Et quand avons nous réussi à accomplir cette petite merveille ?

- Deux mois et demi, avoua Candy en rougissant.

- Oh ! Je vois. C’était la dernière fois que nous avons...

- Oui. Cela fait longtemps.

- Beaucoup trop longtemps ! » Approuva Terry qui s’inclina vers elle pour prendre ses lèvres.

Un joyeux bruit de clochettes leur fit lever la tête. Ébahis, ils virent passer au dessus des nuages un traîneau tiré par des rennes. Un homme vêtu de rouge le conduisait en riant à perdre haleine tandis qu’un lutin vêtu de vert et de rouge agitait la main pour les saluer. Ils auraient pu jurer qu’ils avaient entendu « Soyez heureux et Joyeux Noël ! ». Les deux jeunes gens se regardèrent, incrédules.

« Est-ce que tu as vu ce que j’ai vu ? Osa finalement dire Candy en frissonnant.

- Je crois bien que oui !

- Mais c’est impossible !

- C’est la nuit de noël, mon amour. Une nuit magique. Tout est possible la nuit de noël. »

Et Terry embrassa la femme qu’il aimait avant de l’entraîner vers leur chambre pour la réchauffer.


FIN



Pour clôturer cette fic, Nous vous proposons ici la musique qui accompagne à merveille notre histoire!!
Bisousssssssss (Dino et Bridget)

view post Posted: 8/12/2021, 19:13     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël

Chapitre 5



Dans l’avion qui les conduisait vers New-York, Candy ne détournait pas les yeux du hublot, laissant son regard se perdre sur le tapis dense de nuages blancs. Elle sourit en voyant le grand ciel bleu et le soleil éclatant, presque aveuglant, illuminer son visage. Elle en profita, car elle savait qu’une fois à terre, la grisaille et la neige les attendaient. Elle ferma les yeux et appuya sa tête contre l’oreiller bleu.
A ses côtés, silencieux et concentré, Terry triturait son ordinateur. Ses actionnaires avaient accepté son offre, moyennant bien sur un gain alléchant. Malgré leurs conditions, Terry savait qu’il garderait la meilleure part, en admettant que ces usines produisent à nouveau. Cependant, il se rendait maintenant compte, qu’en ayant fait capoter le contrat de Candy avec les hôtels Weldon, il avait compromis son affaire également. Bon il ne pouvait pas deviner que ce travail dont il n’y comprenait rien, serait un jour en relation si étroite avec le sien. Il n’avait plus qu’à essayer de réparer son erreur et rattraper l’insolence dont il avait fait preuve face à Weldon en personne.
Voyager en première avait des avantages, mais aussi des inconvénients. Si le confort était impeccable, les commodités au top et le service irréprochable, ce dernier était TROP envahissant. Les hôtesses, soucieuses du confort de leurs passagers, n’hésitaient pas à venir souvent leur demander s’ils désiraient quelque chose.
En levant les yeux sur la cabine qu’elles occupaient, il les surpris à glousser en jetant de rapides coup d’œil vers lui... Une minute, c’était Candy dans son corps et c’était donc elle qui suscitait leur attention. Il ne manqua pas de les voir rougir, parler à voix basse, nullement gênées qu’il soit accompagné d’une femme. Ou alors, elles pensaient sincèrement que sa voisine de siège n’était rien d’autre qu’une voisine de siège. Quoi qu’il en fut, il haussa les épaules et se replongea dans ses graphiques et autres tableaux compliqués. Il calculait les bénéfices que sa compagnie tirerait du contrat qu’il s’apprêtait à établir pour Weldon.
Sur son écran apparut, en plein milieu, une enveloppe animée qui s’ouvrait et se fermait. Signe qu’il venait de recevoir un mail.
Tout d’abord, il décida le l’ignorer. Il n’avait pas de temps à donner à ses messages. Mais un autre et un autre arrivèrent à la chaîne.
Agacé, il ouvrit sa boite de réception. Tous venaient de Susanna.
Il ouvrit le premier qu’il trouva agressif.
En effet, la demoiselle n’avait pas apprécié avoir été abandonné toute la journée d’hier, et snobé devant l’hôtel alors que le couple Grandchester le quittait pour l’aéroport.
A force d’insister, avant qu’ils ne montèrent dans le taxi, elle obtint les réponses qu’elle désirait. Notamment, où son patron avait disparut toute la journée sans elle. Au début, Candy s’agaçait visiblement. L’attitude de la secrétaire l’exaspérait et lui répondait froidement, que ce qu’elle faisait ne la regardait absolument pas et que, jusqu’à preuve du contraire, c’était encore elle le patron. Terry, dans le corps de sa femme, n’apprécia pas vraiment les réponses que fournissait sa propre voix, aussi il était intervenu pour calmer la situation :
« Nous nous sommes rendu à Edimbourg afin de vérifier par nous même si les usines n’étaient vraiment plus exploitables. Si il y avait une chance de les sauver de la faillite et les rendre à nouveau productives. »
Susanna ouvrit la bouche de stupeur et se tourna sur son patron :
« Vous y avez emmené votre femme et m’avez laissez moi, votre secrétaire, dans l’ignorance de cette démarche ?
- Un déplacement avec mon épouse ne pouvait pas nous faire de mal. Au contraire, cela nous a même permis de discuter un peu !
- Mr Grandchester, je ne comprends rien. Vous teniez pourtant à racheter ses usines, les démanteler et les revendre. Pourquoi avoir changé d’avis ?
- Candy m’y a beaucoup encourager ! »
Les yeux bleus de la secrétaire s’assombrirent à cette révélation. Elle foudroya du regard la jeune femme, avant de lâcher et de regretter :
« Vous écoutez les conseils d’une personne qui ne comprend rien à votre travail ?
- Mlle Marlowe, trancha Candy, je vous demanderais de modérer vos propos. En insultant ma femme, vous m’insultez indirectement, je ne tolèrerais pas une telle insolence de votre part. Reprenez vous ! »
Rouge de confusion, Susanna bredouilla quelques mots d’excuses inintelligibles avant de baisser les yeux. Terry sentit Candy le pousser à l’intérieur du taxi, la force qu’elle déploya pour le forcer, le fit plier. Il fut surpris de constater qu’il était fort et que Candy était trop frêle pour résister à ce geste de sa part. Ok, il savait qu’elle paraissait fragile. Combien de fois, au début de leur vie à deux, il avait fait attention quand il la serrait dans ses bras ? Ce corps souple contre lui, à chaque fois il craignait de le briser s’il ne se contrôlait pas.
Ainsi il entra dans la voiture sans résistance. Ce fut alors qu’il entendit Candy ordonner à Susanna :
« Notre séjour ici est terminé. Vous pouvez rentrer chez vous, je vous recontacterai dans les jours à venir afin que vous fassiez ce pour quoi je vous paye et uniquement pour cela ! »
Ensuite, elle lui tourna le dos et vint prendre place aux côtés de Terry avant que le taxi ne démarra rapidement vers l’aéroport.
Le deuxième mail lui fit froncer les sourcils :
« Je rentre chez mes parents pour le réveillon. Je suis en ce moment même dans l’avion. J’espère que notre séparation vous permettra de réfléchir à la proposition de votre père. Soyez assuré que je suis prête à l’accepter de bon gré. »
Ceci confirmant ce que Candy lui avait rapporté de son entretien dans le bureau de son père. Pas qu’il ne l’avait pas crue, il savait que son père en était tout à fait capable, mais le lire de la main de Susanna, l’empoigna encore plus à la gorge. Quelle douleur sa pauvre tâches de son avait supporté. En se mettant à sa place, il n’aurait absolument pas aimé que son beau-père fasse de même avec Candy.
Sur, ce soir là dans le bureau de son père, il aurait exactement eut la même réaction qu’elle, après lui avoir évidemment, balancer ce qu’il en pensait. Mais Candy n’avait fait que couper court à la conversation en s’en allant.
Le troisième message, il hésita un moment avant de l’ouvrir. Qu’est ce qu’elle pourrait bien lui déblatérer cette fois ? Il tapota le coin de son écran en soupirant et lu le dernier mail. Ce qu’il découvrit le fit se redresser dans son siège :
« Terrence, vous allez horriblement me manquer durant cette séparation. Je sais que je ne devrais pas vous écrire ces choses, mais c’est ce que je pense. Je suis frustrée, j’attendais tellement de ce contrat. J’était si impatiente de vous voir venir me chercher après avoir quitter votre épouse pour moi. Car vos propos, au sujet d’un changement important pour nous après la signature, ne voulaient dire que cela n’est-ce-pas ? Je vous aime Terrence, j’attendrai le temps qu’il vous plaira, mais sachez que je vous aime profondément. Ca y est je l’ai dit... Je vous connais bien Terry, je sais que votre couple bat de l’aile et que manifestement vous n’éprouvez plus les mêmes sentiments aussi profonds que vous portiez à votre femme en début de mariage... »
Il stoppa là sa lecture pour se pincer le nez, et se frotter le visage nerveusement. Quel film s’était elle inventée encore ? D’où sortait-elle qu’il avait l’intention de quitter sa femme pour elle une fois que le contrat serait passé ? Quand il parlait de changements, c’était purement professionnel, il pensait à lui donner un meilleur poste. Quelle femme normalement constituée allait imaginer une chose pareille ? Certes elle savait qu’il avait des soucis dans son couple, bien qu’il ne lui en parla qu’une seule fois... Un certain soir en prenant un verre, ou plusieurs en sa compagnie... Et même sans ça, ses disputes avec Candy se devinaient facilement à la mauvaise humeur qu’il affichait souvent ces derniers temps, mais de là à dire qu’il avait l’intention de divorcer pour elle... Et de quel droit assumait-elle qu’il n’aimait plus sa Candy ?
Il tourna le regard sur elle et encore une fois, il sentit son cœur se serrer. Cette femme qui occupait son corps et qui lui semblait si faible, faisait preuve d’une grande force intérieure. Elle avait subi ses colères, son cynisme, ses paroles blessantes et maintenant elle se trouvait enfermer dans un corps qui n’était pas le sien. Elle s’était battue pour essayer de sauver deux usines qui menaçaient de s’effondrer, uniquement guider par sa bonté de cœur. Comment avait-il pu l’oublier ? Oui, comment avait-il pu oublier que sa Candy était une femme si passionnée ?
Quand il l’avait rencontré, elle débordait d’énergie et de tempérament. Sa bonté qui s’échappait à chacune de ses paroles et sa beauté angélique l’avaient éblouit.
Il esquissa un sourire en se comparant à elle une seconde. Elle avait voulu sauver des usines afin de les redresser fiscalement, lui même n’avait-il pas quitter Londres pour rééquilibrer le département Américain ? Oh attention, si Candy le faisait sans raison et uniquement par bonté d’âme, lui, avait eut de la suite dans les idées quand il confronta son père. Bien sur cette branche de leur société l’importait, mais pas autant que de combler le manque qu’avait laissé Candy en repartant aux Etats Unis.
Il avait su gérer l’affaire durant ces cinq dernières années. C’était le marché entre lui et son père. Il arrivait à terme de l’échéance et ce contrat qui risquait encore de lui passer sous le nez, était la dernière étape. Si le sort n’avait pas compliqué les choses, aujourd’hui il appellerait son père afin de lui frotter au visage qu’il avait gagné le défi et qu’il ne reviendrait jamais en Angleterre. De toute façon, il y avait longtemps que sa décision était prise et réussite où non, il n’y retournerait pas. Sa vie était en Amérique avec sa femme.
Il sursauta lorsqu’il s’aperçut que Candy le fixait maintenant. Elle s’était redressée sur son siège et l’observait intensément. Elle n’avait rien raté de toutes les expressions qui avaient traversé son visage. Elle devait certainement se demander ce à quoi il pouvait bien penser.
Elle l’aurait d’ailleurs questionné, si une hôtesse ne s’était pas approchée d’eux :
« Désirez-vous quelque chose Monsieur ?
Inconsciemment Terry répondit :
« Non merci. »
L’hôtesse le fixa surprise, d’avoir entendu la femme répondre à la place du bel homme à qui elle s’adressait.
Aussi, Candy sourit en détournant le regard, tandis que Terry leva les yeux sur l’hôtesse. Il ouvrit la bouche de stupeur en reconnaissant en cette femme, le même lutin qu’il avait vu trop souvent ces derniers temps. Il en avait marre maintenant et aimerait bien comprendre ce qui se passait, mais l’hôtesse se redressa comme sa collègue l’appelait.
Ils allaient amorcer leur descente vers New-York et tout le personnel s’activait à sa tâche.

Lorsqu’ils passèrent leur porte de débarquement, il retint Candy d’aller plus loin. Elle l’interrogea pour connaitre les raisons de son attitude :
« Je dois vérifier quelque chose. Répondit-il simplement.
- Ecoute je te laisse vérifier seul, moi je vais récupérer les bagages !
- Attends ! CANDY ! »
Mais elle partit rapidement et disparut dans la foule de passager. Agacé, il se tourna vers la porte et regarda chaque personne sortir de l’avion. Cela prit du temps, mais finalement vint le tour du personnel de cabine. A sa grande surprise il ne trouva pas l’hôtesse qu’il cherchait et regarda une femme fermer la porte derrière le commandant de bord qui annonçait qu’il était le dernier.
Confus, perdu et frustré, il se dirigea vers la salle de récupération des bagages et y retrouva Candy qui posa les poings sur les hanches. Ensembles, ils quittèrent l’aéroport et prirent un taxi qui les menèrent jusque chez eux.
Enfin, ils passèrent la porte de leur maison et Terry ne perdit pas une seconde à ôter ses escarpins.
« Comment vous faites, vous les femmes, pour supporter ses instruments de torture toute la journée ?
- Il parait que pour plaire aux hommes, les femmes doivent souffrir !
- On se demande pour quel homme, lâcha Terry en la dépassant pour se rendre dans la cuisine. »
Candy fut surprise de la dernière déclaration de Terry. Qu’est ce qu’il entendait par « On se demande pour quel homme ? » Bref, elle décida de ne pas faire état de ce qu’elle venait d’entendre et se dirigea vers le salon. Elle fouilla dans son sac à main et prit son téléphone portable. Elle rejoignit ensuite Terry et le lui tendit en déclarant :
« Tu dois appeler Archibald afin qu’il réorganise un Rendez-vous avec Mr Weldon.
- Maintenant ? Ca peut pas attendre demain ?
- Non ça ne peut attendre, c’est urgent ! Alors fais ce que je te dis et appelle le !
- Bon, mais et si Weldon me propose encore une entrevue bizarre ?
- Alors tu l’accepteras !
- Dis moi Candy, est-ce que dans ton travail il faut coucher pour décrocher un contrat ? »
Pour simple réponse, Candy lui lança le téléphone dans la figure ! Elle le dévisagea froidement et il fut frappé par la dureté de ses propres yeux. On lui avait souvent reproché son regard glacial, mais jusqu’alors il n’avait pas idée d’à quel point ils pouvaient-être si méchants.
Il baissa la tête et se racla la gorge. Ok, il avait merdé... Aussi il ramassa le téléphone et appela Archibald. Il ne tarda pas à répondre :
« Candy ! Je suis content de t’entendre !
- (Tu m’étonnes que tu es content de l’entendre et on ne se demandera pas pourquoi !) Archi, tu vas devoir recontacter Weldon.
- Justement à ce propos, il a appelé hier, il refuse le contrat avec notre société. Brighton est furieux contre toi !
- Ecoute, mon mari a traité avec deux usines en Ecosse. Elles ne demandent qu’à prospérer de nouveau. Je me suis rendue sur place et j’ai pu constater que les tissus qu’elles produisent sont d’une qualité exceptionnelle, ils vont d’ailleurs t’envoyer des échantillons bientôt. Appelle Weldon, dis lui que je désire le rencontrer à nouveau, où il voudra et quand il le voudra.
- N’es-tu pas sensée être en vacances ?
- J’ai pas le temps pour ça pour l’instant. Mais je le serai dés que tout sera réglé.
- Tu es sure Candy ? Weldon s’intéresse dangereusement à toi. Il ne vaut mieux pas que tu y ailles seule !
- Arrange ce Rendez-vous ! »
Et Terry raccrocha en se tournant sur Candy. Il lui lança le téléphone qu’elle attrapa admirablement :
« Satisfaite chérie ?
- Terry, ce contrat ne fait plus que me concerner, dois-je te rappeler que ta branche va compter sur la négociation de mon projet ? Plus question de jouer les je m’en foutistes de base, car si moi je le rate, tu vas être le premier à en pâtir !
- Ca va Candy, j’ai pigé ! »

Ce soir là en se couchant, bien après Candy, Terry planta son regard sur le plafond de leur chambre. Il se faisait l’effet d’un nain allongé dans cet immense lit. Le long corps étendu près de lui l’impressionnait et intérieurement il flatta son égo. Il était beau, grand, élancé, bien bâtit avec de magnifiques muscles saillants. Pas étonnant qu’il ait tant de succès auprès des femmes. Enfin, c’est ce que lui rapportaient ses collègues. Lui, il ne s’apercevait jamais du regard qu’elles posaient sur lui. La seule femme qui captivait son attention et ses yeux était celle qu’il avait épousé. Faire de Candy son épouse était sa plus belle réussite. Il se souvenait avec émotion du jour de la cérémonie.
Quelques jours auparavant, son père l’avait appelé pour lui annoncer qu’il désapprouvait cette union et qu’il n’y assisterait pas. Sa mère avait pleuré au téléphone, lorsqu’avec regret elle lui avait annoncé qu’elle ne pourrait se déplacer elle aussi. Mais en revanche, elle lui offrit tous ses vœux de bonheur à lui et Candy. Elle insista bien sur le fait qu’elle voulait qu’il transmette son message à sa future épouse et qu’il l’embrassa de sa part.
Oh Candy reçut ses mots avec un éclat de tristesse dans le regard, mais elle accepta le baiser de sa belle-mère qu’il lui déposa sur la joue.
Après quoi, elle lui redemanda encore une fois, s’il était certain de son choix et s’il était sur de ne pas vouloir annuler le mariage. Sa réponse fut claire et sans appel :
« Mon amour, je t’aime, et avec ou sans le consentement de mon père je ferais de toi ma femme. Ce vieux ronchon peut bien dire ce qu’il veut, ce n’est pas avec lui que je compte faire ma vie.
- Mais et si tu le regrettais un jour ?
- Ne dis plus jamais ça ! Avait-il répondit ardemment en lui attrapant les épaules. Je ne regretterai jamais d’avoir épouser la seule femme qui a fait battre mon cœur aussi violemment que toi. Si dans ma vie j’ai eut des doutes, de cela j’en suis certain. »
Elle avait sourit et l’avait serre contre lui. Pour réponse à cet élan de tendresse, il lui fit l’amour avec fièvre et passion... Sur la table du salon...
Le jour de la cérémonie, elle lui était apparut tel un ange de beauté. Sa chevelure blonde et bouclée avait été emprisonnée dans un savant chignon, dans lequel des clématites blanches avaient été fixées. Sa robe couverte de dentelle et d’un blanc éclatant faisait ressortir son teint magnifique. Quant au décolleté, il épousait parfaitement les courbes de sa sublime poitrine. Sa taille fine avait été accentué par une ceinture de soie qui se nouait sur la cambrure de ses reins. Son cœur avait encore une fois bondit dans sa poitrine, menaçant d’exploser sur le champ. Elle remonta l’allée de pétales de roses de l’église au bras de son père. L’homme aussi semblait ému lorsqu’il lui donna la main de sa fille. La chaleur qui le traversa lorsqu’il la ramena près de lui était indescriptible. A cet instant il se sentait l’homme le plus fort du monde, le plus heureux et le plus chanceux. Lorsqu’il lui passa l’alliance au doigt, il eut la confirmation de ce qu’il ressentait depuis la première fois qu’il l’avait rencontré. Il l’aimait à en mourir et à partir de ce jour, il allait passer tout le reste de sa vie avec elle.
Allongé dans ce lit, il se demandait comment cinq ans plus tard ils en étaient arrivés à une situation aussi tendue entre eux. Qu’est ce qui était allé de travers ? Oh il connaissait la réponse. Tellement préoccupé, tellement obnubilé par son objectif qui arrivait à terme, il avait délaissé sa femme. Il devait réussir cette année, sans quoi il allait voir son père lui rappeler leur marché. Il haussa les épaules à cet instant, si son père croyait une seconde qu’il allait divorcer de sa femme pour honorer leur marché, alors il était encore plus sénile qu’il ne le pensait. Mais juste par plaisir de lui clouer le bec, il s’était donné à fond dans cette dernière année afin de parvenir à ses fins.
Il ferma les yeux alors qu’un poids lourd roulait vers lui. La tête posée sur sa poitrine et le large bras enroulé autour de cette taille fine, il se vit lové contre lui même. Quelle étrange sensation de se voir soit même de si près et amoureusement collé contre soit. Il tendit la main et hésita un instant... Candy adorait roulée contre lui et le serrer comme en ce moment. Il avait alors pour habitude de lui caresser les cheveux. Or, en cet instant, c’était SON visage qu’il voyait et se caresser la tête le dérangeait. Cependant, il se rappela que ce n’était pas lui qui occupait ce long corps, mais Candy, sa femme. Aussi, après avoir réfléchit à cela, il se décida à glisser les doigts fins et manucurés dans sa propre chevelure.

Le lendemain, il fut réveillé par les bruits de firent une Candy en tee-shirt et caleçon et qui apportait le café. Elle se pencha au dessus de lui et lui tendit une tasse en disant :
« Debout belle endormie, Archibald a téléphoné !
- N’était-il pas... Surpris d’entre ma voix au téléphone ?
- Bien sur que si. Mais il m’a demandé de te délivrer un message.
- Lequel ?
- Weldon a accédé à sa demande de Rendez-vous. Il a dit qu’il voulait bien nous rencontrer Archi et moi à l’hôtel Weldon ce soir. Tu as officiellement rencard à 20h.
- Je la sens à moitié cette histoire.
- Tu n’as rien à craindre. Lorsque je travaillais avec lui, je lui faisais penser qu’il y avait possibilité sans le dire clairement. Terry, dans mon travail et surtout si on est une femme, on peut se servir de cet atout qu’on appel « charme ». Fais toi « disponible », mima-t-elle avec ses doigts, sans l’être réellement.
- C’est comme ça que tu négocies les choses toi ?
- Oui, et je ne me fais pas sauter pour autant, contrairement à ce que tu pourrais croire ! »
Il prit la remarque et ne rétorqua pas. Il savait qu’il l’avait profondément blessée en insinuant qu’elle couchait pour obtenir ce qu’elle désirait.
Bien sur qu’il avait balancé ça sur le coup de la colère... Même s’il la soupçonnait fortement de s’être donnée à ce faux gay !
Alors qu’il repoussait les draps pour se lever, sa fidèle nausée matinale l’attrapa. Il se rua aux WC et se soulagea. Lorsqu’il sortit de la salle de bain, il observa Candy qui préparait tranquillement ses vêtements de la journée.
« Ces nausées ne passent toujours pas ? Bizarre n’est-ce pas ?
- Bizarre en effet, répondit-il simplement.
- Voilà, je t’ai préparé tes affaires. Pas question que tu t’y rendes en jogging. »
Il hocha de la tête simplement en s’approchant du lit :
« Candy, tu vas appeler au bureau et dire que tu prends un jour de congé aujourd’hui.
- Mais, je ne ferai plus de gaffe tu sais.
- Je préfère que tu restes à la maison. Les autres employés risqueraient de te poser des questions, surtout Josh le responsable des affaires étrangères. Il voudra un rapport complet pour ses archives. Dis simplement que tu ne reviendras pas travailler avant demain. Le temps que j’obtienne ce contrat avec Weldon. Ensuite, lorsque ce sera réglé, nous irons ensemble à mon bureau, nous réglerons cette histoire et après cela, on mettra tout en œuvre pour récupérer nos corps !
- D’accord, si c’est ce que tu préfères. Les vacances s’annoncent tout sauf reposantes.»
......
Dans l’après-midi, si un inconnu était entré dans la maison du couple sans avoir été annoncé, il aurait juré qu’un mari était en train de torturer sa femme.
Partout dans la demeure résonnaient les cris de Terry, que Candy obligeait à rester immobile.
« Arrête de bouger !
- Mais ça fait mal !
- Cesse de faire ta gonzesse et conduis toi comme un homme !
- AIE !
- C’est bientôt fini ! Tu ne vas tout de même pas négliger mon corps sous prétexte que c’est toi qui l’occupe !
- Tu peux parler toi !
- Allez encore quelques uns et je te libère !
- NOOOON ! »
Lorsqu’il regarda son visage dans le miroir, il ne remarqua que la rougeur intense qui dominait ses yeux. Candy le fixait en souriant malicieusement. Sa pince à épiler entre ses doigts, elle ne le lâchait pas du regard. Terry fronça les sourcils et l’attrapa par le poignet pour la tirer devant le miroir de la salle de bain :
« Au lieu de ricaner, regarde toi !
- Et bien quoi ? Demanda-t-elle
- Tu as vu mes joues ? Tu comptes te raser quand ?
- Oh lala, mais puisque je ne vais pas au bureau, cela n’a pas d’importance !
- Ca en a pour moi alors au boulot !
- Pffff, grogna-t-elle alors qu’il lui tendait son rasoir. »
Bien entendu, elle se coupa et elle eut droit à un nouveau sermon. Ils étaient tous deux devant l’immense miroir de la salle de bain, se poussant, se disputant. Terry essayait de se maquiller, pour la seconde fois de sa vie et Candy s’agaçait de le voir la transformer en un pot de peinture. Elle attrapa alors le rouge à lèvre le plus cerise qu’elle trouva et lui fit un énorme trait sur la joue ! Furieux de son assaut, il s’empara de la bombe de mousse à raser, et lui écrasa une bonne dose sur le nez ! Le visage déconcerté de la jeune femme, le fit éclater de rire. A son tour elle lui prit la bombe des mains et l’aspergea généreusement, en riant elle aussi ! Cette situation se termina par un fou rire de leur part.
Ils se calmèrent au bout d’un moment, alors que Candy essuyait une larme au coin de ses yeux. Il la regarda faire en se demandant, depuis quand il ne l’avait plus vu rire autant. Doucement, il prit une serviette et lui essuya le visage. Candy le laissa faire, plantant son regard dans le sien. Son cœur s’affola. Il lui semblait que cela faisait une éternité que Terry n’avait plus eut de geste tendre envers elle. Elle posa sa large main sur son visage et l’obligea à la regarder. Elle pu lire le trouble qui le traversait à cet instant sans pouvoir en définir la cause. Il fuit son regard et détourna la tête pour se concentrer sur son maquillage. Candy fouilla dans ses produits de beauté et sur un coton, elle appliqua du lait démaquillant. Avec douceur, elle lui enleva le rouge à lèvre ainsi que tout ce qu’il s’était étalé sur la peau.
Elle entreprit de le maquiller elle même. Et le résultat fut parfait. Ni trop, ni pas assez. La légèreté était de mise ainsi qu’un atout de charme sans faille. Elle releva ensuite sa masse de boucles blondes et les lui noua d’une main experte avec une pince. Lorsqu’elle eut fini, elle contempla le résultat et l’apprécia. En s’observant dans le psyché de la chambre, Terry reconnu sa femme, celle qu’il avait toujours considéré comme étant la plus belle du monde.
Dans la salle de bain, Candy terminait de se raser avec soin et s’appliquait l’après rasage. Evidemment elle grimaça lorsque la lotion toucha sa peau... Ca brûlait affreusement.
Terry finissait d’enfiler ses chaussures à talon, lorsqu’elle apparut devant lui. Il leva les yeux sur elle et lança :
« Bon je suis prêt. A ton avis, que dira ton patron de toute cette histoire ?
- Lorsque tu auras décroché le contrat, il oubliera toute cette catastrophe, crois moi.
- A quelle heure Dandyman doit venir me chercher ?
- Il ne devrait plus tarder. Il va sans aucun doute t’emmener dans un café afin de discuter avec toi des détails de ce Rendez-vous.
- D’accord, bougonna-t-il
- Oh encore une chose, abstient toi de l’appeler Dandyman... »
Pour réponse, il haussa les épaules et descendit au salon. Candy ouvrit l’armoire et prit de quoi s’habiller. Elle était restée en pyjama toute la journée.
Sous la douche, elle se lava longuement les cheveux et le corps. Elle trouvait toujours autant bizarre de devoir nettoyer l’anatomie d’un corps masculin, alors elle essayait de ne pas trop y penser.
Lorsqu’elle rejoignit Terry en bas, il était assit autour de la table du salon, des dossiers étalés partout devant lui et préparait la réunion de ce soir. Elle sourit en reconnaissant bien là son pointilleux de mari. Soucieux du moindre de détail, il n’hésitait pas à lire et relire les dossiers afin d’y attraper les points clés.
A dix-huit heures trente, Archi sonna à la porte. Terry se leva et rassembla ses papiers avant de les fourrer dans sa serviette. Il se dirigea vers l’entrée mais fut arrêté par Candy. Il leva la tête et la vit se pencher vers lui. Elle voulait qu’il l’embrasse ? Heu... Bon, mais pas sur la bouche alors ! Il lui déposa un rapide baiser sur le front et quitta la demeure.
Lorsqu’Archi vit la jeune femme s’avancer vers lui, Terry ne manqua pas le regard adorateur qu’il déposa sur ses jambes. Son tailleur lui sembla encore une fois trop court et il aurait adoré tirer sur la jupe pour l’allonger de quelques centimètres. Il passa devant Dandyman et après l’avoir saluer rapidement, il monta dans la voiture.
Intrigué par l’attitude de sa collègue Archi la regarda ahuri le dépasser. Il se gratta la tête, avant de lever les yeux au ciel et de la rejoindre.
Le chemin jusqu’à la mégapole se fit en silence. Terry n’avait absolument pas envie de discuter avec lui. En revoyant ce gars, sa colère refit surface. Sa jalousie le rongea tandis que le doute l’envahit de nouveau. Cet androgyne ne cessait de jeter des coups d’œil sur les jambes de sa femme. Cela lui rappelait-il de bons souvenirs ? Il ne pouvait s’empêcher de se demander si l’enfant que sa femme portait était de cet individu. Cela le torturait et l’incertitude le faisait souffrir. Oui, il souffrait d’imaginer qu’elle avait peut-être pu se donner à un autre que lui. Cette seule perspective lui donnait juste l’envie d’écraser son poing sur la figure de ce mec.
Mais il se contint et inspira profondément afin de ravaler cette pulsion agressive. A la place il essaya d’ignorer les regards lourds qu’il recevait et tourna le regard sur la ville animée.
A cette heure-ci, le trafic était infernal. Les voitures bouchaient les carrefours, les chauffeurs énervés klaxonnaient, criaient et insultaient leur congénères. Terry grimaça discrètement. L’agitation de la ville ne lui convenait pas et il détestait le stress incessant qui y régnait. Voilà pourquoi il était bien content de vivre avec sa femme dans un quartier aussi tranquille. Au moins, si ses nerfs avaient été malmenés dans la journée, le soir il pouvait se détendre dans le calme de son salon en dégustant un bon verre de scotch Irlandais.
La voiture stationna devant l’hôtel Weldon et Terry sursauta. Candy ne lui avait-elle pas dit qu’ils iraient d’abord dans un café ? Il soupçonna Dandyman de vouloir se payer du bon temps avec sa femme dans une chambre avant le RV. Si il croyait qu’il allait pouvoir le toucher, Terry saurait le décourager en lui flanquant son genou quelque part ! Il le suivit vers la réception où l’hôtesse d’accueil les guida vers le bar. Ils prirent place et on les laissa seuls.
Archi emprisonna la main de Candy dans la sienne avant de demander :
« Alors ma chérie, dis moi ce que tu manigances !
- Tout d’abord « chéri », ironisa Terry en retirant sa main, je ne manigance rien du tout. Ce contrat me tient à cœur et il est impératif qu’on le signe ce soir. Tiens lis-donc ça ! »
Terry lui tendit un exemplaire du contrat et Archi le lu attentivement. Les clauses étaient rédigée avec perfection, par un détail n’avaient été laissé de côté. Lorsqu’il reposa le papier sur la table il sourit tristement en disant :
« Tu sais que si tu réussis ce coup de maître, jamais toi et moi ne pourrons ...
- Je sais, mais c’est ce que je veux.
- Tu veux devenir l’associée de Brighton à ce point là ? Je pensais que tu voulais tout quitter pour nous ! »
QUOI ? Comment ça tout quitter pour eux ? Alors Candy était bel et bien enceinte de cet individu et avait projeté de divorcer pour se mettre avec ce Dandy ? Son cœur se brisa et son âme sembla mourir. Il savait qu’ils avaient des problèmes dans leur couple, mais il n’envisageait pas que cela pouvait être aussi grave. Il baissa la tête un moment... Sentant pour la seconde fois, les larmes lui enserrer la gorge. Douloureuses, amères, rugueuses, elles l’empêchèrent presque d’avaler et de respirer. Néanmoins, il parvint à les maîtriser lorsqu’il pensa : « Pas de conclusions hâtives Terry, il faut que tu confrontes Candy afin de savoir ».
Il redressa la tête lorsque la serveuse vint prendre leur commande. ENCORE ELLE ? Cette fois, Terry l’attrapa par le bras et la mena dans le couloir. Il vérifia qu’ils étaient seuls et se retourna sur elle. Alors il sursauta. Où était passé le lutin ? Il n’avait pas rêvé quand il l’avait emmener ici, pourquoi ce n’était plus la même personne ?
La serveuse le regard de travers et lui demanda si il se sentait bien :
« Puis-je vous apporter quelque chose du bar Madame ?
- Ca... ira. Excusez-moi. »
Il regagna sa place rapidement et Archi l’observa étrangement. Il se plongea dans le silence, jusqu’à ce que Weldon arriva.
Respectueux, Archi garda les lèvres closes également. Il ne les ouvrit que lorsqu’il se leva pour saluer :
« Monsieur Weldon, merci d’avoir accepté.
- Faisons vite, j’ai déjà assez perdu de temps avec vous. »
Terry serra la main de l’homme et lui désigna une chaise. Cependant, encore énervé de leur dernière entrevue, Weldon déclina et resta debout. Au fur et à mesure que Terry expliquait les clauses du contrat, les avantages plus qu’intéressants et le re-lancement financier de deux usines, Weldon s’adoucit et fini par s’asseoir. Il se concentra sur ce que lui racontait la jeune femme :
« Je suis certaine que ce marché serait aussi bénéfique pour vous et nous que pour eux. Mon époux travail au redressement de ces usines. L’achat des machines sera lancé dés le début de l’année. Des ouvriers qualifiés sortiront de leur production des tissus d’une qualité luxueuse et irréprochable. Pour vos hôtels, ces étoffes seront du bel effet et vous serez le seul dans le monde à les posséder... Du moins au début. »
Weldon hochait la tête à chaque argument, il prenait en compte ce que Candy lui racontait et approuvait. Lorsque le sujet arriva à terme, il s’empara de son stylo Mont Blanc et avant de signer il lança :
« Vous êtes une sacrée femme d’affaire Mme Grandchester. Etes-vous certaine de ne pas vouloir travailler pour moi ?
- Je suis très honorée de votre proposition Mr Weldon, mais j’aime mon métier et je ne désire pas en changer.
- Dommage. Voilà vos contrats signés Mme. Nous conviendrons d’un rendez-vous à la rentrée et peaufinerons les détails avant de signer le contrat final.
- Avec plaisir Mr Weldon. »
Tous trois se serrèrent la main franchement et Weldon quitta le salon. Fatigué, mais heureux, Terry se laissa tomber sur le fauteuil moelleux. Archi fit signe au serveur :
« Apportez nous, deux coupes de champagne !
- Non, pas pour moi, coupa Terry. Je préfère un cocktail de fruit. »
Archi le regarda de travers, mais finalement il lâcha :
« Ecoute, je suis frustré que tu ais choisi de rester travailler pour Brighton, surtout que maintenant je sais que ton mari est dans le coup. Mais je suis aussi très fière de toi. Tu es une combattante et une merveilleuse femme d’affaire. Ton crétin de mari ne sait pas la chance qu’il a. »
Crétin ? Non mais pour qui il se prenait ce Dandyman ? Il allait vraiment se le prendre ce poing dans la figure !
Voyant le regard courroucé de sa compagne, Archi se racla la gorge en se justifiant :
« Oui enfin, tu sais que je ne l’ai jamais vraiment apprécié.
- Et c’est réciproque, répondit-il du tac ou tac.
- J’en doute pas. Au moins, nous avons ça en commun ! »
Les verres apparurent sur la table et Terry se força à trinquer avec lui alors qu’il n’avait qu’une envie, c’était de lui balancer un bon coup dans le tibia.
Alors qu’il sirotait son cocktail, l’image du lutin lui apparut en tête. Il reposa vivement son verre et se leva d’un bon en lançant :
« Ca y est je me souviens où je l’ai vue pour la première fois !
- Qui donc ?
- Laisse tomber, il faut que je rentre, raccompagne moi.
- Maintenant ?
- J’ai l’air de laisser sous-entendre que cela peut attendre la nuit ?
- Ok, ok... On y va ! »

Stationnée au feu rouge, dans sa grosse berline dernier cri, Susanna tapotait le volant en fredonnant la chanson qui passait à la radio. Ses yeux furent soudainement attirer par un couple qui quittait un hôtel. Ses iris s’arrondirent et sa bouche s’entre-ouvrit. C’était trop beau ! Pas possible !!!
Sans hésiter elle prit son I-Pad et prit en photo le couple. Elle regarda le résultat et savoura déjà le délicieux goût de sa victoire. L’image était impeccable et, même si il faisait nuit, on pouvait nettement reconnaitre Candice Grandchester, sortant d’un hôtel avec un homme qui n’était, à l’évidence, pas son mari.

......

Dans le QG du père-Noël, rien n’allait plus. La machine à empaqueter les cadeaux était en panne et cela ralentissait considérablement de travail. C’était bien le moment que cette fichue vieille carcasse de métal lâche ! Allongé sous cette dernière, le lutin Alistair lança que tout était bon à remplacer, mais qu’avec une vidange, elle devrait repartir! Le lutin Tasia et le Père Noël l’aidaient en lui donnant les outils dont il avait besoin quand il les demandait. Alors qu’il sortit de dessous la machine, il s’empara de la clé anglaise et essaya d’ouvrir le bouchon du réservoir d’huile. Il força, força mais il resta en place et Alistair fini par laisser tomber.
« Albert, si je ne parviens pas à vidanger cette machine, jamais elle ne redémarrera et personnellement, je n’ai pas envie d’emballer à la main les milliards de cadeaux qui s’entassent là-bas ! »
Tasia, dépitée, donna un coup de pied dans la machine en pestant :
« Allez au boulot feignasse ! »
A la surprise générale et surtout celle d’Alistair, le bouchon du réservoir sauta et le pauvre lutin se trouva asperger d’huile noire. Il ferma les yeux et plissa les lèvres, alors qu’il dégoulinait de graisse.
Confuse, Tasia sorti de sa poche un mouchoir et essuya le visage en bredouillant :
« Excuse moi.
- Tasia, on ne règle généralement pas les problèmes par la violence ! Mais aujourd’hui, je vais faire une exception ! » Cria Alistair en levant sa clé anglaise vers elle !
Voyant qu’il était sérieux, Tasia se sauva. Alistair s’apprêta à la suivre, mais il fut arrêter par Albert qui l’attrapa par les bretelles en riant :
« Allez, maintenant que la machine est vidangée, tu peux la réparer ! »
Le lutin regarda de travers le Père-Noël qui riait de bon cœur, et fini par se calmer. Bien que poisseux, il ne perdit pas une seconde à se remettre au travail.
Dans le bureau du Père-Noël, Tasia regardait l’écran vidéo toujours braqué sur le couple. Elle leur avait compliqué la vie au final. Elle voulait juste leur rendre service et voila le résultat. Cependant, elle sauta sur ses jambes, lorsqu’elle entendit le jeune homme annoncer qu’il se souvenait d’elle. Aussi, elle se tourna sur Albert qui venait d’entrer et lui annonça :
« Je dois retourner devant l’aéroport de New-York. Il va venir me voir !
- Très bien, j’espère que tu es prête à faire face à tes bêtises !
- Oui Albert ! Je le suis !
- Bien, dans ce cas je viens avec toi. Prépare nos vêtements chauds et en route ! »
Tasia ne perdit pas une seconde et se rua hors du bureau. Elle savait que ce qu’elle avait prit pour une bonne action, n’en était pas une, mais le petit lutin était prêt à réparer ses erreurs maintenant !

