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view post Posted: 28/10/2018, 17:39 Un passé encombrant - Les fanfictions sur Candy

Bonjour mes lecteurs, lectrices, je tiens à m’excuser pour mon retard ... mais je travaille à côté ce qui me prend pas mal de temps ! J’écris à mes heures perdues mais j’ai conscience d’avoir été longue. Voici enfin le chapitre que vous attendez, bonne lecture et si vous avez des choses à suggérer merci de laisser vos commentaires !




CHAPITRE 4



Candy ne s’attendait pas à souffrir de l’absence de son hôte à ce point là. Niel était parti à New York pour ses cours de médecine dans la plus grande Université du pays et lui avait promis de revenir au plus vite. Depuis des idées de toute sorte venaient la harceler comme « Et si il rencontrait quelqu’un ? », « Pense t-il à moi ? », « Joue t-il avec moi et est-ce que ses sentiments sont sincères ? », ce qui lui donnait le cafard et bientôt cela eu des répercussions sur son appétit.
Bien sûr Niel s’en aperçut à son retour. Une partie de lui était aux anges car Candy l’aimait bel et bien, mais cela soulevait aussi des doutes ... laquelle ? Celle qui avait perdu la mémoire ? Ou celle qui pourrait bien l’avoir retrouvée ? Il avait eu tôt fait de rejeter cette idée.
Candy au fond ne s’était pas résolue à lui avouer que tous ses souvenirs ou presque lui étaient revenus. Durant la semaine elle avait longtemps hésité entre le lui dire ou pas mais une peur régnait au fond d’elle, une peur que tout s’effondre et fasse oublier ces instants magiques ! C’était la première fois qu’elle ressentait un tel émoi mais à présent elle avait choisi de se méfier et de ne pas donner son cœur à n’importe qui. Surtout à Niel dont elle n’avait pas oublier la fourberie dont il pouvait être capable.
- Tu as maigri ... un peu trop à mon goût, dit-il l’air contrarié. Il soupira. Je veux que tu manges ! D’accord ? Si les plats préparés n’étaient pas à ton goût sache que tu peux exiger un autre menu.
- Non Niel ... ça me va ! C’était parfait ... c’est juste que je n’avais pas faim.
- Je vais devoir m’absenter souvent. J’ai décidé de suivre ma route, d’avoir la profession qui me correspond le mieux, et qui pourra subvenir à ... à notre famille, à nous deux. Ce faisant ses doigts caressaient doucement le dos de sa main ce qui n’était pas déplaisant du tout. Candy l’écoutait, chavirée en entendant les mots « notre famille ». Si tu avais retrouvé la mémoire ... je te trouverais un poste d’infirmière là-bas à New-York et tu pourrais m’accompagner.
- Je fais tout pour me souvenir ...
- Je le sais bien ! Mais ça ne va pas être possible si tu ne manges pas ... d’accord ? Il fit appeler la gouvernante qui occupait les lieux toute l’année. Je veux que vous veilliez à ce que mademoiselle Candy Neige André mange, n’est-ce pas ?
La gouvernante, une femme assez âgée, du nom de Marge Cooper opina du chef.
- Ah monsieur ... mademoiselle Candy ne parvenait pas à manger ... j’avoue que ... je n’ai plus su quoi faire. Niel regarda Candy, sévère.
- Bien, et bien nous allons remédier à ce problème maintenant. Pouvez-vous nous faire à déjeuner même s’il n’est que dix heures du matin ?
- Bien sûr monsieur !