A suivre.

view post Posted: 8/12/2021, 19:06     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 4




L’esprit en ébullition, Candy se perdait dans la contemplation des rues de Londres illuminées par la féerie de Noël. L’heure était trop tardive pour qu’il y ait encore beaucoup d’enfants dans les rues, mais elle pouvait les imaginer sans peine, les yeux écarquillées devant les automates qui ornaient les devantures et leur petit visage écrasé contre les vitrines des magasins de jouets. Elle aussi aurait pu emmener son enfant admirer les illuminations de New York, ou même de Londres à la rigueur. Elle et Terry ! Ils se seraient promenés main dans la main pendant que son mari aurait porté le petit ou la petite chaudement emmitouflé sur ses épaules. Ils se seraient arrêtés pour boire un chocolat chaud, et puis... Mais cet avenir idyllique était bien compromis. L’enfant serait là bientôt, mais son père n’était même pas au courant ! Son père avait une aventure avec sa secrétaire et projetait de quitter sa femme pour en épouser une autre qui avait l’assentiment du puissant duc de Granchester ! Car dans l’esprit de Candy il était impensable que le duc ait proposé à son fils l’arrangement qu’il lui avait exposé dans son bureau sans en avoir au préalable discuté avec lui. Qu’avait bien pu lui dire Terry pour que Richard Granchester manifeste une telle animosité à l’égard de sa bru ?

De son côté Terry observait sa femme, anxieux d’apprendre ce qui avait bien pu se dire dans ce bureau où il n’avait pas été admis. C’était curieux de scruter son propre visage en essayant d’y déchiffrer les pensées de sa femme. Elle avait beau occuper son corps, certaines de ses expressions étaient propres à Candy. Cette façon de tortiller son mouchoir, par exemple. Ou de serrer les lèvres avec force. Elle faisait toujours cela quand elle se retenait de pleurer. Oh non ! Elle n’allait pas recommencer à pleurer ? Il avait bien envie de lui dire d’arrêter de réagir comme une fille, mais elle en était une. Malgré son costume trois pièces impeccablement coupé sur ce corps qu’elle lui avait emprunté, elle restait une femme. De plus elle était bouleversée sans qu’il comprenne pourquoi. Il connaissait suffisamment son père pour savoir que celui-ci ne vivait que par et pour le travail. Donc il n’avait pu parler que de travail. Alors pourquoi Candy avait-elle réagi aussi violemment ? Était-ce parce qu’elle était enceinte ? Hé là, non ! C’est lui qui portait un bébé ! Dieu que tout cela était compliqué !

« Vas-tu me dire ce qui s’est passé dans le bureau de mon père, oui ou non ? Demanda-t-il sur des charbons ardents.

- Pas maintenant, Terry, répondit Candy d’une voix lasse sans même tourner la tête vers lui. Je suis fatiguée. Mais je reconnais que tu avais raison : Ce dîner était une mauvaise idée.

- Tu es de mon avis ?! S’exclama le jeune homme surpris.

- Oui ! Tu es content ?

- Je suis sidéré, plutôt. Continue donc de bouder et laisse moi savourer cette victoire jusqu’à l’hôtel. »

Candy grommela quelque chose qui ressemblait à « Espèce d’idiot » mais il ne releva pas. Il fallait vraiment que les choses soient graves pour que sa femme admette qu’il avait raison aussi facilement et ne cherche pas à argumenter. Il s’enfonça donc dans le silence en essayant de deviner ce que son père avait bien pu révéler de si important.

A peine furent-ils arrivés dans leur chambre que Terry se débarrassa de ses escarpins et se mit à arpenter la moquette en long et en large. Candy avait enlevé sa veste et s’était pelotonnée dans un coin du canapé en ramenant ses jambes sous elle. Il faillit lui dire qu’elle allait froisser son pantalon, mais préféra entrer d’emblée dans le vif du sujet.

« Alors ? Je t’écoute. Que t’a dit mon père ? Il t’a parlé du contrat, c’est ça ? D’une manière ou d’une autre, il a appris que les négociations avaient capoté et il a jubilé. J’ai dû en prendre pour mon grade, et Suzanna aussi. Il devait être fier de prouver qu’il avait raison.

- Ton contrat ! Toujours ton contrat ! Comme s’il n’y avait rien de plus important au monde !

- Tu sais que cette affaire était capitale pour moi ! Et tu as tout fait rater ! Je dois savoir comment mon père a réagi. Qu’a-t-il l’intention de faire ? »

Terry n’en pouvait plus d’ignorer les intentions du duc. Pourquoi Candy était-elle si réticente à lui révéler ce qui s’était passé ? Impatient, il attendait sa réponse, mais elle détourna les yeux et soupira à fendre l’âme. Au lieu de satisfaire sa curiosité, elle lui posa une question qui le laissa sans voix.

« Pourquoi ton père me déteste-t-il ? »

Terry sentait la colère monter en lui. Il arrêta de faire les cents pas et se planta devant elle.

« Tu crois que c’est le moment de parler de ça ? Ce n’est pas ce que je t’ai demandé. Je veux savoir si...

- Je sais très bien ce que tu veux savoir, l’interrompit Candy. Réponds d’abord à ma question. Ton père me hait et je ne comprends pas pourquoi. C’était la première fois que je le voyais ! Il ne me connaît même pas !

- Te haïr est un bien grand mot, essaya de minimiser Terry. Il ne t’aime pas beaucoup et ne s’en est jamais caché, mais...

- Je ne lui ai jamais rien fait !

- Tu lui as pris son fils ! »

Terry eut un soupir sans joie en voyant l’ébahissement se peindre sur son propre visage et lui donner un air d’ahuri. Mais il comprit que Candy avait besoin d’une explication qu’il avait toujours rechigné à lui donner.

« Depuis ma naissance, j’ai toujours su que je prendrais un jour la succession de mon père. J’ai été élevé et éduqué dans ce sens depuis mon plus jeune âge et cela me convenait tout à fait. Mon diplôme en poche, j’avais intégré sa société. Il commençait à me confier des responsabilités et puis je t’ai rencontrée. Quand je lui ai annoncé que je te suivais aux États Unis, ce fut un choc pour lui. Il ne te l’a jamais pardonné et ne s’est pas gêné pour me le faire sentir à chaque fois que je venais à Londres pour les affaires.

- C’est pour cela que tu ne m’as jamais emmenée avec toi ? Demanda Candy d’une voix tendue.

- Mon père peut être très dur, répondit le jeune homme sans répondre directement. Je ne voyais pas l’utilité d’envenimer une situation déjà tendue.

- Oh mon Dieu ! S’exclama la jeune femme en se prenant la tête entre les mains. Tu aurais dû me le dire ! J’en avais fini par penser que tu avais honte de moi ! Que tu ne me jugeais pas digne de ta noble famille !

- Où es-tu allée chercher une idée pareille ! Je sais que je n’ai pas un caractère facile. J’avoue que j’ai parfois été jaloux, et même souvent furieux contre toi. Mais jamais je n’ai eu honte que tu sois ma femme ! »

Candy ébaucha un sourire timide qui émut Terry plus qu’il ne s’y attendait. Il se racla la gorge et ramena la conversation sur le sujet qui le préoccupait avant de se laisser entraîner sur un terrain où n’avait pas envie de s’aventurer.

« Il y a autre chose que je ne t’ai pas dit, reprit-il. Ce contrat, c’était le plus beau coup de ma carrière. Plus gros que tout ce que mon père a réalisé dans sa vie. C’était ma façon de lui prouver que je pouvais réussir aussi bien que lui, et même mieux. Alors s’il a appris que c’est un échec, j’imagine comme il a dû triompher !

- Il n’a pas parlé du contrat, murmura Candy, sentant que le moment était venu de révéler la vérité.

- Mais pourquoi alors aller dans son bureau ? Il ne fait cela que parce que ma mère déteste qu’il parle affaires à la maison. Et pourquoi convier Suzanna ? De quoi voulait-il me parler alors ?

- De moi ! Lâcha Candy. J’ignore ce qu’il sait à propos de ton fameux contrat mais il est prêt à t’offrir son poste. Tu serais seul maître à bord à condition de divorcer et d’épouser ta secrétaire ! »

Ce fut au tour de Terry d’avoir l’air éberlué. Avait-il bien entendu ? Pourtant cela expliquerait l’attitude de sa femme. Il y avait là de quoi bouleverser n’importe qui. Il essayait de comprendre ce qui avait pu passer par la tête de son père, mais sans succès. Tout cela n’avait aucun sens. De quoi son père se mêlait-il et où était-il aller chercher une idée aussi saugrenue ? Il avait toujours détesté cette manie qu’avait le duc de vouloir régenter la vie de son fils, mais cette fois, le vieux dragon avait passé les bornes ! Il serra les poings de rage et allait éclater en imprécations quand sa propre voix, étonnamment basse et tremblante le ramena à la réalité du moment.

« Terry ? Que vas-tu lui répondre ? »

Bon sang ! Candy imaginait qu’il était prêt à dire oui à son père, comprit-il ! Le connaissait-elle si mal ?

« La question est de savoir ce que toi, tu lui as répondu. Dit-il le coeur serré.

- Rien du tout ! Je me suis levée et je suis partie avec toi.

- Tu as parfaitement réagi. C’était la seule chose à faire.

- Mais toi, qu’aurais-tu voulu que je lui dise ? »

D’aller au diable ! Songea Terry. Mais les mots ne franchirent pas ses lèvres. En regardant sa femme, il voyait son propre visage dont les lèvres tremblaient, preuve que Candy essayait de retenir ses larmes. Pourtant cette fois il ne pouvait le lui reprocher. En considérant le choc qu’il avait éprouvé en apprenant l’initiative de son père, il essayait d’imaginer ce que cela avait pu représenter pour elle. Visiblement, elle était bouleversée, mais était-ce parce qu’elle ne voulait pas divorcer ou parce que leurs problèmes de couple n’étaient plus un secret ? Même aux pires moments de leurs disputes, lui n’avait jamais envisagé une séparation. Ils avaient des problèmes ces derniers temps, c’était certain, mais c’étaient à eux et à eux seuls de les régler. Et si cela devait se terminer par un divorce, c’étaient à eux d’en décider, et à personne d’autre. Il aurait voulu la rassurer, lui dire que tout allait s’arranger. Autrefois il l’aurait prise dans ses bras pour la consoler et il se leva pour suivre son instinct. Il tendit même les bras vers elle mais en voyant les mains fines et délicates qui étaient désormais les siennes il se sentit ridicule. Ils avaient un problème plus urgent à résoudre en priorité. Quand il serait redevenu lui-même, il saurait trouver les mots qu’il fallait. Aussi se contenta-t-il de s’asseoir auprès d’elle sur le canapé, mais sans la toucher.

« A quoi bon me demander mon avis, puisque tu n’en fais jamais qu’à ta tête, dit-il gentiment. »

Sa tentative de plaisanterie tomba à plat et n’arracha même pas un sourire à Candy.

« Je peux t’assurer qu’en l’état actuel des choses, il n’y aura pas de divorce. Assura-t-il avec fermeté. »

Candy leva vers lui des yeux pleins d’espoir. Elle aurait tant voulu l’entendre dire qu’il l’aimait et ne la quitterait jamais. Au lieu de quoi, elle vit le sourire en coin qu’elle aimait tant chez Terry s’afficher sur son propre visage et entendit sa voix affirmer :

« A moins que tu n’ais envie de passer le reste de tes jours avec Mlle Marlow. »

Candy frissonna à cette idée. Évidemment, c’était de Terry dont la secrétaire était amoureuse. Pas de son patron dans le corps d’une femme. Ce qui signifiait que tant que leurs personnalités seraient inversées, ils étaient tous deux obligés de rester ensemble car personne ne voudrait croire à ce qui leur arrivait. Puis vint l’inévitable question : Mais ensuite, que se passerait-il ?

« Allons nous coucher, dit-elle en se levant pour se diriger vers la salle de bains. Je suis épuisée.

- Je suis plus résistant que ça, d’habitude, ne put s’empêcher de remarquer Terry.

- La journée a été dure, répondit Candy. Et puis... Tu avais dit que si on se retrouvait ensemble au même endroit, nous retrouverions nos corps. Or il ne s’est rien passé.

- Je ne suis sûr de rien, tu sais.

- Mais la dernière fois, cela nous est arrivé pendant que nous dormions, alors peut-être que...

- Tu as raison. C’est peut-être la solution. Nous avons besoin de repos de toute façon. »

Il attendit que Candy ressorte de la salle de bains pour s’y rendre à son tour. Quand il revint dans la chambre, elle était déjà au lit, bien enfouie sous les couvertures. Il savait qu’elle ne dormait pas, ainsi que le prouva son exclamation étouffée lorsqu’il laissa tomber son peignoir.

« Tu ne vas pas dormir comme ça !

- Qu’y a-t-il encore, râla-t-il en se glissant entre les draps. Tu sais bien que j’ai l’habitude de dormir nu.

- Toi peut-être, mais pas moi ! »

Terry souleva les couvertures et constata qu’elle s’était couchée vêtue d’un de ses caleçons et avec un de ses T-shirts.

« Hé ! Je vais mourir de chaud avec ça ! Protesta-t-il.

- Absolument pas ! Je trouve que c’est très bien. Grommela Candy en lui tournant le dos.

- Tu n’a pas toujours dis ça ! Fit-il remarquer en s’allongeant à son tour. »

Mais elle ne jugea pas utile de lui répondre et il n’insista pas. Les mains sous la nuque, Terry essaya de trouver le sommeil mais il était trop agité pour réussir à s’endormir. Malgré lui, il revoyait la pénible scène qui s’était déroulé cinq ans plus tôt avec son père.

A cette époque, Candy avait quitté Londres depuis trois semaines. Trois semaines au cours desquelles il avait pris la décision la plus importante de sa vie. Quand il était arrivé au travail ce matin-là, le duc l’attendait dans son bureau, le visage fermé.

« Te voilà enfin ! S’était-il exclamé. Voilà trois semaines que ta maîtresse américaine est rentrée chez elle. Pourtant on ne t’a pas beaucoup vu au bureau. Ne me dis pas que tu en as déjà trouvé une autre !

- Bonjour père. Nous n’avons pas d’affaire importante en cours de toute façon, et j’avais besoin de réfléchir.

- Moi aussi j’ai réfléchi, Terrence. J’ai décidé qu’il était temps de te confier d’autres responsabilités. Je pense te donner la direction de notre secteur informatique. C’est un domaine en pleine expansion, il faut quelqu’un de jeune pour le diriger et...

- Le secteur informatique ? Je vous remercie père, mais je vous avoue que j’avais pensé à autre chose.

- Vraiment ? Demanda le duc, ravi. Je suis enchanté de constater que malgré tes galipettes tu t’intéresses toujours à nos affaires. Je serais curieux de savoir à quoi tu pensais.

- A la branche américaine.

- Tu plaisantes ? Tu sais bien que nos affaires outre-atlantique sont en pleine récession. Nous parlions même de nous en débarrasser pas plus tard que le mois dernier.

- J’ai étudié le dossier et je suis persuadé de pouvoir redresser la situation. Si vous acceptez de m’en confier la direction, je vous promets que nous renouerons avec les bénéfices sous peu.

- C’est ridicule ! S’emporta Richard Granchester. Ta place est ici. J’ai besoin de toi.

- Allons, père ! Vous n’avez pas besoin de moi. Vous tenez les rênes de cette entreprise d’une main de fer ! »

Le duc fronça les sourcils et sembla réfléchir intensément. Soudain son visage se fige tel un masque de marbre.

« C’est elle, n’est ce pas ? Cette américaine avec laquelle tu as eu une aventure ! Tu t’es payé du bon temps, très bien ! Elle est rentrée chez elle, encore mieux ! Maintenant tu vas passer à autre chose, comme d’habitude, et faire ce qu’on attend de toi.

- Candy est plus qu’une aventure ! Il a fallu qu’elle s’en aille pour que je le comprenne. Elle me manque trop. Je ne peux pas vivre sans elle !

- Foutaises ! C’est une arriviste qui ne s’intéresse à toi que pour ton titre et ton argent, comme les autres !

- Vous vous trompez, père. Ma décision est prise. Je vais m’installer aux États Unis pour être avec elle.

- Je te l’interdis !

- Il est trop tard. Vous n’avez plus rien à m’interdire. J’aurais aimé continuer à travailler pour notre groupe financier, voilà pourquoi je vous ai proposé cette solution. Mais si vous refusez, tant pis. Je proposerais mes services à une autre entreprise. Les opportunités ne me manqueront pas, j’en suis sûr. De toute façon je partirai. »

Le visage du duc avait pris une teinte rouge brique au fur et à mesure que parlait son fils. Terry avait réellement cru que son père allait faire une crise d’apoplexie sous ses yeux. Il le vit desserrer sa cravate, chose impensable au bureau en des circonstances normales et ses joues reprirent peu à peu une teinte normale, quoique un peu cireuse.

« Tu rêves, mon pauvre fils ! Dit finalement le duc d’une voix encore hachée par la fureur. Tu crois avoir les épaules assez solides, mais tu n’es qu’un godelureau qui a encore beaucoup à apprendre.

- Laissez-moi faire mes preuves !

- C’est une mise à l’épreuve que tu veux ? Demanda le duc d’un air matois. Très bien ! Passons un marché dans ce cas. Je te donne cinq ans, bien que je sois persuadé que tu échoueras bien avant. Si dans cinq ans tu as réussi à faire de notre branche américaine un secteur aussi florissant que notre branche européenne, je te laisserai vivre à ta guise. Mais si tu te plantes...

- Je n’échouerai pas !

- Si tu te plantes, disais-je, dans cinq ans ou avant, tu rentreras en Angleterre et tu te conformeras à mes ordres. Est-ce clair ?

- Très clair. Merci père, vous ne regretterez pas votre décision.

- Je la regrette déjà ! Quant à ton aventurière...

- Ce n’est pas une aventurière ! Et elle s’appelle Candy.

- Peu importe. Je ne veux pas le savoir. Je te prédis que dans cinq ans elle ne sera déjà plus qu’un souvenir. Passe faire tes adieux à ta mère et lui expliquer ta folie. Ensuite disparaît de ma vue ! »

Terry n’avait jamais parlé de cette entrevue à Candy. Un sourire sur les lèvres, il repensa à son départ pour New York. Sans s’en rendre compte, il sombra dans le sommeil et se mit à rêver. Il revit son arrivée à l’aéroport, plein d’espoir. Il y avait cette drôle de femme en costume de lutin qui agitait sa cloche en scandant « Une bonne action n’est jamais perdue » mais il l’avait à peine regardée. Il ne pensait qu’à Candy. Il se souvenait de sa joie quand il avait sonné à sa porte. Elle s’était jetée dans ses bras et il s’était senti l’homme le plus heureux du monde. Ils s’étaient avoué leurs sentiments, s’étaient embrassés, avaient fait l’amour. Puis ils avaient visité New York, avaient fait l’amour avant de s’embrasser et de refaire l’amour, encore et encore ! Deux mois plus tard il la demandait en mariage. Et il s’était jeté à corps perdu dans le travail, bien décidé à faire mentir les prédictions de son père. Mais dans son rêve, il voyait partout cette femme avec sa cloche qui répétait inlassablement la même phrase : « Une bonne action n’est jamais perdue ! » Il la voyait tout le temps, dans Central Parc, au pied de son immeuble, et même sur le parvis de l’église lors de son mariage. La présence de ce lutin était vraiment trop bizarre et il commença à s’agiter dans son sommeil.

Candy elle, n’avait pas réussi à s’endormir. Elle était bien trop nerveuse. Elle avait entendu la respiration de Terry prendre peu à peu le rythme du sommeil, et cela l’avait d’abord agacée. Puis elle songea qu’elle aussi se sentait terriblement fatiguée ces derniers, temps, sans doute à cause de sa grossesse, et elle cessa de lui en vouloir. Aussi doucement que possible, elle se retourna pour observer cette femme étendue à ses côtés, qui était elle sans l’être vraiment. Elle dormait dans la même position que Terry, un bras replié sous la nuque alors que Candy avait toujours préféré dormir sur le côté, roulée en boule ou de préférence pelotonnée contre le corps si chaud de son mari. Enfin, ça c’était avant, quand ils étaient encore amoureux. Il y avait longtemps qu’elle n’osait plus le faire, et encore moins aujourd‘hui ! Pourtant elle avança timidement la main pour la poser sur son ventre qui abritait cette petite vie qu’ils avaient créée. Et Terry qui n’était toujours pas au courant ! Elle avait prévu de lui annoncer le jour de noël, mais rien ne s’était passé comme cela aurait dû. Il fallait qu’elle lui en parle, mais comment s’y prendre, surtout maintenant ? S’était-il rendu compte de quelque chose ? Sans doute pas car il n’y avait encore aucun signe extérieur. Ses seins étaient un peu plus gros et il y avait cette fatigue permanente qui ne la quittait pas, mais c’était tout. Quant à ses nausées matinales, Il avait admis l’explication de l’intoxication alimentaire, mais cela ne durerait sans doute pas.

Agacé par son rêve bizarre, Terry s’éveilla d’un seul coup, comme il le faisait toujours. Il enregistra aussitôt la chaleur de la main posée sur son ventre et un espoir fou s’empara de lui. Candy faisait cela autrefois. Elle se serrait contre lui et le caressait doucement jusqu’à ce qu’il s’éveille. Ensuite... Et bien ensuite, il se faisait un plaisir de lui montrer l’effet que ses caresses produisaient sur lui ! Il ouvrit les yeux et ne put retenir une exclamation de dépit. C’était son visage qu’il voyait penché au dessus de lui ! Ce qui signifiait que rien n’avait changé ! Inexplicablement il sentit les sanglots lui monter à la gorge. Qu’est ce qui lui arrivait d’avoir envie de pleurer comme une fille ? Pour dissimuler ses larmes à Candy, il se leva d’un bond comme s’il avait le diable aux trousses. A peine eut-il posé les pieds au sol que la nausée s’empara de lui et il se rua dans la salle de bains.


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Très loin de là quelqu’un d’autre avait les larmes aux yeux en regardant le grand écran qui montrait la chambre d’hôtel de Candy et Terry à Londres. Le lutin tourna ses yeux embués vers l’homme assis près d’elle.

« Oh, Albert ! Pourquoi est-ce que ça n’a pas marché ? La jeune femme aurait dû s’endormir elle aussi. Je lui aurait envoyé le même rêve qu’à son mari et alors...

- Tu as fait ce que tu as pu Tasia. Mais elle n’était pas encore prête.

- Pourquoi ?

- Elle a peur. Peur de ce qui lui arrive, mais elle a encore plus peur de ce qui se passera si tout redevient comme avant.

- Mais son mari l’aime ! Elle ne le sait pas ?

- Il faut qu’il le lui dise, sinon elle ne surmontera jamais sa peur. Ensuite tu pourras agir de nouveau.

- Et maintenant, que puis-je faire ?

- Tu vas te préparer, Tasia. Nous allons faire un petit voyage à Édimbourg. »


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A Londres, Candy frappait timidement à la porte de la salle de bains.

« Terry ? Ça ne va pas mieux ton indigestion ? »

Il ouvrit la porte et la fusilla du regard. « Oh Candy ! Pourquoi ne me dis-tu pas que tu es enceinte ? Qu’est-ce que tu attends, bon sang ! » Mais déjà elle reprenait.

« J’ai fait monter le petit-déjeuner dans la chambre. Tu devrais quand même essayer de manger quelque chose... Il faut que nous parlions. »

L’estomac de Terry se soulevait à la seule idée d’avaler quoi que ce soit. Il fit pourtant un effort et prit une tasse de thé. Pour le bébé, songea-t-il. Lui qui avait toujours eu bon appétit le matin, se voyait chipoter dans son assiette, car assise en face de lui, Candy ne semblait pas plus affamée que lui.

« Au sujet de ce qui s’est passé hier soir, commença-t-il. »

Mais Candy leva une main pour le faire taire.

« Je ne veux pas en parler maintenant. Laisse-moi t’exposer mon point de vue d’abord. J’ai réfléchi et je suis désolée d’avoir mis en péril ce contrat qui comptait tant pour toi. Mais d’un autre côté, je suis persuadée que rien n’arrive jamais par hasard. Appelle cela volonté divine, ou comme tu veux. Pourtant je ne peux pas m’ôter de l’esprit que si j’ai été amenée à te remplacer, c’est pour t’empêcher de faire quelque chose d’aussi injuste que de priver tous ces gens de leur emploi juste avant Noël.

- Dis tout de suite que c’est ma faute ! Grogna Terry en laissant s’exprimer sa mauvaise humeur.

- Je n’ai pas dit cela !

- Pourtant ça y ressemble ! A t’entendre je ne suis qu’un immonde profiteur qui ne songe qu’à s’enrichir sur la misère des autres et nous serions tous les deux punis pour expier ma cupidité ! »

Malgré sa colère, Terry ne pouvait s’empêcher de repenser à son rêve et à ce lutin qui agitait sa cloche en scandant qu’une bonne action n’était jamais perdue. Mais pour rien au monde il n’aurait raconté cela à Candy.

« Que risques-tu à essayer, reprenait celle-ci d’une voix vibrante. Regarde ! »

Et elle posa devant lui une épaisse chemise remplie de rapports financiers sur les deux usines qu’il avait eu l’intention de fermer. Un rapide examen de son oeil exercé lui confirma ce qu’il savait déjà. Elles subissaient des pertes depuis de nombreuses années et étaient au bord de la faillite.

« Ces entreprises sont un gouffre financier, Candy. Comment veux-tu t’y prendre pour les sauver. Tu n’y connais rien.

- Moi non, mais toi oui ! Tu peux certainement faire quelque chose pour les renflouer. »

Les yeux qu’il avait en face de lui n’étaient pas verts, mais l’espoir qui y brillait n’appartenait qu’à Candy. Elle seule pouvait le regarder ainsi et lui donner l’impression d’être invincible.

« C’est trop tard, soupira-t-il, déjà ébranlé.

- Il n’est jamais trop tard ! Tu ne te bases que sur ces rapports sans âme. Il faudrait y aller, rencontrer les gens qui sont sur place. »

Terry secoua la tête. Candy ne comprenait rien aux affaires. Dans son métier elle avait besoin de voir les lieux où elle allait oeuvrer, de jauger les volumes, étudier la disposition des pièces. Mais lui travaillait dans le monde de la finance. Tout ce qu’il lui fallait, c’était des chiffres. Et les chiffres lui disaient que ces usines étaient vielles et que les bâtiments n’avaient pas été entretenus. D’un autre côté, si Candy pouvait juger par elle même de la situation et de la décrépitude des lieux, peut-être comprendrait-elle son point de vue et abandonnerait-elle son objectif irréaliste. Ce n’était peut-être pas une mauvaise idée, finalement.

« Si tu y tiens vraiment... Je pense que Mlle Marlow pourrait organiser ça, hasarda-t-il. »

Aussitôt le visage de Candy se ferma.

« Je ne veux plus entendre parler de cette femme ! Hors de question qu’elle nous organise ce voyage, et encore plus hors de question qu’elle vienne avec nous. C’est une affaire entre toi et moi, Terry.

- Très bien, soupira Terry. De toute façon, je te rappelle que ces deux usines faisaient partie de la fusion, et que celle-ci n’est plus d’actualité. Mes partenaires n’ont pas rappelé.

- Alors mets pour une fois ton sacro-saint orgueil de côté et appelons les ! Explique-moi ce qu’il faut dire et je le ferai. »

Terry hésitait encore quand son portable se mit à sonner. A sa grande surprise, ses clients étaient prêts à reprendre les pourparlers. Bien que surpris par la demande, ceux-ci organisèrent un vol par avion privé vers l’Écosse où se situaient les fabriques. Trois heures plus tard, le couple Granchester atterrissait à Édimbourg où un chauffeur les attendait pour les conduire sur le site, à une cinquantaine de kilomètres de la métropole écossaise.

La fièvre de Noël régnait ici comme partout. Candy était survoltée et Terry ne décolérait pas car sa femme avait refusé tout net qu’il remettre son jean et ses baskets en arguant qu’il était hors de question que les gens qu’ils allaient rencontrer jugent que son épouse était plus mal habillée que sa secrétaire ! Il avait dons une nouvelle fois été condamné au tailleur et aux talons haut. Tandis qu’il pestait contre le froid qui s’insinuait sous sa jupe en attendant la voiture, son regard fut attiré par un homme déguisé en père noël qui faisait la quête à la sortie de l’aéroport. Celui-ci était flanqué d’un lutin qui agitait une cloche et le fixait avec insistance. Un lutin qui ressemblait de manière frappante à celui de son rêve et à celui qu’il avait vu à New York avant d’embarquer ! Il n’eut pas le temps de s’en ouvrir à Candy que celle-ci le poussait dans la voiture enfin arrivée. Le trajet fut court, malgré la circulation. Dès qu’il eurent quitté la ville, la campagne reprit ses droits et Terry eut l’impression de se retrouver au siècle précédent tant les paysages semblaient immuables.

L’impression se confirma quand ils arrivèrent à l’usine. Contrairement à ce qu’il croyait, les bâtiments, bien que très vieux, n’étaient pas vétustes. Bâtis en briques rouges, comme au XIXème siècle, ils donnaient l’impression de pouvoir résister au temps. Bien que ne nombreuses voitures se trouvaient sur le parking, l’endroit était étrangement calme. Un homme d’une quarantaine d’année dans un costume trois pièces s’avança vers eux d’une démarche pressée.

« Monsieur Granchester ? Demanda-t-il en serrant la main de Candy, je suis Marc Cavendish, le directeur. Et voici sans doute votre secrétaire, ajouta-t-il en posant sur Terry un regard appréciateur. Mademoiselle...?

- Il s’agit de ma femme ! Corrigea Candy d’une voix sèche.

- Oh ! Madame Granchester ! Enchanté de faire votre connaissance. Suivez-moi je vous prie. Nous n’avons malheureusement été prévenus de votre visite il y a seulement deux heures. Nous n’avons pas eu le temps de...

- C’est sans importance, coupa Candy. Nous aimerions juste visiter vos usines.

- C’est à dire que vous tombez mal. Nous organisons aujourd’hui la fête de noël pour les enfants du personnel. De nombreux postes de travail sont désertés. »

Les deux hommes marchaient à grandes enjambées et Terry avait du mal à les suivre. Candy l’entendit maugréer quelque chose au sujet d’objectifs de productivité qui ne risquaient pas d’être atteints si le personnel abandonnait le travail pour faire la fête. Elle se retourna vers lui et lui jeta un regard d’avertissement auquel il répondit par une lueur de défi, puis il fit signe de suivre leur hôte.

Candy trouvait ce Marc Cavendish trop empressé de plaire à son visiteur mais fit de son mieux pour ne rien laisser paraître. En revanche elle apprécia beaucoup son père, qui avait dirigé l’entreprise pendant quarante ans avant de passer les rênes à son fils. Malgré ses soixante-dix ans, le vieil homme avait l’air en forme et elle fut ravie qu’il se propose de les accompagner dans leur visite. Candy se chargeait de faire la conversation pendant que Terry observait ce qui l’entourait. Voyant que son visiteur l’ignorait, Marc Cavendish ne tarda pas à se rapprocher de sa ravissante jeune femme. Leur visite les entraîna vers l’immense salle de conférence où se déroulait la fête. Plusieurs dizaines d’enfants criaient et s’agitaient tandis qu’un Père Noël leur distribuait des cadeaux sous un immense sapin décoré. L’ambiance devint lourde dès qu’ils entrèrent et des regards peu amènes se tournèrent vers eux. Mais ce ne fut pas cette atmosphère lourde qui troubla Terry. Il voyait devant lui à nouveau le même Père Noël et son lutin ! C’était impossible ! Comment auraient-ils pu être à New York, à Londres, à Édimbourg et ici ? Il se sentit vaciller sur ses jambes devant cette situation irréelle. Aussitôt une femme lui approcha une chaise où il s’assit avec reconnaissance.

« Tu ne te sens pas bien ? Demanda Candy inquiète.

- Non, ça va très bien mentit-il »

Il n’allait pas lui raconter qu’il croyait avoir vu ce même Père Noël déjà à quatre reprises ! Aussi jeta-t-il un regard vers ses chaussures à talons pour lui faire croire qu’il avait mal aux pieds, en espérant que Candy croirait à son excuse.

« Continue donc la visite sans moi.

- Je vais rester avec elle, proposa le directeur. »

Candy suivit donc le vieux John Cavendish, non sans se retourner une fois encore vers son mari dont la mine défaite l’inquiétait. Mais la conversation du vieil homme était trop passionnante. Il était une encyclopédie vivante sur l’histoire de son usine et sur la production textile locale.

Dans la salle où se déroulait la fête, Terry se sentait mal à l’aise. Le personnel lui tournait ostensiblement le dos, et ce Cavendish le serrait d’un peu trop près à son goût.

« Aimeriez-vous une tasse de thé, Madame Granchester ? Proposa celui-ci. »

Terry accepta avec gratitude. Non qu’il ait envie de boire du thé, mais surtout pour éloigner la présence importune de cet homme. Hélas, celui-ci se tourna vers la femme qui lui avait offert une chaise.

« Margaret, ordonna-t-il. Occupez vous en, voulez vous. »

La femme obéit promptement, mais Terry eut le temps de la voir serrer les lèvres. Pourtant elle était tout sourire lorsqu’elle revint et lui tendit la boisson chaude.

« Il y a beaucoup de bruit ici, dit-elle. Peut-être aimeriez vous vous reposer dans un endroit plus calme.

- Excellente idée, approuva Cavendish. Nous allons dans mon bureau.

- Le délégué du personnel souhaite s’entretenir avec vous Monsieur, corrigea Margaret.

- Mais...

- Tout de suite ! Insista-t-elle. Ne vous inquiétez pas, je vais m’occuper de Madame Granchester. »

Terry fut soulagé d’échapper aux regards de plus en plus hostiles qu’il sentait autour de lui et suivit la femme dans un petit bureau.

« Il ne faut pas en vouloir au personnel, s’excusa celle-ci dès qu’elle furent installées. Tout le monde a entendu parler de cette histoire de fermeture. Ils sont inquiets, c’est normal.

- Vous êtes la secrétaire de Marc Cavendish ? Biaisa Terry.

- J’ai été la secrétaire de son père pendant vingt ans. J’ai conservé mon poste quand il a passé la main.

- Vous avez l’air de regretter votre ancien patron. Vous n’appréciez pas son fils ? »

Ce fut au tour de Margaret de dévier la conversation en demandant :

« Vous êtes enceinte de combien ? »

Terry fut stupéfait et cela se vit sur son visage car la secrétaire éclata de rire.

« Ne soyez pas étonnée. J’ai eu cinq enfants. Je sais reconnaître une femme enceinte quand j’en vois une, même quand c’est tout récent. Je dirais... deux mois ?

- A peu près, grommela Terry.

- Le premier trimestre est toujours un moment délicat, déclara solennellement la femme. »

Ah bon ? Terry tombait des nues. Il est vrai qu’il ne s’était jamais vraiment intéressé à la question.

« Vous êtes sûre qu’il est très prudent de suivre votre mari, comme ça ? Vous feriez mieux de vous reposer. »

Fort heureusement, l’arrivée de Candy dispensa Terry de répondre. Le vieux John Cavendish la suivait, les bras chargés de catalogues poussiéreux qu’il posa dans un coin avec soulagement. Candy griffonna quelque chose sur un papier qu’elle lui tendit.

« Je veux que vous envoyiez tous ces échantillons à cette adresse, à l’attention de Monsieur Archibald Cornwell.

- Monsieur Granchester, vous croyez réellement que nous pourrions...

- Je ne peux rien vous garantir à 100%, Monsieur Cavendish. Rien n’est encore gagné, mais rien n’est encore perdu.

- Vous nous rendez l’espoir ! C’est déjà énorme. »

Nom d’une pipe ! Qu’est-ce que Candy avait encore inventé ? Terry se leva d’un bond et darda vers sa femme un regard lourd de reproche mais celle-ci l’empêcha de parler.

« Je t’expliquerai tout dans la voiture. Nous devons rentrer à Londres le plus vite possible. »

Ils se dirigeaient tous vers la voiture lorsque Cavendish junior les rejoignit à toute vitesse.

« Il vaudrait mieux que vous quittiez les lieux, Monsieur Granchester. Maclallan, le délégué du personnel a eu vent de votre intention de fermer l’usine. Il est très remonté contre vous ! »

En effet, il était suivit par un groupe d’ouvrier à la mine rébarbative, avec à leur tête un géant roux aux mains comme des battoirs. L’homme marcha droit sur celui qu’il prenait pour la cause de toutes les difficultés. Il écarta sans ménagement la jeune femme qui s’apprêtait à monter dans le véhicule. Handicapé par ses talons, Terry perdit l’équilibre et se retrouva au sol. Affolée, Candy ne pensa qu’au bébé. Son sang ne fit qu’un tour. Son poing partit tout seul et vint s’écraser sur le visage du délégué du personnel. La tête de l’homme partit en arrière et l’effet de surprise aidant, il tomba en arrière. Quand il reprit ses esprits, tout ce qu’il distingua ce fut le visage furieux du jeune homme d’affaires qui le menaçait d’un doigt vengeur pointé sur lui.

« Ne vous avisez plus jamais de porter la main sur ma femme !

- Vous avez une sacrée droite ! Marmonna Maclallan en se frottant le menton. »
Déjà le service de sécurité intervenait pour le ceinturer. Terry s’était relevé et Candy l’aida à s’installer dans la voiture.

« Avant d’avoir d’autres idées idiotes comme de vous en prendre à ma femme ou à moi, je vous conseille de discuter avec vos patrons. Lâcha Candy avant de monter à son tour. »

Puis elle se tourna vers Terry, folle d’inquiétude.

« Tu vas bien ? Tu es sûr que tu n’as rien ?

- Ça va ! Je ne suis pas une femmelette !

- En ce moment, si ! Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, après tout, c’est moi qui t’ai entraîné ici. »

Dis surtout que tu ne voudrais pas qu’il arrive quoi que ce soit au bébé ! Songea Terry. Au lieu de quoi il rétorqua :

« Tu te rends compte que tu as frappé ce type ? Je te signale que je n’aurais jamais fait une chose pareille. Bravo pour l’image que tu as donné de moi.

- Il t’avait bousculé. Tu n’aurais pas pris ma défense si tu avais été à ma place ?

- Si, mais toi tu te bas comme une fille ! »

Ils se regardèrent puis éclatèrent de rire tous les deux. Il y avait si longtemps qu’ils n’avaient pas ri ensemble que se fut comme une libération. Ce fut l’esprit plus léger que Candy put expliquer à son mari ce qu’elle avait découvert en visitant l’usine.

« Lorsque je suis venue à Londres pour mon stage il y a cinq ans, on nous avait parlé de la production textile de cette région. Le tissage y est une tradition depuis le moyen-âge. Au fil des siècles, ils ont produit des tissus qui ont servi à décorer les plus beaux palais d’Europe. Et puis la mode s’est perdue. Mais mes clients aux États Unis sont très friands de ce style. Je cherche depuis des années un fournisseur capable de réaliser des ouvrages de qualité. Or le vieux Monsieur Cavendish m’a montré leurs archives. C’est incroyable, Terry ! Ils produisaient exactement le haut de gamme dont j’ai besoin. Seulement, ce n’était plus assez rentable. Alors quand il a passé la direction à son fils, celui-ci a acheté de nouvelles machines, plus rapides, plus performantes et ils ont relégué dans une annexe les vieux métiers à tisser. Sais-tu que certains ont plus de cent ans et qu’ils sont toujours en parfait état ? Ils ont même gardé tous les schémas et toutes les trames ! Bref, il suffirait de les remettre en route et je suis sûre que je trouverai tous les débouchés nécessaires. Mais pas si tu licencies les ouvriers qui savent encore faire fonctionner ces vieux métiers ! »

Terry ne répondit pas. Les chiffres qu’il avait lus lui avaient déjà appris que l’usine supportait de lourds investissements mais n’avait pas trouvé le marché nécessaire pour permettre de les éponger. Il réfléchit pendant tout le vol de retour et un plan se forma peu à peu dans son esprit. A leur arrivée à Londres, les grandes lignes en étaient claires dans son esprit. Il avait hâte de se retrouver à l’hôtel pour rédiger une nouvelle proposition.

« Faites un don pour l’Armée du salut ! »

La phrase prononcée par une voix fluette le fit sursauter. Il se tourna dans la direction d’où elle venait et éprouva le choc de sa vie en voyant le même Père Noël et le même lutin qu’il avait déjà vus ! Mais leur taxi arrivait et Candy le poussa à l’intérieur.

« Ce Père Noël... Tu n’as pas l’impression de l’avoir déjà vu ? Demanda-t-il alors qu’ils s’éloignaient.

- Tous les Père Noël se ressemblent, Terry ! Et en ce moment, ce n’est pas ce qui manque ! »

Il garda ses impressions pour lui, bien conscient qu’elles étaient incroyables. De retour dans leur chambre, il lui fallut moins d’une heure pour élaborer un addendum qu’il fit parvenir à ses partenaires par coursier spécial, muni de sa signature. Le montage financier était délicat car la vente des deux usines qui tenaient tant au coeur de Candy aurait représenté un apport budgétaire non négligeable dans la fusion et qu’il fallait palier à ce manque à gagner. A sa grande surprise, les anglais acceptèrent de lui céder une participation majoritaire dans ce secteur moyennant quelques autres concessions mineures et lui renvoyèrent leur accord signé dans la soirée.

Ils avaient gagné ! Folle de joie, Candy se jeta dans ses bras. Hélas, étant donné leur situation, ce fut lui qui se retrouva la tête enfouie contre l’épaule de sa femme. Ils se séparèrent un peu gênés. Il ne leur restait plus qu’à rentrer en Amérique pour essayer de décrocher le contrat des hôtels Weldon, indispensable à la réussite de leur projet.

Et à prévenir Susanna Marlow, qu’ils n’avaient pas revue depuis le dîner chez le duc, et qui n’apprécierait certainement pas d’avoir été évincée des dernières négociations.


A suivre

view post Posted: 8/12/2021, 19:04     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël

Chapitre 3



Un grand verre de lait à la main, elle passa la porte de l’immense bureau et posa le récipient devant l’homme qui repoussa doucement une longue liste de nom. Il frotta son front avant de lever les yeux sur le lutin qui le regardait tendrement. Elle savait que lorsque son cher Père-Noël était ainsi préoccupé, il ne valait mieux pas trop le déranger. Alors elle lui tendit ses cookies favoris, puis se dirigea vers la porte. Mais avant qu’elle ne la passa, elle l’entendit se racler la gorge et la rappeler. A pas légers elle se rapprocha de lui, comme le fax sonnait. Albert leva les yeux au ciel en disant :
« Décidément, tous les enfants du monde auront été sages cette année. La liste n’en finit plus...
- N’est ce pas une bonne chose ?
- Evidemment que si, mais j’espère que tout sera prêt à temps, il ne nous reste que six jours avant Noël, les cadeaux seront-ils tous terminés ?
- Oh n’ayez aucune crainte là-dessus Père... Je veux dire, Albert... Nous avons prit de l’avance en préparant plus de jouet que ce qui était prévu.
- Vous êtes une bonne équipe de petits travailleurs, je suis fière de vous. Bien, il y a autre chose dont je voudrai te parler.
- Le couple, n’est-ce pas ?
- Ce que tu as fait commence à avoir de drôles de conséquences. Elles pourraient-être bonnes d’un côté et mauvaises de l’autre. »
Tasia fronça les sourcils comme Albert lui expliquait la tournure qu’avait prit l’affaire. En prenant la place de l’autre, chaque partie avait agit selon sa façon de raisonner. Candy avait laisser son bon cœur parler et risquait de faire perdre une grosse affaire à son mari, tandis que Terry avait oublier de mettre de côté son caractère possessif et jaloux, brisant certainement une bonne transaction. Tasia s’assit en face d’Albert qui continua :
« Je crois comprendre pourquoi tu as joué ainsi avec leur destin, mais cela risque d’envenimer d’avantage leur relation déjà désastreuse.
- Mais, je ne pouvais pas les laisser comme ça. De plus, il existe dans leur vie des individus qui pourraient compromettre leur mariage.
- Ceci ne nous concerne pas Tasia. Regarde sur l’écran derrière toi. »
Tasia pivota son fauteuil et Albert alluma sa télé en réglant le canal sur Terry. Il était dans l’avion, les bras croisés sur sa poitrine et rageait intérieurement. Pour le Père-Noël, il était facile d’entendre ce à quoi il pensait et Tasia pu entendre ceci : « Si jamais elle me fait louper ce contrat je ne lui pardonnerai jamais. J’ai passé un temps fou à le préparer, il n’est pas question qu’il me file entre les doigts parce que Mme a penser aux 350 personnes que cela licencierait. »
Tasia se tourna sur Albert et plaida sa cause :
« Mais voyez, Candy a préféré faire perdre ce contrat qui risquait de mettre à la rue 350 personnes. Juste un peu avant Noël en plus, c’est monstrueux !
- Je te l’accorde, mais ce n’est pas à nous d’intervenir.
- Je comprends... Enfin, je crois. Très bien, je vais me charger moi même de ces deux personnes et je jure qu’avant le réveillon ils seront de nouveau eux-mêmes.
- Le défi que tu te lances est ardu, mais soit. Laisse le travail de la fabrique aux autres et concentre toi sur eux. Je garderai l’œil sur l’évolution de toute cette histoire. »
Elle hocha de la tête et se leva de son fauteuil afin de partir. Elle sortit son téléphone portable et rechercha le couple Grandchester afin de les localiser. Candy était à Londres et Terry allait y atterrir bientôt.
......

Dans l’aéroport le jeune homme parcourait les couloirs à grandes enjambées. Vraiment, quelle chance, pour une fois, d’avoir d’aussi longues jambes. Elle était en retard... Oh, elle avait été retardé oui ! Une certaine et infecte secrétaire l’avait retenue pendant une demi heure. Furieuse, la blonde avait continué de radoter sur le déroulement désastreux de la réunion tout en se plaignant que ce n’était pas de cette façon que les choses allaient évoluées entre elle et son patron. Oh elle jurait que si elle n’était pas dans le corps de son mari, elle lui aurait volontiers arracher les yeux. Et Terry, il ne perdait rien pour attendre ! Qu’est ce qu’il avait projeter pour lui et cette pimbêche une fois ce maudit contrat signé ? Avait-il l’intention de demander le divorce ? Etait-il réellement tombé amoureux de cette femme ? Elle avait encore la gorge serrer de toutes les larmes qu’elle avait versé après avoir accrocher le téléphone. Il avait été odieux avec elle, pas un mot gentil, pas une parole réconfortante. Les seules choses aux quelles il avait pensé étaient son fichu contrat et sa secrétaire !
Elle arriva finalement devant la porte de débarquement, juste à temps. Elle mit les mains dans ses poches et attendit au milieu des autres, venus chercher des passagers. Elle voyait les uns s’embrasser, les autres se serrer dans les bras ou encore se donner des accolades... Un couple, adorable et amoureux se retrouvait et lui, posa ses lèvres sur les siennes... Son cœur se serra. Depuis combien de temps Terry ne l’avait plus prise dans ses bras pour la serrer fort contre lui ? Depuis combien de temps il ne lui avait pas dit « je t’aime » ? A quand remontait le dernier baiser qu’il lui avait donné ?
Elle tourna la tête et sursauta. Deux jeunes femmes, une brune et une rousse, la fixaient intensément. Non mais, elles lui mataient le derrière !! Ah ce n’était pas le moment et ces regards lourds de sous-entendu la firent sortir de ses gonds :
« Et bien quoi ? Demanda-t-elle de sa voix grave ! Vous n’avez rien de mieux à regarder non ? »
Les deux femmes perdirent leur sourire et rougirent. Candy haussa les épaules. Si elles voulaient être discrètes, elles s’y étaient mal prises. Ou au contraire elles pensaient pouvoir obtenir quelques chose de l’homme qu’elles regardaient sans gêne. Oh Candy savait très bien que son mari était beau et qu’il avait du succès auprès des femmes, mais ce corps était à elle en ce moment et aucune femme ne s’en approcherait.
Lorsqu’elle se vit arriver, le choc fut encore plus rude que lorsqu’elle s’était découverte dans le corps de son mari. C’était étrange de se voir autrement que dans un miroir. A en juger par l’expression qu’avait prit son visage, Terry aussi avait dû être sous le choc en se voyant. Néanmoins, cela ne dura pas et lorsqu’il se plaça devant elle Candy baissa la tête pour le regarder. Elle était donc si petite que ça ? Elle ne s’en rendait pas vraiment compte, mais se voir d’aussi haut le lui prouvait aisément.
Alors qu’elle se pencha pour l’embrasser, il tourna la tête et la dépassa en aboyant qu’ils devaient y aller. Elle le suivit du regard un moment avant de le suivre silencieusement. Elle se détailla de dos et ouvrit la bouche en constatant qu’il ne portait pas de talons. A la place et pour se sentir à l’aise, monsieur avait ôté son tailleur pour la fagoter d’un horrible pull, d’un jean et de basket !
Dehors, il héla un taxi et s’engouffra à l’intérieur sans jamais lui adresser un regard. Le trajet ce fit donc dans le silence. Heureusement, ils arrivèrent rapidement à l’hôtel. En sortant de l’ascenseur, ils croisèrent Susanna dans le couloir, qui s’apprêtait à sortir. Elle poignarda du regard Candy, ce qui surpris Terry. Puis elle se tourna sur son patron avant de le saluer mielleusement :
« Je sors acheter quelques magasines Mr Grandchester, avez vous besoin de quoique ce soit ? »
Candy, qui avait bien vu le regard froid qu’elle avait lancer dans sa direction, se redressa de toute sa hauteur et répondit :
« J’ai bien besoin d’une chose, mais je ne pense pas pouvoir l’obtenir de votre part Mlle Marlowe.
- Peut-être que si.
- Cela m’étonnerai fort. Viens Candy nous avons à parler maintenant. »
Elle attrapa le bras de Terry et le conduisit vers la chambre qu’elle ne perdit pas de temps à ouvrir. A peine la porte fut elle refermer que Candy éclata :
« Ta secrétaire est une sacrée salope ! Tu aurais vu sa tronche quand je lui ais annoncé que j’arrivais !
- Et après ?
- Quoi et après ? Terry, lorsque je lui ai dit que j’allais être en retard elle a tout fait pour te retenir !
- Arrête ta paranoïa tu veux !
- Et le regard qu’elle t’a lancé en sortant de l’ascenseur, tu l’as pas remarqué peut-être ?
- Non, rien du tout. Mentit-il.
- D’accord, alors réponds à ça : Pourquoi elle t’appelle par ton petit nom quand j’ai le dos tourné ?
- Ca allège les conditions de travail.
- A quel point vous allégez vos rapports professionnels Terrence ?
- Tu commences à me gonfler Candy ! Moi aussi je peux te faire ce genre de remarque avec ton dandy !
- Dandy ? Tu parles d’Archibald ?
- Pourquoi tu ne m’as jamais démenti sur ses penchants sexuels ? Ca devait bien t’arranger que je crois qu’il soit homo, ainsi tu pouvais t’en donner à cœur joie avec lui sans que je ne me doute de rien !
- OH ! Si j’avais mon corps je te giflerai avec plaisir ! Mais je ne veux pas marquer mon visage avec tes sales mains qui ont sans doute tripoter ta secrétaire !
- Tu vas te taire ? Je ne suis pas venu jusqu’à Londres pour discuter de ça avec toi !
- Mais vas-y change de sujet !
- On y arrivera pas dans ton état ! Sors ! Va te calmer un peu et reviens quand tu te sentiras mieux ! »
Candy le fusilla du regard et le prit au mot. Elle attrapa les clés de la chambre et sorti en claquant la porte. Dans le silence du couloir elle ne vit pas, cachée dans un renfoncement, Susanna Marlowe qui ne la quitta pas du regard jusqu’à ce qu’elle ait disparu dans l’ascenseur.
Elle secoua la tête et serra les poings. Cette satanée bonne femme avait encore dû prendre la tête à son patron pour qu’il quitte la chambre dans cet état de nerf. Quand allait-il réaliser qu’elle n’était pas faite pour lui ? Elle, elle lui correspondait totalement. Ils avaient les mêmes ambitions, les même valeurs, les mêmes priorités, elle le comprenait parfaitement. Elle était belle, riche, intelligente et avait de l’ambition. Cette frisée ne valait rien comparé à elle. D’après ce qu’elle savait sur elle, Candy était issu d’un milieu plus que modeste. Ses parents artisans boulangers, possédaient un commerce pitoyable à « La porte » près de Chicago. Ce magasin était le seul à fournir la minuscule ville dans laquelle cette paysanne était née. Que connaissait-elle de la vie ? Que savait-elle du monde impitoyable des grandes villes et des actions financières ? Que faisait-elle dans la vie ? Ah oui, Terry lui avait dit qu’elle était décoratrice d’intérieur... Pfff, elle ferait mieux de regagner « La porte », décorer ses gâteaux et laisser Terry à une vraie femme... Autrement dit : elle.
Elle soupira et fit quelques pas vers la chambre d’où en était sorti Terry plus tôt. Elle devait discuter avec cette femme et la renvoyer bien vite à New York. Car avec elle dans les parages, elle ne pourrait pas se rapprocher de son patron.
Elle frappa à la porte et Candy vint lui ouvrir en râlant :
« Tu as pourtant prit les clés, qu’est ce qu...
- Bonjour Mme Grandchester. »
Qu’est ce que Susanna fichait là ? Ne devait-elle pas aller faire des courses ? Terry la sentit le pousser et entrer dans la chambre sans en avoir été invité. Il referma la porte et la regarda aller s’assoir dans un des fauteuils de la suite en prenant ses aises. Comme si elle était chez elle, elle affichait un air de triomphe sur son visage. Cette attitude surpris Terry qui n’avait jamais vu Susanna ainsi. Que cherchait-elle à faire ?
Terry inspira et s’approcha d’elle en lui demande ce qu’elle voulait :
« Je ne vous le dirai qu’une fois Mme Grandchester, partez !
- Pardon ?
-Lorsque vous êtes près de lui, il est toujours de mauvaise humeur et perd très vite son sang froid. Vous êtes une gêne dans sa vie. »
Alors là... Terry n’en croyait pas ses oreilles ! Qu’est ce qu’elle racontait à sa femme ? Mais elle était tombée sur la tête où quoi ?
« Je vais vous donner une raison de le quitter Candy... Si il vous a aimé un jour, sachez que ce n’est plus le cas aujourd’hui.
-Quoi ? Lâcha Terry avant de se reprendre...
- En effet, sachez qu’il a des projets d’avenir qui ne vous inclus pas. Faites ce que je vous dit avant de tout gâcher pour lui. Si vous l’aimez, vous le quitterez. Temps qu’il sera avec vous, il ne pourra jamais faire ce qu’il a vraiment envie... Lui et moi sommes en parfait harmonie vous savez. Je me dois de vous avertir qu’il a exprimé lui même le choix de faire évoluer nos relations une fois le contrat signé. Voilà pourquoi il est important qu’il le fasse, mais si vous êtes dans ses jambes il ne pourra pas se concentrer. Je l’ai bien vu lors de la réunion, il tenait des propos incohérents et a dit des choses que je suis certaine qu’il regrette. C’est de votre faute, vous êtes tel un caillou dans sa chaussure autant dans sa vie privée que professionnelle. J’espère que j’ai été assez claire avec vous. Faites vos valises dés maintenant et repartez à Chicago. »
Susanna se leva et quitta la chambre mais pas sans, une dernière fois, l’avoir agresser du regard.
Terry était abasourdit. Qu’est ce qui lui avait prit de dire des truc pareils à Candy ? La menacer, la blesser, la virer ? Mais elle était tout bonnement infecte avec sa femme. Oui il lui avait dit que tout allait changer entre eux après la signature du contrat, mais avait-elle besoin de le dire comme ça à Candy ? Il l’aurait fait lui même. Il se laissa tomber sur le canapé et soupira. Heureusement que ce n’était pas vraiment Candy qui avait entendu cela... Dans quel état cela l’aurait encore mise et une dispute de plus aurait éclaté.
Il se leva et alla chercher une mignonette de vodka qu’il descendit d’un trait avant d’aller se planter devant la fenêtre de la suite. La neige qui s’était remise à tomber, allait recouvrir Londres de quelques centimètres supplémentaires.
La clé dans la porte le fit se retourner. Il frissonna de colère lorsqu’il vit ses yeux rouges :
« T’as encore pleurer ! Regarde mes yeux bon sang !
- Si tu veux la prochaine fois on pourra les échanger !
- Bon, laissons tomber. Candy il va falloir que tu m’expliques ce que tu as fait comme catastrophe à cette réunion !
- J’ai fais ce qui me semblais le mieux ! Comment oses-tu penser à mettre à la rue des centaines de travailleurs à quelques jours de Noël ?
- Je ne peux pas faire des affaires et du sociale !
- Si justement !!! Pourquoi tu ne m’en as pas parler ?
- Que pourrais-tu y faire ? Entrer dans la salle de réunion et foutre en l’air une année entière de travail ?
- Non ! Mais ma boîte cherche désespérément un partenariat avec une usine de confection de tissu. Avec un contrat pareil l’usine se remet à flot, nous en tirons les meilleurs textiles et personnes ne perdrait son job !
- Si tu me parlais de ton boulot !
- Moi je le fais, pas toi ! Mais tu ne m’écoutes pas.
- Bon, pour le moment j’ai besoin de savoir ce que tu as dit !
- Le directeur financier m’a fait hurler intérieurement ! Monsieur ne compte que le nombre de billet qui va lui tomber dans la poche. Cet enflure se fout du cas de reclassement de ces salariés, il n’a pas l’intention d’amputer les bénéfices qu’il pourra se faire !
- On s’en tape de ce qu’il a dit, je veux savoir ce que TOI tu as dit !
- Je lui dit d’arrêter de chipoter sur les quelques milliers d’euros que cela pourrait lui faire perdre. Que ma décision était prise !
- Mais quelle décision bordel ?
- Arrêter la négociation avec lui !
- ET MERDE !!! Juste ce qu’il ne fallait pas dire ! Mais tu es stupide ma parole ! Tu l’as fait exprès uniquement pour m’emmerder ! Ou fais-tu ça par vengeance ? Mais quelle vengeance ? Que t-ai-je fait pour mériter cela ? Tu es satisfaite ? Es-tu heureuse ? Tu as tout fait foirer ! Je comptais sur ce contrat ! Cria t-il en donnant un coup dans la table basse du salon qui se renversa bruyamment.
- Arrête Terry ! Tu n’es pas seul !!
- Ecoute bien ce que j’ai à te dire.... Continua-t-il en ignorant ce qu’elle venait de lui crier »
Candy écoutait sa propre voix crier dans toute la suite, lui reprochant d’être passée outre ses ordres. Elle n’en avait fait qu’à sa tête, avait pensé à une poignée de 300 personnes plutôt qu’au profit que cela apporterait à son entreprise. Seigneur, s’entendait-il seulement parler ? Où était passé le Terry qu’elle avait rencontré ? Qui était cet homme dépourvu de compassion et d’amour qui hurlait autour d’elle en cet instant ? Il ne s’agissait plus de l’homme dont elle était tombée amoureuse. Le jeune homme qui l’avait conquise avait dû se perdre cette année pendant qu’il préparait cette négociation stupide.
Après avoir vociférer à s’en casser la voix, Terry se laissa tomber dans le canapé en respirant rapidement. Il avait tellement user d’énergie à brailler qu’il en était essoufflé. Elle, elle s’agenouilla par terre et ramassa la table avant d’y reposer tout ce qui avait volé. Lorsqu’elle eut fini, elle se redressa et le fixa du regard en disant :
« J’ai laissé l’ouverture aussi de ton côté Terry.
- C’est à dire ? Demanda-t-il d’un ton las, appuyé par un mouvement de main.
- Je leur ai laissé entendre que s’ils ne cédaient pas au reclassement de ces 350 personnes, alors tu te réservais aussi la liberté de traiter avec quelqu’un d’autre qu’eux. C’est un coup de poker, mais s’ils tiennent tant à leur pognon, ils ne lâcheront pas l’affaire.
- C’est là où tu te trompes ma chère et ignorante épouse. Les hommes d’affaires ne sont pas de ceux que tu menaces ! Tu n’es pas en train de vendre un canapé mais une entreprise qui coûte des millions d’Euros. Tu te crois en train de négocier un contrat de décoration ? Tu te fous le doigt dans l’œil !
- Je ne crois pas qu’il y ait une si grande différence que cela entre mes contrats de décoration d’intérieur et le rachat d’une entreprise de textile qui se casse la figure. Terry je te l’ai dit tout à l’heure et... Dis donc, tu ne m’as pas dit non plus ce qui c’était passé avec Mr Weldon !
- Ben voyons, changeons de sujet et revenons sur ta pauvre carrière !
- Terry tu m’ennuies, dis moi ce qui s’est passé on reparleras de tes affaires après !
- Weldon est un obsédé qui à passé son temps à te reluquer !
- Oui je le sais merci ! J’ai supporter ses insinuations assez longtemps pour en arriver là où j’en étais !
- Ben rassure toi, à mon avis, vous ne signerez rien !
- Hein ?
- Je l’ai envoyé balader lui et sa soirée galante qu’il te réservait ! Archi en était très content. Te serre-t-il très souvent dans ses bras comme il l’a fait avec moi ? Dis donc, vous avez l’air très proche tous les deux !
- D’accord, tu m’as aussi fait rater mon contrat n’est-ce pas ?
- Oui, mais c’est pas grave ! Y a pas mort d’homme !
- Ah, alors ton contrat c’est une affaire d’état, mais mon travail tu t’en fous !
- Bon tu me gaves, je vais aller prendre une douche et me coucher ! »

Terry se leva du canapé et se dirigea vers la salle de bain. Il verrouilla la porte et s’y adossa en inspirant profondément... Et maintenant qu’allait-il pouvoir faire pour arranger cette situation ? Sa tête se mit à tourner et la nausée le reprit violemment. Il se pencha au dessus de la cuvette et vomi. Lorsqu’il s’essuya la bouche avec une serviette en papier, il repensa à la lettre du laboratoire qu’il avait reçu. Candy était enceinte et ne lui avait rien dit... Dans son esprit, toute une théorie prit place. Candy et Archi très complices, une allusion de la part de ce dandy lui avait laissé penser que Candy avait projeter quelque chose entre elle et lui une fois le contrat signé... Sa grossesse... Peut-être que lui, son mari, n’était pas le père de cet enfant qu’elle portait. Il grimaça en lâchant un : « Ecœurant ».
Candy entendit l’eau de la douche couler et pleura encore une fois. Amèrement cette fois-ci. Terry venait de lui dire clairement que rater son contrat à elle n’avait rien de dramatique, tandis que lui c’était limite la fin du monde. Elle aussi comptait sur cette négociation pour envisager un nouveau tournant dans sa vie, mais d’après ce qu’il lui avait dit ce n’était pas la peine d’y compter. Mr Brighton allait hurler lorsqu’il allait apprendre que le plus gros contrat de son entreprise allait passer à la trappe. Mais pour Mr Grandchester cela n’avait pas d’importance, seul son petit monde comptait.
Assise sur ses talons elle caressa son ventre et sursauta en sentant son cœur bondir bruyamment. Mon dieu, elle était enceinte et Terry ne le savait pas... Mince, allait-il faire le rapprochement entre ses nausées et une grossesse ? Oh, pas de panique, peut-être n’avait-il même pas eut de nausées. Sa visite prénatale était programmée pour mardi prochain, d’ici là elle aurait certainement regagner son corps et tout irait bien.
Le téléphone portable la sortit de ses pensées et elle répondit sans regarder qui appelait :
« Allô ?
- Terry.
- Mr Grandchester ? Lâcha-t-elle avant de se reprendre : Je veux dire, Père ?
- A quoi rêvais-tu encore ?
- A rien...Je peux faire quelque chose pour toi ?
- J’ai appris par ta secrétaire que tu étais à Londres pour affaire ?
- « Susanna... Mais elle pouvait pas la fermer celle-là ? » Oui en effet.
- Alors venez dîner à la maison ce soir.
- Moi et Susanna ?
- Oui. Vous faites du bon travail ensemble et j’aimerais vous parler à tous les deux.
- Ecoute, Candy est là et ne se sent pas très bien. Ce n’est pas une bonne idée.
- Alors laisse là à l’hôtel, je sais que votre couple bas de l’aile, je préfère éviter une scène de ménage sous mon toit, et vient avec Susanna uniquement.
- Je te rappelle tout à l’heure.
- Mais...
Candy raccrocha et regarda l’écran qui affichait « Appel 1min 30 »
Elle soupira en pensant : « Il en sait des choses, je suppose que c’est Susanna qui lui a dit que nous nous disputions souvent. Cette saleté essaye de me discrédité auprès de mon beau-père et gagner ses faveurs en vue d’un avenir proche. Si ce qu’elle avait insinué plus tôt voulait dire que Terry avait l’intention de demander le divorce pour se mettre avec elle, alors elle ne perdait pas temps pour bien se faire voir de sa future belle-famille. » Elle se souvenait que lorsque Terry avait annoncé son attention de l’épouser, son père avait fait des bons en refusant cette union. Selon lui, elle n’était pas digne d’entrer dans la famille Grandchester à cause de ses origines. Oui elle n’était pas née avec une cuiller en argent dans la bouche. Ses parents avaient nourrit leur famille avec leur petite boulangerie. Ok ils n’étaient pas riches et son père n’était pas un boursier plein aux as, mais elle avait eut une bonne éducation, l’argent qu’il fallait pour faire des études et avait réussit dans la vie. Mais non, pour monsieur son beau-père, il fallait que le mariage de son fils soit bénéfique pour l’entreprise familiale. Ah c’était sur que Mlle Marlowe serait un bien meilleur parti, Mlle était née dans une grande famille d’avocats connus dans le monde entier. Elle a dû jouer avec des poupées en or et des bijoux en diamant, pendant qu’elle s’amusait avec une vieille poupée en chiffon. Laisser Terry y aller avec cette pimbêche qui aura arranger cette soirée, serait la laisser gagner du terrain auprès de ses beaux-parents. Pas question de la laisser se pavaner au bras de SON époux et rire comme une dinde, se prenant déjà pour sa femme alors qu’il était encore engagé...
Mais... Une minute là... ce n’était pas Terry qui allait devoir se rendre là-bas avec Susanna, mais elle ? Oh non... Cela lui donnait encore moins envie d’y aller.
Terry sortit de la salle de bain et la fusilla du regard. Il s’accouda à la porte et demanda de but en blanc :
« Pourquoi j’ai envie de vomir comme ça du matin au soir ?
- Pardon ?
- Est-ce dû au fait que je ne sois plus dans mon corps ?
- Peut-être.
- Et toi ? Tu n’as rien ?
- Non, je me porte comme un charme. Tu as peut-être manger quelque chose qui ne fallait pas. Moi j’allais très bien avant d’être en toi. »
« Menteuse et hypocrite ! Pourquoi tu me dis pas que tu es enceinte ? C’est évidemment parce qu’il n’est pas de moi. Tu as couché avec Archibald et tu attendais ce maudit contrat pour te mettre avec le père de ton bébé. »
« Terry, ton père veut que toi et Susanna alliez chez lui ce soir.
- Tu ne lui as pas dit que j’étais là... Enfin, que tu étais là ?
- Bien sur que si, tu ne devineras jamais ce qu’il m’a répondu.
- Quoi donc ?
- Afin d’éviter ce repas, j’ai prétexter que je n’étais pas bien, il a simplement répondu de me laisser à l’hôtel et que tu y ailles avec Susanna quand même.
-...
- Dis moi Terry, est-ce que Susanna connait ton père ?
- Oui...
- Il l’a bien accueilli ?
- Oui...
- Je vois... Elle représente vraiment la femme idéale pour ton père. Moi je ne l’ai jamais vu. Il n’est pas venu à notre mariage et ne m’a jamais adressé la parole au téléphone. Quand je répondais, il daignait juste me dire « Passez moi Terrence ! ».
- Ecoute je n’y suis pour rien si mon père préfère ma secrétaire à toi.
- Tu vois, toi aussi tu sembles la préférer à moi. Tu ne prends même pas ma défense. On va y aller à cette soirée et je montrerai à ton père que je vaux mieux que cette bonne femme.
- On ne va aller nul part ! Il n’est pas question que tu me ridiculises en plus devant mon père.
- Trop tard, dit-elle en plaçant le téléphone à son oreille. »
Terry l’écouta annoncer à son père qu’ils iront tous les trois chez eux. Oui, oui Candy sera là, comme elle ne les a jamais vu, elle aimerait faire leur connaissance. Bien entendu, Mr Grandchester essaya de dissuader son fils d’emmener sa femme et d’y aller uniquement avec sa secrétaire, mais Candy prit sa défense et lui posa un ultimatum. Soit Candy venait, soit il n’y allait pas. L’homme céda et annonça qu’il les attendait pour 19h tapantes.
Lorsqu’elle raccrocha le téléphone, elle se tourna sur Terry qui ne la lâchait pas du regard :
« Fière de toi chérie ? lança-t-il ironiquement.
- Très... Jusqu’à preuve du contraire je suis encore ta femme, et ce n’est pas à cette mijaurée de se pavaner à ton bras, ni de tenir le rôle de la bru qui est le mien ! »
Elle le toisa du regard et alla prendre une douche également.
Bien sur, lorsque Susanna vit le couple s’approcher d’elle, elle perdit son sourire et se pinça le nez. Il était facile pour Candy de lire dans sa tête, toutes les insultes qu’elle pouvait lui porter. Mais elle feinta et s’adressa à elle mielleusement :
« Quelque chose ne va pas Mlle Marlowe ?
- Non, non, tout va bien. Je ne pensais pas que Mme votre épouse nous accompagnerait.
- Et pourquoi ? Insista Candy.
- A... A cause du décalage horaire bien sur.
- Vous êtes une agréable secrétaire, se força Candy, mais ma femme va très bien n’est ce pas ? »
Terry se tourna sur Candy et fronça les sourcils. Elle essayait de faire quoi là au juste ? Pour tout réponse, il haussa les épaules et les força à le suivre dehors. Comme c’était agaçant de ne plus posséder son propre corps. Il se sentait petit, inconfortable, nauséeux et mal à l’aise avec ces fichues chaussures. Candy l’avait forcé à remettre un tailleur et des talons. Bon sang, qu’est ce qu’il avait prit lorsqu’elle avait ouvert la valise. Ok, il était tellement en colère qu’il avait jeté tout et n’importe quoi dedans. Quelle tête elle avait fait en trouvant des tee-shirt et des chemisiers légers. « Mais enfin Terry, en quel saison crois-tu que nous sommes ? Bon sang n’y a t-il pas un vêtement chaud là dedans ? » Par bonheur il y en avait trois... non, deux... D’accord il n’y en avait qu’un.
Encore une fois, il grimaça lorsque le vent glacial lui fouetta les jambes, juste couvertes d’un fin collant noir. Cette jupe lui semblait aussi courte que celle qu’il avait porté pour la réunion. Tous les hommes se tournaient sur lui, il y en eut même un ou deux qui le sifflèrent. Oooh, il jurait que s’il avait son vrai corps il leur aurait bien volontiers fichu son poing dans la figure. Lorsqu’il héla un taxi, deux s’arrêtèrent et les chauffeurs se disputèrent pour savoir qui l’avait vu le premier :
« Je me suis arrêté le premier, venez jolie dame !
- Mais va donc hé débile tu n’es pas du bon côté de la route !
- Je pourrais faire demi-tour ! »
Terry écouta les deux hommes se battre pour lui... Enfin, pour sa femme et se tourna sur elle. Oui, pas étonnant qu’elle les attire aussi facilement. Il connaissait son corps par cœur et savait qu’elle était belle, mais elle était encore plus magnifique lorsqu’elle se laissait aller contre lui.
Un vertige le prit. Il du prendre appui sur le réverbère le plus proche et inspirer profondément. Candy, qui avait vu son mari vaciller, s’approcha de lui rapidement. Susanna boudait de voir son patron s’éloigner d’elle pour se ruer sur sa femme.
Candy posa la main sur son épaule et vit Terry faire un mouvement brusque pour la lui enlever. Il la frappa du regard et annonça :
« Ca va aller. Montons dans le taxi et arrivons vite chez mon père, j’ai besoin de me poser. »
Candy hocha de la tête et l’entraîna dans la voiture. Susanna prit place à côté de Terry et ferma la porte. Durant le trajet, Candy avait senti plusieurs fois la secrétaire tenter de glisser sa main dans la sienne discrètement. Chaque fois, Candy avait réussit à esquiver en portant ses doigts à ses cheveux, ou alors elle se gratta... Elle avait vu la pimbêche s’enfoncer dans le siège et bouder de plus belle. « Et bien qu’elle boude et qu’elle reste loin de mon mari. »

Ce fut Candy qui dû sonner à la porte. Tout le temps où ils attendaient qu’on viennent leur ouvrir, elle se composa un visage froid et déterminé. Prête à affronter son beau-père, elle se redressa fièrement et inspira.
La porte s’ouvrit sur un majordome qui s’inclina devant elle en les saluant :
« Bonsoir Mr Grandchester, Mlle Marlowe... »
Candy répondit simplement bonsoir. Elle senti une pointe douloureuse s’enfoncer dans son cœur. Même le majordome ne l’avait pas saluer. Par contre, il n’avait pas omit cette chère Susanna. Alors pour forcer l’homme à le faire elle dit :
« Je vous présente mon épouse, Candice.
- Bienvenue Mme Grandchester. Lança-t-il simplement. Si vous voulez bien me suivre, Mr votre père vous attend au salon. »
Candy lui emboita le pas et ne vit donc pas Susanna pousser Terry pour lui passer devant et suivre son patron. Elle se retourna quand même afin de la gratifier d’un sourire narquois. Terry n’en revenait pas. Est-ce que cette femme qu’il prenait pour une parfaite secrétaire essayait d’évincer son épouse ? Il devait rêver !
Au salon, Mr Grandchester se leva pour accueillir son fils. Il lui tendit la main et lui donna l’accolade habituelle. Puis il se tourna sur Susanna et lui baisa la main :
« Bienvenue ma chère, je suis ravi de vous revoir. Comme chaque fois votre présence illumine cette demeure.
- Merci Votre Grâce.
- Pas de cela entre nous, je vous ai déjà demander de m’appeler Richard. »
Susanna rit lorsque le Duc lui redéposa un baiser sur la main. Elle ne manqua pas d’envoyer un regard moqueurs à Candy qui était restée en retrait derrière elle.
Hors, Candy dans le corps de Terry, se senti vraiment mal. Non seulement son beau-père n’avait jamais voulu la voir, mais il était attentionné avec sa rivale. De quoi péter une crise de nerf... D’ailleurs elle inspira profondément afin de ne pas craquer. Elle n’était pas dans son corps et ce n’était pas le bon endroit pour ça. Aussi, elle s’approcha d’elle et se prit par les épaules avant d’annoncer :
« Père, je te présente mon épouse, Candice.
- Bonsoir, répondit simplement le Duc. Je vous rencontre finalement. »
Terry ne su pas trop quoi répondre et sans trop réfléchir tendit la main :
« Moi aussi... Richard ? Père ? Mr Grandchester ?
- Mr le Duc pour vous. »
Le coup qu’il prit fut rude. Il savait que son père n’aimait pas sa femme, et cela sans jamais l’avoir connu, mais afficher un accueil joviale à Susanna et renvoyer froidement Candy comme il venait de le faire lui faisait mal cœur.
Heureusement, sa mère arriva. Candy dû feinter le fils aimant en allant serrer cette femme dans ses bras. Susanna fit profile bas en saluant Mme Grandchester, et lorsqu’elle vit Candy, elle s’approcha d’elle en souriant et lui prenant les mains :
« Ravie de faire votre connaissance ma petite. j’attendais ce moment depuis longtemps. Pardon de ne pas avoir pu venir le jour de votre mariage, mais mon mari et ses principes archaïques !
- Eléonore je t’en prie ne commence pas !
- Je ne dirai rien de plus, mais il fallait que je le fasse. Venez ma chère, allons discuter un peu vous et moi. »
Dans le corps de Terry, Candy jubila. Si elle n’avait pas charmer Mr le Duc, sa femme en revanche était aimable et amicale. Elle regrettait de ne pas être elle même et discuter vraiment avec sa belle-mère, mais un jour elle le pourra. Si du moins son mariage ne volait pas en éclat bientôt.
Quelle barbe de devoir tenir la conversation à sa mère. Terry devait sans cesse faire attention à ce qu’il disait. Pensant s’adresser à sa bru, Eléonore n’en finissait plus de ressasser son enfance, ce qui le mit mal à l’aise. Candy, assise en face, écoutait sans s’intéresser à la conversation qu’entretenait Richard avec Susanna. Elle préférait de loin apprendre le côté de Terry qu’elle ne connaissait pas. Le dîner fut calme, Eléonore parlait sans cesse avec Candy, tandis que la vraie, se retrouvait coincée entre Richard et la secrétaire. L’homme voulait parler affaire avec son fils, mais Candy parvenait à détourner habilement la conversation. Elle jeta un œil à son mari qui s’apprêtait a accepter un verre de vin :
« Non Candy, intervint-elle. Rappelle toi que tu ne peux pas boire en ce moment.
- Pourquoi ? demanda Susanna. Est ce qu’elle serait enceinte ? Finit-elle en gloussant.
- Pas que je sache, mais les vols longs courriers la rendent malade. Elle doit attendre vingt-quatre heure avant de boire un peu d’alcool, sans quoi, elle risque de rendre toute la nuit.
- Ah, oui... Maugréa Terry... Je prendrai de l’eau dans ce cas. »
Le regard froid qu’il lui envoya passa inaperçu auprès de tout le monde, sauf d’elle. Elle l’ignora et reprit son repas. Ce fut alors qu’Eléonore demanda innocemment :
« Oui d’ailleurs, en parlant de bébé, quand ferez-vous de nous des grands-parents ? »
Terry manqua de s’étouffer avec son verre d’eau, tandis que Candy reposa ses couverts calmement dans son assiette. Susanna pâli, quant à Richard il devint rouge de colère :
« Elly ce n’est pas le moment, ils ont encore le temps.
- Mais, cela fait cinq ans que vous êtes mariés non ?
- Elly, je ne veux pas en entendre parler. Pas maintenant... Le sujet est clos. »
Evidemment qu’il ne voulait pas en entendre parler. Pour lui, les enfants que Terry aurait avec Candy ne seraient pas de noble lignée. Il valait mieux une pimbêche comme Susanna pour mère de ses petits enfants.
Eléonore leva ses sourcils et poussa un soupire contrarié. Elle posa sa serviette et se leva de table en prenant Candy par le poignet :
« Venez ma chère, allons prendre le thé.
- Bonne idée, renchérit Richard. Mais avant, Susanna et Terry vont venir dans mon bureau, nous avons à parler. »
Candy jeta un regard désemparer à Terry, qui lui fit un mouvement de tête discret. Devant le regard dur qu’il lui adressa, elle suivit son beau-père. Dans les yeux de Terry, elle avait clairement pu lire « Vas-y, mais fait gaffe à ce que tu vas dire ».
Dans le bureau, Richard servit un verre de scotch à son fils. Candy détestait cette boisson trop forte, à la différence de son mari qui adorait en déguster un verre chaque soir. Aussi, son père devait-il savoir qu’il aimait ça et ne s’attendait pas à ce qu’il le refuse. Susanna, assise dans le fauteuil près de Terry, sourit au Duc qui alla prendre place en face d’eux. Il croisa les mains sur le meuble et annonça :
« Terry, je ne vais pas te parler affaire ce soir. Du moins pas professionnelle.
- De quoi s’agit-il ?
- Tu sais que je ne supporte pas ton mariage. Aussi je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je veux que tu divorces. »
Candy ouvrit la bouche de stupeur. Il voulait quoi ? Elle tourna le regard sur Susanna qui souriait fièrement. Elle reporta son attention sur le duc qui poursuivit :
« Susanna fera une bien meilleure belle-fille que cette roturière, sortie tout droit du fin fond de l’Illinois. Aussi, voilà ce que je te propose : tu divorces, tu te remaries avec Susanna et je t’offre immédiatement le poste de directeur général de notre firme ici à Londres.
- Tu veux dire...
-Oui, je prendrai ma retraite et te confirai la totale gestion de toutes nos entreprises. Alors ? Qu’en dis-tu ? »
Non... Non... Candy avait envie de hurler ! Pourquoi ? Comment osait-il lui demander aussi ouvertement et devant cette peste de divorcer ? Il voulait que son fils épouse Susanna ?
Pas question ! Hors de question même ! Elle se leva d’un bon de sa chaise, la renversant par la même occasion, toisa du regard Mr le Duc et quitta le bureau d’un pas rapide.
Elle entra dans le salon où elle trouva Eléonore avec Terry et ordonna froidement :
« Candy, habille toi nous partons !
- Quoi ?
- Fais ce que je te dis pour une fois et viens ! »
Abasourdit, Terry jeta un regard à son père et Susanna qui venaient de revenir. Ces deux là ne disaient rien, restaient immobiles et le fixaient durement. Que c’était il passé dans ce bureau ? Néanmoins, voyant l’agitation de sa femme, il s’excusa auprès de sa mère et salua son père rapidement avant de suivre Candy dans le hall d’entrée. Susanna arriva alors et lança :
« Réfléchissez bien patron, ceci pourrait être la chance de votre vie ».
Mais déjà la porte d’entrée claquait après leur départ.
Dans le taxi, Terry observa Candy qui, nerveusement, tortillait un mouchoir en papier. Il savait que sa femme pouvait parfois réagir vivement pour trois fois rien, mais cette fois, quelque chose lui disait que c’était grave.