Une fois miss Marge Cooper occupée, Niel se détendit quelque peu. Candy se surprit à espérer qu’il la prenne dans ses bras, sa chaleur lui avait manqué toute la semaine ! Et puis il y avait cette angoisse du nouvel an et l’idée d’affronter encore sa belle-mère ne la réjouissait pas du tout.
- Je sens que quelque chose te tracasse lança t-il sur un ton qui se voulait anodin. Serait-ce le fait de retourner voir ma mère et la grande tante ?
Candy expira lentement tout en baissant les yeux. Zut il avait bien ciblé le problème !
- C’est ça ... je ne peux décidément rien te cacher ... répondit-elle sur un ton boudeur.
- Bien ! Il sourit, amusé. Donc ce n’est plus un problème.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que pour le nouvel an nous allons à New York, tous les deux. À ces mots, le ventre de Candy se tortilla de bonheur. Je me suis fais quelques amis et je suis invité et donc toi aussi. Il se tût avant de rajouter sur un ton qui se voulait détendu « Ils n’ont rien à voir avec mes « amis » du Collège ».
- Je m’en doutais ... elle rougit, oups elle avait parlé trop vite ! Elle espéra un instant que Niel ne relève pas. Peine perdue.
- Comment ça « je m’en doutais » ?
- Euh et bien vu comment tu me parles de toi ... je pense que tu as du changer pour te remettre en question et donc tes relations n’ont plus rien à voir avec ce que tu étais. C’est ça que j’ai voulu dire. « Tu t’es bien rattrapée aux branches ! Félicitations ! » Se complimentât-elle elle-même.
- Hum ... oui ... mes anciens amis ont eu des routes différentes, j’ai pour ainsi dire perdu le moindre contact ce qui n’est pas un mal.
- Et ... ? Tes nouveaux amis sont tous en étude de médecine ?
- Oui, il y a Julian, aussi simple et gentil que pouvait l’être Alistair, oui je trouve qu’ils ont un air de ressemblance tu verras ! et Marc ... (il fit un genre de moue), bon je doute qu’il te plaise à vrai dire ... il sera là aussi ainsi que leurs petites amies respectives. Rassure-toi ... ils ne sont pas fiers, imbus de leur petite personne ... tout cela est terminé. Il soupira. Tu ne crains plus rien, de toute façon tu dois ne plus craindre quoi que ce soit parce que maintenant je suis là pour te protéger ! Candy se garda de répondre qu’en garde du corps y avait mieux mais elle ne put empêcher un petit frisson de la parcourir devant la détermination du jeune homme. Elle ressentait toujours au fond d’elle-même cette crainte d’être flouée mais elle s’estompait jour après jour.

Le jour du départ fut là. Le temps avait passé, implacable et indifférent aux tourments humains. Candy eut du mal à trouver son sommeil durant la nuit, tout s’agitait en elle tel un shaker remplit à ras bords !
Le petit-déjeuner fut vite avalé et puis ils prirent la route. Niel concentré sur sa conduite ne ressentait pas le besoin de parler, Candy non plus. Elle regardait la route défiler, puis cet effet hypnotique eut raison de ses paupières, qui finirent par s’abaisser, le sommeil s’ensuivit. Niel jeta un coup d’œil et eut un petit sourire satisfait.

**



Élisa commençait à se faire à sa nouvelle vie. Tom était charmant, beau comme un Dieu et elle ne se lassait pas de le regarder déambuler dans la demeure lorsqu’il revenait de son travail. Si ce garçon lui plaisait, une chose imprévue gâchait ses journées : l’ennui. Il n’avait pas tardé à la gagner et elle s’était résolue à donner un coup de main à la gouvernante transgressant un des principes de sa mère, de laisser les tâches dégradantes au petit personnel. Ainsi elle apprit vite à cuisiner, repasser, faire le ménage, et s’aperçut vite que les horloges égrenaient les heures à une vitesse supérieure. Jusqu’au retour du soleil de ses pensées où là, le temps suspendait son vol. Tom lui jetait un regard amusé et hochait la tête satisfait tout en allant d’un bon pas ôter de sa peau les traces de son labeur. Le réveillon du Nouvel An approchant, Élisa se surprit à n’y prendre garde que deux jours avant. La panique la saisit alors. Qu’est-ce qui était prévu ? Comment allait-elle organiser les festivités ? « Une Legan même en fuite se devait d’être irréprochable ! ». Lizzy la tranquillisa avec son optimisme à toute épreuve.
- Ne vous en faîtes pas mademoiselle ! Tom n’aime pas les fêtes en général ... il ne se sent heureux qu’ici ... avec ses bêtes et sa maison ! Je n’ai jamais eu d’invités en grand nombre, seuls quelques amis et ils ne sont pas très nombreux je dois bien avouer.
- Des amis ..., elle se racla la gorge avant d’enchaîner ... des filles ?
Lizzy éclata de rire avant de la couvrir d’un regard amusé. Ainsi cette fille revêche, aux boucles bien rangées, strictes, l’air fier, s’intéressait à son Tom ! Loin de la rebuter elle en fut plutôt contente, son Tom allait peut-être se sociabiliser, enfin !
- Non du tout !
Élisa pâlit, et si ...
- Non il n’est pas ... ce que vous pensez mademoiselle ! Tom est juste trop accaparé par son travail. Vous savez il n’a jamais voulu décevoir son père adoptif alors ... il pense qu’il a à jamais une dette envers lui.
Cela lui revient en mémoire. Oui il le lui avait dit et sur le coup cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. À présent elle réalisait qu’elle était en train de vivre la même chose que son propre frère et cette ... cette ... fille qu’elle détestait. Tiens ... cela pouvait être intéressant de savoir comment se conduisait cette chipie ..., ils avaient le même âge et avait du fréquenter la maison de Pony au même moment ! Elle revient à la conversation et au fait majeur que Tom n’avait pas de petite amie, un garçon si beau qui l’attendait comme par miracle dans son château endormi ! « À toi de jouer ma vieille, ne te le laisse pas souffler comme les autres ! » et en pensant cela elle se rappela de ce Terrence Grandchester qui n’avait d’yeux que pour cette blonde insipide et énamourée qu’était Candy. « Au lieu de ne voir que ce qui t’énerve chez cette fille, rappelle-toi de ses attitudes, de sa façon d’être ... et qui faisaient tourner les têtes de Terry et d’Anthony ! ».
- Je pense qu’effectivement nos chemins ont bien faits de se croiser ... elle s’étira et demanda à Lizzy l’autorisation d’aller s’aérer quelques instants.
- Mais faîtes mademoiselle ! Après tout vous êtes mon hôte et depuis quelques jours vous ne cessez de me proposer votre aide ! J’en suis d’ailleurs toute confuse !
- Ça me fait passer les journées plus vite, avoua Élisa.