A suivre...

view post Posted: 8/12/2021, 19:01     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 2




Au quartier général de l'Armée du salut, les bénévoles comptaient leur recette de la journée. L'un d'entre eux ne quittait pas des yeux le bureau du fond dans lequel un homme était en train d'étudier un rapport rédigé sur un parchemin à l'ancienne qu'il déroulait au fur et à mesure de sa lecture. Grand et bien bâti, les cheveux blonds et les yeux aussi clairs que le ciel, elle le trouvait encore plus séduisant maintenant qu'il avait quitté sa longue houppelande rouge. Noël était pour eux la période la plus chargée de l'année, mais était-ce la raison pour laquelle l'homme fronçait les sourcils ? Au bout d'un moment il se leva et ouvrit la porte de communication avec la salle commune. Ses yeux parcoururent les hommes et les femmes qui s'affairaient avec bonne humeur avant de se poser sur le lutin qui l'observait depuis un moment.

« Tasia ! Dans mon bureau, s’il te plait. »

La jeune femme s’essuya les mains sur le pantalon qu’elle portait et que les gens d’ici appelaient un jean. Elle n’aimait pas les vêtements qu’elle était obligée de mettre dans le monde réel et préférait de loin son joli collant à rayures rouges et vertes et son bonnet à clochettes, mais bon... Comme le dit l’adage, « A New York, fais comme les New Yorkais... » Elle se rendit dans le bureau pendant que ses congénères gloussaient et se donnaient des coups de coude. Tous les lutins savaient que la petite Tasia éprouvait pour le Père Noël de tendres sentiments.

Elle ferma la porte derrière elle et attendit en se dandinant d’un pied sur l’autre.

« Vous vouliez me voir, Père Noël ?

- Quand nous sommes dans ce monde, je t’ai déjà dit de m’appeler Albert. Nous ne devons pas nous faire repérer. Dis-moi, c’est toi qui a fait cela à ce gentil petit couple, n’est-ce pas ? Demanda-t-il en lui tendant le parchemin. »

Le lutin le parcourut rapidement et sourit.

« Je les ai entendu dire que c’était ce qu’ils souhaitaient. J’ai voulu leur faire plaisir. C’est une bonne idée, non ?

- Ah, Tasia, Tasia... Tu n’as pas l’habitude des gens d’ici. Ils disent parfois des choses qu’ils ne pensent pas vraiment.

- Pourquoi les disent-ils alors ?

- Je n’en sais rien, et je crois qu’ils n’en savent rien eux même. Mais maintenant le mal est fait. Et comme c’est grâce à un peu de mon pouvoir que tu as réalisé cet échange, je me sens responsable.

- Oh non Père... Heu... Albert. C’est entièrement ma faute. Vous n’y êtes pour rien. Et puis, ce qui est fait est fait. Comment pourriez-vous y changer quoi que ce soit ?

- Il y a toujours un moyen, petite Tasia. J’espère qu’ils réussiront à le trouver. Nous allons devoir les surveiller de très près. »


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Dans sa chambre d’hôtel, Candy se battait avec son noeud de cravate. Elle avait pourtant souvent noué celle de son mari, mais face à la glace, tout était inversé et ses grandes mains la gênaient. Elle se sentait gauche et malhabile dans ce corps qui n’était pas le sien. Comme Terry l’avait prévu, elle avait eu beaucoup de mal à se raser. Jamais elle n’avait remarqué que le visage de son mari avait tant de creux et de bosses ! Les pommettes, la ligne dure de la mâchoire, le contour des oreilles, et la pomme d’Adam ! C’était le seul endroit où elle s’était coupée. Heureusement, cela ne saignait plus. Il n’aurait plus manqué qu’elle se présente au rendez-vous de Terry avec le col de sa chemise maculé de sang ! Il n’aurait sûrement pas apprécié. En tout cas, plus besoin de chercher une idée de cadeau pour Noël : Ce serait un rasoir électrique !

Elle renonça à obtenir un noeud de cravate parfait et observa l’image que lui renvoyait le miroir. Celle de Terrence Granchester, le jeune héritier de l’empire Granchester. Brillant, sûr de lui. Sauf que ce n’était qu’une apparence. Le regard que l’image posait sur elle n’était plus dur et assuré comme celui de Terry. A l’intérieur de ce corps avec lequel elle n’arrivait pas ce mouvoir et qui lui donnait l’impression d’être un gorille aux bras trop longs, c’était elle, Candy, et elle aurait voulu hurler sa peur. Mais elle ne pouvait pas se permettre cela. Terry travaillait à ce contrat depuis un an. Si elle ne jouait pas son rôle, tout son travail serait perdu. Elle n’avait pas le droit de lui faire ça. Alors elle respira profondément et regagna la chambre pour appeler son mari.


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A New York, Terry n’était pas mieux loti et commençait à regretter son idée. Cela avait commencé quand il avait dû enfiler un soutien-gorge. Bon sang ! Il n’avait jamais réalisé que ces trucs là étaient bien plus faciles à ouvrir qu’à fermer ! Comment les femmes faisaient-elles pour agrafer ces machins ? Il avait beau se tordre les bras dans le dos, rien à faire ! Après cinq minutes d’essais infructueux, il avait trouvé la solution en attachant cet engin de malheur autour de sa taille afin de l’agrafer par devant. Ensuite il n’avait eu qu’à le faire tourner pour le mettre en place.

Son calvaire avait recommencé avec le collant. Il en avait déchiré trois avant de réussir à en enfiler un ! Il avait intérêt à les remplacer avant le retour de Candy, sinon elle allait encore lui faire une scène comme elle en avait le secret. Elle se mettait souvent en rogne pour pas grand chose ces derniers temps.

En ouvrant la porte du dressing de sa femme pour trouver le tailleur et les chaussures dont elle lui avait parlé, il remarqua un calendrier fixé à l’intérieur. Candy y avait noté plusieurs rendez-vous. Décidemment, elle ne pensait qu’à son travail pour afficher ça à cet endroit. Il vit qu’y était programmé celui d’aujourd’hui avec ce fameux Weldon, ainsi qu’un autre pour le trois janvier avec un certain Docteur Stone. Mais il espérait bien que d’ici là, tout serait rentré dans l’ordre et qu’ils seraient redevenus eux-mêmes.

Pour le moment il avançait précautionneusement avec les fameux escarpins de Candy. Il lui avait vraiment offert ça ? C’était une folie de marcher avec de tels talons et il manquait de perdre l’équilibre à chaque pas. Il passa devant le miroir et observa son reflet d’une oeil critique. Il s’en était plutôt bien sorti selon lui. Objectivement, il se trouvait très séduisante, et même sexy ? Il sourit. Sa femme était sexy ! Et lui avait très bon goût en matière de femme pour l’avoir choisie. Quel dommage qu’elle ait un caractère impossible !

Le téléphone sonna dans le salon. Il se précipita pour décrocher non sans se tordre la cheville dans sa hâte. Il lâcha un juron bien senti. Il jurait encore en décrochant le combiné.

« Terry ? Demanda sa propre voix. Tout va bien ?

- Bien sûr que non ! Aboya-t-il. Je suis dans ton corps, comment veux-tu que ça aille !

- J’en ai autant à ton service ! Rétorqua Candy, vexée. Comment réussis-tu à bouger un aussi grand corps. Je me fais l’effet d’être un gorille.

- Merci pour le gorille ! Si cela peut te consoler, je me suis déjà tordu trois fois la cheville avec ces instruments de torture que tu appelle des chaussures, et j’ai failli me crever un oeil avec ta brosse à mascara. »

Candy n’avait pas envie de rire. Il l’entendit pousser un profond soupir à l’autre bout du fil avant qu’elle ne reprenne d’une voix chevrotante.

« C’est trop horrible, Terry. Je veux retrouver mon corps et redevenir comme avant.

- Moi aussi, Candy. Tu n’imagine pas à quel point !

- Comment allons-nous faire ?

- Je n’en sais rien. Je ne sais même pas comment c’est arrivé. Mais je ne pense pas que nous réussissions à réintégrer nos corps si nous sommes chacun sur un continent. Il faut peut-être qu’on se retrouve, qu’on se touche ou...

- Alors laisse moi rentrer tout de suite !

- Non ! Ce contrat est trop important. Tu vas à la réunion en passant pour moi, tu signes et tu rentres à New York aussitôt après.

- Mais je n’y connais rien !

- Écoute moi bien. Tu trouveras dans ma mallette un exemplaire du projet de contrat. Certains passages sont surlignés en jaune, d’autres en vert. Tu ne dois rien céder sur les paragraphes en jaune. Par contre tu peux lâcher un peu de lest sur les verts. Tu as compris ?

- Oui, je ne suis pas idiote, quand même !

- Je n’ai jamais dis cela. Et si tu as le moindre doute, fies-toi à Mademoiselle Marlow. Elle connaît le contrat presque aussi bien que moi. »

Tiens ! La voilà qui arrivait sur le tapis celle-là ! Candy aurait eu bien des choses à dire au sujet de la « parfaite » secrétaire de son mari, mais ce n’était pas vraiment le moment.

« Concernant Weldon... Commença Candy.

- Ne t’inquiètes pas, je vais expédier ton rendez-vous vite fait.

- Je ne plaisante pas Terry ! La chaîne des hôtels Weldon, cela représente des centaines d’hôtels à travers le monde. Obtenir le marché pour la décoration de leurs chambres, c’est non seulement la fortune assurée, mais une formidable référence ! Et le vieux Weldon ne veux négocier qu’avec moi. Je dois pouvoir compter sur toi. »

Terry grommela quelque chose d’incompréhensible, mais qui disait nettement que son intention première avait été de traiter ce rendez-vous par dessus la jambe. Encore une preuve qu’il ne prenait pas son travail au sérieux ! Candy sentit une nouvelle fois la colère monter en elle, mais se retint.

« Terry ! Promet-moi que tu ne vas pas tout fiche en l’air ! Exigea-t-elle.
- D’accord ! Céda son mari. Je te promets de faire de mon mieux, mais je te rappelle que je n’y connais rien en décoration.

- Mais négocier des contrats, c’est ton domaine, non ? C’est un contrat comme un autre, voilà ce que tu dois te dire. Et pour tout le côté professionnel, tu n’auras qu’à laisser parler Archibald.

- Archibal Cornwell ? Il y sera aussi ?

- Oui. D’ailleurs il doit passer me chercher, enfin te chercher...

- Je croyais que ce Weldon ne voulait négocier qu’avec toi. Pourquoi cela d’ailleurs ?

- Disons qu’il est... un peu spécial. Mais tu n’as pas à t’en faire, surtout si Archie est là. »

Terry aurait bien voulu poser d’autres questions, mais une voiture s’arrêta devant la maison et klaxonna.

« Ta copine Archie est là, dit-il à Candy après avoir jeté un coup d’oeil par la fenêtre. Je dois y aller.

- Moi aussi. Ta « chère » Mademoiselle Marlow m’attend.

- Pourquoi prends-tu ce ton pour dire cela ? S’indigna Terry.

- Je prends le ton que je veux ! Répondit Candy d’un air pincé. Et nous allons avoir une longue discussion quand je serai rentrée.

- Bon sang, Candy ! Qu’est-ce que tu veux dire exactement ?

- Tu verras bien. »

Sur ces mots, elle lui raccrocha au nez. Terry resta un moment à fixer le téléphone qu’il tenait toujours dans sa main, aussi irrité qu’elle. Un second coup de klaxon le rappela à la réalité. Il attrapa le sac à main que Candy avait laissé dans l’entrée et rejoignit le collègue de sa femme à pas prudents. Dieu merci, il pourrait toujours dire que c’était pour éviter de glisser sur le verglas !


-----oooOooo-----


A peine Candy eut-elle ouvert la porte de sa chambre, qu’elle se trouva nez à nez avec la secrétaire de son mari.

« Terry ! Enfin !

- Mademoiselle Marlow ! Que faites-vous là ? Je vous avais demandé de m’attendre dans le hall !

- Je me faisais du souci pour vous. Je sais que vous êtes stressé, mais ce n’est pas une raison pour ne plus m’appeler par mon prénom. »

Avec horreur, Candy vit la jeune femme s’approcher en souriant. S’appuyant contre le corps de Terry, elle se mit à redresser son noeud de cravate de ses doigts habiles. De quel droit se permettait-elle un geste aussi intime ? C’était à elle, sa femme de faire ce genre de chose. Pas à cette mijaurée au regard froid. Elle recula d’un pas.

« Ce doit être l’influence de mon pays natal, argua-t-elle. En Angleterre, les familiarités entre patron et employé ne sont pas admises. Autant vous y habituer tout de suite.

- Mais nous sommes seuls !

- Je préfère éviter de commettre un impair. Tout est prêt ?

- Oui, bougonna Suzanna, la mine renfrognée. Le taxi nous attend en bas. »

Candy apprécia pour la première fois de posséder les longues jambes de Terry qui lui permirent de s’éloigner rapidement. Elle savoura bien peu charitablement le bruit précipité des talons de la secrétaire qui trottinait derrière en essayant de le rattraper. Hélas, son répit fut de courte durée. Dès qu’ils furent installés dans le taxi, Suzanna se rapprocha et posa une main indiscrète sur la cuisse de Terry.

« C’est à cause d’elle, n’est-ce pas ? Minauda la secrétaire.

- Je ne vois pas ce que vous voulez dire, Mademoiselle Marlow.

- Votre femme bien sûr ! Vous êtes toujours à cran quand vous vous disputez avec elle ! Je vous comprends. Depuis que vous m’avez raconté l’enfer qu’elle vous faisait vivre... »

Terry avait parlé de leur mariage avec sa secrétaire ! Candy avait soudain envie de vomir. Il n’avait pas osé faire une chose pareille ! Elle repoussa brutalement la main de Susanna qui lui palpait la cuisse. Ou ce qu’elle croyait être la cuisse de son mari.

« Mon mariage est un sujet qui ne regarde que ma femme et moi.

- Mais rappelez vous, insista la secrétaire. Ce soir où vous m’avez ramenée chez moi. Nous avons pris un verre, et même plusieurs... Nous étions sur la même longueur d’onde à ce moment. Nous avons la même formation, les mêmes centre d’intérêts, la même passion pour notre métier... Votre femme ne vous comprendra jamais, mais moi si ! Et une fois que ce contrat sera signé...

- Il n’est pas encore signé, Mademoiselle Marlow.

- J’ai hâte qu’il le soit, moi aussi. Vous m’avez promis que les choses changeraient dès que cette affaire serait conclue. Vous savez aussi bien que moi que vous devez prendre une décision. Cette situation ne peut plus durer. Vous devez parler à votre femme. »

Là, Candy était bien d’accord ! Il était grand temps qu’elle ait une conversation sérieuse avec Terry ! Elle se sentait de plus en plus mal pendant que des images répugnantes se formaient dans son esprit. Terry avait passé la soirée avec cette poupée peinturlurée ? Chez elle ? Ils avaient bu des verres et il s’était plaint que sa femme ne le comprenait pas ? Et ensuite qu’avaient-ils fait ? Elle posa les yeux sur les grandes mains qui étaient maintenant les siennes. Avec des mains pareilles, il serait facile de tordre le cou de cette secrétaire de malheur ! L’idée était tellement séduisante que Candy leva les bras prête à tenter l’expérience, mais la raison l’emporta sur la rancoeur. Toutefois cette voleuse de mari ne perdait rien pour attendre !

Candy réalisa qu’ils étaient arrivés à destination. Elle sortit du taxi encore folle de rage. Ils furent accueillis pas le président de la société qui les conduisit lui-même en salle de réunion. Elle serra des mains sans s’en rendre compte en essayant de retrouver son calme, puis prit place à la table des négociations. Pressés d’en finir, ses interlocuteurs entrèrent tout de suite dans le vif du sujet : la fusion qui les réunissait. Elle réalisa très vite que le projet élaboré par Terry avait déjà envisagé toutes les éventualités. La discussion consistait surtout à tourner les pages du projet de contrat en faisant quelques commentaires insignifiants. S’il ne s’agissait que de cela, la signature serait vite expédiée.

Les pensées de Candy ne tardèrent pas à vagabonder vers ce qu’elle ferait une fois de retour à New York. En plus de récupérer son corps, il allait falloir qu’elle récupère son mari ! Mais était-il possible de récupérer quelqu’un qui ne voulait plus de vous ? Cette Suzanna avait l’air si sûre d’elle. Et si ce contrat n’était pas la véritable raison du caractère exécrable de Terry ces derniers temps ? S’il était tombé amoureux d’une autre femme ? La chipie assise à côté d’elle avait eu l’air de dire que Terry attendait que ce contrat soit signé pour lui parler. De quoi ? Allait-il lui annoncer qu’il en aimait une autre ? Non ! C’était impossible ! Pas maintenant ! Avait-elle attendu trop longtemps pour lui parler ? Le coeur de Candy se mit à battre très fort. Les propos des participants lui parvenaient à travers une sorte de brouillard lorsqu’elle réalisa que sa voisine lui donnait de vigoureux coups de pied sous la table. Elle croisa le regard furibond de Mademoiselle Marlow qui se posa avec insistance sur le projet de contrat posé devant elle. Candy fit un effort pour se concentrer. De quelle couleur était ce paragraphe ? Jaune. Ne rien céder. De toute façon, qu’y comprenait-elle à toutes ces histoires de fusion, acquisition et stock-options ? Par contre, parmi les mots prononcés par son interlocuteur, il y en avait qu’elle comprenait très bien : Fermeture d’usine, licenciement et chômage. Elle fronça les sourcils et son vis à vis s’interrogea.

« Monsieur Granchester ? Nous sommes toujours d’accord pour fermer ces deux établissements, n’est-ce pas ? »

Candy s’éclaircit la gorge et demanda posément :

« C’est ce qui était convenu en effet. Combien de personnes cela représente-t-il exactement ?

- 350 personnes. Les chiffres n’ont pas changé.

- Je voudrais juste savoir ce que vous avez prévu comme mesures de reclassement pour tous ces gens. »

Un grand silence se fit autour de la table. Les industriels anglais se regardaient sans comprendre tant la question les surprenait.

« Il n’a jamais été question de cela, argumenta l’un d’eux. Nous paierons les indemnités de licenciement au minimum syndical, bien sûr, mais c’est tout. »

Candy était atterrée. Son mari envisageait de laisser sur le carreau 350 personnes. Le Terry qu’elle connaissait ne pouvait pas être aussi insensible. Ce n’était pas le genre de l’homme dont elle était tombée amoureuse. Et s’il avait changé au point de devenir aussi dur, qu’il ne compte pas sur elle pour cautionner ça ! Au diable cette maudite couleur jaune !

« Je crains Messieurs qu’il ne vous faille revoir votre position.

- Mais, mais... Bafouilla le président, ce point n’a jamais été évoqué ! Ces usines sont déficitaires depuis des années, le textile est en crise dans la région et...

- Ce qui signifie que ces employés auront d’autant plus de mal à retrouver un emploi. D’où la nécessité de mesures de reclassement.

- Mais cela va coûter horriblement cher !

- Cette fusion va vous rapporter des millions, fit remarquer Candy, et vous chipotez pour quelques centaines de milliers d’euros ?

- Nous n’avons pas l’intention d’amputer les profits que nous comptons tirer de cette opération.

- Je vois que vous êtes âpres au gain, Messieurs. Sachez que moi aussi, mais pas à n’importe quel prix. Mon offre est ferme et définitive, mais elle implique que vous preniez en charge le coût du reclassement de ces salariés.

- Nous pourrions décider de traiter avec quelqu’un d’autre... Insinua le directeur financier. »

Le coeur de Candy se mit à battre plus vite. Aïe ! La tuile ! Terry allait être fou de rage ! Elle se leva aussi calmement que possible et posa un sourire confiant sur son visage.

« C’est à vous de voir. Je peux moi aussi choisir d’investir ailleurs. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent. »

Puis elle sortit, flanquée d’une Suzanna Marlow à la respiration précipitée. Dès qu’elle furent dans le taxi celle-ci laissa exploser sa fureur.

« Terry ! Qu’est-ce qui vous a pris ? Depuis quand le sort de ces ouvriers vous préoccupe-t-il ? Pourquoi avez-vous fait cela ?

- Je suis encore le patron, Mademoiselle Marlow, rétorqua Candy en croisant les bras comme elle avait vu si souvent Terry le faire.

- Mais vous aviez promis que dès que le contrat serait signé, les choses changeraient entre nous ! Geignit Suzanna. Et maintenant, on dirait que vous faites tout pour retarder la signature.

- Quand j’aurais besoin de votre avis, je vous le demanderai. Nous allons rentrer à l’hôtel et je veux que vous me trouviez tous les renseignements possible sur ces deux usines. Je veux tout savoir.

- Mais...

- Vous êtes ma secrétaire, Mademoiselle Marlow. Je vous ai emmenée à Londres pour le travail, pas pour un voyage d’agrément. Donc mettez vous au travail. »

Voilà qui allait occuper cette sale bonne femme toute la nuit ! Songea Candy avec jubilation. Bien fait pour elle ! Que Suzanna soit la maîtresse de Terry ou pas, elle ne savait pas à qui elle avait affaire ! Ce n’était qu’une petite vengeance, mais elle mit du baume au coeur de Candy. Restait maintenant à affronter Terry.


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A New York, Terry s’engouffra dans la voiture d’Archibald Cornwell en serrant les dents. Il n’avait fait que traverser le jardin et il était déjà gelé ! Le froid s’insinuait sous sa jupe et ce n’était pas le minuscule string qu’il avait choisi de porter qui allait l’aider. En plus, la ficelle lui rentrait dans la raie des fesses et n’améliorait pas sa démarche déjà hésitante à cause des talons aiguilles. Il avait déjà bouclé sa ceinture de sécurité quand il réalisa que l’autre n’avait toujours pas démarré. Le collègue de sa femme le fixait avec des yeux écarquillés.

« Qu’est ce qu’il y a ? Demanda-t-il irrité.

- Whaouw ! Tu es éblouissante aujourd’hui ! »

Terry se rengorgea. Venant d’un homme qui ne s’intéressait pas aux femmes, le compliment était plutôt flatteur.

« Cesse de dire des bêtises, et démarre. Sinon nous arriverons en retard à notre rendez-vous. Tu m’as déjà vue avec ce tailleur.

- Oui, mais d’habitude tu portes un chemisier en dessous. »

Un chemisier ? Quel chemisier ? Candy ne lui avait pas parlé d’un chemisier. Elle avait dit : Mon tailleur noir, et c’était tout ! De plus, il avait déjà vu sa secrétaire venir au travail dans une tenue semblable, donc cela ne l’avait pas choqué outre mesure. Il est vrai que quand elle faisait cela, tout le personnel masculin défilait dans son bureau et lorgnait sur son décolleté...

« Toi, tu t’es encore disputée avec ton mari. Reprit Archibald en s‘insérant dans la circulation.

- Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Demanda Terry contrarié.

- Parce que je te connais ! Chaque fois que vous avez des mots, tu portes un soin tout particulier à ton apparence le lendemain. Mais lui bien sûr ne s’en rend même pas compte. »

Terry fronça les sourcils. Candy faisait-elle réellement cela ? Il n’avait rien remarqué ! Il est vrai que lorsqu’ils se disputaient, c’était à peine s’ils se regardaient le lendemain. Mais cet Archibald l’avait relevé, lui. Et cela mettait Terry très mal à l’aise.

« Nous sommes là pour travailler. Mon mariage relève du domaine privé.

- Pas pour moi, ma chérie, tu le sais bien. Surtout s’il interfère avec le boulot. Et quand il te verra, je doute que Weldon ait la tête aux affaires. Enfin je suppose que tu sais ce que tu fais. »

Terry aurait voulu en être aussi sûr, mais au point où il en était, il n’était plus certain de rien. Il resta silencieux le reste du trajet, essayant d’ignorer les regards appuyés que le collègue de sa femme posait sur ses jambes.

Une secrétaire les conduisit jusqu’au bureau du directeur de la chaîne des hôtels Weldon. Terry sursauta lorsqu’ Archibald le prit familièrement par le coude avant d’entrer.

« Tu n’as pas l’air dans ton assiette. Tu est sûre que ça va ?

- Tu as raison, je suis un peu patraque, reconnut Terry. Il vaudrait peut-être mieux que tu conduise la discussion.

- Je vais faire de mon mieux, promit Archie. Mais tu connais Weldon. Si tu n’étais pas là, il n’aurait même pas jeté un oeil sur mes esquisses. Tu vas le faire manger dans ta main dans cette tenue. Alors ? Prête à affronter le vieux cochon ? »

Stupéfait, Terry ouvrit la bouche pour poser des questions, mais déjà ils entraient dans le grand bureau et Robert Weldon s’avançait vers eux. De toute façon, il lui suffit de voir les yeux brillants du vieil homme pour que les explications deviennent inutiles. Celui-ci couvait Candy d’un regard brûlant qui valait tous les discours et n’accordait à Cornwell qu’une attention polie. Il les fit asseoir dans un profond canapé, ce qui eut pour effet de faire remonter la jupe de Candy sur ses cuisses. Gêné comme il ne l’avait jamais été, Terry ne savait comment mettre ses jambes pour en révéler le moins possible. Leur interlocuteur préféra rester debout, ce qui lui offrait une vue plongeante sur le décolleté de la jeune femme. Il ne cessait de tourner autour de son fauteuil, lui effleurant les cheveux, les épaules, mais de manière si subtile, que Terry, qui bouillait de rage, ne pouvait l’accuser ouvertement de lui faire des avances. Par Saint Georges ! Candy avait-elle souvent affaire à ce genre de type ! Comment faisait-elle pour supporter cela ? Lui n’avait qu’une envie, écraser la figure de ce vieil obsédé ! Dieu Merci, Cornwell connaissait son métier. Un seul coup d’oeil suffit à Terry pour apprécier les esquisses que celui-ci fit passer à celle qu’il croyait être sa collègue. La sobriété du décor représenté donnait une classe folle à l’ensemble. Trop de classe pour un sale type comme Weldon. Mais il avait promis de ne pas gâcher les chances de Candy de décrocher ce marché. Il tendit quelques dessins à Weldon et garda les autres sur ses genoux, espérant ainsi dissimuler ses jambes. Mais il en fallait plus pour arrêter l’homme. Il vint s’asseoir près de lui, si près que leurs hanches se touchaient. Weldon tendit la main pour s’emparer des dessins que Terry avait gardé et lui caressa le genou sans aucune gêne. C’en était trop pour le jeune homme qui se leva d’un bond.

« Ce projet vous séduit-il, Monsieur Weldon ? » Demanda Terry, pressé de conclure cet entretient.

Le président détailla de la tête aux pieds, la jeune femme qu’il avait en face de lui, s’arrêta sur le renflement de sa poitrine que le malaise de Terry faisait se soulever à un rythme précipité, détailla ses jambes pendant que Terry regrettait de plus en plus de ne pas porter un pantalon.

« Je suis séduit, c’est indéniable, reconnut Weldon avec un sourire qui disait clairement qu’il ne parlait pas des projets proposés. Ce que j’ai vu jusqu’à présent est très tentant. J’apprécierais beaucoup d’en voir plus... Mon planning est assez chargé en ce moment, mais je pourrais sans doute me libérer un soir... Que diriez-vous de dîner avec moi, chère Madame , Vous pourriez ainsi tout me dévoiler. »

Même pas en rêve ! Songea Terry. Que ce salaud s’approche de ma femme, et je lui démolis sa sale gueule d’obsédé ! Il serrait déjà les poings quand un détail lui revint en mémoire au sujet du Groupe de Weldon : Sa femme détenait toujours la majorité des parts ! Bien qu’elle préférât abandonner la gestion à son mari, elle avait toujours sa place au conseil d’administration. Que dirait-elle si elle apprenait la manière dont son mari tentait d’obtenir la faveur d’autres femmes ?

« Pourquoi pas, susurra-t-il d’un air enjôleur. Mon mari et moi-même serions ravis de faire la connaissance de votre épouse. On dit qu’elle a un goût très sûr en matière de décoration. J’adorerai m’entretenir avec elle. »

Aussitôt, le visage de Weldon se ferma. Il rassembla les feuilles éparses du projet et prit place derrière son bureau; signifiant que l’entretient était terminé.

« Je vous ferais part de la décision du conseil d’administration, lâcha-t-il, laconique. »

Archibald se leva à son tour et Terry et lui regagnèrent leur voiture. A peine furent-ils installés qu’Archie se jeta sur sa collègue pour la prendre dans ses bras au grand dam de Terry.

« Tu as été formidable, Candy ! Tu as mouché ce vieux cochon de manière admirable ! »

Terry le repoussa de son mieux, mais ne put éviter le baiser sonore qu’Archie posa sur sa joue.

« Bien sûr, il risque d’enterrer notre proposition dans un tiroir de son bureau et de ne pas la présenter à son conseil d’administration. Monsieur Brighton ne sera pas content. »

Aïe ! Le patron de Candy ! Terry savait qu’il comptait sur ce marché. Si celui-ci lui passait sous le nez, c’était sa femme qui risquait d’en faire les frais. Elle serait furieuse une nouvelle fois, mais tant pis. Elle non plus n’aurait pas accepté d’être traitée comme un bonus pour décrocher une commande.

« Je te ramène au bureau ? Demanda Cornwell.

- Non. De toute façon, je suis en vacances à partir de ce soir. Je vais les prendre avec quelques heures d’avance. Je me sens épuisée.

- Pas de soucis. Je te couvrirai s’il le faut, assura Archibald. »

Terry ne mentait pas. Il y avait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi fatigué. Il se laissa aller contre le dossier et essaya de réfléchir à ce qu’il ferait dès que Candy serait de retour. Arrivé devant chez lui, il sortit rapidement de la voiture, ramassa le courrier dans la boîte aux lettres et marcha vers la porte d’entrée en cherchant ses clefs dans le sac de sa femme. Il fut surpris de constater qu’Archibal l’avait suivi.

« Tu ne me proposes pas d’entrer ? demanda celui-ci avec un sourire suave. »

Avant que Terry trouve une excuse, Cornwell l’avait suivi dans l’entrée et refermait la porte derrière lui. Aussitôt il prit son amie dans ses bras.

« Ah, Candy ma chérie ! Murmura-t-il dans ses cheveux en la serrant contre lui. Cesse de te morfondre pour le mufle qui te sert de mari ! Tu n’es plus heureuse avec lui. Tandis que moi... Tu connais mes sentiments, Candy. Qu’attends-tu pour me donner la réponse que tu m’as promise ? »

Terry essayait vainement de repousser le jeune homme, mais celui-ci le tenait trop fort. De plus, il était obligé de lever les yeux pour le regarder, ce qui le déstabilisait lui qui avait l‘habitude de dominer ses interlocuteurs. Lorsqu’il croisa le regard de braise d’Archibald, il en resta bouche bée. Jusqu’à aujourd’hui, il aurait mis sa main au feu que Cornwell avait une préférence pour les garçons. Mais la lueur qui brillait dans ses prunelles disait tout autre chose. C’était l’amour éperdu d’un homme pour une femme, SA femme !

« Ça suffit, Archibald ! S’exclama-t-il en se dégageant brusquement. Je suis mariée !

- Tu n’as pas toujours dis cela quand tu venais pleurer sur mon épaule, soupira Archibald. Je te souhaite de passer de bonnes vacances Candy. Tu sais où me trouver si ton mari oublie de rentrer pour les fêtes. »

Lorsque Cornwell fut parti, Terry s’adossa à la porte, abattu. Quand il s’était réveillé ce matin dans le corps de sa femme, il avait cru que rien ne pouvait être pire. Mais découvrir ces pans de la vie de Candy qu’il ignorait alors qu’il pensait si bien la connaître, était encore pire. Pourquoi ne l’avait-elle jamais corrigé quand il faisait des allusions aux préférences sexuelles d’Archibald ? Et qu’y avait-il entre Candy et ce dandy pour qu’elle aille pleurer sur son épaule ? Pleurait-elle à cause de lui ? Ce n’était pourtant pas sa faute si leur couple battait de l’aile. Il fallait qu’ils trouvent le moyen de redevenir eux-mêmes, et ensuite ils auraient une explication franche. Mais pour le moment, il fallait qu’il dorme un peu. Il n’en pouvait plus.

La sonnerie du téléphone l’arrêta alors qu’il traversait le salon.

« Terry ?

- Candy, enfin ! Quand reviens-tu ? »

Le silence à l’autre bout du fil lui fit oublier sa fatigue.

« Tout c’est bien passé ? Tu as signé le contrat comme prévu ?

- C’est à dire que... Il y a eu un petit problème...

- Bon sang, Candy ! Je ne peux vraiment pas te faire confiance ! Tout ce que tu avais à faire, c’était de suivre mes instructions, signer cette fusion, et revenir ! Et tu as réussi à tout faire foirer ! Un an que je prépare ce contrat ! Tu mériterais que je...

- Il était horrible, ton contrat ! Je ne comprends pas que tu ais pu seulement envisager de mettre ainsi au chômage 350 personnes juste avant Noël ! Je ne te reconnais plus, Terry. Je comprends qu’on ne s’entende plus, si tu es devenu aussi insensible. Et puis, tout n’est pas perdu. Ils doivent me rappeler demain. Je leur ai posé un ultimatum et...

- Tu as fait quoi ?! Un ultimatum ?! Ils vont tout envoyer à la poubelle et se tourner vers quelqu’un d’autre, oui ! Je ne suis pas le seul repreneur sur les rangs, figure-toi !

- Qu’ils fassent leurs sales coups sans toi, dans ce cas !

- Tu es totalement irresponsable, voilà ce que tu es ! S’emporta Terry. Je ne vois plus qu’une solution : Je prends le premier avion et je te rejoins à Londres ! En espérant que je puisse rattraper tes bêtises, sinon je ne te le pardonnerai pas ! »

L’esprit en ébullition, il lui raccrocha au nez. En toute hâte, il appela l’aéroport pour réserver une place sur le prochain vol en partance pour l’Angleterre. Il prépara ensuite une valise du mieux qu’il put, mais il était tellement en colère, qu’il fourra un peu tout et n’importe quoi dans ses bagages. Toujours furieux, il attendit le taxi qui devait venir le chercher. Pour essayer de se calmer, il consulta le courrier qu’il avait posé sur le meuble de l’entrée. Un enveloppe attira son attention. Elle portait le logo d’un cabinet médical. Cabinet du Docteur Stone : Où avait-il déjà vu ce nom ? Ah oui ! Le dressing de Candy. La colère de Terry monta d’un cran. Non seulement elle réduisait à néant un an de son travail, mais voilà qu’elle ne se gênait pas pour se faire adresser à la maison son courrier professionnel. Il n’éprouva aucun remord à ouvrir la lettre.

Quand le taxi arriva vingt minutes plus tard, Terry était toujours à la même place. Les yeux écarquillés et la bouche ouverte il fixait sans la voir la lettre qu’il avait ouverte. Celle-ci n’avait rien de professionnel. Adressée à Candy, elle lui confirmait son rendez-vous du 3 janvier pour sa première visite prénatale.


A suivre

view post Posted: 8/12/2021, 18:57     Mefiez-vous des lutins du Pere Noël - Les fanfictions de Noël
Ola le fofo!!!
Bon, je poste le premier chapitre de notre fic à Dino et moi, sous ce pseudo, puisque le forum à décidé de ne pas vouloir me reconnaitre. J'ai beau essayer, il revient toujours à la page "Accède", alors ça m'agace!!! :lol:
Je pars demain soir pour le réveillon chez ma soeur, alors en attendant mon retour, je vous souhaites à toutes de passer un très bon réveillon, et un JOYEUX NOEL!!!

Bonne lecture!
Bisoussssssssss
Bridget25


Chapitre 1



La moquette rouge carmin, absorbait les pas rapides de la jeune femme, montée sur de hauts talons. Elle courait d’un bout à l’autre du couloir, transportant sous son bras trois gros dossiers débordant de feuille. Entre ses lèvres, elles avait coincé son stylo afin de permettre à ses mains de porter les importantes photocopies qu’elle devait encore traiter avant de quitter son bureau. Elle lâcha le tout sur le meuble avant de s’asseoir et faire pivoter son fauteuil face à son ordinateur. Sa boite mail clignotant en continue, lui annonçait que le peu de temps qu’elle avait passé à la photocopieuse, avait servit à ses contacts pour la bombarder. Un rapide coup d’œil à sa montre lui rappela qu’elle n’était pas en avance sur son horaire. Allez, juste un dossier, après elle s’en ira. De toute façon, elle n’avait pas le choix que de s’activer vite, puisqu’après elle était attendue, et dieu savait que ce rendez-vous avait horreur de poireauter. Oui mais, entre le téléphone, les messages, le courrier et quelques papiers importants supplémentaires, les minutes s’écoulèrent bien trop rapidement. Ce fut donc un appel hurlant qui la rappela sur sa course qui devenait urgente. Au bout du fil, son interlocuteur aboyait tellement fort, qu’elle dû éloigner le combiné de son oreille. Elle n’eut pas le temps de placer un mot que déjà son correspondant raccrochait en braillant qu’elle devait arriver dans la demi-heure. Elle soupira puis se rendit vers son porte manteau afin de s’habiller pour sortir. Tant pis, les dossiers attendront demain après-midi maintenant.
En quittant la chaleur du building, elle fit face aux bourrasques de vent et aux flocons qui recommençaient à tomber. La nuit était installée depuis une bonne heure déjà et les illuminations joyeuses de la ville coloraient le sol, plus ou moins blanc, de leurs lumières. Nous étions le mercredi 18 Décembre et dans une semaine aurait lieu Noël. Fête qui symbolisait la naissance du Christ certes, mais de nos jours, vue comme le plus grand évènement commercial de l’année. Les boutiques faisaient des promotions partout, les bijouteries ventaient leurs joyaux et parures bon marché, quant à la nouveauté de ces dernières années : les pharmacies s’y mettaient aussi. Elles vendaient des produits minceurs et crème de soin avec pour slogan « A la fin des fêtes, reprenez votre ligne parfaite ». Tu parles oui... Elle haussa les épaules et réajusta son chapeau cloche avant de se mettre en route vers sa voiture. Prudemment, elle avançait sur le trottoir recouvert ça et là de plaque de givre. Elle devait prendre garde à ne pas glisser avec ses talons, sous peine de se casser une jambe et de se trouver totalement immobiliser pour les semaines à venir.
Finalement elle gagna son véhicule et inspira profondément alors que le vent ne lui fouettait plus le visage. La buée qui s’échappa de ses lèvres semblait pouvoir se transformer en petits glaçons qui tomberaient sur ses genoux. Le froid glacial n’avait pas épargné l’intérieur de la voiture et la condensation qui se forma sur le pare-brise allait rendre sa conduite plus difficile. Elle prendrait bien le temps de voir le chauffage faire son office et réchauffer ses doigts raides, mais une certaine personne courroucée ne manquerait pas de le lui faire payer cher. De toute façon, ce grognon était d’une humeur massacrante depuis quelques temps déjà. Il avait changé de comportement si radicalement qu’elle en était encore à se demander ; pourquoi ? Elle n’avait rien fait qui méritait une pareille attitude et mainte fois elle avait essayé d’en discuter. Les réponses étaient toujours les mêmes : « Le travail est stressant et le tien n’arrange rien ». Oui, sauf qu’elle, elle ne devait pas partir tous les quatre matins à l’autre bout du monde pour le travail. Ca lui était déjà arrivé de devoir se rendre dans tel ou tel pays. Après tout, elle était décoratrice d’intérieur et son emploi, bien que très plaisant puisqu’il lui permettait de mettre en pratique son art de l’aménagement, avait aussi ses inconvénients. Mais de là à lui reprocher son métier, il y avait des limites. Si elle devait lui rappeler que depuis qu’il était passé PDG ils ne se voyaient plus jamais, il ferait sans doute des bons dans toute la maison. Mais cela serait la stricte vérité et connaissant son époux comme elle le connaissait, il prendrait se reproche comme excuse pour alimenter une nouvelle dispute. Franchement, elle en avait assez de continuellement se battre avec lui. Son caractère et sa mauvaise foi étaient devenus si acérés qu’il en devenait insupportable. Elle ne comptait plus les soirées à dîner seule dans la cuisine alors que monsieur mangeait dans le salon. Elle ne comptait plus non plus le nombre de nuit passée chacun d’un côté du lit et se tournant le dos sans s’adresser un mot. Pas plus qu’elle ne comptait le nombre de larme qu’elle avait versé en écoutant les paroles acerbes qu’il lui envoyait en pleine figure. Comment ce garçon charmant qu’elle avait rencontré au court d’un de ses voyage à Londres, avait pu devenir aussi froid ? Lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois, il s’était mis en quatre pour la séduire. Elle se souvenait combien il était passionné, déterminé, doux et aimant. Bien évidemment elle n’avait pas résisté longtemps au charme du noble Anglais et en était tombée éperdument amoureuse. Ils s’étaient mariés quelques mois plus tard et ensembles s’étaient installé à New-York où il reçut le poste de sous-directeur des entreprises familiales basées en Amérique. Cela faisait combien de temps ? Cinq ans. Cinq années à ne vivre et ne respirer que pour lui. Mais depuis le début de l’année, son air était devenu irrespirable. Depuis qu’il était devenu PDG en fait. Ce poste avait été une aubaine pour lui, même si cela voulait dire qu’il devait se déplacer encore plus souvent qu’avant. A partir de là, leur entente commença à battre de l’aile, jusqu’à ce que les disputes devinrent journalière. Sa collègue lui avait alors conseillé de prendre des vacances et tenter de remettre de l’ordre dans son couple. Suivant ces bonnes paroles elle avait réussit à poser quelque congé en même temps que lui. Elle était folle de joie à l’idée de pouvoir enfin profiter de son époux pendant sept jours complets. Quelle désillusion lorsqu’en rentrant, elle apprit qu’il annulait ses vacances et parti, le soir même, pour Rio pendant toute la semaine. Et c’était comme ça à chaque fois, alors elle décida de ne plus prendre de congé avant les fêtes de fin d’année. Dans quelques jours, elle sera en vacances pour deux semaines... Et espérait bien que tout s’arrangerait pendant ce lapse de temps.
Elle regarda encore une fois sa montre. Depuis longtemps cet objet était devenu à la fois son meilleur ami et son cauchemar. Le feu passa au vert et rapidement elle s’engagea dans la circulation. Si elle arrivait avec ne serait-ce qu’une minute de retard, elle allait encore en prendre pour son grade. Agacée à son tour, elle fronça les sourcils et serra les dents. Elle aussi avait du affuter son caractère afin de répondre aux provocations de sa moitié. Elle aussi savait l’envoyer balader et être aussi sèche dans ses arguments. Elle était devenue ainsi... Il l’avait faite devenir ainsi !
......
De son côté, il ne décolérait pas. Elle avait déjà dix minutes de retard et ses chances de rater son avion s’agrandissaient au fil du temps qui passait. Il était dehors à faire les cent pas, allant de la porte d’entrée de la maison, jusqu’au portail du jardin afin de surveiller son arrivée. Chaque fois qu’il regardait sa montre, son agacement augmentait d’un cran. Elle ne perdait rien pour attendre et lorsqu’elle apparaitrait devant lui, il saurait lui faire savoir. Une voiture se fit entendre au loin dans le riche quartier résidentiel où ils vivaient. Vif comme l’éclair il remonta l’allée et se jeta sur le portail, elle arrivait enfin... Non, c’étaient les Springfield qui revenaient de leur journée. L’ongle de son pouce entre ses dents, il s’acharna sur ce dernier, maugréant quelques jurons. Sa montre, quelle heure était-il... Pas plus d’une minute ne s’était écoulée depuis la dernière fois qu’il l’avait regardé. Mais que faisait-elle ? Décidément, il ne pouvait pas compter sur elle. Il le savait, il aurait dû prendre un taxi. Mais c’était elle qui avait insisté pour l’accompagner à l’aéroport, prétextant qu’elle voulait lui dire au-revoir. Foutaise, il ne partait que pour une semaine tout au plus. Quel besoin avait-elle de le conduire comme s’il était un enfant partant en colonie ? Quoiqu’il en soit, la prochaine fois il prendrait un taxi, lui au moins saurait être à l’heure. Ce n’était pourtant pas compliqué de suivre un horaire bon sang ! S’il agissait comme elle, sa boite aurait depuis longtemps coulée. La ponctualité était une chose des plus sérieuses, mais madame s’amusait à ne pas la respecter. Il avait dû l’appeler pour la faire quitter son bureau, sans quoi combien de temps aurait-elle encore passé là-bas ? Elle savait qu’il devait être impérativement à Londres demain après-midi sans faute. Ce contrat pour lequel il avait passé son année entière à se dévoué devait être signé demain ! Il n’avait pas le droit de rater une chance pareille.
Allant encore au portail, il grimaça en ne constatant que le calme du quartier. Que cherchait-elle en l’irritant de la sorte ? Une nouvelle dispute ? Ne pouvait-elle tout simplement pas être une épouse sérieuse prête à le soutenir comme il se devait ? Agissait-elle avec autant de désinvolture à son travail ? Ne respectant aucun horaire et n’en faisant qu’à sa tête ? Il était évident que non, sinon elle aurait depuis longtemps perdu sa place. Alors, elle savait être ponctuelle avec ses collègues et son chef, mais pour LUI, son propre mari, ces principes ne valaient pas !!
Il alla s’assoir sur les marches du perron et posa ses coudes sur ses genoux en inspirant profondément... Il était clair que l’harmonie de leur couple n’allait plus depuis un moment et cela depuis qu’elle avait prit le poste d’adjointe au directeur général de sa boite. Depuis le début de l’année ils ne se voyaient plus et pour deux causes : Lui ses déplacements, elle ses horaires infernaux... et le peu de temps qu’ils passaient ensembles, c’était pour se bagarrer. Quelle ambiance lourde. Une atmosphère comme celle-ci lui donnait encore plus envie de partir que de rester ici. Au moins, quand ils ne se voyaient pas, ils arrivaient à discuter à peu près posément. Elle avait changé aussi. Qu’était devenue la femme joyeuse et vive qu’il avait rencontré à Londres ? Elle avait disparut afin de ne laisser qu’une femme amère et froide. Les moments d’intimité qu’ils s’offraient étaient devenus trop rare, par exemple, le dernier datait de deux mois. Il ne l’avait pas prise dans ses bras une seule fois depuis. Bien sur, il fallait dire aussi que leur « entente » ne leur permettait pas un câlin sous la couette, mais plutôt un quotidien où chacun faisait ce qu’il avait à faire de son côté. A la maison, c’était à peine si il ne dormait pas dans le canapé.
Sa femme, celle qu’il avait épousé il y avait cinq ans, semblait ne plus exister. Avant elle serait arrivée avec une heure d’avance afin de profiter de lui un maximum, maintenant, elle se permettait de prendre du retard ! Il se leva agacé et avança dans l’allée comme une voiture s’approchait vivement. Lorsque le véhicule stoppa à sa hauteur il poignarda du regard le chauffeur qui abaissait la vitre passager. De sa voix grave il lança :
« Une demi-heure de retard ! Es-tu satisfaite ?
- Ca va Terry, il n’y a pas que toi qui travaille !
- Assez bavardé pour ne rien dire Candy, je vais rater mon avion.
- Alors monte au lieu de râler sur le trottoir. »
La potière claqua sans ménagement et la route se fit dans le silence. Candy se concentrait sur la circulation et Terry accoudé à la portière, regardait le paysage défilé. D’ailleurs il ne défilait pas assez vite à son goût et se pencha sur le compteur afin de voir à quelle vitesse ils roulaient. Il leva ses sourcils et soupira de contrariété.
« Quoi ? Demanda Candy
- Est-ce que tu es capable d’accélérer ?
- Avec la neige qu’il y a partout ? Pas question, nous aurions un accident.
- Gare toi là !
-Où ?
- N’importe où mais fait vite ! Répondit-il presque en cirant. »
Alors, elle se gara et le vit descendre pour prendre sa place derrière le volant. Elle n’eut pas le temps d’attacher sa ceinture que déjà il fonçait pied au planché. Elle se cramponna à la portière alors qu’il déboîtait les autres conducteurs trop lents. Top chrono ils mirent vingt minutes pour arriver à l’aéroport alors que Candy en aurait mit le double.
Il se détacha et avant de sortir de la voiture elle lui dit amèrement :
« Tu es plus pressé pour partir que pour revenir à ce que je vois.
- De quoi tu parles ? Si tu n’avais pas traîné au boulot je n’aurai pas eut à rouler si vite.
- Oui et pour ton retour, tu conduiras de la même manière ? Oh non j’y suis... Ton soi-disant voyage d’une semaine pourrait se prolonger de quelques jours supplémentaires. Je te rappelle que c’est Noël mercredi prochain.
- Je le sais, je ne suis pas encore sénile.
- Seras-tu là ? Jures-tu d’être de retour pour mercredi ?
- J’en sais rien. Mais si tu continues d’être aussi désagréable, je le passerais volontiers avec ma famille.
- Toi et ton père ? Laisse moi rire ! Terry, plus tu vieillis, plus tu deviens aussi grincheux que lui.
- As-tu fini tes compliments charmants ? J’ai un avion à prendre et pas de temps à perdre avec toi ! »
Elle ne répondit rien et le vit quitter la voiture pour prendre sa valise. Sans lui dire au revoir, sans même l’embrasser, il lui tourne le dos et s’avance vers le bâtiment. A son tour elle le suit, mais il marche vite :
« Terry, ralentis s’il te plait !
- Je suis déjà en retard !
- Mais tu sais bien que tu as 2 heures d’avances
- Non je n’en ais plus qu’une et demi et j’aurai l’obligeance de ne pas dire à cause de qui ! »
Comme il disait ça, ils furent arrêter par une femme déguisée en lutin qui agita sa cloche en disant : « Faites un don pour le Noël de l’armée du salut ! En cette période de l’année, pensez à ceux qui en bénéficieront et pourront profiter d’un bon repas, de vêtements chauds ou tout autre don que vous ferez ! Faites un don pour le Noël de l’armée du salut ». Puis elle s’approcha du couple avec son petit chaudron et leur cria :
« Pensez aux personnes qui n’auront qu’un bout de bois pour se chauffer et que quelques chemises trouées pour se vêtir »
« Raaaaaa, elle ne peut pas aller beugler ailleurs ? » Pensa Terry. Il se tourna sur le stand et vit un homme habillé en père Noël, faire aussi la quête pour leur cause. Ce dernier se tourna vers lui et lui sourit en arborant un : HO HO HO, Joyeux Noël !!!
Le lutin sourit à Terry en secouant son chaudron. Obligé, il sorti son portefeuille et demanda :
- Ecoutez Mme...
- Mlle... Mais appelez moi Tasia.
- Lutin Tasia ? Mmmm, si vous voulez. Je n’ai que cinquante dollars sur moi, est-ce que... ?
- Ce sera parfait ! Merci pour eux monsieur ! »
Ravie de sa collecte, elle s’éloigna un peu et pu entendre ceci :
« Bon Candy je n’ai pas besoin que tu me suives jusque dans l’aéroport, je suis un grand garçon, je saurai me retrouver.
- Alors... Je ne peux même pas te dire au-revoir ?
- Ton travail t’a trop prit de temps, ironisa-t-il.
- Je rêve ? Explosa-t-elle. Je voudrais bien te voir à ma place tiens ! Tu crois que je m’amuse peut-être ? Tu n’as pas de leçon de moral à me faire sur mon emploi, quand le tien t’envoie tous les trois jours à l’autre bout de la terre ! T’ai-je déjà reproché ça ?
- Je n’ai pas le choix, je suis né dans ce monde, y ais grandit et dans quelques années j’en prendrai la totale direction ! Tu crois que c’est facile pour moi de toujours partir ? Moi aussi je souhaiterais te voir à ma place ! Tu rigolerais moins et te rendrais compte que c’est pas toujours une partie de plaisir ! »
Il furent interrompu par une voix féminine qui arrivait à leur hauteur et appelant Terry :
- Mr Grandchester, je ne pensais plus vous voir. Notre vol a été avancé, nous devons décoller dans trois-quarts d’heure.
- Ah, Mlle Marlowe, merci de m’avoir avertis. Vous êtes une formidable secrétaire, j’arrive tout de suite.
- D’accord... »
Elle regarda Candy en souriant malicieusement, puis retourna dans le bâtiment. Candy releva les yeux sur son mari et s’apprêta à lui dire qu’elle n’aimait pas spécialement sa secrétaire, mais se retint. La situation était déjà assez envenimée comme ça, il était inutile qu’elle passe en plus pour une femme jalouse.
Terry se pencha sur Candy, l’embrassa furtivement sur la joue et alla rejoindre sa secrétaire.
Voici à quoi en était réduit leur couple. Des disputes, des disputes et encore des disputes. Ils ne se regardaient plus, ne se touchaient plus et ne s’embrassaient plus.
N’importe quel passant dans la rue pouvait voir que ce couple n’avait rien à voir ensemble. L’électricité qu’ils dégageaient faisaient des étincelles et à ce rythme, elles allaient bientôt embraser la poudre de leur rancœur qui exploserait.
Ainsi, chacun de son côté, elle rentra seule, dîna seule, se lava seule et se coucha seule. Tandis que lui dans l’avion, conservait le silence en faisant semblant de s’intéresser à son travail.
Sa secrétaire piaillait pourtant sans cesse, essayant de le dérider, mais elle n’obtenait que quelques grognements de sa part. Aussi, elle abandonna l’idée de lui faire la conversation et referma son ordinateur portable. Durant le vol, elle tenta de s’occuper avec les différents films que lui proposait l’écran individuel dont elle disposait, mais s’ennuya rapidement. Elle allongea le fauteuil, en première classe le confort était bon, et elle regarda son patron qui ne quittait pas son PC du regard. Elle fini par s’endormir et ne se réveilla pas avant leur atterrissage à Londres.
Terry avait dû la réveiller pour qu’elle redresse son siège et attache sa ceinture. A peine réveillée, elle recommença à lui parler :
« Avez-vous bien dormi Terry ?
- Je ne dors jamais dans les avions.
- Vous allez être épuisé.
- Je ferai une sieste en arrivant à l’hôtel. Vous me réveillerez à treize heures.
- Il me faudrait les clés de votre chambre alors !
- Pour quoi faire ? Susanna, j’ai mon téléphone, vous m’appellerez !
- Bien sur, c’était pour plaisanter, ne soyez pas aussi soupe au lait ! »
Il haussa les épaules et se renferma dans le silence.
Lorsque l’appareil toucha le sol, il fit comme les autres passagers et prit ses affaires avant de se diriger vers la sotie. Sa secrétaire sur les talons, ils remontèrent les couloirs de l’aéroport Londonien en direction de la salle de récupération des bagages. Une fois cette corvée faite, il restait encore les douanes, qui prirent leur temps, mais finalement il se retrouva dehors une heure après. Il regarda sa montre, il était sept heure. Candy devait dormir profondément à cette heure là. A New-York il était encore une heure du matin. Peut-être l’appellerait-il ce soir, pourvu qu’elle se soit calmée.
Le chemin jusqu’à l’hôtel fut rapide. Heureusement qu’à cette heure si matinale la circulation étaient plus calme. Il fut donc en mesure d’avoir ses clés de chambre avant huit heures. Il salua sa secrétaire dans le couloir et, tout en baillant, il entra dans sa chambre.
Epuisé, il ne prit pas le soin de prendre une douche et, après avoir ôté sa veste, ses chaussures et son pantalon, il s’allongea dans les draps. Le sommeil arriva facilement et il s’endormi profondément.
...
Le réveil bruyant, trouva à qui parler lorsque l’occupant, encore endormi, l’envoya voler parterre. Dans le grand lit, il s’étira et se frotta le visage avant d’ouvrir les yeux. Les paupières lourdes, il tenta de calquer une image nette. « Tiens, on dirait la chambre à la maison » pensa-t-il. Il se leva et en traînant des pieds il se dirigea vers la salle de bain. « Je dois encore dormir, même la salle de bain de l’hôtel est la même que chez moi... » Il alluma la lumière et se rendit devant le miroir. Toujours les yeux dans le brouillard il prit sa brosse à dent et le dentifrice sur le lavabo puis releva le visage vers son reflet. Il sursauta et cria un « WOW » en voyant le visage qui se reflétait. Il porta la main à sa gorge en entendant encore le cri aigüe qui s’en était échappé. Doucement, il se pencha sur le miroir et posa un doigt tremblant sur sa joue, avant de la pincer ! Des cheveux blonds et bouclés ? Des yeux verts émeraude... Une poitrine... Il avait des seins ? Il tira sur le haut de la nuisette et découvrit l’anatomie qu’il adorait tant toucher chez Candy. Il descendit sa vue sur ses jambes et les caressa vivement...Pas un poil ne restait sur la peau lisse et blanche. Il scruta ses mains. Ses mains si larges d’habitude étaient maintenant fines, longues et soignées. Il toucha ses fesses... Elles étaient fermes rondes et plus petites que d’habitude. Comment ? Pourquoi et par quel miracle se trouvait-il dans la peau de... sa femme ? Son cœur s’emballa alors qu’il lâcha :
« Ok Terry calme toi et respire ! C’est un cauchemar, un cauchemar qui à l’air très, très réel !! Mais non c’est impossible, allez, tu vas bientôt te réveiller et tout ira bien. Réveille-toi ALLEZ REVEILLE-TOI BORDEL !!! Je vais vomir...» Il se rua dans les toilettes et soulagea la nausée qui l’avait envahi. Après avoir rabattu le couvercle, il tira la chasse et posa son front dans ses mains en réfléchissant : « C’est pas vrai, qu’est ce qui se passe ? Pourquoi je me retrouve dans le corps de Candy ? Il faut que je l’appelle. »
Joignant le geste à la parole, il composa son propre numéro et tomba sur la boite vocale.
...
A Londres, ce furent les coups répétés à la porte qui la sortirent de son sommeil profond. Quelle immense fatigue l’envahissait encore alors qu’elle attrapa la montre sur la table nuit pour vérifier l’heure. Treize heures ? Elle sursauta et d’un bond se retrouva sur la moquette à observer les lieux. Une chambre d’hôtel ? Que faisait-elle dans une chambre d’hôtel et qui cognait à la porte depuis tout à l’heure ? Elle porta la main à son front, alors qu’un vertige l’attrapa et du se rasseoir sur le lit en inspirant profondément. Le malaise fut de courte durée et déjà elle pu se relever. Les coups continuaient à la porte, tandis que maintenant le téléphone sonnait. En s’approchant de la table basse de la suite, elle découvrit le portable et ouvrit la bouche. « Ce téléphone est a Terry. Et c’est Susanna qui l’appelle ? Pourquoi mon mari appelle t-il sa secrétaire par son petit nom ? Devant moi il l’a toujours appelé Mlle Marlowe... Bon, nous verrons cela après... Pourquoi suis-je ici ? Je serais à l’hôtel avec Terry ? Mais comment ai-je atterris ici, je ne me souviens pas y être venue. Hier... Hier j’ai conduis Terry à l’aéroport, on s’est disputé et je suis rentrée chez moi.. Après... Après quoi ? Je me suis couchée et je m’en souviens très bien ! Alors que ferai-je ici ? Et cette personne qui tambourine à la porte commence sérieusement à m’agacer ». Elle se dirigea vers la porte et passa devant le miroir du couloir. Elle stoppa net ses pas et recula pour se mettre face à la glace. Elle s’en rapprocha encore et ouvrit de grands yeux. Portant ses mains à son visage, sa respiration se fit nerveuse et un cri grave s’échappa de sa bouche.
Elle recula vivement, se cognant contre le guéridon du couloir et y prit appui sans relâcher son reflet. Elle détailla la silhouette qui, effrayée, lui renvoyait sa propre peur alors que ses jambes se mirent à trembler. De longues mains, de longs cheveux bruns, des yeux bleus-verts, une taille immense, des jambes poilues et musclées !!! Elle était dans le corps de Terry ? Elle mit les doigts dans ses cheveux en répétant « C’est impossible, c’est impossible... Et cette voix grave qui n’est pas la mienne... Que m’arrive t-il ? »
Derrière la porte, des voix se firent entendre et Candy reconnue celle de Mlle Marlowe :
« Je suis très inquiète, j’ai entendu mon patron crier, mai il ne répond pas à mes appels, il faut que vous ouvriez cette porte.
- Je vais chercher la carte Mlle. »
Il ne fallait pas qu’ils entrent ici. Il ne fallait pas que cette femme la voit ! Elle se rua sur la porte et s’y adossa en posant ses mains contre le montant en bois froid, alors que les coups recommencèrent :
« Je suis réveillé, lança-t-elle
- Terry, j’ai eut peur. Vous allez bien ?
- Heu... Oui, tout va bien. (Terry ? Non mais elle est pas gêné celle là.)
- Laissez moi entrer alors !
- Non pas maintenant, je... je ne suis pas habillé !
- Mais nous allons être en retard Terry.
- (Encore Terry ? Mon cher mari, nous allons avoir une grande conversation à ce sujet crois moi !) J’arrive ! Partez sans moi.
- Quoi ? Partir sans vous ? Que racontez vous ?
- « Merde, Terry doit l’emmener partout celle-là » Bon, dans ce cas, attendez moi dans le hall. J’en ai pas pour longtemps.
-Très bien. »
Mlle Marlowe s’éloigna et Candy soupira. A pas incertain, elle se replaça devant le miroir et toucha du bout des doigt le froid de la vitre. La panique s’empara d’elle et courant jusqu’à la table basse, elle se cogna l’orteil contre le pied de cette dernière. Elle sauta en se tenant le pied et cela jusqu’au canapé. « Qu’est ce que c’est que ce délire ? Je ne peux pas être dans le corps de Terry, j’ai un travail urgent à finir aujourd’hui... Et lui avec ce contrat dont il me rabâche les oreilles depuis des semaines, que vais-je faire ? » Elle attrapa le téléphone et composa le numéro de la maison. Cela sonna occupé !
...
Terry devenait dingue, il n’arrivait pas joindre Candy et l’heure de son rendez-vous approchait. Il fallait qu’il lui explique ce qu’elle devrait faire durant la réunion et qu’ensuite elle prenne l’avion immédiatement pour rentrer. Ils ne pouvaient pas rester ainsi indéfiniment et ce corps de femme ne lui convenait guère. Au bout d’une demi-heure à essayer de la joindre, le téléphone sonna entre ses mains :
« Terry au secours, entendit-il avec une voix grave
- Candy... Toi aussi ?
- Mais... C’est ma voix !
- Tu utilises la mienne je te signale !
- Je ne le fait pas exprès et m’en passerait bien ! Qu’est ce qui se passe ? Pourquoi ? Pleura-t-elle.
- J’en sais rien, mais arrête de pleurer... HO ce sont mes yeux que tu fais pleurer là ! Arrête on va me prendre pour une gonzesse !
- MAIS JE SUIS UNE FEMME !!
- Pas en ce moment ! Allez calme toi
- Tu peux rester calme toi ? Bon sang je suis dans ton corps. J’ai un corps masculin et l’appareil qui va avec !
- Ben et moi alors ? Je me sens légèrement émasculé si tu vois ce que je veux dire ?
- Terry, ce n’est pas le moment d’être cynique, tu dois faire quelque chose !
- Pourquoi JE devrais faire quelque chose ? On est deux dans cette situation !
- Bon, ok, ok... le moment est mal choisi pour se disputer. Consentit elle en reniflant. Qu’est ce qu’on fait ?
- Ecoute, pour aujourd’hui on va devoir remplir les tâches de l’autre.
- Tu veux dire... Que je dois faire ton boulot ? Mais j’y connais rien !
- Pas plus que je connais le tien. Ecoute, je vais te dire ce que tu vas faire. D’abord, tu vas aller t’apprêter. Dans ma valise il y a ma trousse de toilette, mon rasoir et des vêtements de rechange. Mets mon costume bleu marine et la cravate rouge.
- Quel rouge ? Le alizarine ou le cinabre ?
- Qu’est ce que j’en sais moi ? Rouge c’est rouge ! Ensuite tu vas te raser !
- Pardon ?
- Le visage je parle ! Fais gaffe de ne pas trop me couper ! Lorsque tu auras fini de te préparer rappelle moi.
- D’accord. A mon tour, aujourd’hui je dois rencontrer Mr Weldon, tu sais le propriétaire de la chaine d’hôtel de luxe ?
- Oui peut-être...
- Je t’en avais parlé, si tu m’écoutais !
- Candy, s’il te plait ne recommence pas.
- Tu vas mettre mon tailleur noir et les chaussures que tu m’avais offertes à mon anniversaire. Tu te rappelles ?
- Vaguement... Attends une seconde, tu es en train de me dire de porter des chaussures à talons ?
- Et alors, il faut bien que je me rase moi !
- Tu n’as pas de chaussures plates ?
- Non je n’en ai pas. Ah encore une chose, fait gaffe, ça glisse dehors ! Je te rappelle tout à l’heure.
- Candy attends ! »
Mais elle raccrocha. Terry se regarda dans le miroir et passa la main dans ses cheveux en disant :
« Et comment on coiffe ça ? »


A suivre...

view post Posted: 8/12/2021, 17:52     Un Noël mouvementé à la maison Pony - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 5




Terry s'adossa à la porte et respira à fond pour se calmer. Oui, la journée s'annonçait belle. Seulement il venait de découvrir en moins de cinq minutes que Georges, en qui il avait toute confiance, lui avait monté un bateau juste pour se donner quelques jours de vacances. En plus, la fille la plus craquante qu'il avait rencontrée ne voyait aucun inconvénient à lui mentir pour soutenir le projet de son employé ! Heureusement que la journée commençait bien ! Il n'osait imaginer ce que cela aurait été si elle avait mal commencé !

Il n'entendait plus rien dans le couloir aussi se décida-t-il à sortir de sa chambre. Il se dirigeait vers le réfectoire, bien décidé à dire ses quatre vérités à Georges et à lui ordonner de remettre immédiatement la voiture en état. Seulement cela signifiait aussi lui révéler qu'il avait épié sa conversation avec Candy. Mais après tout, de quoi se souciait-il ? C'était lui qui avait été joué dans cette affaire. Pourquoi se préoccuperait-il de ménager la susceptibilité d'un homme qui était à son service et d'une petite campagnarde rusée qui comptait le rouler dans la farine ? Il était un homme important, bon sang ! Un homme d'affaires reconnu dont personne n'osait se moquer de la sorte.

Son humeur était de plus en plus maussade au fil de ses réflexions quand il heurta à un enfant au détour du couloir.

« Bonjour Monsieur Granchester, dit poliment Tim.

- Bonjour Tim, répondit Terry d’une voix grinçante. Comment vas-tu ce matin ?

- Très bien, merci. Je vous attendais. »

Surpris, le jeune homme cessa de marcher pour se tourner vers l’enfant qui trottinait derrière lui pour suivre ses grandes enjambées.

« Pourquoi m’attendais-tu ?

- Je voudrais m’excuser pour m’être caché dans votre belle voiture, murmura Tim d’un air penaud. Mais je n’ai rien abîmé, je vous le promets, ajouta-t-il très vite.

- Je n’en doute pas, Tim. Mais c’était une très mauvaise idée, j’espère que tu l’as compris. Tu aurais pu mourir de froid si Georges ne t’avait pas trouvé.

- Je sais. Tout le monde me l’a dit. Vous allez me gronder ?

- Non. Marmonna Terry, ému malgré lui. Tu as été assez puni par la peur que tu as eue. J’espère que tu as compris la leçon.

- Oui Monsieur, ânonna l’enfant en baissant la tête. Je n’essaierai plus jamais d’obliger quelqu’un à m’adopter. Si vous ne voulez pas de moi...

- Ce n’est pas que je ne veux pas de toi, Tim, rectifia Terry. C’est juste que je ne veux pas d’enfant. Je ne saurais pas m’en occuper, tu comprends ? Je travaille tout le temps et...

- Je sais. Monsieur Georges me l’a dit.

- Tu aimes bien Georges ?

- Oh oui ! S’exclama Tim en hochant vigoureusement la tête. Il est très gentil. Il ne m’a pas grondé et il s’est occupé de moi toute la nuit.

- Oui. Georges est quelqu’un de bien, reconnut Terry presque malgré lui. Allons viens, dit-il en prenant Tim par l’épaule. Allons prendre notre petit-déjeuner. »

Tout le monde était déjà attablé lorsqu’ils pénétrèrent dans le réfectoire. Ils furent accueillis avec de grands sourires et les enfants entourèrent aussitôt Tim pour qu’il leur raconte son aventure. Terry rejoignit la table des adultes à pas lents. Il salua aimablement Mlle Pony et Soeur Maria mais répondit à peine au salut de Georges et Candy. Habitué aux sautes d’humeur de son patron, Georges ne s’en formalisa pas, toute son attention concentrée sur Tim qui était fêté par ses petits amis comme un héros. Candy par contre se demandait ce qui avait transformé l’homme si tendre qui l’avait embrassée la veille en cet individu maussade qui évitait ostensiblement son regard.

Pourquoi l’avait-elle laissé faire ? Elle savait bien pourtant qu’il ne fallait jamais mélanger vie sentimentale et vie professionnelle, mais d’un autre côté, elle n’était plus son employée, alors... Au souvenir de ce baiser elle sentit ses joues s’empourprer. Dieu merci, personne ne faisait attention à elle. Terry fixait sa tasse de café comme si elle contenait tous les secrets de l’univers. Les enfants chahutaient comme d’habitude, et Mlle Pony et Soeur Maria chuchotaient entre elles, sans doute au sujet des derniers préparatifs de noël. Quand à Georges, il avait sorti son Smart phone et faisait des photos d’un Timmy qui souriait.

Les enfants avaient fini de déjeuner et commençaient à s’agiter sur leur chaise. Soucieuse de leur trouver une occupation, Soeur Maria proposa de décorer l’imposant sapin apporté par Tom. Aussitôt, tous les petits pensionnaires se levèrent pour se précipiter vers le salon quand un bruit incongru leur fit tous dresser la tête. Il y avait si longtemps qu’ils n’avaient plus entendu ce genre de bruit, qu’il leur fallut plusieurs secondes pour réaliser de quoi il s’agissait. Une sonnerie de téléphone !

« On dirait que les communications sont rétablies, constata Mlle Pony avec son sens des évidences.

- C’est Margaret ! S’exclama Georges en jetant un regard à son écran. Elle doit être morte d’inquiétude. Si vous voulez bien m’excuser, je vais la rassurer et lui expliquer ce qui s’est passé. Ensuite je viendrais vous aider pour le sapin. »

Il se leva et disparut dans le couloir, un sourire aux lèvres. C’en était trop pour Terry ! Décorer le sapin de noël ! Et pourquoi passer le réveillon ici, tant qu’on y était ! Décidément, Georges en prenait beaucoup trop à son aise. Il était temps de lui faire comprendre que les vacances étaient terminées. Il se leva à son tour en marmonnant une vague excuse et s’empressa de suivre son chauffeur. Par la porte restée entrouverte, Candy les vit discuter tous les deux. A la mine défaite de Georges, elle n’eut aucun mal à deviner ce que son patron lui disait. Puis le jeune homme se retira dans sa chambre. Après avoir aidé Mlle Pony à débarrasser la table, elle partit à la recherche de son nouvel ami qu’elle trouva en train de faire ses bagages.

« Georges ? Que se passe-t-il ?

- Monsieur Granchester m’a fait comprendre qu’il avait hâte de regagner New York. Je vais remettre la voiture en état et nous partirons aussitôt.

- J’en suis désolée. Je sais que vous vous étiez attaché à Tim et que vous auriez aimé passer plus de temps avec lui. Mais ce départ n’est peut-être pas une mauvaise chose. Plus tôt vous verrez votre femme, plus tôt vous pourrez lui parler de vos projets. Si elle accepte de rencontrer l’enfant...

- Je suis certain qu’elle l’aimera, affirma Georges. Mais les conditions ne seront probablement pas favorables à une demande d’adoption. Si je perds mon emploi...

- Votre patron ne fera pas une chose pareille !

- Monsieur Granchester est un bon employeur, mais il déteste qu’on abuse de sa confiance. Il peut se montrer intransigeant dans ces cas là. Maintenant excusez-moi, Candy, mais le devoir m’appelle. »

La jeune femme regarda le chauffeur abattu s’éloigner. Non, elle n’arrivait pas à croire que l’homme qui l’avait si tendrement embrassée la veille puisse être aussi cruel. D’un pas décidé, elle se dirigea vers sa chambre et frappa doucement. La voix courroucée qui lui dit d’entrer ne la découragea pas et elle poussa la porte. Assis sur le lit étroit, Terrence consultait sa messagerie depuis son portable. Il leva à peine les yeux à son entrée, fronça les sourcils et reporta son attention sur son écran.

« Alors ? demanda Candy sur un ton badin. L’empire Granchester s’est-il écroulé durant ces deux jours ?

- Bien sûr que non, grommela le jeune homme. Les cadres que j’emploie peuvent se débrouiller sans moi quelques jours. Je sais choisir mes collaborateurs. Enfin, la plupart du temps, s’empressa-t-il d’ajouter en voyant la jeune femme hausser un sourcil sceptique et en songeant à ce qu’il avait découvert la nuit précédente sur Daniel Legrand.

- Et que va-t-il se passer maintenant ? Demanda Candy soudain moins assurée.

- Dès que je serais de retour à New York, je vais charger un de mes contrôleurs de gestion de venir faire un audit sur l’usine de LaPorte. Officieusement, il devra réunir un maximum de preuves sur les malversations de Legrand. Quand ce sera fait, il sera viré, purement et simplement. »

Terry serra les dents. Au vu de ce qu’il avait découvert, il ne pouvait agir autrement envers son directeur indélicat, mais il ne pouvait se défaire du sentiment d’avoir été manipulé. Bien qu’il ne puisse nier qu’elle ait souffert dans l’histoire, Candy Neige était arrivée exactement à ce qu’elle voulait.

La jeune femme sentit son coeur se serrer. Elle se doutait bien du sort qui serait réservé à Legrand, mais ce qui la bouleversait, c’était l’attitude de l’homme qui refusait toujours de la regarder. Il était redevenu le puissant magnat d’industrie dont elle avait entendu parler et bien qu’il soit juste à quelques pas d’elle, il était aussi loin que s’il était à New York. Où était celui qui l’avait aidée à chercher Tim pendant des heures ? Celui qui l’avait secourue lorsqu’elle s’était tordu la cheville ? Celui qui l’avait embrassée ? Pourquoi l’avait-il fait d’ailleurs ? Pour s’amuser ou pour tromper son ennui, sans doute ! Après tout, sa réputation de séducteur n’était plus à démontrer. Les magazines lui prêtaient même une relation avec une jeune actrice en vue. Coincé dans ce petit coin de campagne, il avait probablement trouvé amusant de séduire la jeune fille crédule qu’elle était. Pourtant, elle n’arrivait pas à croire qu’il soit aussi insensible. Il avait été si tendre avec elle et son baiser était si passionné qu’il avait éveillé en elle des sensations plus bouleversantes que tout ce qu’elle avait pu éprouver auparavant.

« Je voulais dire... à propos de moi. » Balbutia-t-elle maladroitement.

Terrence se décida à lever les yeux de son écran. Enfin on en arrivait au vif du sujet. Il allait savoir ce qu’elle avait derrière la tête. Car elle voulait quelque chose de lui, c’était certain. Toutes les femmes qu’il avait connues avaient toujours attendu quelque chose de lui, mais rien que son carnet de chèque ne puisse régler. Il n’avait jamais eu à s’impliquer émotionnellement, tandis que cette fille... Qu’allait-elle lui demander ? De retrouver son poste ? Il était partagé à cette idée. Mais Dieu ! Pourquoi fallait-il qu’elle soir aussi craquante ? Même simplement vêtue d’un jean et d’un pull, elle était la créature la plus séduisante qu’il ait jamais vue. Il avait beau savoir qu’elle était disposée à lui mentir, il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, la couvrir de caresses... Mais il ne devait pas céder à ses impulsions, sinon il était perdu. Il devait rester sur un terrain qu’il connaissait. Elle voulait quelque chose, mais lui aussi, et en matière de négociation, il n’avait pas son pareil.

« Cela dépend, répondit-il.

- De quoi ?

- De celui auquel vous vous adressez. Posez vous la question au PDG, ou au naufragé de la route qui a atterri ici par hasard ?

- Cela fait-il une différence ?

- Pour moi, oui. » Dit le jeune homme en se levant en en s’approchant d’elle.

Tous les sens de Candy furent en alerte. Être aussi séduisant aurait dû être interdit par la loi ! Comment aurait-elle pu résister à son charme ? Ses paumes devinrent moites et ses lèvres se mirent à trembler.

« Vous n’êtes plus mon patron. J’ai démissionné.

- C’est exact. »

Sa voix profonde et légèrement voilée enveloppa la jeune femme dans une cocon de chaleur dont elle émergea presque aussitôt en l’entendant poursuivre.

« Vous avez fait un choix et je suis sûr que vous êtes femme à l’assumer jusqu’au bout. Vous comprendrez que je ne peux pas réembaucher celle qui a fomenté tous ces troubles dans l’usine. Vous rendre votre poste reviendrait à me discréditer totalement vis à vis de mes employés et de mes actionnaires. »

Candy leva vers lui un regard embué par les larmes et Terry se traita mentalement de salaud. Il était évident qu’elle tenait à cet emploi. Il était près de l’endroit où elle avait grandi et il était probable qu’elle soutenant financièrement l’orphelinat grâce à son salaire. D’un autre côté, celui-ci était condamné à court terme. L’institution serait fermée, ou au mieux, déplacée. A quoi bon vouloir s’enterrer dans ce trou perdu dans ces conditions. Tandis qu’en recherche d’emploi, elle devenait disponible pour les nombreuses opportunités qui s’offraient à elle, ailleurs...

« Oublions donc le PDG. Il nous reste l’autre Terrence Granchester. Si vous reformuliez votre question pour lui ? »

Sa voix était redevenue douce. Dans un geste de tendresse inattendu, il repoussa une mèche rebelle derrière l’oreille de Candy, provoquant en elle de délicieux frissons au simple contact de ses doigts. Elle se perdit dans la profondeur du regard outremer posé sur elle. Elle ne savait plus où elle était ni qui elle était. Tout ce dont elle était sûre, était que cet homme provoquait en elle des émotions qu’elle n’avait jamais ressenties auparavant. Qu’il l’embrasse encore ! Voilà la seule pensée qui s’imposait à son esprit.

« Je me demande... Balbutia-t-elle. Lequel des deux m’a embrassée hier soir ? »

Un sourire étira les lèvres de Terry.

« L’autre, bien sûr, répondit-il. Le PDG ne pourrait se permettre de telle privautés »

Il s’approcha encore. Si près, que son torse frôlait la poitrine de Candy qui se soulevait à un rythme précipité. Il la troublait, et ce n’était que justice en considération de l’effet qu’elle produisait sur lui ! Peu importait ce qu’elle avait derrière la tête. Tout ce qui comptait était ce besoin irrépressible de l’avoir près de lui. Au plus près qu’une femme et un homme puissent l’être. Incapable de résister plus longtemps, il s’inclina vers le visage levé vers lui. Mais il se contenta d’effleurer de ses lèvres la joue veloutée pour remonter vers son oreille et chuchoter.

« D’ailleurs, j’ai très envie de recommencer.

- Pourquoi ? Questionna Candy dans un souffle.

- Parce que vous êtes très séduisante. Vous me plaisez, Candy, plus qu’aucune autre femme que j’ai pu rencontrer. Et je sais que je ne vous suis pas indifférent. Entre nous, cela ne peut que faire des étincelles, et je vais vous le prouver. »

Avant même qu’elle ne songe à protester; des lèvres chaudes s’étaient posées sur les siennes et Candy oublia tout. Ce baiser était aussi fabuleux que celui de la veille. Plus éblouissant encore peut-être. Terry explorait sa bouche avec une urgence, une exigence qu’il n’avait pas la veille. Les jambes tremblantes, elle s’accrocha à ses épaules pour ne pas s’écrouler et lorsque les bras du jeune homme se refermèrent autour de son corps, elle laissa échapper un long soupir de contentement. Ses mains caressèrent son dos, la chute de ses reins. Éperdue, elle se laissa guider et quand ses genoux touchèrent le bord du lit, elle bascula sur le dos tandis qu’il l’accompagnait. Allongé contre elle, il explora de ses mains avides chaque courbe de son corps vibrant. Lorsqu’elles s’insinuèrent sous son pull-over et se posèrent sur ses seins, Terry poussa un grognement sourd.

« Bon sang, Candy ! Pourquoi me fais-tu en effet pareil ? »

Elle aurait été bien incapable de lui répondre, mais la pression dure qu’elle sentait contre sa cuisse confirmait à quel point il avait envie d’elle. Il sentit ses mamelons se dresser sous la caresse de ses pouces. Avec avidité, il remonta le pull jusqu’à son cou et couvrit de baisers la naissance de ses seins. En gémissant, Candy lui prit la tête entre ses mains pour la maintenir contre sa poitrine et quémander d’autres baisers.

« Si tu savais comme j’ai rêvé de ce moment, Candy ! Depuis la première nuit. Rien qu’à l’idée que j’étais dans ton lit... J’ai fantasmé toute la nuit en rêvant que tu étais dans mes bras, comme maintenant. Et pourtant, je croyais que tu étais une religieuse !

- Pourquoi me prenais-tu pour une nonne ? Demanda-t-elle en souriant.

- Tu avais une robe de religieuse sur le bras quand tu es sortie, alors...

- C’était celle de Soeur Maria, expliqua Candy en repoussant une mèche brune qui était tombée sur le front du jeune homme. C’est sa chambre, ici. Je dors habituellement dans celle qui a été attribuée à Georges. »

Cette révélation cingla Terry comme un coup de fouet. Il se redressa d’un bond et s’assit au bord du lit. Le regard perdu, il passa une main nerveuse dans ses cheveux. Candy le regardait, l’incompréhension peinte sur son visage. Machinalement, il tira sur son pull pour la couvrir. C’était impossible ! Il ne pouvait pas lui faire l’amour dans le lit d’une bonne soeur ! Et pas question d’aller dans la chambre de Georges qui pouvait revenir à tout moment.

« Et où dors-tu maintenant ? Demanda-t-il plein d’espoir.