Une fois dehors, les feuilles tapissaient le sol, certaines voletaient par le souffle du vent, tandis que d’autres tentaient désespérément de rester soudées aux branches. La chevelure rousse d’Élisa était raccord avec son environnement. Ses cheveux étaient enfin libérés de leur discipline, ils se soulevaient par le vent, comme s’ils dansaient leur émancipation sur un air de musique inaudible. Élisa n’y faisait pas attention, ses pensées s’étaient focalisées vers le passé. Candy avait toujours eu la sympathie des garçons, elle ? Jamais. Élisa soupira. Pourquoi ? « Oui pourquoi ? C’était la question ». Parce qu’elle minaude, parce qu’elle a un air fragile, elle a un air innocent et toi ? Toi tu viens en terrain conquis, toi tu crois que tout t’est acquis, tu n’as pas l’air fragile et donc ... « donc les garçons considèrent que tu n’as aucunement besoin d’eux ! ». « C’est donc ça ... c’est là que se situe la force de cette fille ? » Un sentiment profond d’avoir trouvé enfin la solution elle tourna le dos aux arbres, au vent qui soufflait, à la terre recouverte d’un tapis doré constitué par les feuilles et qui n’allait pas tarder de se couvrir d’une couche de neige. Lizzy allait l’aider, il le fallait, il ne fallait pas qu’une autre lui souffle le garçon sur lequel elle venait de jeter tout son dévolu. Au fond d’elle se tapissait une sourde angoisse.

**



Niel s’arrêta une demi-heure en milieu de matinée, ses muscles s’ankylosaient et son attention baissait au fur et à mesure des kilomètres. Marge Cooper avait pensé à tout et lui avait fait prendre deux sandwiches bien copieux. En ce 31 décembre 1917 le temps était raccord avec le réveillon, il faisait froid, la neige menaçait de s’abattre ce qui rendrait les routes difficiles. Il avait encore de la marge pour arriver chez les Redson et leur fils Julian, étudiant comme lui en médecine. Le jeune homme lui avait tout de suite plu, par sa simplicité. Un instant il avait cru qu’il était devant Alistair Cornwell ce qui avait facilité son amitié. Julian était d’une famille aisée, d’origine Mexicaine pour ce qui était des ancêtres et ils avaient fait fortune dans les commerces en tous genres. Lui voulait être médecin et sa vocation lui était tout naturellement venue après avoir été hospitalisé dans son enfance suite à une chute de cheval. Celle-ci heureusement bénigne avait laissé la trace d’une légère claudication qui ne se voyait pas au premier abord. Son père avait été déçu qu’il ne puisse s’engager dans l’armée mais avait retrouvé sa bonne humeur lorsqu’il avait été reçu à ses examens. Par son physique, Niel ne pouvait s’empêcher de penser à Alistair dont son ami avait quelques points communs : des lunettes rondes, des cheveux noirs de Jai, une silhouette sportive fine et élancée. Malgré son léger handicap Julian s’adonnait au sport et notamment au Basket, c’était d’ailleurs là qu’il avait rencontré sa petite amie, Alice, en étude de journalisme. Candy s’agita et se frotta les yeux. Il la regarda avec tendresse et lui proposa un sandwich qu’elle s’empressa d’accepter.