- Dans le dortoir des filles, comme Soeur Maria. Ce n’est pas la première fois. »

Le dernier espoir de Terry s’évanouit. Il restait la chambre de la vieille Mlle Pony, mais cela ne l’inspirait pas plus que le dortoir ! Le bureau de Soeur Maria était à exclure aussi. Restait la banquette arrière de la BMW, bien qu’il ne se soit plus livré à ce genre d’acrobatie depuis son adolescence. Mais il avait envoyé Georges réparer la voiture !

« Viens avec moi à New York ! S’exclama-t-il, pris d’une inspiration subite.

- A new York ? Pourquoi ferais-je cela ?

- Tu n’auras aucun mal à trouver du travail là-bas. Je t’aiderai s’il le faut. Et nous pourrons être souvent ensemble. »

Candy s’assit à son tour en évitant de le regarder. Elle ne voulait pas qu’il voie à quel point elle se sentait blessée. Comment pouvait-il l’embrasser avec autant de passion pour la repousser dès qu’il songeait à son retour chez lui ? Mais elle n’avait pas besoin de parler. Terry qui n’était pas très fier de lui avait déjà compris qu’elle se sentait rejetée.

« Ce n’est pas ce que tu crois, Candy. J’ai très envie d’être avec toi. C’est juste que je ne peux pas... Ici... Dans le lit de Soeur Maria... »

La jeune fille rougit et il réalisa qu’elle n’avait pas envisagé que leurs petits jeux puissent les entraîner si loin. Elle était si différente des femmes qu’il fréquentait habituellement, pour lesquelles le sexe était une chose aussi banale que d’acheter une nouvelle robe. Mais à ses yeux, cette fraîcheur et cette innocence ne la rendaient que plus craquante. Il voulut la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa sans ménagements.

« Ne me touches pas ! Si tu crois que je vais te suivre à New York, tu te trompes ! C’est chez moi ici, et je ne quitterai pas ma maison juste pour coucher avec toi.

- Ce n’est pas ce que j’ai dit ! Mais pourquoi t’enterrer dans ce trou perdu, Candy. Tu vaux mieux que ça. Je suis sûr que tu excelles dans ton travail. A New York tu pourras donner la pleine mesure de tes capacités. Regarde cette bicoque. Elle tombe en ruine. Il n’y pas d’avenir pour toi ici.

- J’ai grandi ici ! Mlle Pony et Soeur Maria ont besoin de moi, surtout en ce moment. Je ne les laisserai pas tomber. Bon retour chez vous, Monsieur Granchester. Je vous souhaite toute la réussite possible dans vos chères affaires puisque c’est la seule chose qui vous tienne à coeur. »

Elle fit quelques pas vers la porte en espérant que ses jambes flageolantes ne la trahiraient pas, puis se souvint de la raison première de sa venue. Prenant une grande inspiration elle se retourna vers le jeune homme.

« Mons... Terrence, il ne faut pas tenir rigueur à Georges de ce qu’il a fait. Vous ne croyez sans doute pas au destin, mais comment expliquer que la lettre de Tim soit arrivée entre vos mains et que vous tombiez en panne juste devant l’orphelinat ? Ces deux là se sont trouvés. Pour moi, ça ne peut pas être un hasard. Il y aura peut-être bientôt trois personnes heureuses. Cela valait bien un tout petit mensonge, vous ne pensez pas ? Georges est un homme bien. Il ne mérite pas d’être renvoyé. »

Terry la fixa, abasourdi. Comment savait-elle qu’il était au courant ?

« Pourquoi me dites-vous cela ?

- Je sais que vous avez entendu notre conversation ce matin. J’ai vu s’ouvrir votre porte, mais vous n’êtes pas sorti. J’en conclus que vous nous avez écouté, ce qui n’est pas très joli non plus. Finalement, on peut dire que vous êtes quittes, vous et Georges. »

Elle sortit rapidement alors que toutes les pièces du puzzle se mettaient en place dans l’esprit de Terry. Candy n’avait jamais essayé de le manipuler ni de lui mentir. Elle pouvait bien promettre à Georges de ne rien révéler puisqu’elle savait depuis le début qu’il était au courant de la manoeuvre de son chauffeur. C’était lui, pauvre imbécile, qui avec sa manie de voir des profiteurs partout avait imaginé le pire. Et tout ce qu’il avait gagné avec son attitude, c’était de blesser la femme la plus séduisante qu’il ait jamais rencontrée. Et en plus, elle devait maintenant le prendre pour le pire des égoïstes ! Il devait à tout prix lui expliquer, s’excuser... Bref, se faire pardonner. Il bondit sur ses pieds et se précipita à sa suite. Hélas, le couloir était vide. Où était-elle allée ? Plein d’espoir il se dirigea à grands pas vers le salon d’où provenait les rires des enfants occupés à décorer le sapin. Il parcouru des yeux le joyeux chaos qui régnait là, mais dut se rendre à l’évidence : Il n’y avait nulle trace de Candy. Seule la vieille Mlle Pony se trouvait là, essayant de maintenir un semblant d’ordre et veillant avec tendresse sur son petit monde en effervescence.

« Vous avez l’air contrarié, Monsieur Granchester. Quelque chose ne va pas ?

- Avez-vous vu Candy, Mlle Pony ?

- Elle vient de partir avec Tom. Elle avait l’air dans tous ses états elle aussi, fit remarquer la vieille dame. J’espère que vous ne vous êtes pas disputés encore une fois.

- Pas vraiment, éluda Terry. Disons que je me suis juste conduit comme un imbécile. Savez-vous quand elle rentrera ?

- Elle a dit de ne pas l’attendre pour midi. Je crois qu’ils avaient l’intention de déjeuner en ville tous les deux. »

Les épaules de Terry s’affaissèrent. Le message était clair. Candy n’avait pas l’intention de revenir avant qu’il soit parti. Si seulement il avait pu l’attendre, lui expliquer... Mais ses mails lui avaient appris que de nombreux problèmes l’attendaient au bureau. A croire que les ennuis s’étaient accumulés pendant son absence. Il ne pouvait retarder son départ indéfiniment.

« Vous savez, dit gentiment Mlle Pony, notre Candy a la tête près du bonnet, mais elle a aussi un coeur d’or. Peu importe ce que vous vous êtes dit. Les actes sont plus importants que les paroles et ce que vous avez fait depuis que vous êtes parmi nous prouve que vous êtes un homme bien. Je suis certaine que tout s’arrangera. Laissez lui le temps de se calmer et elle vous pardonnera.

- Puissiez vous dire vrai, Mlle Pony ! »

Le jeune homme regagnait sa chambre à pas lents, lorsqu’il se heurta à Georges qui venait lui annoncer que la voiture était prête à repartir. Visiblement gêné, celui-ci cherchait les mots pour justifier sa conduite, mais Terry le fit taire d’un geste de la main, trop abattu pour discuter.

« Laissez tomber, Georges. Nous en reparlerons au bureau. Allez plutôt dire au revoir à Tim. Nous partirons dès que les valises seront bouclées. »

Terry eut beau traîner autant que possible pour ranger les quelques affaires qu’il avait avec lui, cela ne servit à rien. Candy n’était pas de retour. Il remercia encore une fois les deux femmes qui l’avaient accueilli et sourit en voyant les yeux de Soeur Maria s’arrondir devant le chèque à cinq chiffres qu’il insista pour leur laisser. Une heure après son fiasco avec Candy, il reprenait la route de New York.


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Avec un soupir, Candy posa sur la table le magazine qu’elle tenait à la main. Sur la couverture, un des gros titres la narguait. « Un nouveau fiancé pour Susanna Marlow » disait l’accroche. On y voyait la jeune actrice souriante au bras d’un chanteur de Hip-hop couvert de chaînes en or et de tatouages. Noël était passé mais le grand sapin trônait encore dans le salon, même si ses branches commençaient à pencher et à perdre leurs épines. Pour une fois, Soeur Maria avait renoncé à son économie proverbiale et avait offert aux enfants un noël enchanteur. Ils avaient tous croulé sous les cadeaux. Elle savait bien que cette manne providentielle était due au chèque laissé par son ex-patron avant de partir. Savait-il seulement à quel point la somme mirobolante qu’il avait donnée avait permis de rendre les enfants heureux ? Sans doute ne s’en souciait-il pas. Tant d’argent ne représentait pas plus pour lui que la note qu’il réglait à chaque fois qu’il descendait dans un des hôtels de luxe où il avait ses habitudes.

Depuis le dortoir, elle entendait la voix enjouée de Tim qui discutait avec Georges. Celui-ci avait en effet envoyé à l’enfant en guise de cadeau de noël un téléphone portable grâce auquel ils gardaient le contact et s’appelaient tous les jours. C’est ainsi que Candy avait appris que Georges avait gardé son emploi. Tim avait aussi eu l’occasion de parler avec Margaret et ne tarissait plus d’éloges sur la gentillesse qu’elle lui avait manifestée. Pour Candy, il ne faisait aucun doute que ces deux-là déposeraient bientôt un dossier d’adoption. Le petit Tim aurait sous peu les parents dont il rêvait.

Par d’anciens collègues, la jeune femme avait également appris que Daniel Legrand avait été licencié sans indemnités. Un nouveau directeur devait prendre ses fonctions dès le cinq janvier. Il avait été muté d’une des nombreuses entreprises du groupe. Personne ne le connaissait, mais il ne faisait aucun doute qu’à côté de celui dont ils étaient enfin débarrassés, le nouvel arrivant représentait un immense espoir.

Hélas, la survie de l’orphelinat, elle, était toujours menacée. Leur propriétaire campait sur ses positions et continuait d’exiger la somme exorbitante d’un demi million pour leur céder le terrain. Mlle Pony et Soeur Maria avaient cessé d’espérer réunir un tel pactole. Elles s’étaient mises à la recherche d’un nouveau bâtiment adapté et doté de tous les aménagements nécessaires à l’accueil des enfants. Sans dénicher la perle rare jusqu’à présent et Candy sentait son coeur se nouer en imaginant les lieux où elle avait grandi voués à la démolition.

Une seule personne aurait pu les aider mais Candy se refusait à le contacter. Dans les premiers jours après son départ, Terry avait inondé sa boîte mail de messages d’excuse. Il lui demandait de lui laisser l’occasion de s’expliquer, de lui donner une seconde chance. Elle les avait tous lus avec avidité mais n’avait jamais répondu. Alors les messages avaient cessé, preuve que le jeune homme était passé à autre chose. Et même si le regard bleu-vert de Terrence Granchester revenait chaque nuit hanter ses rêves, Candy était trop fière pour avouer qu’il lui manquait.

De bonnes odeurs émanaient de la cuisine où Mlle Pony et Soeur Maria étaient aux fourneaux depuis le début de l’après-midi. Ce soir c’était la Saint Sylvestre et elle ferait mieux de leur apporter son aide plutôt que de se lamenter sur son sort. Elle se levait au moment où Tim entrait dans le salon, une petite valise à la main. Aussitôt alarmée, elle le retint par le bras.

« Où vas-tu avec cette valise, Tim ? Tu n’as pas encore l’intention de faire une fugue ?

- Mais non, Candy ! Répondit l’enfant en levant vers elle un visage radieux. Monsieur Georges va m’adopter ! Je vais avoir un papa et une maman !

- Il te l’a dit au téléphone ? C’est merveilleux, mon chéri. S’exclama-t-elle en s’agenouillant pour être à la hauteur de Tim et en le serrant dans ses bras. Je suis très heureuse pour toi. Mais tu sais... Une adoption demande beaucoup de formalités. Cela peut prendre plusieurs mois...

- Mon nouveau papa a promis que j’aurais une famille pour la nouvelle année, s’obstina le petit. Et il tient toujours ses promesses. Je suis sûr qu’il va venir me chercher. »

Candy se mordit la lèvre inférieure. La confiance absolue que l’enfant vouait à Georges était attendrissante, mais elle ne pouvait laisser Tim se bercer d’illusions. Il serait trop déçu. Elle prit une profonde inspiration et essaya de trouver les mots qui atténueraient la peine de Tim. Pourtant, avant qu’elle ait trouvé comment formuler sa pensée, un puissant coup de klaxon déchira l’air. Dans le jardinet devant la maison les enfants qui construisaient un bonhomme de neige poussèrent des cris de joie et Tim s’échappa de ses bras pour courir vers la porte. Elle le suivit pour voir Georges sortir d’une voiture qu’elle ne connaissait que trop bien. Il contourna le véhicule et n’eut que le temps d’aider une femme aux cheveux châtains à sortir avant de cueillir dans ses bras un Tim qui se jetait à son cou.

Même de là où elle était, Candy pouvait voir l’émotion qui étreignait ces trois personnes enfin réunies. Déjà la nouvelle famille se dirigeait vers la maison, entourée par les enfants qui criaient et riaient. Candy ne quittait pas la voiture des yeux tandis qu’un fol espoir faisait battre son coeur. Puis elle vit Georges sortir un boîtier de sa poche. Elle entendit le bip caractéristique et vit clignoter les feux de la BMW indiquant qu’elle était verrouillée. Il n’y avait plus personne à l’intérieur !

Cachant son désappointement, Candy reporta son attention sur le petit groupe. Tim et Georges étaient ravis de se retrouver. Hésitante, Margaret observait celui qui allait devenir son fils avec des yeux pleins de larmes. Mais quand il vit son regard embué et ses lèvres tremblantes, il lui tendit spontanément les bras. C’en fut trop pour Margaret qui éclata en sanglots en serrant l’enfant contre elle sous l’oeil attendri de son mari. Tout le monde y alla de sa petite larme, même Mlle Pony et Soeur Maria qui pourtant avait déjà vu de nombreux enfants trouver une famille. Cependant l’émotion était toujours la même.

« Vous allez passer le réveillon avec nous, décida Mlle Pony quand les effusions se furent un peu calmées.

- Ce sera avec plaisir; accepta Margaret. Georges m’a tant parlé de vous. Je souhaite tous vous connaître. Mais dès demain, nous devrons repartir pour New York.

- Déjà ! S’exclama Soeur Maria. Tim va être tellement déçu !

- Mais Tim repart avec nous, intervint Georges. Il est notre fils désormais.

- Hélas, soupira la religieuse. Je sais que vous le considérez déjà comme tel, mais les formalités prennent du temps et...

- Détrompez-vous, ma soeur. Tout est réglé. »

Georges sortit un dossier de sa mallette et le tendit aux deux femmes qui l’examinèrent les yeux ronds. Tout était parfaitement en règle, y compris la décision officielle du tribunal dûment tamponnée et signée par un juge.

« C’est incroyable ! Répétait Mlle Pony. Je n’ai jamais vu une adoption se régler aussi vite. Comment avez-vous fait ?

- Et ce n’est pas tout, poursuivit Georges avec un sourire en leur tendant un autre dossier. Je suis également chargé de vous remettre ceci. C’est un contrat de bail pour votre nouvel orphelinat. Je suis certain que c’est exactement ce qu’il vous faut. Le bâtiment est moderne et bien conçu. Il suffira de quelques aménagements pour qu’il puisse accueillir des enfants. Le propriétaire prend tous les travaux à sa charge, évidemment. »

Aussi excitées que des petites filles, Mlle Pony et Soeur Maria parlaient en même temps, tombaient dans les bras l’une de l’autre avant de feuilleter à nouveau le dossier remis par Georges. Puis elles recommençaient et faisaient déjà des projets sur leur prochaine installation. Elles déroulèrent les plans sur la grande table et se mirent à distribuer les chambres comme si elles avaient déjà pris possession des lieux.

« Mlle Pony ! Soeur Maria ! S’insurgea Candy. Comment pouvez-vous... Songez-vous réellement à abandonner cette maison ? Cette maison qui porte votre nom, Mlle Pony. Vous l’avez fondée, vous l’avez portée à bout de bras pendant trente ans ! C’est chez vous ! C’est ici que se trouvent vos racines et votre coeur ! »

Face à ce plaidoyer poignant, Mlle Pony accepta de lever les yeux du plan qu’elle examinait. Elle rajusta ses lunettes sur son nez et s’approcha de celle qui avait été sa pensionnaire préférée. Tendrement, elle prit entre ses vieilles mains que trente ans de durs travaux avaient rendues calleuses, les petites mains fines et tremblantes de Candy.

« Tu te trompes ma petite Candy. J’ai vécu ici pendant de nombreuses années, mais ce n’est qu’une maison. Mon coeur, lui se trouve avec ceux que j’aime. Tous les enfants dont je me suis occupée, tous ceux qui viendront encore. Certains sont partis, d’autres sont restés, comme toi et Tom. Mais je vous ai tous aimés. Je serai chez moi partout où il aura des enfants à aimer. Il faut savoir tourner la page et aller de l’avant. Que nous vivions ici ou ailleurs n’a aucune importance. Tu seras toujours la bienvenue. J’espère que tu comprendras ce que j’essaye de te dire. Le plus tôt sera le mieux, si tu veux mon avis. »

La jeune fille serra dans ses bras celle qui lui avait servi de mère pendant tant d’années en étouffant un sanglot. Elle se sentait si faible comparée à la veille femme. Malgré son âge, Mlle Pony était prête à prendre un nouveau départ. Candy aurait voulu être aussi courageuse qu’elle. Mais aurait-elle l’aplomb de forcer le destin ?

« Il n’y a que le premier pas qui coûte, ma petite Candy. Donne lui une chance. Donnez-vous une chance. » Murmura la vieille dame avant de la lâcher.

Candy redressa la tête et essuya d’un revers de main les larmes qui inondaient ses joues. Elle se rapprocha de Georges pour lui demander :

« C’est lui, n’est-ce pas ? C’est lui qui a tout fait ? »

Georges acquiesça sans un mot. Elle n’avait pas besoin de préciser de qui elle parlait.

« Rien n’aurait été possible sans Monsieur Granchester. Il a réussi à accélérer la procédure et à tout régler en une semaine. Il a fait jouer toutes ses relations, tous ceux qui lui devaient un service. Il s’est démené comme lorsqu’il négocie un contrat pour sa société.

- Et le bail ? Comment a-t-il fait ?

- Il a choisi la meilleure solution, croyez-moi. Nous savons combien vous aimez cette maison, mais il y aurait trop de travaux pour la réhabiliter, tout mettre aux normes de sécurité... Le bâtiment qu’il vous propose fait partie du patrimoine immobilier de l’usine où vous avez travaillé. Il est neuf et conviendra parfaitement.

- Je sais, avoua Candy. J’y avais déjà pensé, mais...

- Vous n’avez pas osé lui en parler, n’est-ce pas ? Pourquoi Candy ? Vous n’avez jamais répondu à ses messages; alors qu’il n’attendait qu’un signe de vous et il aurait déplacé des montagnes !

- Il les a déplacées quand même, visiblement. Mais il n’a pas voulu venir avec vous.

- Ce n’est pas cela. Monsieur Granchester est un homme fier. Il n’a pas l’habitude d’être repoussé. A cause de vous, il a découvert combien c’était douloureux. Il n’a pas voulu courir le risque que vous le rejetiez une seconde fois.

- N’exagérez pas Georges ! Que l’orgueil du grand Terrence Granchester en ait pris un coup, je veux bien l’admettre, mais de là à penser qu’une petite provinciale comme moi lui ait brisé le coeur, il y a un monde. Une fierté écornée, on s‘en remet !

- Dites-moi, Candy, demanda Georges avec un demi-sourire, de quelle fierté parlez-vous ? De la sienne ? Ou de la vôtre ? »

Candy secoua la tête. Était-elle donc si facile à cerner ? Après Mlle Pony, voilà que Georges essayait de lire dans son coeur. Et il y réussissait plutôt bien. Elle soupira.

« Oh, Georges ! Il m’a proposé de le suivre à New York, comme une... Je ne veux pas être une conquête de plus sur la longue liste du millionnaire le plus séduisant du pays.

- Vous le trouvez donc séduisant, constata Georges avec un petit rire. Je le connais mieux qu’il ne croit et je reconnais qu’il manie mieux les contrats que les sentiments. Mais regardez ce qu’il a fait. Ses actes ne sont-il pas une preuve de ce qu’il est vraiment ? »

Suivant le regard de son ami, Candy regarda Tim qui ne quittait plus Margaret d’une semelle et levait vers elles des yeux adorateurs. La joie qui illuminait le visage de la jeune femme faisait chaud au coeur. Dans leur coin, Mlle Pony et Soeur Maria, libérées de la tension qui les tenaillait depuis des mois, continuaient de faire des projets. Tous les enfants étaient heureux. Ils n’avaient rien su des angoisses qui minaient les directrices, mais avec la sensibilité propre aux enfants ils avaient compris que quelque chose les menaçait. Maintenant ils sentaient la joie et l’espoir qui flottaient dans l’atmosphère. Ils couraient et s’amusaient sans souci et ils pourraient continuer dans leur nouvel orphelinat. Et tout ce bonheur était l’oeuvre d’un seul homme. Il ne s’était pas contenté de leur faire un don pour apaiser sa conscience. Non, il leur offrait un nouveau départ. Serait-elle la seule à refuser d’aller de l’avant ? Elle avait une chance de connaître le bonheur elle aussi. Elle ne pouvait pas la laisser passer. Sa décision prise, elle se tourna vers Georges.

« Quand vous retournerez à New York, pouvez vous m’emmener avec vous ? Il y a là-bas un homme dont la fierté blessée a besoin d’être pansée.

- Je vous emmènerai où vous voulez, Candy, répondit Georges en souriant. Mais Monsieur Granchester n’est pas à New York. Il est ici. Enfin, à l’auberge à la sortie du village. Il ne voulait pas que je vous le dise, mais... »

Une étrange euphorie s’empara de la jeune fille. Terry était ici ! Il était venu, malgré le silence qu’elle lui avait opposé. L’auberge se trouvait à peine à deux kilomètres. Elle pouvait s’y rendre en dix minutes. Mais même dix minutes lui semblèrent soudain trop longues.

« Prêtez-moi vos clefs, décida-t-elle en tendant la main.

- Vous êtes sûre ? Il recommence à neiger, objecta Georges en jetant un coup d’oeil par la fenêtre. La route doit être glissante. Je vais vous conduire.

- Hors de question ! Restez ici avec votre petite famille. Je ne sais pas ce qui se passera quand je le reverrai, mais je suis certaine d’une chose : Cela ne regarde que lui et moi. »

Le chauffeur hocha la tête lui donna le trousseau qu’elle demandait.

« Dites à Mlle Pony et Soeur Maria où je suis allée. Ajouta Candy en enfilant son manteau. »

Trente secondes plus tard elle montait dans la voiture. Georges l’observa qui réglait le siège conducteur et démarrait. Après tout, il n’y avait que deux kilomètres à faire. La BMW n’aurait même pas le temps de monter en quatrième.


-----oooOooo-----




Terry faisait les cents pas dans sa chambre, en proie à une agitation incontrôlable. Il allait de la table où il avait posé son téléphone, à la fenêtre par laquelle il voyait la route conduisant à l’auberge.

Pourquoi Georges n’appelait-il pas ? Il avait pour instruction de sonder l’humeur de Candy et de prévenir son patron si celle-ci semblait disposée à l’écouter. Mais voilà plus d’une heure que le couple avait dû arriver à l’orphelinat, et toujours aucun appel.

A force de s’user les yeux à essayer de percer la neige qui avait recommencé à tomber, il finit par distinguer un véhicule qui approchait. Ce n’était pas dans les habitudes de Georges de rouler aussi vite, mais les voitures de ce type étaient peu nombreuses dans la région. Fou d’impatience, Terry attrapa son manteau et dévala les escaliers quatre à quatre pour arriver dans le hall. Les nouvelles qu’apportait Georges allaient décider du cours que prendrait sa vie. Il fixait la porte avec insistance, comme si cela avait le pouvoir de faire apparaître son chauffeur plus vite. Déjà il avançait à sa rencontre quand le bruite d’un choc violent résonna à l’extérieur. Il se précipita sur le perron suivit par le réceptionniste. Le spectacle qu’il découvrit lui arracha un juron qu’aurait sûrement désapprouvé Soeur Maria. A l’entrée de l’allée, gisait la superbe voiture dont il était si fier, le capot enfoncé dans un des grands arbres séculaires et les portières embouties. Moitié courant, moitié glissant il se précipita pour ouvrir la porte conducteur. Dans l’habitacle, on ne distinguait qu’une masse blanche informe, car les airbags, portières et conducteur, s’étaient tous déclanchés, preuve que la voiture avait subi plusieurs chocs avant de s’immobiliser. Un mouvement agitait l’amas de toile blanche. Terry écarta ce qui restait des airbags encore tièdes et se figea quand il vit émerger une masse de boucles blondes encadrant le visage pâle de Candy. Ses jambes se dérobèrent sous lui et il dut se retenir à ce qui restait de la portière pour ne pas s’écrouler. Devant sa pâleur, l’employé de l’auberge qui l’avait suivi crut qu’il faisait un malaise. Il voulut le repousser pour venir en aide à la conductrice. Ceci eut pour effet de galvaniser Terry qui lui jeta un regard noir et prit la main de la jeune femme pour la tirer hors du véhicule.

Soit il tira trop fort, soit Candy n’était pas très assurée sur ses jambes parce qu’elle glissa et se retrouva dans ses bras. Elle s’agrippa aux bords de son manteau et enfouit la tête dans sa chemise en sanglotant. Ce n’est qu’en sentant ce corps tiède contre le sien que le coeur de Terry recommença à battre. Il prit le visage de la jeune femme entre ses mains et lui palpa le crâne, puis les bras pour s’assurer qu’elle n’avait aucune fracture. Retrouvant la parole, il demanda :

« Candy, tu n’as rien ? Tu n’es pas blessée ?

- Je vais bien, répondit-elle dans un murmure car sa voix n’était pas plus assurée que celle de Terry. »

Finalement, le jeune homme écarta une mèche colée sur son front et la serra de toutes ses forces contre lui.

« Je croyait que c’était Georges qui revenait. Mais quand je t’ai vue... Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie ! Lâcha-t-il.

- Et moi donc ! C’est à cause de la boîte automatique. Je n’ai pas l’habitude. J’ai voulu prendre le virage et la voiture est partie en tête-à-queue. Elle a rebondi sur un arbre, puis sur un autre et finalement... »

Candy tourna la tête et put alors se rendre compte des dégâts.

« Oh mon Dieu ! S’exclama-t-elle. J’ai complètement démoli ta voiture !

- Alors ça, je m’en fiche complètement, pouffa Terry dans ses cheveux. Ce qui compte, c’est que tu sois là, et en un seul morceau. »

N’y tenant plus, il s’empara de ses lèvres et l’embrassa avec tendresse. Candy poussa un soupir et lui rendit son baiser avec une fougue inattendue. Comprenant qu’on n’aurait pas besoin de ses services, l’employé de l’auberge s’éloigna discrètement.

« Dois-je comprendre que tu ne m’en veux plus ? Demanda Terry en relevant la tête. Je sais que je me suis comporté comme un mufle avec toi. Je voulais m’excuser et t’expliquer ce qui avait motivé ma réaction, mais tu refusais de m’écouter.

- J’ai été idiote, avoua Candy. J’étais blessée moi aussi et trop fière pour reconnaître que tu es un homme bien. Ce que tu as fait pour l’adoption de Tim et pour l’orphelinat...

- Tu sais, l’interrompit le jeune homme, avant de quitter l’orphelinat, j’ai eu une conversation avec Mlle Pony. Elle m’a dit que même si nous étions disputés, les mots n’étaient que secondaires. Que ce qu’on faisait avait plus d’importance que ce qu’on disait. Par mes actes, je voulais te prouver que je n’étais pas aussi insensible que tu le croyais.

- C’est amusant, répondit la jeune femme en se blottissant contre lui, parce que si je suis venue, c’est aussi à la suite d’une chose que Mlle Pony m’a dite.

- C’est à dire ?

- Qu’on était chez soi partout du moment qu’on est avec les gens qu’on aime. Tu crois que je me sentirais chez moi à New York ?

- Je te promets de tout faire pour ça ! » Affirma Terry avant de sceller sa promesse par un nouveau baiser.


FIN

view post Posted: 8/12/2021, 17:49     Un Noël mouvementé à la maison Pony - Les fanfictions de Noël

Chapitre 4



C’était à son tour de la fusiller du regard. Il avait en face de lui la responsable du mouvement de grève qui avait fichu une sacrée pagaille. Sans compter le fait que les syndicats avaient tout bonnement séquestrer Dawson afin de le faire déplacer jusqu’ici.

Elle était donc la fautive du désastre qu’il avait évité de justesse et de son « séjour » dans cet orphelinat. Car si cette demoiselle ne s’était pas donnée tant de peine à retourner son usine, lui et Georges n’auraient jamais eut cet accident stupide.
Mais qu’est ce qui lui était passé par la tête ?

Maintenant il comprenait pourquoi elle était aussi désagréable, elle avait travaillé pour lui. Mais bon sang il ne lui avait jamais rien fait. Alors pourquoi exprimait elle autant de haine à son égard ? Et de plus, elle l’avait insulté !

Il serra les poings. Puisque maintenant il avait devant lui ce fameux DRH mystérieusement envolé, il n’allait pas se priver de lui mettre les points sur les I.

« Et bien, êtes vous devenue subitement muette ? Je vous ai posé une question !

- Mr Grandchester, pour l’amour du ciel calmez-vous ! Candy n’a rien fait de mal !

- Oh si elle a fait et elle le sait. Répondez ! »

Candy leva un regard acéré sur l’homme qui lui faisait face. Il ne manquait pas de culot ! Oser lui demander pourquoi elle avait agit ainsi alors qu’il le savait parfaitement ? C’était de la provocation ! Ses lèvres se plissèrent et d’un bond elle se leva du fauteuil. La douleur de sa cheville la martela aussitôt, mais elle l’ignora. Ou alors elle l’évacua lorsqu’elle se mit à crier :

« Vous vous moquez de moi ? Vous connaissez parfaitement l’affaire !

- Mais absolument, j’adore perdre mon temps !

- Ne jouez pas à ça ! Vous êtes un ignoble individu ! Tout comme ceux que vous engagez !

- Oui ça je le sais, vous m’avez même gratifié d’un charmant surnom ! Ceci étant réglé, allez-vous oui ou non me répondre ? »

Mais Candy ne le fit pas. Elle se contenta de le poignarder du regard et de le planter dans le salon avant de disparaître dans le couloir en boitillant. Terry l’aurait volontiers rattrapé, mais le regard intense de Sœur Maria l’en empêcha. Cette femme était du côté de cette pimbêche et ne le laisserait pas plus la tourmenter. Mais si elle ne lui disait rien, comment pouvait-il savoir ce qui n’allait pas ?

Il étouffa un juron puis retourna s’enfermer dans le réfectoire. A l’évidence, il lui manquait quelques éléments. Cette histoire n’allait pas se résoudre si simplement. Elle lui avait dit que si elle n’avait plus d’emploi c’était « grâce » à lui.
Il s’estimait pourtant être un employeur à l’écoute de son personnel. Il n’en était pas à sa première grande mêlée, mais cette fois-ci l’issue lui paraissait obscure. Il n’avait jamais entendu parlé de Candice Neige avant qu’il ne vienne dans l’Illinois. Il n’avait entendu pour la première fois ce nom que lorsque Legrand l’avait prononcé.
Il se redressa, ne l’avait-elle pas comparé à lui d’ailleurs ? Qu’avait-il donc bien pu se passer entre elle et Legrand pour qu’elle soit aussi remontée ?
A cet instant il eut la conviction que l’un des deux mentait. Oui mais, lequel ?
Si seulement Candy acceptait de lui donner sa version des choses... Sans ça, il ne pouvait rien faire, ni connaitre la vérité.

oooOOOooo



« Doucement Tim. » Entendit-il alors qu’il se redressait dans le lit.

Une grande main l’aida à s’assoir et à caler le polochon derrière son dos. L’enfant leva son regard vers l’homme qui lui adressa un sourire. Mr Georges n’avait pas quitté son chevet et avait passé le temps à surveiller son sommeil en travaillant sur quelques dossiers. Lorsqu’il avait entendu le petit se réveiller, il avait tout abandonné pour se rendre auprès de lui et l’aider. Il posa la main sur son front afin de vérifier sa fièvre, puis acquiesça en constatant qu’il n’en avait pas. Tout comme le médecin l’avait dit. Tim avait juste besoin de chaleur, de repos et de nourriture chaude. Voilà pourquoi Georges quitta la chambre pour se rendre en cuisine.

Il y trouva Sœur Maria occupée à broder et à garder la soupe au chaud pour le petit Tim. Aussi, lorsqu’elle vit Georges prendre une assiette creuse, elle se rassura de le savoir éveillé et prêt à manger un peu.

« Merci pour ce que vous faites Mr Georges.

- C’est avec plaisir.

- Vos enfants ont de la chance d’avoir un père comme vous. »

Georges stoppa son geste puis regarda la religieuse intensément. Il secoua la tête de gauche à droite puis sourit tristement en répondant :

« Je suppose que je pourrais être un bon père... »

Sœur Maria scruta un moment Georges, puis comprenant ce qu’il entendait par là, elle plaça ses doigts fins sur ses lèvres en disant :

« Oh seigneur... Je suis navrée d’avoir dit une chose pareille...

- Ma femme et moi avons essayé des années d’avoir un enfant, mais sans succès. Alors nous avons consulter notre médecin qui nous a envoyé faire des testes à l’hôpital et... Il s’est avéré que ma tendre épouse ne peut en avoir. Depuis nous continuons à vivre mais en regrettant chaque jour de ne pas connaitre le bonheur d’être parents.
- Je suis sincèrement désolée. »

Georges lui accorda un sourire amical, puis regagna la chambre de Tim. Sœur Maria regarda l’homme disparaitre dans l’encadrement de la porte en repensant tristement à ce qu’il venait de lui confier.

Tim avala cuillérée après cuillérée toute son assiette. Georges le félicita pour sa facilité de guérison puis discuta avec lui longuement. Il laissa l’enfant lui parler de ses rêves, surtout celui d’avoir un jour un papa et une maman, une maison et une chambre pour lui tout seul. C’est ainsi qu’ils arrivèrent à la raison de sa fameuse fugue :

« Je ne voulais pas me sauver, jura Tim. Je voulais juste que Mr Grandchester m’emmène avec lui.

- Mais Mr Grandchester ne peut pas.

- Il me l’a dit aujourd’hui pourtant, mais je voulais le forcer. »

Georges vint s’assoir sur le rebord du lit et prit les mains de Tim en expliquant :

« On ne peut pas forcer les gens à faire ce qu’ils ne veulent pas. Comment Mr Grandchester aurait réagit en te trouvant dans sa malle à New-York ?

- Il n’aurait pas été content ?

- Ecoute, je ne crois pas qu’on puisse utiliser un terme comme « content » ou « fâché » dans un cas comme celui-ci. Disons plutôt que Mr aurait été très ennuyé. Comme il te l’a dit, il ne peux pas adopter. Il vit seul, n’a pas de compagne, et son travail lui prend tout son temps. Quand pourrait-il s’occuper de toi ? »

Tim baissa la tête et éclata en sanglot. Georges le prit dans ses bras et le consola en le berçant tendrement :

« Je ne serai jamais adopté. Personne ne veut de moi... Pleurait l’enfant contre la large épaule.

- Bien sur que si Tim... Moi je connais plein de famille qui aimerait avoir un petit garçon aussi intelligent et gentil que toi. »

Tim releva la tête, renifla et essuya ses larmes en demandant :

« C’est vrai ?

- Bien sur que c’est vrai ! Tiens, moi je te parie qu’avant la fin de l’année tu auras une famille.

- La fin de l’année ? Mais c’est dans quelques jours seulement.

- Oui je le sais. Fais moi confiance tu veux ? Mr Grandchester dit toujours que je ne me trompe jamais quand je dis quelque chose. Alors pourquoi cela serait-il différent avec toi ? »

Pour simple réponse, Tim haussa les épaules.

Georges lui sourit à nouveau, puis recoucha l’enfant :

« Tu dois dormir maintenant. Demain tout ira mieux.

- Vous serez là quand je me réveillerai ?

- Je ne serai pas ailleurs je te le promets. »

Tim tendit les bras et Georges accéda au câlin qu’on lui réclamait. Il l’embrassa ensuite sur le front puis remonta les draps en murmurant :

« Bonne nuit »... Et pour lui même « Mon fils ».

oooOOOooo



La comtoise du réfectoire fit sursauter Terry lorsqu’elle sonna 2 coups.

Accoudé à la table, il s’était endormi sans s’en rendre compte. Il fallait dire aussi que la nuit dernière il n’avait pu se reposer que deux misérables heures. Il se redressa et se frotta les yeux en inspirant. Il s’étendit vers ses papiers pour les ranger dans son attaché-case, mais une main tenant une tasse l’en empêcha.

Il releva la tête et vit Candy lui tendre un café fumant. Elle ne souriait pas, elle ne disait rien, elle le fixait juste en attendant qu’il accepte de prendre le breuvage.
Surpris ? Evidemment, mais il ne laissa rien paraitre. Essayait-elle de faire la paix ? A cet instant il ne saurait dire s’il était heureux ou irrité de la voir.
Elle n’avait été qu’une parfaite mégère envers lui. Impolie. Insultante. Et elle avait faillit foutre en l’air des années de travail dans son usine de Chicago.
Mais elle avait été également la première à l’ébranler jusqu’au plus profond de lui même. Depuis l’instant où il l’avait vu elle avait remplit son esprit d’elle. Elle n’avait pas quitté ses pensées de la nuit, l’empêchant littéralement de dormir.

Avait-il été jaloux une fois dans sa vie ? Jamais... Sauf hier. Ce fut une étrange sensation qui ne s’était calmée que lorsque Candy fut éloignée de ce Tom. Soit quand elle fut près de lui et avec lui.

Jamais il n’avait autant voulu d’une femme et celle-ci, pourtant, il la désirait ardemment. Pourtant, elle l’avait vivement repousser pendant la battue. D’accord il concédait à admettre que le moment avait été très mal choisi pour laisser parler ses instincts. Hélas, cela avait été plus fort que lui.

Elle s’installa en face de lui et réajusta son châle de laine blanche épaisse. Elle était belle. Seigneur ce qu’elle pouvait être magnifique. Avait-elle seulement conscience de l’impact qu’elle avait sur lui ? Ses yeux verts brillants, ses lèvres roses, ses joues de pêche et sa sublime chevelure composée d’une longue cascade de boucles blondes. A la lumière des lampes, ils brillaient et donnaient l’aspect de soie. Il adorerait y plonger ses doigts afin de les caresser longuement.

Bon sang... A croire qu’il n’arriverait jamais à se concentrer en se présence. Le voilà qui repartait à nouveau dans ces fantasmes !

Il secoua discrètement la tête, puis se redressa pour avaler une gorgée de café. Il sourit sincèrement :

« Il est décidément délicieux ce café. »

La jeune femme releva la tête et esquissa un léger sourire. Ce qui le surprit d’ailleurs. Ce sourire était bien le premier qu’elle lui adressait depuis son arrivée.

« Merci... murmura-t-elle simplement.

- Je suis sincère. Il faudrait que vous appreniez à le faire à ma secrétaire. Le sien est toujours très bon, mais un peu amer. »

Elle le fixa intensément. Puis inspira :

« Je ne parlais pas du café. Mais de ce que vous avez fait pour Tim aujourd’hui.

- Oh... C’était normal. Je ne pouvais pas rester sans rien faire alors que ce pauvre petit traînait quelque part dehors dans ce froid.

- Et aussi... De m’avoir portée. Vous n’étiez pas obligé et...

- C’est vrai, j’aurai pu tout simplement vous abandonner à votre sort et nous aurions été bien avancé. Ce ne fut pas une obligation Mlle Neige. »

Elle avala à son tour un peu de café, puis baissa la tête en faisant tourner sa tasse entre ses mains.

Terry avait assez d’année de relationnel derrière lui pour savoir que la jeune femme n’avait pas fini de se confier. Allait-elle enfin lui dire ce qui s’était passé à l’usine ? Il fallait qu’il sache s’il voulait agir.
Plus il la regardait, plus il lui était improbable qu’une personne aussi droite et généreuse qu’elle ait pu opérer de cette manière sans aucune raison valable.
D’un geste lent, il lui attrapa gentiment la main et décida de l’encourager à parler :

« Je ne vous drague pas Mlle, rassurez-vous. »

Elle pouffa ce qui l’incita à poursuivre :

« Je vois bien que vous avez des choses à me dire, mais peut-être ne savez-vous pas comment ?

- Non... Je le sais parfaitement. Mr Grandchester, pourquoi êtes vous resté muet à tous mes mails ? »

Terry recula, lâchant la main de la jeune femme par la même occasion, et la questionna du regard. Avait-il mal entendu ?

« Je vous demande pardon ?

- Si je vous adresse la parole maintenant, c’est parce que Mlle Pony m’a sermonnée au sujet de mon comportement envers vous. Vous voulez avoir des réponses quant à ce qui s’est passé à l’usine ? Personnellement, j’estime vous avoir assez informé de ce qui s’y déroulait.

- Ecoutez... Je vais être franc avec vous... Je n’avais jamais entendu parler de vous avant ma venue ici !

- Mais... Non c’est impossible. J’ai envoyé des dizaines de mails à votre bureau à New-York !

- Je n’ai jamais eut connaissance d’aucun d’entre eux, je regrette.

- Votre secrétaire... Aurait-elle pu ne pas vous les transmettre ?

- Je suis formel la dessus Mlle, Margaret est une femme digne de toute confiance et je m’en porte garant.

- Alors... Je ne vois plus qu’une seule solution... Mais elle risque de ne pas vous plaire.

- Je vous écoute.

- Legrand. »

Terry l’observa dubitatif un moment, pencha la tête de côté, puis fronça les sourcils. Il avait bien eut un soupçon sur cet homme, mais de là à l’accuser ouvertement et sans preuves c’était inconcevable.
Il se pencha en avant, croisa les mains sur la table et demanda :

« Qu’est ce qui vous fait penser ça ? »

Candy posa les doigts sur ses tempes, avala douloureusement, mais ne pu retenir ses larmes plus longtemps. Elle craqua carrément et laissa toute son histoire sortir d’entre ses lèvres :

« Dés le premier jour de son arrivée il m’a harcelée. Au début je pensais qu’il se lasserait très vite, mais le temps à passé et les mois n’y ont rien changé. Je connaissais toutes ses habitudes, je savais qu’il se délestait sur les autres. Legrand m’a fait des avances, m’a persécutée jusque chez moi et encore maintenant, il me tourmente en m’accusant moi d’être la responsable du désordre qui règne à l’usine. Et quand il n’en avait pas après moi, il s’en prenait à ses subordonnés. Legrand léguait son propre travail à sa secrétaire afin de se libérer le plus tôt possible. Il arrivait à 11h tous les matins et repartait à 13h. Voilà le genre d’homme que vous avez engagé. Et lorsque son travail était mal fait, il fallait voir ce que cette pauvre Mme Horson se prenait comme injure !

Depuis longtemps j’essaye de vous avertir de son comportement, de ses horaires scandaleux, de son autorité despotique, de l’impact psychologique qu’il avait sur nous tous. Mais jamais vous n’avez répondu. Alors j’ai fais ce que j’avais à faire. J’avoue, je suis celle qui a crée le mouvement de grève, je suis celle qui a également avertis les syndicats et organiser ce grand coup mais... C’était le seul moyen que j’avais pour nous faire entendre.
Je vous ait entendu parler avec Mr Georges. Après avoir rencontré Legrand, vous ne rêviez qu’une d’une chose, c’était de m’attraper et de me faire payer chèrement ce que j’avais fait. Voilà les raisons de mon comportement envers vous.

Je suis désolée de vous avoir insulté, mais lorsque vous avez voulu m’embrasser, j’ai cru le revoir lui. Les homme puissant prennent tout par la force et je refusais ça. Il a essayé comme vous de me toucher et je lui ai cassé un vase sur la tête. A la suite de quoi il m’a menacée de renvoi et avant qu’il ne le fasse, je suis entrée en action.
A croire que mon plan était valable finalement, puisque vous êtes venu.

-Et j’ai failli repartir sans rien savoir.

- Je voulais simplement oublier. Mais croyez moi, je vous jure que jamais ne n’aurai fait cela si je n’avais pas été autant acculé. »

Elle cacha son visage de ses mains et Terry la regarda silencieusement en sentant une vague de colère le traverser. Cet état de courroux qui l’envahi rapidement dans son entier n’était pas tourné vers la jeune femme en face de lui, mais bien contre le salaud qui avait osé la faire autant souffrir. Il allait trouver le moyen de remettre la main sur ces mails disparus et de réparer l’infamie qui s’était abattue sur son usine en commençant par licencier Legrand.

Il étira la main, prit celle de Candy et la porta à ses lèvres. Son regard bleu profond se riva sur celui de la jeune femme et dans un murmure, sa bouche effleurant sa peau il prononça :

« Merci de m’avoir tout dit. Maintenant je vais pouvoir faire quelque chose. »

oooOOOooo



La voiture se gara en bas de l’immeuble déserté à cette heure avancée de la nuit. Candy chercha les clés dans son sac à main, tandis que Terry scrutait les alentours. La porte s’ouvrit en grinçant légèrement et Georges précéda tout le monde à l’intérieur.

Le silence était pesant dans l’ascenseur qui les menait au dernier étage.

Le sol recouvert de moquette absorbait le bruit de leurs pas comme qu’ils se dirigeaient vers ce qui était le bureau de Candy. Elle ne perdit pas de temps à allumer son ordinateur, alors que Georges se dirigeait vers celui de Legrand. Bien évidemment, la porte était fermée à clé, mais l’homme ne se démonta pas et demanda à la jeune femme si elle avait une barrette. Candy fouilla dans sa masse de cheveux et lui en donna une qu’il déplia et cassa en deux.
Il n’aimait pas cette méthode de voyou, mais il devait forcer la porte du bureau du directeur.

Pendant ce temps, Candy trouva les archives de ses mails et les montra à Terry qui, au fur et à mesure de sa lecture, serra les poings un peu plus.
Au début ses messages étaient des plaintes, puis des accusations et enfin des supplications. Un détail lui sauta aux yeux et il se tourna sur Candy :

« Ces mails sont anciens, ils ont plus d’un an.

- Oui et ?

- Pourquoi être restée si longtemps ? Vous auriez pu partir. »

Candy le fixa un moment, puis soupira en répondant :

« Mr Grandchester, je dois vous expliquer que je travaille ici depuis 5 ans... Depuis que j’ai eut mon diplôme en fait. Les choses se sont gâtées il y un an et demi lorsque Legrand a été embauché. Je ne pouvais pas partir, j’avais besoin d’argent, j’en ai toujours besoin, mais pour en avoir je dois travailler, alors... J’ai essayé d’ignorer le calvaire de mon travail et de continuer comme je pouvais.»

Cinq ans ? Elle était là depuis si longtemps ? Si elle était réellement une agitatrice, elle aurait pu semer la pagaille depuis bien plus longtemps. Pourquoi seulement maintenant si une certaine personne n’en était pas la cause ?

Cette constatation le renforça dans ce qu’il soupçonnait déjà; Legrand avait voulu le rouler. Forcément, si les mails de Candy avaient été découvert par quelqu’un d’autre que lui, il savait pertinemment qu’un scandale aurait éclaté et qu’il en aurait perdu sa place. Décidément, il n’avait eut peur de rien et avait réussit à tout mettre en œuvre pour que la faute retombe sur Candy. C’était bien joué, mais il avait perdu.

« Je parlais d’une demande de mutation Mlle Neige.

- Mr, pourquoi aurai-je quitté ma famille ? D’ailleurs l’argent que je gagnais servait à...

- Mr Grandchester, interrompit Georges. J’ai réussi à entrer et pirater l’ordinateur du directeur. Vous devriez venir voir ça. »

Terry abandonna donc le sujet et alla rejoindre l’homme dans l’autre pièce. Candy les suivit et arriva au moment où Terry laissa voler une poignée de juron. Il se tourna sur elle et expliqua :

« Pas étonnant que je ne recevais rien ! Cet enfoiré faisait passer vos mails par sa propre boîte ! Ils sont tous là ! »

Candy se précipita et constata les dires :

« Mais, tous les autres mails que j’envoyais sont toujours bien partis.

- Il a mit un filtre Mlle. Tous ceux qui commençaient par « Grandchester » ou « Energy entreprise » tombaient chez lui. » Expliqua Georges.

Elle posa ses doigts sur son front en comprenant la situation. Son grand patron ignorait vraiment l’existence de tous ses mails. Legrand avait bien prit soin de l’empêcher de se plaindre à la haute hiérarchie...

Quant à la haute hiérarchie, et bien justement elle se tenait près d’elle. Candy se tourna sur Terry et le regarda tristement. Comment avait-elle osé ? Elle l’avait insulté et méprisé sans aucune raison. Comment aurait-il pu intervenir en étant gardé loin de tout ça ? Bien sur qu’il était en colère contre elle lorsqu’il avait entendu la version de Legrand, il en avait tous les droits puisqu’il ne savait pas.

Candy baissa la tête et balbutia en retenant tant bien que mal ses larmes :

« Pardon... Pardon Mr Grandchester. je vous ai accusé pour rien. Ce n’était pas de votre faute. Ce n’était pas de votre... »

Terry la prit dans ses bras et tenta de la calmer avec de petits mots gentils. Il pouvait comprendre sa frustration et sa colère quand on savait le nombre d’appel qu’elle lui avait envoyé et qui était resté sans réponse. Il lui caressa les cheveux, puis laissa ses mains glisser le longs de ses épaules.
Elle releva la tête. Ses joues étaient baignées de larme. Ses lèvres tremblaient légèrement. Une fois de plus et dans un moment peu propice à ce genre d’effusion, Terry se senti de nouveau irrésistiblement très attiré par elles. Il se pencha vers Candy, posa son front contre le sien et murmura :

« Vous avez réagit comme n’importe qui l’aurait fait. Votre seule moyen de défense était l’attaque et maintenant que je sais tout, je ne laisserai plus jamais une telle chose se reproduire.

- Si vous saviez comme je suis désolée de vous avoir si injustement accusé. Pardonnez moi.

- Une seule chose me fera accepter votre requête.

- Laquelle ?

- Ne bougez surtout pas. »

Et cette fois, il l’embrassa.

Dans ses veines, un feu ardent s’alluma, le traversant dans son entier et embrasant avec force sa raison de ne pas devenir trop audacieux. Il dévora ses lèvres chaudes avec passion, jusqu’à ce qu’il la sente céder à son invite. Et lorsqu’elle entrouvrit la bouche, il l’investit sans aucune autre forme d’hésitation.
Il la sentit vaciller sur ses jambes, s’accrochant à sa veste avec fermeté. Ses doigts fins remontèrent sur sa nuque, se glissèrent entre ses longues mèches brunes et s’y mêlèrent. Elle caressa ainsi ses cheveux avec tendresse, ce qu’il trouva agréable. Et c’était une première, lui qui avait toujours eut horreur qu’on toucha à ses cheveux. Même Suzanna qui...

Il mit un terme au baiser et fixa la jolie jeune femme dans les yeux. Depuis qu’il l’avait rencontré, il avait totalement oublié l’existence de sa petite-amie à New-York. Il n’avait pas le droit de faire ça à Candy. Il la voulait c’était certain, mais il devait d’abord commencer par le début et rompre avec l’autre.
Il posa ses grandes mains sur les joues roses de Candy, déposa quelques baisers sur son front et lui sourit :

« Imprimons tout ça et retournons à l’orphelinat. Georges à fait une promesse à un certain petit garçon qui serait déçu de ne pas le trouver à son réveil. »
Candy opina, puis se mit au travail.

Terry sorti du bureau en se passant la main dans les cheveux, puis soupira en allant rejoindre Georges. Ce dernier regarda son patron d’un air amusé, mais ne fit aucun commentaire.

Depuis qu’il connaissait Terry, c’était bien la première fois qu’il le voyait aussi passionné avec une femme. Peut-être que Mlle Neige était celle qui saurait le rendre heureux... Oh... Pas peut-être. C’était sûr même. A en juger par les petites étoiles pétillantes qui brillaient dans le regard de son employeur, il n’avait aucun doute la dessus.

« Merci Georges de votre discrétion.

- Je vous en prie. Ce moment vous appartenait. Répondit-il en lui adressant un clin d’œil. J’ai presque fini les impressions.

- Parfait, lorsque ce sera fini nous regagnerons La Porte. »


oooOOOooo



Le soleil se leva sur la campagne de l’Illinois. Tout le monde était déjà réveillé dans l’orphelinat, même Tim.
Georges avait tenu parole et lorsque l’enfant avait ouvert les yeux, il l’avait vu assit près de lui. Il lui dédia un magnifique sourire, auquel l’homme répondit en l’embrassant sur le front :

« T’es-tu bien reposé ?

- Je suis en pleine forme !

- Parfait. Tu vas donc pouvoir t’habiller et rejoindre les autres pour le petit-déjeuner alors ?

- Oui !

- D’accord, alors je vais te laisser et te retrouverai dans le réfectoire. »

L’enfant hocha de la tête et sauta du lit comme George quittait la chambre.

Dans le couloir, il s’appuya contre la porte et leva les yeux au plafond. Cette misère était vraiment infernale... Il arpenta le couloir, scruta les murs et le sol, puis sorti un petit calepin de sa poche en commentant :

« Dés que je serai de retour à New-York, je ferai le nécessaire pour faire restaurer cet endroit. »

Ce qui ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde. Il ne l’avait pas vu, mais Candy l’avait regardé faire. Aussi quand elle l’entendit parler pour lui même, elle ne pu s’empêcher de l’interrompre :

« Ce sera inutile Mr Georges. »

Il se retourna lentement et demanda :

« Pourquoi dites-vous cela ?

- Cet endroit n’existera plus au printemps prochain.

- Pardon ?

- Le seul moyen de le sauver est de rassembler la somme, cash, que coûte le terrain ainsi que la maison. Le prix s’élève à plus de $500 000. Cet endroit appartient à un riche magnat du pétrole dans les environs de Dallas, et c’est son tarif pour nous laisser rester ici. Sinon, il en fera une usine de textile.

- Je suis désolé...

- Vous n’y pouvez rien... Ah moins que...

- Ah moins que quoi ?

- J’ai cru remarqué que vous vous étiez beaucoup attaché à Tim non ?

- Depuis que j’ai reçu la lettre. Je voulais vraiment connaitre cet enfant et je ne suis pas déçu. Il est vif, intelligent et si gentil. Ma femme l’adorerait aussi, j’en suis certain.
- Alors, voilà ce que vous pouvez faire.

- J’y ai déjà pensé. Mais il faut que mon épouse le rencontre à son tour. Voilà pourquoi je ne lui ai rien dit encore.

- Je comprends. Mais quand ? Pourrez-vous repartir bientôt? Le plus tôt sera le mieux pour Tim. »

Georges soupira, regarda s’ils étaient bien seuls, puis avoua :

« Nous pouvons repartir tout de suite. Le garage m’a confié la pièce de rechange, cela depuis le premier jour, et entre nous je n’en aurai pas pour plus de 2 mins à la mettre en place. Mais..

- Vous avez caché ça à votre patron ? Pourquoi ?

- Parce que je voulais être avec Tim. Je voulais en savoir plus sur lui. Je suis parfaitement conscient que si Mr apprenait cela il serait furieux, mais je devais rester. Accepteriez vous de garder cela pour vous ?

- Pour le bonheur de Tim ? Evidemment ! Répondit Candy en souriant. »

Terry qui venait de finir de s’apprêter, se dirigeait vers la porte pour rejoindre tout le monde au réfectoire. Il était de fort bonne humeur ce matin et la jolie Candy y était pour beaucoup. Toute la nuit le souvenir de leur baiser l’avait hanté et grâce à cela, il avait pu s’endormir sereinement. Il ne rêvait plus que d’une chose à présent, faire tomber Legrand et plaquer Suzanna pour pouvoir retrouver au plus vite celle qui faisait battre son cœur.

Quelle belle journée ! Il était de si bonne humeur que rien ne semblait pouvoir le contrarier. Il tendit la main vers la poignée, la tourna doucement et commença à ouvrir la porte, mais s’arrêta net en entendant la petite voix de Candy et celle de Georges. Ils semblaient dans une sérieuse discussion, aussi il tendit l’oreille et écouta discrètement. Au fil de la conversation, Terry en apprit de bonne ce qui eut pour effet de flanquer sa joie par terre. Il savait à présent que l’orphelinat était menacé de disparaitre et que Georges lui avait menti.

Il referma la porte lentement puis s’y adossa. Ses yeux fixèrent la fenêtre en face de lui. Le soleil éclatant faisait briller la neige telles des paillettes. Un oiseau peu frileux se posa sur le rebord de la vitre et gazouilla un peu avant de redécollé.
Il ferma les yeux... Cette journée était si belle ! Il ETAIT de très bonne humeur. Rien n’aurait dû venir le contrarier.

A suivre.

view post Posted: 8/12/2021, 17:47     Un Noël mouvementé à la maison Pony - Les fanfictions de Noël

CHAPITRE 3




Aussitôt se fut l'affolement général. Les adultes se mirent à explorer tous les recoins de l'orphelinat en espérant trouver Tim caché quelque part, tandis que les enfants, croyant à un nouveau jeu, courraient dans tous les sens en hurlant le nom de leur petit camarade. Terrence qui s'était installé dans le réfectoire, seul endroit calme en dehors des heures de repas, pour travailler sur les quelques dossiers qu'il avait avec lui, apparut dans le couloir irrité par ce remue-ménage. Il croisa Georges, la mine inquiète.

« Peut-on savoir la raison de ce vacarme ?

- Un des enfants a disparu, Monsieur Granchester. L’avez-vous vu ? »

En entendant sa réponse négative, le chauffeur poursuivit sa tâche, inspectant l’une après l’autre, toutes les pièces du couloir. Il ne fallut pas longtemps à Terrence pour comprendre ce qui s’était passé lorsqu’il découvrit lui aussi la fenêtre ouverte et les petites empreintes qui s’éloignaient. Il jeta un regard soucieux au ciel qui se chargeait de nuages et referma la croisée. Il trouva les autres dans la salle de séjour. La vieille Mademoiselle Pony se tordait les mains en gémissant tandis que les autres parlaient à tord et à travers. Au milieu de toute cette confusion, on entendit soudain le bruit d’un puissant moteur ainsi qu’un coup de klaxon.

« Mon Dieu ! Implora Soeur Maria. Faites que ce soit Tim qu’on nous ramène. »

La religieuse se signa rapidement et se précipita vers la porte d’entrée suivie des autres. Terrence leur emboîta le pas plus calmement. Il arriva juste à temps pour voir un homme souriant descendre d’un camion et venir donner l’accolade aux deux femmes responsables de l’orphelinat. Puis il se tourna vers Candy avant de la serrer dans ses bras.

« Hé ! Tu es là aussi, Candy ? Je suis si heureux de te revoir. Je venais apporter un sapin, comme tous les ans. Mais pourquoi faites vous une tête pareille ? »

La jeune femme s’abandonna un instant dans les bras puissants qui l’encerclaient et Terrence serra les dents. Il ne savait pas qui était cet homme, mais elle ne l’accueillait pas avec un regard noir. Alors que lui n’avait droit depuis son arrivée qu’à de l’hostilité, ou au mieux, une indifférence polie.

« Oh, Tom ! C’est terrible ! Tim a disparu !

- Tim ? Le petit Tim ? Ce n’est pas son genre. Vous êtes sûres qu’il n’est pas caché quelque part pour jouer ?

- Nous avons fouillé partout ! S’exclama Soeur Maria.

- Bien inutilement à mon avis, intervint Terrence. Cet enfant a fait une fugue.

- Pourquoi dites-vous cela, protesta Candy en levant son petit menton d’un air bravache. Que connaissez-vous des enfants ?

- Je sais qu’un enfant qui décide d’aller jouer dans la neige ne sort pas par une fenêtre de derrière. S’il a fait cela, c’est qu’il ne voulait pas être vu. Il faut partir rapidement à sa recherche si vous voulez le retrouver. La nuit tombe vite. »

La voix du jeune homme avait un tel ton d’autorité que chacun se calma. Le dénommé Tom s’avança vers lui et tendit la main.

« Mon nom est Tom Steeve. Je viens du ranch voisin.

- Terrence Granchester, lâcha l’autre à contrecoeur. Je suis là suite à un malencontreux accident.

- Alors la grosse BMW que j’ai vue dans le fossé doit être à vous ? Il faut être de la ville pour croire qu’on peut rouler dans la neige avec ce genre de voiture ! »

Malgré son inquiétude, Candy ne put réprimer un ricanement en entendant la réflexion de son ami. Vexé, Terrence carra les épaules et se dressa comme un coq sur ses ergots, mais déjà Tom désamorçait la situation.

« C’est peut-être un citadin, mais il a raison. Si le petit est dehors avec ce froid, il faut le retrouver au plus vite. Bientôt on y verra plus rien. Et si la neige recommence à tomber, elle couvrira ses traces. Il n’y a pas de temps à perdre.

- Je vais chercher des torches électriques et nos manteaux, dit la religieuse en se précipitant à l’intérieur.

- Je fais un saut au ranch pour rameuter des hommes, décida Tom. Je serais de retour dans une demi-heure. Plus nous seront nombreux et plus nous couvrirons de terrain.

- Très bien, acquiesça Candy. Mademoiselle Pony restera ici pour surveiller les enfants. Moi, je vais commencer par le petit bois. Soeur Maria n’aura qu’à chercher vers le village.

- Pas si vite, jeune fille ! L’interrompit Tom. Hors de question que tu y ailles seule. C’est trop dangereux.

- Ne sois pas stupide, Tom ! Protesta Candy. Tu oublies que j’ai grandi ici. Je connais la région comme ma poche.

- J’ai dit non ! Tu attends que je revienne, ou tu n’y vas pas du tout.

- Il a raison, Candy, approuva Soeur Maria qui revenait avec des lampes électriques et leurs manteaux. Monsieur Georges fera équipe avec moi. Nous irons en direction du village.

- Je ne resterai pas ici à me tourner les pouces alors que Tim est en danger.

- J’irai avec vous, intervint Terrence en enfilant son précieux manteau de cachemire.

- Vous ? S’exclama Candy avec stupéfaction.

- Bien sûr, moi ! Vous me prenez pour un monstre capable de laisser un enfant mourir dans la neige sans lever le petit doigt ?

- Personne n’a jamais dit cela, Monsieur Granchester, intervint Tom, apaisant. Par contre, vous n’irez pas loin avec ces chaussures de ville, constata-t-il. Je vais vous prêter une paire de bottes. »

Terrence fit la grimace en jetant un coup d’oeil à ses chaussures italiennes hors de prix déjà irrémédiablement abîmées par sa marche de la veille dans la neige. Puis il suivit Tom jusqu’au camion tandis que Candy piaffait d’impatience derrière eux.


-----oooOooo-----




Quelques heures plus tard, l’impatience avait cédé la place à la fatigue et l’anxiété. Malgré leurs efforts; les deux partenaires involontaires n’avaient pas trouvé trace de Tim. Ils avaient pourtant arpenté le bois en tous sens, mais les empreintes de l’enfant n’avaient pas tardé à se perdre dans une zone rocheuse et il avait été impossible de les retrouver. Ému par l’angoisse visible de Candy, Terrence aurait voulu la rassurer. Hélas, il savait que le seul moyen de lui rendre le sourire était de retrouver l’enfant. Lui qui au départ avait pris cette expédition comme une corvée n’avait alors pas ménagé sa peine. Il avait inspecté chaque buisson, chaque creux dans les rochers, sans succès. Il faisait nuit noire depuis longtemps. Le froid était de plus en plus vif, et pour couronner le tout, la neige s’était remise à tomber. Épuisée, Candy s’assit sur un tronc d’arbre mort.

« Mon Dieu ! Où peut-il bien être ! Soupira-t-elle d’une voix éraillée à force d’avoir appelé Tim.

- Il ne peut pas être allé très loin. Nous ferions mieux de rentrer. Vous n’en pouvez plus et nos torches électriques donnent des signes de faiblesse. Peut-être les autres équipes ont-elles eu plus de chance que nous. »

Le jeune homme disait cela uniquement pour la rassurer car il entendait parfois les cris portés par le vent des autres volontaires. S’ils continuaient à appeler Tim, c’est qu’ils ne l’avaient pas retrouvé. Le regard lourd de reproches que Candy leva vers lui prouvait qu’elle n’était pas dupe.

« Nous reprendrons les recherches dès que nous serons reposés et réchauffés. Insista-t-il.

- Très bien, dit la jeune femme. Mais nous allons longer la rive gauche du ruisseau, cette fois. Nous sommes passés trop vite la première fois, et il y a plein de cachettes dans ce coin-là.

- Comme vous voulez, céda Terrence. »

Il était prêt à accepter n’importe quoi, pourvu qu’ils regagnent l’abri de l’orphelinat car il voyait bien que sa compagne était à bout de forces. Seule la volonté la poussait encore à avancer, mais elle ne tarderait pas à s’écrouler. Dès qu’elle serait en sécurité, il se joindrait à une autre équipe pour poursuivre les recherches.

Il devait bien avouer que son admiration pour la jeune femme n’avait cessé de croître au fil des heures. Où ce petit bout de femme puisait-elle une telle énergie ? C’était un mystère. Aucune des femmes qu’il connaissait n’aurait accepté de marcher des heures dans la neige pour retrouver un enfant fugueur. A part peut-être Margaret, sa secrétaire. Mais Margaret, bien qu’elle n’en ait pas elle-même, se révélait une vraie tigresse dès qu’il était question d’enfant. Pour les autres femme de sa connaissance, la neige était synonyme de sports d’hiver, de combinaisons de ski griffées et de stations huppées fréquentées par la jet-set. Un univers bien éloigné de celui où il avait atterri à cause de cette panne stupide.

Ils marchèrent en silence, scrutant les environs à l’affût du moindre signe de Tim. La voix de Candy se brisa alors qu’elle appelait l’enfant une nouvelle fois et Terrence entendit nettement les sanglots qu’elle essayait de refouler. Il aurait voulu la consoler, mais ne savait pas comment s’y prendre. Il essaya d’entamer la conversation pour la détourner de ses pensées moroses.

« Vous disiez avoir grandi dans la région. Vous y avez toujours vécu ? Demanda-t-il.

- Croyez-vous vraiment que ce soit le moment de tenir une conférence, répondit la jeune femme en lui jetant un regard noir.

- Je ne tiens pas une conférence ! Protesta Terrence. J’essaie juste d’entretenir une conversation polie pour...

- Pour m’éviter de penser à mon inquiétude pour Tim ? C’est très délicat de votre part, et cela m’étonne. Mais ce ne sera pas suffisant. Voyez-vous, quand je parle d’avoir grandi ici, je ne parle pas de la région, mais de l’orphelinat. Ce sont Mlle Pony et Soeur Maria qui m’ont élevée. Ainsi que Tom, d’ailleurs, jusqu’à ce qu’il soit adopté par Monsieur Steeve. Voilà pourquoi je me sens si proche de Tim et des autres enfants.

- Oh ! S’exclama Terrence, à court de mots et terriblement gêné.

- Oui, Oh ! Que voulez-vous, Monsieur Granchester. Tout le monde ne peut pas être né avec une cuillère en argent dans la bouche, comme vous. »

Voilà qu’elle recommençait à l’agresser ! Cette fois ce fut trop pour le jeune homme qui s’arrêta de marcher et se planta devant elle.

« Vous semblez en savoir beaucoup sur moi, Candy. Mais cela ne m’explique pas votre hostilité à mon égard depuis que je suis arrivé.

- Vous voudriez que je vous apprécie ? Après ce que vous m’avez fait ? Vous avez raison, je ne vous apprécie pas et je n’apprécie pas non plus vos méthodes de management ! Mais maintenant, je n’ai plus de comptes à vous rendre. Rien de ce que vous pourriez faire ne saurait m’impressionner. »

Candy était prête à déverser toute la rancoeur qu’elle avait accumulée contre cet homme. Même si elle n’avait jamais eu l’occasion de le rencontrer en personne, tout ce qu’elle avait appris sur lui depuis qu’il avait racheté l’usine de LaPorte lui suffisait. Elle était à bout de nerfs et il était le parfait exutoire à sa tension. La colère qu’elle éprouvait avait coloré ses joues pâles et faisait briller ses yeux et Terrence songeait qu’il n’avait jamais vu une femme aussi séduisante. Soudain elle vit quelque chose changer dans son regard et avant qu’elle ait pu comprendre ce dont il s’agissait, il la tira violemment vers lui et elle se retrouva dans ses bras.

Au même instant, elle entendit le terrible craquement et une branche qui avait cédé sous le poids de la neige s’abattit à deux pas de l’endroit où elle se trouvait quelques secondes plus tôt. Comprenant qu’elle venait d’échapper de peu à l’accident, elle se mit à trembler de frayeur rétrospective. Cet homme, son ennemi, venait de lui éviter le pire. Instinctivement, elle se serra contre lui, à la recherche de la chaleur protectrice de ses bras.

Terrence avait entendu la branche qui commençait à se rompre. Tirer la jeune fille contre lui avait été un réflexe. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était la satisfaction qu’il éprouverait à la tenir dans ses bras. Elle était si frêle, si menue, et tremblait de peur ou de froid, il n’en savait rien. Il resserra son étreinte et elle se pressa contre lui, comme si c’était là sa place. Elle leva le visage vers lui et son regard fut irrémédiablement attiré par ses lèvres roses. Malgré le froid, il était persuadé qu’elles devaient être douces et tièdes. Il fallait qu’il sache ! Il inclina lentement la tête vers elle, mais avant d’avoir pu vérifier son hypothèse, elle le repoussa avec vigueur.

« Espèce de salaud ! Je savais bien que vous ne valiez pas mieux que cet imbécile de Legrand ! »

Ses yeux lançaient à nouveau des éclairs. Elle recula de quelques pas mais trébucha sur la branche qui venait d’atterrir derrière elle. Elle perdit l’équilibre et tomba avec un petit cri de douleur. Retrouvant aussitôt ses esprits, Terrence se précipita vers elle. Avant qu’il ait pu dire quoi que ce soit, des cris se firent entendre du côté de l’orphelinat. Mais ils n’avaient rien de commun avec les appels anxieux qui avaient résonné jusqu’ici.

« Que ce passe-t-il ? Demanda Candy. Vous croyez qu’ils ont retrouvé Tim ?

- Il n’y a qu’un moyen de le savoir. Pouvez-vous marcher ?

- Je crois... »

La jeune femme essaya de se lever, mais dû accepter la main qu’il lui tendait pour y arriver. Elle grimaça de douleur dès qu’elle posa le pied au sol. Avec un soupir, Terrence la prit par la taille. Il glissa une main sous ses genoux et la souleva comme si elle ne pesait pas plus qu’une plume.

« Lâchez-moi tout de suite ! Je n’ai pas besoin de vous !

- Cessez de faire l’enfant ! Gronda-t-il. Je vous ramène à l’orphelinat. Nous prendrons des nouvelles de Tim, et examinerons votre cheville. Cessez de gigoter et accrochez vous à moi, sinon je pourrais bien vous laisser tomber. Mais je vous promets que nous aurons bientôt une très sérieuse explication, vous et moi ! »

Candy arrêta de protester et fit ce qu’il lui demandait. Elle avait beau le détester, elle ne s’était jamais senti aussi bien que portée dans ces bras puissants. Elle se sentait soudain précieuse et si c’était un sentiment qu’elle n’avait jamais éprouvé jusque là, c’était bien trop agréable pour qu’elle n’en profite pas, ne serait-ce qu’un tout petit peu.


-----oooOooo-----




C’était l’effervescence dans la vieille bâtisse lorsque Terry y pénétra, la jeune femme toujours dans les bras. A cette heure avancée, les enfants étaient déjà couché, mais les bruits et les chuchotement qui provenaient des dortoirs prouvaient que les petits faisaient tout leur possible pour savoir ce qui se passait. Comme l’agitation semblait concentrée dans le couloir des chambres, il déposa son tendre fardeau sur un des sofas du salon.

« Restez ici. Intima-t-il avec autorité. Ne vous appuyez pas sur votre pied. Je vais aller aux nouvelles et trouver quelqu’un pour examiner votre cheville. »

C’était mal connaître Candy que d’espérer qu’elle resterait assise sans bouger à attendre qu’on s’occupe d’elle. A peine avait-il le dos tourné, qu’elle se levait précautionneusement pour le suivre. Elle constata avec plaisir que la douleur s’était presque totalement estompée.

Terrence trouva tous les adultes réunis dans la chambre qui avait été attribuée à Georges. Dans le lit, il distingua vaguement un petit corps qui disparaissait sous une montagne de couvertures. Pendant que Soeur Maria et Mlle Pony s’affairaient autour de l’enfant, il attira son chauffeur vers le fond de la pièce.

« C’est vous qui l’avez trouvé, Georges ? Où était-il ?

- Dans la voiture, Monsieur. Je l’ai trouvé dans la voiture ! Nous l’avons cherché à des kilomètres à la ronde, et il s’était caché dans le coffre de la voiture ! Je ne sais pas ce qui m’a poussé à aller voir par là... mais quand j’ai vu la malle arrière entrouverte...

- Vous voulez dire qu’elle n’était pas fermée !

- Il n’y a rien de valeur à l’intérieur, Monsieur. Et nous ne sommes pas à New York.

- Et comment va l’enfant ?

- Un médecin devrait passer pour l’examiner. Le jeune Tom Steeve est parti le chercher. Je crois qu’il est en hypothermie. Mais je ne pense pas que ce soit trop grave. Dès qu’il sera réchauffé, il devrait se remettre sans problèmes. Hélas, mon brevet de secouriste n’est pas très utile dans un cas semblable. »

Le malheureux semblait très inquiet ce qui ne manqua pas d’étonner son patron. Il allait lui poser la question quand une voix anxieuse se fit entendre.

« Timmy ! Mon Dieu ! Est-ce qu’il va bien ? »

Courroucé, le jeune homme se tourna vers la porte que Candy franchissait en clopinant.

« Je vous avais dit de ne pas bouger, bon sang de bois ! S’emporta-t-il.

- Monsieur Granchester ! Protesta Soeur Maria. Ne jurez pas s’il vous plait. Et ne criez pas dans la chambre du malade. »

Remis à sa place comme un gamin, le puissant homme d’affaires grommela quelque chose d’incompréhensible tout en se dirigeant vers Candy qui se cramponnait au chambranle de la porte. Sans un mot, il reprit dans ses bras pour l’emporter dans le séjour tout en faisant signe à Georges de le suivre. Sitôt arrivé, il réinstalla la jeune fille sur le canapé qu’elle venait de quitter et se planta à côté d’elle les bras croisés.

« Vous êtes vraiment impossible, vous savez ! Siffla-t-il entre ses dents.

- Vous n’avez plus d’ordres à me donner, riposta Candy avec hargne.

- C’est pourtant ce que je fais. Vous allez rester tranquille le temps que Georges mette en pratique son brevet de secouriste et regarde votre cheville. Nous parlerons après. Elle est tombée pendant les recherches et s’est tordu le pied, expliqua-t-il à son chauffeur qui s’agenouillait devant le sofa. »

Déjà, Georges avait ôté la chaussure de Candy et palpait son articulation avec soin. Pendant tout le temps que dura son examen, les deux jeunes gens s’affrontèrent du regard, aucun des deux de voulant baisser les yeux le premier. Finalement, l’infirmier improvisé reposa doucement le pied de la jolie blonde sur le sol.

« Cela n’est pas enflé. Il n’y a ni entorse ni foulure. Vous avez dû vous tordre la cheville un peu violemment. Vous avez eu très mal ?

- Sur le coup, oui, avoua Candy. Mais je ne sens presque plus rien.

- Tout devrait bien aller. Je vous déconseille cependant d’abuser de votre cheville ce soir. Bien sûr, vous pourrez demander au docteur d’y jeter un coup d’oeil quand il sera là.

- J’ai toute confiance en vous, Monsieur Georges. Je suis certaine que demain il n’y paraîtra plus.

- Dans ce cas, avec votre permission, je vais retourner auprès de Tim. Mlle Pony est très âgée et Soeur Maria est épuisée après nos longues heures de recherche. Je leur ai proposé de veiller sur le petit. Il vaut mieux ne pas le laisser seul tant qu’il n’aura pas repris connaissance.

- C’est très gentil à vous Monsieur Georges, souligna Candy en lui adressant son sourire le plus chaleureux. De même que de lui avait laissé votre chambre.

- Il était hors de question de l’installer dans le dortoir, voyons ! Cela ne me gêne pas du tout, comme de rester près de lui cette nuit. Je vais libérer ces braves dames, qu’elle aillent se reposer. »

Il sortit avec un signe de tête, laissant son patron et la jeune Candy seuls dans le salon. Terrence abandonna sa posture impressionnante et se décida à s’asseoir sur un fauteuil en soupirant.

« Puisque nous voilà rassurés sur l’état de santé de Tim ainsi que sur le vôtre, j’aimerais beaucoup que vous éclairiez ma lanterne de citadin. Pour une jeune personne qui travaille dans un orphelinat au milieu de nulle part, je trouve que vous avez de nombreux préjugés sur moi.

- Qui vous a dit que je travaillais ici ? Je n’ai aucune compétence particulière pour m’occuper de jeunes enfants. Je suis diplômée en ressources humaines. Si je suis revenue dans la maison de mon enfance, c’est justement parce que je n’ai plus de travail. Grâce à vous !

- Et en quoi suis responsable de votre actuelle disponibilité ? Vous avez décidé de m’accuser de tous le maux de la terre, ou quoi ? Commencez donc par m’expliquer pourquoi vous m’avez traité de salaud ! »

L’exclamation stupéfaite de Soeur Maria qui venait d’entrer dans la pièce empêcha Candy de répondre. Malgré la fatigue qui marquait ses traits, elle se tenait bien droite et ses yeux exprimaient toute son indignation. A cet instant, elle ressemblait plus à un démon vengeur qu’à un ange du seigneur.

« Candice Rosemary Neige ! Est-ce ainsi que je t’ai élevée ? Si tu as réellement été aussi grossière avec Monsieur Granchester, je te conseille de t’excuser immédiatement ! »

Candy baissa les yeux, l’air penaud. Mais Terrence lui, n’avait retenu qu’une seule chose de la sortie de la religieuse.

« Candice Neige ! Vous vous appelez Candice Neige et vous étiez Chargée de Ressources Humaines ?

- Oui. Et alors ?

- Dans ce cas, Mademoiselle Neige, s’emporta le jeune homme sans se soucier de scandaliser Soeur Maria, vous allez m’expliquer pourquoi vous avez foutu le bordel dans mon usine ! »


A suivre

view post Posted: 8/12/2021, 17:45     Un Noël mouvementé à la maison Pony - Les fanfictions de Noël

Chapitre 2




Des cris et des pas de course dans le couloir le tirèrent de son sommeil. Il marmonna un juron et tendit le bras vers sa montre qu’il avait négligemment posé à terre la veille. Ses yeux eurent un mal fou à calquer une image nette. Il du donc forcer sa vision à se concentrer sur les aiguilles.

7h ? Il était 7h du matin ? Le soleil n’était pas encore levé et il s’était endormi il y avait à peine deux heures. Il grogna, se roula dans les draps et couvrit ses oreilles en fourrant sa tête sous l’oreiller.

Il tenta de toutes ses forces de regagner le sommeil, essaya d’ignorer le boucan qui lui parvenait depuis la pièce voisine, fit semblant de ne pas entendre le bruit des chaises qu’on déplaçait ! Mais bon sang c’était vain ! Plus il essayait, plus la cacophonie semblait s’accentuer.

Plus moyen de dormir à présent autant se lever. Il rejeta les draps et s’habilla de son costume de la veille avant de remettre de l’ordre dans ses longues mèches brunes. Lui qui d’ordinaire prenait si soin de son apparence, il se voyait aujourd’hui privé d’un miroir, de rasoir, de brosse à dents, de soin du visage et de peigne. Il leva les yeux au ciel en espérant que la voiture serait prête à repartir dans la journée. Il était impensable pour lui de passer une nuit de plus ici.

Après avoir enfilé ses chaussures, il quitta la chambre et se trouva plongé dans un long couloir sombre. A tâtons il parcourut le mur à la recherche d’un interrupteur qu’il ne trouva pas. Mais où était-il donc tombé ? En plus d’empester le bois moisi et l’humidité cette baraque n’avait pas d’électricité ou quoi ? Plus contrarié que jamais, il pesta en faisant demi tour au moment où une porte s’ouvrit au bout du corridor. Il se retourna vivement et rencontra la haute stature de son chauffeur :

« Monsieur Grandchester ? Qu’est ce que vous faites dans le noir ?

- Ca ne se voit pas ? Je joue les aveugles depuis dix minutes.

- Mais il y avait un interrupteur juste à côté de votre porte Mr. »

Comme il disait cela, Mr Georges alluma la lumière depuis le bouton près de lui et Terrence se redressa. Son regard se perdit autour de lui et ce fut alors qu’il se rappela vraiment le taudis dans lequel il avait atterrit hier soir. Les murs à la peinture craquelée et brunie par le temps, les crucifix, le plancher fait de veilles lattes de bois gris. Apparemment, ce couvent n’avait pas vraiment beaucoup de ressource et vivait avec les moyens du bord.

A ce moment là, un sentiment de gêne s’empara de lui. Le même que celui qu’il avait ressenti en lisant la lettre du petit orphelin, arrivée par erreur dans son courrier. Il avait grandit dans un château en Angleterre. Toujours impeccablement entretenu par l’armée d’employés que son père avait embauché. Les murs étaient en parfait état et le sol recouvert de marbre brillait tellement qu’on pouvait y voir son reflet. Il savait que la misère existait, mais rien ne l’avait préparé à s’y retrouvé plongé. Heureusement, cela n’allait pas durer. Dés que la voiture serait réparée il mettrait vite fait les voiles en direction de New-York et retrouverait son petit confort. Mais est-ce qu’il pourrait vraiment reprendre sa vie tout en ignorant ce qu’il avait vu ici ? Ces sœurs lui avaient ouvert leur porte, elles avaient donc le droit à un bon remerciement au moins. Un chèque peut-être ? Il en discuterait avec celle qui les avait accueillit hier soir.