Ils arrivèrent en fin d’après-midi pour la fête. New-York avait revêtu ses habits d’apparat et s’apprêtait à traverser un nouveau cycle annuel. La maison des Redson était située dans un quartier résidentiel et de nombreuses voitures impeccables et rutilantes y étaient déjà alignées par deux voituriers, embauchés pour l’occasion. Candy s’étira, ses muscles endormis avaient besoin d’être réveillés quelque peu après de nombreuses heures de route. Un voiturier vient proposer ses services que Niel accepta puis fut introduit dans la demeure. Celle-ci avait un charme certain due à la patine du temps sur la façade dont une vigne vierge avait investit la majorité de cet espace vierge. Elle était taillée avec soin pour la contrôler. Au rez-de-chaussée, un hall haut de plafond accueillait le visiteur. Ensuite venait un vestibule puis le salon. Tout y était délicat, les lignes simples, peu de tableaux habillaient les murs. Quelques bouquets dont les fleurs au parfum délicat provenaient du jardin, lequel abritait deux serres aux fonctions distinctes, l’une pour l’alimentation, l’autre pour les fleurs et arbustes aux essences rares. Niel et Candy furent émerveillés par un magnifique lustre qui éclaboussait de lumière plusieurs mètres à la ronde. Le sol était en parquet marqueté impeccable, dans le fond se trouvaient deux escaliers. Un domestique se présenta alors et leur proposa de les installer dans leur chambre. Un doute s’immisça dans l’esprit de Candy. Le domestique leur présenta la pièce spacieuse, une porte-fenêtre se situait face à la porte et donnait sur un balcon, qui surplombait un parc qui l’été devait révéler des couleurs chatoyantes. Le lit à baldaquin trônait en majesté, encadré par deux tabes de nuit en acajou. Le tout était arrangé avec un goût certain qui ravissait les sens. Un bouquet était posé au centre d’un secrétaire. Tout était parfait mais un doute s’immisça dans la tête de Candy ... n’y en aurait-il qu’une ?
- Pardon monsieur, dit-elle alors qu’ils faisaient le tour du propriétaire, mais ... il n’y a qu’une seule chambre ?
- Oui madame, ... bien sûr ! Le domestique s’il parut amusé par la question n’en laissa rien paraître.
Le domestique ouvrit la porte révélant une petite salle de bain. Niel hocha la tête devant la pièce tout aussi bien décorée et pratique que la chambre attenante. Candy quant à elle se sentait devenir la proie à un certain agacement. Elle jeta un coup d’œil en biais à Niel, le visage sombre. Niel lui ne paraissait nullement affecté par son tout récent état d’âme.
- C’est très bien dit-il au jeune homme, cette chambre est grande, spacieuse, merci !
- Oh monsieur Redson nous a bien précisé qu’il vous fallait la meilleure car vous veniez d’assez loin.
- Et bien je ne manquerais pas de le remercier ..., cette chambre est parfaite.
- Heureux qu’elle vous plaise. Mademoiselle ... vous souhaitiez une autre chambre ? Je peux voir ce que je peux faire ... il se tût cherchant une solution.
- Non ... mademoiselle se contentera de cette chambre-ci. Ne vous en faîtes pas ! Il lui jeta un coup d’œil sévère qui la fit rougir.
- Vous êtes sûr ? Il manqua de rajouter « parce que la jeune femme n’a pas l’air d’accord du tout ! » mais se tût.
- Oui j’en suis sûr. Merci encore ! C’était le signal pour le domestique de libérer les lieux.
L’homme partit, Candy put enfin se libérer.
- Comment as-tu pu ... une seule chambre ?!!!
Il eut un petit rire devant son air outragé.
- Écoute ... si ça te tracasse tant que ça ... rassure-toi ! Je ne te toucherais pas ... voilà !
- VOILÀ ?!!
- Je ne voulais pas être une source de difficulté envers Julian c’est pour ça que je ne lui ai pas dit que ... enfin que nous somme pour le moment qu’amis.
Elle hocha la tête lentement mais ses yeux laissaient apparaître une grande colère.
- Bien, donc pour toi le problème est réglé. Je dormirais par terre.
- Hors de question. Tu dormiras à mes côtés et ... je me tiendrais tranquille tu as ma parole !
Elle eut l’air moqueur.
- Je n’ai pas confiance en toi. « Et tu as bien raison ! N’oublie pas !» Souffla sa petite voix.
- Candy ! Je sais me tenir ! Je ne te toucherais que si tu en as envie et surtout ... le plus important ... si tu m’aimes ! D’accord ? » Les yeux caramel l’enveloppèrent alors, ses joues s’enflammèrent. « Oui il est séduisant, oui il se tient comme un gentleman, oui il n’a jamais eu de propos déplacés ... et oui encore il est différent de ce qu’il a été ... mais c’est peut-être un plan pour que tu tombes amoureuses de lui pour qu’il te mette en mille morceaux ! ».
- D’accord, finit-elle par dire après un silence conséquent.
- De toute façon la soirée va durer jusqu’au petit matin et je pense que nous serons tellement fatigués que nous nous écroulerons de fatigue. Maintenant préparons-nous, nous avons très peu de temps.