Pour le moment, un bon café s’imposait. Avec la courte nuit qu’il avait eut, il en avait bien besoin pour se réveiller. Il s’avança vers Georges qui le guida ensuite vers la salle à manger. La porte était fermée et les bavardages bruyants qui s’en échappaient mit un doute à Terrence. Des nonnes n’auraient certainement pas de voix aussi pointues et ne feraient sans doute pas autant de boucan... Qu’est ce que ?

Son chauffeur ouvrit la porte et Terrence reçut un choc. Il recula de quelques pas, les yeux arrondis et la bouche entre-ouverte, lorsqu’il découvrit une dizaine de petites têtes braillardes.
Il jeta un coup d’œil à Mr Georges puis balbutia :

« C’est une plaisanterie ? Elles font du bénévolat rassurez moi !

- Mr Grandchester, c’est un orphelinat. Vous n’avez pas vu la pancarte accroché à la porte d’entrée ? »

Il secoua la tête. Bien sur qu’il ne l’avait pas vu. Comment aurait-il pu la voir, il faisait nuit noire !

Mr Georges invita son patron à entrer dans la salle, mais Terry resta littéralement cloué sur place. Pas qu’il n’aimait pas les enfants, mais il ne gardait pas spécialement un bon souvenir de son enfance. Une éducation rigide, un père souvent absent, froid et exigent. Une belle-mère infecte, un demi-frère et une demi-sœur pire que des diables...
Une sueur froide lui parcourut l’échine. Non il ne pouvait pas rester ici. En reculant davantage, il se heurta à une personne qui tenait une cafetière en métal dans une main et cinq tasses dans l’autre.

« Ah Mr Grandchester, merci de vous joindre à nous pour le petit déjeuner. Ne restez pas dans le couloir, avancez jusqu’à la table du fond. »
Terry reconnu la sœur qui les avait reçu la veille. Comment s’appelait-elle déjà ? Ah oui Maria.

Contraint, il releva la tête et inspira avant d’entrer dans le réfectoire. A son arrivée, tous les enfants se turent pour le dévisager. Il fallait dire qu’il était rare d’avoir des visiteurs. Toutes les têtes le suivirent silencieusement jusqu’à ce qu’il prenne place à la table qu’on lui avait indiqué. Georges s’installa à son tour, et les bavardages reprirent.
Plongé dans ses pensées, le brouhaha sembla bourdonné dans les oreilles du jeune homme. Infernale et insoutenable, ce bruit lui vrillait les tympans. Sœur Maria dressa la table, puis frappa trois fois dans ses mains afin de calmer les enfants.

« Avez-vous bien dormi ? Demanda-t-elle ensuite à Terry »

« Le lit était trop dur, j’ai fantasmé sur l’une des sœurs de la maison, j’ai fermé les yeux deux heures... Non, je n’ai pas bien dormi... »

A l’évidence, il ne pouvait répondre une chose pareilles. Aussi, il lui adressa un beau sourire et dit :

« C’était parfait, merci encore pour votre hospitalité.

- Ce fut de bon cœur.

- Cependant, je suis navré d’avoir dû déloger votre consœur pour lui prendre son lit.

- Je vous demande pardon ? Interrogea sœur Maria.

- Je parle de la jeune femme blonde qui sortait de la chambre quand j’y suis arrivé.

- Oh je vois. Vous parlez de Candy... Pourquoi assumez-vous qu’elle est nonne ?

- Et bien... Heu... Parce qu’elle avait sur son bras un costume de religieuse ? »

Sœur Maria pouffa entre ses doigts puis secoua la tête de gauche à droite. Elle s’apprêta à lui répondre, mais deux autres femmes entrèrent dans la salle. Les enfants les accueillir d’une seule voix :

« Bonjour Mlle Pony ! Bonjour Candy ! »

Terry se retourna en entendant le prénom et se noya, comme la veille, dans la contemplation de la jeune femme. S’il l’avait trouvé très belle hier dans la pénombre, ce matin à la lumière elle était magnifique... Et elle ne portait pas le rigide vêtement des bonnes-sœurs. Un poids sembla disparaitre de son cœur. Dire qu’il s’était torturé l’esprit à s’en faire des reproches d’avoir eut des pensées « olé-olé » envers une nonne.

Ainsi rassuré, il se permit donc de la détailler minutieusement, comme il avait l’habitude de le faire chaque fois qu’il rencontrait une belle femme. S’il y avait bien un domaine dans lequel il excellait c’était la critique sur les femmes et celle qui s avançait vers lui, était fichtrement bien faite. Son long pull noir cachait ses formes, mais la jupe droite elle, laissait parfaitement voir le galbe harmonieux de ses jambes.

Il se leva de table comme les deux femmes s’approchaient puis les salua poliment. Mlle Pony lui offrit un sourire amical en répondant :

« Soyez les bienvenus ! Sœur Maria m’avait prévenue que vous avions des visiteurs, mais je ne m’attendais certainement pas à me trouver face au grand Terrence Grandchester.

- Je vous en prie Mlle, appelez moi Terrence. Puis-je vous présenter mon chauffeur et ami, Georges Wilson.

- Oui, j’ai eut l’occasion de le rentrer plus tôt ce matin. Je vous en prie, prenez place. »

Terry se tourna sur Candy, prêt à être galant comme le sont les hommes de sa famille, afin de lui tirer sa chaise. Mais la jeune blonde se contenta tout bonnement de l’ignorer et d’aller s’asseoir à l’opposé. Il réprima une discrète grimace de contrariété en fixant la jolie femme, puis s’installa à nouveau. Sœur Maria lui servit une tasse de café et lui proposa des toasts, mais Terry les refusa gentiment. Ses mésaventures de la veille avaient suffit à lui couper l’appétit pour au moins deux semaines. Sans parler du fait que sa superbe voiture était accidentée au bord de la route.

Georges connaissait son patron mieux que personne. Il n’avait qu’à le regarder une seconde pour deviner les tourments qui traversaient son jeune esprit. Aussi, et voulant se faire rassurant, il lui dit :

« Ne vous inquiétez pas Mr Grandchester, Mlle Pony m’a assuré qu’un garage se trouvait non loin d’ici. Une de ses connaissances viendra dans la matinée et me conduira en ville. »

Il hocha de la tête. Pas vraiment convaincu qu’une simple visite chez le garagiste leur permettrait de regagner New-York dans la foulée. Néanmoins il ne dit rien et se contenta de siroter son café... Qu’il trouva délicieux. Il avait bu différentes variétés de cette boisson, mais jamais il n’en trouva d’aussi bon. Il sourit et adressa ses compliments à Sœur Maria:

« Vôtre café est vraiment exquis Ma sœur.

- Oh non je serai incapable d’en faire de tel. C’est notre petite Candy à qui doit revenir tout le mérite. »

Son sourire s’accentua lorsqu’il posa le regard sur la jeune femme. Ses yeux croisèrent les siens, mais elle ne s’attarda pas et détourna le regard rapidement. Surpris par cette attitude, Terry se demanda brièvement ce qu’il avait bien pu lui faire pour qu’elle le snobe ainsi ?

Après le petit-déjeuner, les enfants furent autorisés à vaquer à leurs occupations. Certains sortirent dehors pour jouer dans la neige, d’autres préférèrent rester au chaud à dessiner ou jouer. Terry sorti de sa serviette quelques dossiers qu’il étala sur la table. Il se plongea tellement dans sa lecture, qu’il parvint à oublier le bruit que faisaient les enfants autour de lui et même oublier que celle qui l’avait tant troublé était là elle aussi.

Il n’entendit pas non plus le moteur de la vieille Ford qui écrasa la neige en entrant dans la cour et encore moins son fidèle ami Georges lui annoncer qu’il partait pour la ville. Pour l’heure, la seule chose qui lui importait c’était les négociations qu’il avait réussit à obtenir de son entreprise hier. La grève avait été évité de justesse, et heureusement.
Les employés clamaient une charge trop lourde de travail provoqué par leur directeur.
Tandis que le directeur lui, jurait que tout était faux.

Terry avait entendu les deux parties et les syndicats réclamaient à ce que les heures supplémentaires soient réévaluées.
Cette histoire était folle et il devait absolument savoir ce qui se passait réellement.

D’un côté il avait entendu que le directeur se délestait grassement sur ses employés afin de pouvoir quitter les bureaux dans l’après-midi, voir même en fin de matinée.
Daniel Legrand, le fameux sous-directeur, assurait que toute cette affaire n’était que mensonge. Il lui avait prouvé, appuyé par de nombreux dossiers, que jamais personne n’avait fait d’heures sup’ dans cet immeuble. Il lui jura même qu’il quittait toujours le bâtiment après tout le monde après s’être assuré que tous les bureaux étaient vides.
Le gardien avait témoigné de cela :

« Il n’était pas rare de voir Mr Legrand partir à des heures improbables. » Avait-il simplement dit.

Puis Legrand accusa finalement son ancienne DRH d’être l’origine de cette mutinerie. Une certaine Candice Neige. Elle aurait uniquement agit de la sorte afin de le discréditer aux yeux du grand patron.
Terry devait reconnaitre que cette femme se rendait coupable elle même en disparaissant mystérieusement tout à coup et comme par hasard quelques jours avant que tous les problèmes ne tombent.
Il allait lui falloir retrouver cette employée et la faire parler. On n’avait pas idée de retourner toute une entreprise, créer une rébellion pareille et disparaitre au cas où cela tournerait en sa défaveur.

Il frotta son visage entre ses mains en inspirant profondément. Quel boxon toute cette histoire.
Il sursauta lorsqu’il sentit quelqu’un lui attraper la manche de son costume en l’appelant :

« Monsieur ? »

Terry baissa la tête et vit devant lui, un petit garçon de six ou sept ans le fixer intensément.

« Je peux faire quelque chose pour toi ?

- Je voudrais juste savoir si vous êtes venu pour adopter l’un de nous. »

Il ouvrit de grands yeux. Pourquoi cette idée saugrenue avait traversé l’esprit de cet enfant ?
Oh... C’était évident. Il regarda autour de lui et se rappela de l’endroit où il se trouvait.
Il était dans un orphelinat et ces pauvres enfants attendaient sans doute des parents pour les adopter et les aimer. Mais hélas, lui, il n’était pas ici pour ça. D’ailleurs, s’ils n’avaient pas eut cet accident, il ne se serait jamais arrêté dans cet endroit et serait actuellement à New-York dans son bureau.
Navré, il secoua la tête négativement en répondant :

« Je suis désolé, mais je ne compte pas adopter qui que ce soit. D’abord je n’ai même pas de maman à proposer à aucun de vous. Que ferai-je seul avec un enfant ?

- Mais... Ca n’a pas d’importance, insista le garçonnet.

- Si ça en a. Tu ne peux pas être juste élevé par un papa. Crois moi je sais de quoi je parle. »

Le petit bonhomme le regarda encore un peu, puis se détourna de lui pour aller s’enfermer dans sa chambre. Il fut suivit par Candy, qui ne manqua pas de fusiller du regard l’homme d’affaire qui se demanda : Qu’est ce que j’ai encore fait ?
Il haussa les épaules, regarda sa montre, puis sorti son ordinateur portable. A cette simple vu, tous les enfants s’approchèrent de lui et lui posèrent un tas de question :

« C’est quoi comme bouton ça ?

- Et celui-là il sert à quoi ?

-Il parait qu’on peut parler avec n’importe qui avec ça, c’est vrai ?

- On peut contacter le Père-Noël alors ? »

Submergé de question, le pauvre Terry essaya d’y répondre du mieux qu’il le pouvait. A l’évocation du Père-Noël, il se rappela la lettre qu’il avait reçu et donné à Margaret hier. Cet orphelin avait demandé des parents pour le réveillon. Et tous ceux qui l’entouraient que voulaient-ils ?

« Moi j’aimerai un chien. Mais Mlle Pony a dit que le Père-Noël ne le fabriquait pas.

- Moi je voulais une nouvelle poupée.

- J’ai demandé un gant de base-ball et une balle.

- En somme, vous avez commandés des choses inutiles ?

- Pourquoi inutiles ? Intervint une voix de femme visiblement contrariée. »

Terry se retourna et vit Candy les sourcils froncés le dévisager. Qu’est ce qu’elle avait celle-là à la fin ? Il ne la connaissait pas, ne lui a jamais fait de tord et pourtant depuis qu’il était arrivé elle lui était terriblement antipathique. C’était quoi son problème ?
Elle s’approcha de lui, s’appuya sur la table et renouvela sa question en l’accompagnant d’un sourire moqueur :

« Exposez nous votre point de vu Mr Grandchester. Pourquoi serait-ce inutile ?

-Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.

- Quoi donc alors ?

- Ecoutez, je parlais plutôt de choses instructives, qui pourraient les aider à préparer leurs avenir. Pourquoi demander des jouets, c’est pour les enfants... »

Il stoppa net sa phrase et regarda autour de lui. C’étaient des enfants...
Ah, à présent, lui se souvenait vaguement avoir réclamé la même chose pour Noël quand il avait leur âge, mais son père avait préféré lui offrir tout un tas de bouquins barbants qu’il avait dû, bien entendu, étudier.
Candy soupira :

« Vous avez compris maintenant ? Rien n’est inutile si cela peut les rendre heureux. N’oubliez jamais ça cela Mr. »

Puis elle le laissa et invita les enfants la suivre dehors pour une bonne bataille de boule de neige.
Resté seul, Terry se mordit la lèvre inférieure. Honte à lui d’avoir pu dire une chose pareille. Mais qu’on l’excuse également... Il n’avait jamais été enfant.

En fin de matinée, Georges revint de ville avec deux mauvaises nouvelles. La première, la dépanneuse ne pourra être là avant demain pour emmener la voiture au garage. La seconde, qui acheva Terry, était le diagnostique de la panne :

« Comme j’ai expliqué, j’ai eut une perte de puissance. Pas moyen d’accélérer ni de passer la troisième vitesse. J’ai donc perdu le contrôle du véhicule et sur la neige... Le garagiste soupçonne une durite de percée et donc une perte de liquide de refroidissement. S’il s’agit bien de cela, et en prenant compte de la marque de la voiture, il n’a pas la pièce. Il devra la commander et cela prendra encore 2 ou 3 jours avant qu’elle soit livrée. »

« Ben voyons et pourquoi pas dans un mois pendant qu’on y est ? Je ne peux pas m’absenter plus longtemps de New-York. Il doit bien y avoir moyen de rentrer quand même ? » Pensa Terry.

Il se tourna vers Mlle Pony et demanda :

« Y a t-il une gare près de chez vous ?

- Oui, le train s’arrête à « La porte ». Mais il vous faudra un moyen de locomotion pour vous y rendre.

- Votre ami pourrait-il m’y emmener ? Que je me renseigne sur les horaires.

- Je ne sais pas si le train passera avec le temps.

- Je dois savoir Mlle. Il faut que je retourne à mes bureaux rapidement.

- Soit, Herbert vous y conduira en milieu d’après midi.

- Merci Melle. »

Terry se tourna vers la table et rassembla ses papiers.
Candy et Sœur Maria en profitèrent pour dresser le couvert et apporter les plats chauds.
Pendant le déjeuner, Terry eut encore affaire aux regards froid de Candy. Mais il décida de les ignorer. Dommage, cette femme était vraiment très belle.
Alors qu’il se rendait à la gare. Georges resta à l’orphelinat pour aider à rentrer du bois. Une fois sa corvée terminée, il glissa la main dans sa poche et en sorti la lettre que sa femme lui avait confié. Il la relu et sourit en hochant de la tête.

« Orphelinat de « La porte ». C’est bien ici. »

Oui mais, qui était Timothy dans tous les garçons présents ? Il les regarda tous, puis en découvrit un, assit tout seul sur un banc, occupé à faire tourner une bille dans ses mains.
George s’approcha de lui, et lui demanda :

« Je peux m’asseoir avec toi ? »

L’enfant leva les yeux sur le grand homme puis répondit oui de la tête en s’écartant un peu.

« Dis moi, pourquoi tu ne joues pas avec les autres enfants ?

- Je n’en ai pas envie.

- Moi non plus je n’avais pas envie de jouer avec les autres de mon âge quand j’étais petit. J’aimais mieux resté seul avec mes livres. »

Le garçon ne bronchait pas. Il laissa Georges lui parler aussi longtemps qu’il le voulait, mais garda le silence. L’homme se demanda même s’il l’écoutait.
A bout de sujet de conversation, il se tu et observa l’enfant. Brun, de grands yeux noirs. Il avait le regard vif et intelligent. Il était loin d’être turbulent et, bien qu’il ne parlait pas beaucoup, lorsqu’il ouvrait la bouche il savait faire preuve d’une grande politesse.
Candy interrompit cet instant :

« Tim, peux-tu aller ranger ces draps dans l’armoire de la chambre du fond s’il te plait ?

- Bien sûr Candy. »

Il prit la lourde pile de drap et Georges voulu l’aider :

« Ne vous inquiétez pas monsieur, je suis costaud. J’y arriverai très bien tout seul, merci. »
Alors il n’insista pas et regarda Tim disparaitre derrière la porte du long couloir sombre.
Candy s’approcha de Georges en disant :

« Cet enfant est le plus serviable et le plus sage de tous.

- Pourquoi est-il si triste ?

- Il est orphelin. N’est ce pas une assez bonne raison ?

- Je ne pense pas qu’il y en ait de meilleure. Dites moi Mlle Candy...

- Pitié, appelez moi Candy tout court. »

Georges sourit puis opina en répétant :

« - Candy... Je cherche un enfant ici qui se prénomme Timothy. »

La jeune femme pencha la tête de côté, lui désigna la porte du couloir et lui répondit :

« C’est lui Timothy. Mais nous le surnommons tous Tim... Pourquoi le cherchez-vous ? »

Georges fouilla dans sa poche et lui tendit la lettre :

« Monsieur Grandchester à reçu ceci par erreur dans son courrier. »

Candy la déplia et la lu en reconnaissant bien l’écriture de Tim. Elle dévisagea Georges qui poursuivit :

« Je voulais le rencontrer. Mais il refuse de parler alors... »

Sœur Maria arriva toute affolée en criant :

« Avez-vous vu Tim ?

- Il y a 20 minutes, répondit Candy. je l’ai envoyé rangé les draps.

- La fenêtre de la chambre est grande ouverte. »

Candy et Georges se précipitèrent dans la chambre du fond et foncèrent vers la fenêtre. La nuit commençant à tomber, les enfants n’avaient plus le droit de sortir. Des petites empruntes fraîches partaient de la fenêtre en direction du petit bois en contre bas de la colline.

A suivre
view post Posted: 8/12/2021, 17:43     Un Noël mouvementé à la maison Pony - Les fanfictions de Noël
Bonjour à toutes.
La fic de noël est une tradition que Bridget et moi ne voulions pas manquer. Alors voilà ce que nous avons immaginé pour vous.
Bonne lecture et JOYEUX NOËL !


NOËL MOUVEMENTÉ A LA MAISON DE PONY




Le coupe-papier à la main, Margaret Wilson s'interrompit en entendant le pas de son patron dans le couloir. Elle le connaissait depuis si longtemps qu'elle pouvait deviner son humeur rien qu'à sa façon de marcher. Or aujourd'hui n'était pas un bon jour, elle pouvait en jurer. Et le pli soucieux qui barrait le front du jeune chef d'entreprise quand il entra en trombe dans le bureau lui confirma qu'elle ne s'était pas trompée.

« Bonjour Monsieur Granchester, le salua-t-elle en souriant, comme tous les jours.

- Bonjour Margaret grommela-t-il en réponse. Vous n’avez pas fini de trier le courrier ?

- Pas tout à fait. Le facteur était en retard ce matin, et...

- Aucune importance. Donnez-moi tout ça et allez plutôt me faire un café. Très fort de préférence. »

La secrétaire se garda de protester et se dirigea vers la machine à café pendant que son patron s’emparait du tas de courrier et s’engouffrait dans son bureau dont il claqua la porte. Non, songea Margaret, décidément, ce n’était pas un bon jour !


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Terrence Granchester savait bien que ce n’était pas au grand patron de s’occuper de ce genre de tâche, mais il était sur les nerfs et il espérait que décacheter rageusement les enveloppes apporterait un exutoire à sa mauvaise humeur. Entre le temps exécrable, les menaces de grève dans son usine de l’Illinois, et les exigences de sa maîtresse, sans parler de la masse de travail que représentait la gestion de l’empire financier que lui avait laissé son père, il y avait de quoi être énervé. Hélas il se rendit vite compte qu’il s’était trompé. Il secoua la tête devant la quantité de lettres sans intérêt qu’il avait sous les yeux. Cela allait des sollicitations diverses, depuis la demande de stage jusqu’à la proposition de sponsoring pour des associations locales, aux publicités criardes, encore plus nombreuses à l’approche de noël, en passant par les rapports trimestriels de ses différentes entreprises disséminées à travers le monde. Il mit les rapports de côté avec l’intention de les lire plus tard et se leva pour rapporter tout le reste à sa secrétaire lorsqu’une petite enveloppe colorée se colla à ses doigts. En guise d’adresse, une main d’enfant avait tracé ces simples mots : « Père Noël - Pôle nord ».

Le puissant homme d’affaires fronça les sourcils. Comment cette lettre avait-elle atterri parmi son courrier ? La poste n’avait-elle pas un service spécial pour ce genre de missive ? Puis il comprit que les nombreuses gommettes et autocollants qui décoraient l’enveloppe devaient en être la cause. Décollés par endroits, ils avaient dû adhérer à une autre enveloppe, comme ils s’étaient collés à ses doigts tout à l’heure. Il savait qu’il aurait dû la rendre à Margaret mais la curiosité fut la plus forte. Il y avait encore des enfants qui écrivaient au Père Noël en 2014 ? Et que pouvaient-ils bien lui demander ? Terrence décolla précautionneusement le rabat et sortit un feuille à petits carreaux pliée en quatre, visiblement découpée dans un cahier d’écolier. L’écriture enfantine était en peu de guingois, mais il n’eut aucune peine à la déchiffrer.

« Cher Père Nöel,

Je m’appelle Timothy et j’habite à la Maison de Pony, à LaPorte. Je suis ici parce que je suis orphelin. Mlle Pony et Soeur Maria sont très gentilles mais ce que je voudrais pour Noël, c’est un vrai Papa et une vraie Maman. Je sais que tu es très occupé, mais j’espère que tu pourras réaliser mon voeu.

Merci d’avance

P.S. Tu peux leur dire que je serais très sage

Timothy. »

Le grand Terrence Granchester en resta estomaqué. Lui qui était un homme d’affaires respecté et gérait depuis trois ans l’empire financier bâti par son père et son grand-père se sentit soudain très mal à l’aise. Il avait grandi dans une famille riche et noble de surcroît puisque son père possédait le titre de Duc. Il n’avait jamais manqué de rien, que ce soit des jouets quand il était petit, puis des voitures puissantes quand il avait atteint l’âge de conduire, et aujourd’hui des maîtresses complaisantes. Il avait toujours obtenu tout ce qu’il voulait. Même si son père n’avait pas toujours été des plus chaleureux, trop absorbé par son travail, il avait toujours pu compter sur lui. Il évoluait depuis l’enfance dans un monde où tout était facile entouré de gens qui comme lui n’avaient jamais été confrontés aux difficultés de la vie. Il revit sa maîtresse, Susanna Marlow, qui la veille au soir lui avait fait comprendre qu’elle apprécierait un manteau de vison blanc en guise de cadeau de noël. Ou un diamant ! Monté en bague de fiançailles de préférence ! Susanna ! Il sortait avec elle depuis huit mois. De l’avis de tous, ils formaient un couple parfait. Il est vrai que la jeune femme était belle. Délicieusement décorative et parfaitement superficielle !

Cette lettre innocente lui rappelait à quel point il était privilégié et le sentiment qui s’emparait de lui ressemblait beaucoup à de la honte de s’être ainsi immiscé dans la vie d’un malheureux orphelin pour lequel il ne pouvait rien. Il la remit dans son enveloppe et la posa en évidence sur les autres qu’il rendit à Margaret lorsqu’elle lui apporta son café.

« Une lettre au Père Noël ? S’exclama-t-elle. Mais comment...

- C’est une erreur de la poste, Margaret. Rendez cette lettre au facteur demain, ou glissez la dans la première boîte aux lettres en rentrant chez vous. C’est aux services postaux de s’en occuper. Avez-vous des nouvelles de l’usine de l’Illinois ?

- Non Monsieur, pas encore. Mais le directeur a promis de vous tenir au courant de la moindre évolution.

- Très bien. Passez-moi ses appels en priorité, s’il vous plait. A part lui, je ne suis là pour personne. Je vais étudier les rapports trimestriels.

- Bien Monsieur. Vous pouvez compter sur moi. »

Terry soupira dès qu’elle eut fermé la porte. Bien sûr qu’il pouvait lui faire confiance ! Margaret était une perle : Discrète, efficace, toujours d’humeur égale... Il avait de la chance d’avoir trouvé une telle secrétaire. Certain de ne pas être dérangé, il se plongea dans son travail pendant que dans le bureau voisin, une Margaret bouleversée versait des larmes sur la lettre d’un petit orphelin inconnu.


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Margaret ne pleurait plus lorsque son mari entra dans son bureau en milieu d’après-midi mais celui-ci remarqua immédiatement sa mine défaite et ses yeux rougis. Il n’eut aucun mal à lui faire raconter ce qui l’avait mise dans cet état et il devina le reste dès qu’elle lui eut montré la lettre. Tout ce qui touchait aux enfants rendait sa femme hyper sensible.

« Je sais bien que j’aurais dû glisser cette lettre dans un boîte aux lettres, soupira-t-elle. Je voulais le faire quand je suis sortie pour ma pause déjeuner, mais, je n’ai pas pu... Oh Georges ! C’est tellement triste !

- Je comprends, ma chérie, dit Georges en glissant la lettre dans sa poche. Je vais m’en charger. Cesse de te ronger les sangs.

- Georges ! Je t’aime tant ! Que deviendrais-je sans toi ?

- Voilà une question à laquelle tu n’auras jamais de réponse, parce que je serais toujours là, répondit son mari en l’attirant vers lui pour la prendre dans ses bras. Moi aussi je t’aime. »

Lorsque Margaret avait été embauchée, Georges Wilson travaillait déjà comme chauffeur pour Richard Granchester, fonction qu’il assumait maintenant pour son fils Terrence depuis que celui-ci avait repris les rênes de l’affaire. Il avait tout de suite été séduit par son charme discret et ses grands yeux noisette où brillaient des paillettes d’or. Il lui avait fait longtemps la cour avant d’oser se déclarer, mais lorsqu’elle lui avait avoué partager ses sentiments, il avait été le plus heureux des hommes. Ils étaient maintenant mariés depuis dix ans et il était toujours autant amoureux d’elle.

L’interphone qui sonna sur le bureau de Margaret mit fin à ce tendre intermède.

« Margaret ! Dit la voix du PDG. Prévenez-moi dès que Georges sera là.

- Il vient d’arriver Monsieur.

- Parfait ! Qu’il m’attende. Nous partons dans cinq minutes. »

La secrétaire interrogea son mari du regard mais celui-ci se contenta de hausser les épaules en signe d’ignorance. Déjà leur jeune patron sortait de son bureau tout en enfilant son manteau.

« En route, Georges ! Nous passerons d’abord à la maison prendre quelques affaires, puis direction l’Illinois.

- L’Illinois ? S’exclamèrent Georges et Margaret d’une seule voix »

Devant leur mine ébahie, Terrence Granchester comprit qu’il leur devait quelques explications. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux et soupira.

« J’ai reçu un mail de Dawson, indiqua-t-il. Cet imbécile n’a pas réussi à éviter la grève. Pour couronner le tout, les syndicats le retiennent dans son bureau et refusent de traiter avec quelqu’un d’autre que moi. Je n’ai pas le choix. Je dois y aller.

- Je vous réserve un vol tout de suite, dit sa parfaite secrétaire en décrochant son téléphone.

- Inutile, l’interrompit son patron. L’aéroport de Chicago est fermé à cause du mauvais temps. Tous les vols sont détournés. Je préfère y aller en voiture. Annulez tous mes rendez-vous pour les trois prochains jours. Je vais régler ça rapidement. De toute façon , je n’ai pas l’intention de m’attarder dans ce trou perdu.

- Et Mademoiselle Marlow ? Demanda Margaret. Elle a téléphoné plusieurs fois pour vous rappeler que vous deviez l’escorter à sa première de demain soir et...

- Zut ! Je déteste me montrer incorrect en décommandant à la dernière minute, mais c’est un cas de force majeure, elle comprendra. Présentez-lui mes excuses et faites envoyer des fleurs pour me faire pardonner.

- D’accord. Quelles sont ses fleurs préférées ? »

Ce fut au tour de Terrence d’ouvrir de grands yeux. Les fleurs préférées de Susanna ? Il n’en avait pas la moindre idée ! Mais il savait comment régler la question.

« Prenez les plus chères du magasin, cela fera l’affaire. »


-----oooOooo-----




Si les estimations de Terrence avaient été bonnes, ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’était la difficultés des négociations auxquelles il allait devoir faire face. D’autant plus que le directeur des ressources humaines, s’il fallait en croire le directeur, avait abandonné son poste dès l’apparition des premières difficultés. Il lui fallut trois jours et deux nuits d’âpres palabres pour arriver à un compromis avec les syndicats. Et encore ! Celui-ci était bien fragile, mais au moins le préavis de grève avait-il été levé et la production avait repris. Une usine arrêtée, c’étaient des millions de dollars qui s’évaporaient tous les jours. A présent il n’avait plus qu’une envie : retrouver le confort de sa demeure new-yorkaise. Ça et un bon steak pour lui faire oublier les horribles sandwichs secs dont il s’était nourri pendant trois jours pour ne pas quitter la table des négociations. C’est pourquoi il décida de reprendre immédiatement la route, malgré l’heure tardive. Il avait toute confiance en Georges pour le ramener à bon port. Épuisé, il se laissa aller dans les confortables sièges en cuir de sa voiture et commença à somnoler. Ce fut un choc brutal qui le tira du sommeil et il se retrouva sur le plancher. Avant même qu’il ait eu le temps de se demander ce qui lui arrivait, la portière s’ouvrait à la volée sur un Georges dans tous ses états.

« Monsieur Granchester ! Est-ce que tout va bien ?

- Je crois que oui, Georges. Répondit-il en acceptant la main que son chauffeur lui tendait pour l’aider à sortir du véhicule. Que s’est-il passé ? »

La question était de pure forme car un simple coup d’oeil lui suffit pour constater que l’avant de la puissante berline allemande avait basculé dans un fossé et qu’une fumée de mauvais aloi s’échappait du capot.

« Je ne comprends pas, Monsieur. Je suivais les indications du GPS... Et tout à coup, la voiture est partie sur le côté... En vingt ans de carrière, je n’ai jamais eu le moindre accident. Je sais que la visibilité était mauvaise mais...

- Calmez-vous, Georges. Ce n’était pas de votre faute mais plutôt celle des conditions atmosphériques. Personne n’a été blessé, c’est l’essentiel. Nous allons appeler l’assistance, voilà tout. »

En effet, la neige tombait à gros flocons et il était difficile de distinguer quoi que ce soit à cinq mètres devant soi. Tout le paysage était uniformément blanc et bien malin qui aurait pu différencier la petite route de campagne des champs qui l’environnaient. Ce n’était qu’un contretemps supplémentaire, rien de plus. Hélas ! Les deux hommes n’étaient pas au bout de leurs peines comme le comprit Terry en voyant son chauffeur se tourner vers lui, la mine préoccupée.

« Je n’ai pas de réseau, Monsieur. Expliqua-t-il. Mais peut-être est-ce mon portable. »

Le jeune homme jeta un coup d’oeil à son propre appareil et dut se rendre à l’évidence. Pas le moindre signal !

« Cet endroit est maudit, ma parole ! S’exclama-t-il avec humeur. Qu’allons nous faire, maintenant.

- Il me semble que je distingue un bâtiment non loin d’ici. Répondit Georges. Les habitants sont certainement équipés du téléphone. Je pourrais leur demander de me laisser appeler un dépanneur... »

En plissant les yeux, Terrence distingua effectivement une bâtisse à quelques centaines de mètres. Deux fenêtres du rez-de-chaussée étaient éclairées, preuve que les occupants étaient présents.

« Très bien, Georges. Allez-y. Je vous attends dans la voiture. »

Le chauffeur partit sans attendre à grandes enjambées dans la neige qui lui arrivait aux genoux. Terry enfila son manteau et s’installa dans la voiture en frissonnant. La température de l’habitacle avait déjà commencé à baisser depuis que le moteur ne tournait plus et il n’augurait rien de bon des heures qui allaient suivre. Combien de temps faudrait-il à l’assistance pour envoyer un dépanneur ? Bon sang ! Il détestait ce coin perdu ! Pourquoi diable avait-il quitté New York et son appartement douillet ? Il observa la neige qui tombait toujours à gros flocons et distingua un mouvement. C’était Georges qui revenait, mais il n’était pas seul. Il était accompagné d’une grande forme noire qui le faisait penser à un corbeau. Un corbeau de cette taille ? Non c’était impossible ! Puis comme les deux silhouettes se rapprochaient, il comprit : Par tous les saints ! Une bonne soeur ! Il avait fallu que Georges aille frapper à la porte d’un couvent de bonnes soeurs ! Jusqu’à seize ans, Terrence Granchester avait été pensionnaire dans une institution tenue par des religieuses et bien que l’enseignement dispensé ait été irréprochable, il n’avait pas gardé de bons souvenirs de cette période. En revanche, il y avait reçu une excellente éducation. C’est pourquoi il réprima la grimace qui lui était venue naturellement et sortit du véhicule pour accueillir les arrivants.

« Ma soeur... Salua-t-il la religieuse avec un signe de tête respectueux.

- Monsieur Granchester, c’est cela ? Monsieur Georges m’a fait part de vos déboires mécaniques. Vous jouez vraiment de malchance.

- Je vous remercie de votre sollicitude, ma soeur, mais il était inutile de sortir par ce froid. Nous ne voulons pas vous déranger. Nous patienterons ici en attendant le dépanneur. Je vous suis très reconnaissant d’avoir permis à mon chauffeur d’utiliser votre téléphone...

- Monsieur, intervint Georges. C’est à dire que... »

Terrence se tourna vers l’homme visiblement très embarrassé et un terrible doute s’insinua en lui. Il sentait venir la catastrophe aussi sûrement qu’il savait déceler une bonne affaire à la bourse.

« Le téléphone est hors d’usage ici aussi, Monsieur. Lâcha Georges tout à trac. Je n’ai pu joindre personne. Heureusement, Soeur Maria a généreusement proposé de nous offrir l’hospitalité pour la nuit. »

Non ! Terrence aurait voulu hurler son refus. Il ne voulait pas passer la nuit dans un couvent plein de bonnes soeurs ! Il voulait rentrer chez lui ! Retrouver son appartement High-tec, sa télé, sa chaîne hi-fi, son ordinateur, bref, la civilisation ! Il fallait qu’il soit maudit pour être coincé ici, et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Jamais il n’aurait dû quitter New York pour venir dans ce coin perdu de campagne, oublié de Dieu et des hommes ! Enfin, peut-être pas de Dieu corrigea-t-il en voyant le bon sourire de soeur Maria.

« Le froid et le gel provoquent parfois la rupture des câbles téléphoniques, expliqua celle-ci. Mais la coupure ne dure jamais bien longtemps. Je suis certaine que demain, ou après-demain au plus tard, tout sera rentré dans l’ordre. »

Demain ou après-demain ! Il était impossible qu’il reste si longtemps coupé de ses affaires ! Terrence avait l’impression d’être en plein cauchemar. Pourtant le froid se faisait de plus en plus piquant. Il était suicidaire de vouloir rester ici alors qu’une chambre bien chauffée l’attendait à quelques centaines de mètres.

« Je vous remercie de votre bonté, ma soeur. Si vous êtes certaine que cela ne vous posera pas de problème...

- Le gîte que nous vous offrons sera modeste, Monsieur Granchester, mais nous vous le proposons de grand coeur. Allons ! Ne restons pas ici à geler sur pied ! Suivez-moi, Messieurs, il fait bien meilleur à l’intérieur. »

Pendant que Georges se chargeait des bagages, le jeune homme attrapa son attaché-case sur siège et ils suivirent leur hôtesse qui s’éloignait à grand pas. Le bâtiment vers lequel elle les entraînait devait être très vieux estima Terrence en s’approchant. Plus d’un siècle à son avis. Et il aurait eu bien besoin d’un bon ravalement. A l’intérieur comme à l’extérieur, constata-t-il en entrant dans le hall d’accueil et en voyant les plâtres fissurés et la peinture qui s’écaillait. Mais il régnait une douce chaleur, bien agréable après les longues minutes qu’il venait de passer dans le froid du dehors. La bâtisse était étrangement silencieuse, pourtant il n’était pas encore minuit. Mais après tout, les nonnes ne sont pas sensées faire la fête tard dans la nuit, n’est-ce pas ?

Soeur Maria s’arrêta devant une porte au fond du couloir et se tourna vers lui.

« Vous dormirez ici, Monsieur Granchester. Je vous demanderai de ne pas faire trop de bruit. Il est tard et tout le monde est déjà couché.

- Je suis désolé du dérangement que nous vous avons occasionné, ma soeur, répondit Terrence en chuchotant lui aussi. Il n’était pas dans nos intentions de vous réveiller mais en voyant de la lumière...

- Oh, je ne dormais pas le rassura-t-elle. J’avais des problèmes administratifs à régler. J’avoue que la paperasse n’est pas l’aspect que je préfère dans mon travail, mais il faut bien s’en occuper... Je vous souhaite une bonne nuit, Monsieur Granchester. A demain matin. Nous verrons ce que nous pourrons faire pour que vous soyez dépanné.

- Merci ma soeur. Bonne nuit à vous aussi. »

Georges déposa aux pieds de son patron son léger bagage et s’empressa de suivre la religieuse qui s’éloignait dans le couloir, sans doute pour le conduire vers la chambre qui lui avait été attribué. Le jeune homme d’affaires poussa un soupir. Finalement, cette mésaventure aurait pu tourner plus mal. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il ramassa son sac et tendit la main vers la poignée de la porte. Il allait l’actionner quand celle-ci s’ouvrit de l’intérieur. La femme qui s’apprêtait à sortir poussa un petit cri de surprise et recula d’un pas. avant de lever les yeux vers lui.

Ils ne s’étaient pas bousculés, même pas frôlés, pourtant il eut l’impression d’avoir reçu un énorme coup dans le plexus et que tout l’air de ses poumons était expulsé d’un seul coup. Tout devint flou autour de lui. Il ne voyait plus que ce visage levé vers lui. Un ange ! Voilà la seule pensée qui lui traversa l’esprit. Ce visage en forme de coeur, auréolé de boucles blondes et ces yeux... Des yeux d’un vert plus pur que le gazon anglais lorsqu’il vient d’être lavé par la pluie. Puis elle détourna le regard et le charme fut rompu. Les murs, le couloir, tout reprit consistance et réalité.

« Les draps ont été changés, murmura la jeune femme en se faufilant entre lui et le montant de la porte pour sortir. Je vous souhaite une bonne nuit. »

Puis elle s’éloigna avant que Terrence ait pu retrouver suffisamment de voix pour lui répondre. Tous les sens du jeune homme étaient en alerte. Quelque chose venait de se passer, mais il aurait été bien incapable d’expliquer ce que c’était. Il referma la porte de la petite chambre et jeta un coup d’oeil autour de lui. La pièce était minuscule et ne comportait qu’un lit simple, une commode et une penderie. Pas un miroir, pas une photo. Seul un crucifix ornait le mur à la tête du lit. Exactement comme il se représentait la cellule d’une religieuse.

Qui était cette femme ? Sans doute une des soeurs du couvent s’il se fiait à la croix en or qu’elle portait autour du coup et le costume de religieuse qu’elle transportait sur le bras. Elle était en robe de chambre et ses cheveux en bataille disaient qu’elle avait sans doute été tirée du lit. Terrence qui était déjà couché se redressa sur son séant. Et s’il était dans son lit ? Si Soeur Maria l’avait tirée du sommeil pour lui demander d’abandonner sa chambre au visiteur imprévu qu’il était ? Il regretta soudain que les draps aient été changés, l’empêchant de sentir la chaleur de son corps et de respirer son odeur. Malgré sa fatigue, il eut un mal fou à s’endormir, tiraillé qu’il était entre les pensées fort peu chastes que lui inspirait la jeune femme et le remord qu’il éprouvait d’être ainsi attiré par une nonne.

A suivre

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