**



Élisa avait fait le tour des voisins les plus proches puis s’était résolue à ne fêter le nouvel qu’en tête à tête. Tom avait contrôlé son irritation devant cette fille qui s’était mise en tête de chambouler son existence. Non il n’avait pas besoin d’amis pour le nouvel an ! Et oui, les fêtes ne lui importaient pas du tout ! Cette discussion plutôt enflammée avait quand même mis au jour qu’il ne pouvait pas continuer à vivre comme un ermite. Quelque part au fond de lui il ne voulait pas que cette fille au fort tempérament s’en aille. La veille il se décida pour la première fois de sa vie à mettre son travail de côté et d’organiser une surprise.

Il débarqua en ville devant l’unique bar ouvert. Pour attirer les clients le patron avait mis les petits plats dans les grands. Des lumières clignotantes, des fanions, un décor digne de la demeure du père Noël et bien sûr des affiches indiquant les prix des repas proposés. Tom hocha la tête, satisfait et entra dans la salle presque vide, seulement deux habitués tenaient le bar.
- Bonjour ... Je voudrais réserver ... pour deux personnes.
- Pour demain je suppose ?
- Oui pour demain soir.
L’homme consultât son agenda et n’eut aucun mal à satisfaire la demande.
- Bien monsieur, c’est noté.
- Merci.

Tom sortit et s’enquit d’un cadeau pour son invitée. C’était la tâche la plus difficile qu’il eut affaire depuis qu’il avait pris sa décision de quitter l’orphelinat de la maison de Pony. Qu’est-ce qu’une fille comme Élisa pouvait apprécier comme présent ? Il se doutait que son cadeau serait trop simple et qu’elle avait eu droit durant toute sa vie à des cadeaux hors de prix, ce qui lui fit naître un petit frisson extrêmement désagréable dans la région abdominale. « Elle devrait s’en satisfaire, si elle est intelligente elle apprendra que seuls les présents du cœur sont importants ».

Élisa était en panique. Pour la première fois de sa vie elle voulait faire plaisir à quelqu’un, vraiment. D’habitude cela ne lui posait aucun problème. Elle allait dans la plus luxueuse des boutiques et choisissait l’objet le plus cher et original dans le but de marquer la personne de son image. Aujourd’hui elle voulait plus mais que faire ? En pleine campagne et pas un magasin à la ronde, son univers avait disparu pour laisser la place à un autre, totalement inconnu d’elle et ce pour une durée indéterminée ... elle sentit qu’elle allait frapper pour la première fois de sa vie le mur du désespoir.

Lizzy qui commençait à bien la connaître remarqua bien vite que quelque chose n’allait pas.
- Miss ... je peux vous poser une question ?
Élisa soupira le plus discrètement possible car les mots « Miss » et « Mademoiselle » l’insupportaient de plus en plus (alors que par le passé elle aurait répondu à ce manque de respect par une colère phénoménale) puis sourit très vite à la gouvernante.
- Lizzy ... on va arrêter là le jeu des « miss », « mademoiselle », d’accord ?
La femme ouvrit des yeux écarquillés par l’effet de surprise.
- Vous ?
- Oui MOI Élisa Legan je ne veux plus qu’on m’appelle comme ça ... « mademoiselle ci ou ça ... », d’accord ? Appelez-moi Élisa, sinon fit-elle en affichant un air mutin, je vous préviens que je ne vous répondrais pas !
Lizzy soupira. Cette fille lui avait tout d’abord laissé une très désagréable impression. Elle l’avait jugée méprisante, hautaine et par conséquent aux antipodes de ce qu’il fallait à « son » Tom. Elle s’était améliorée sur le plan du comportement de jour en jour. En quelques semaines la métamorphose s’était opérée. La gouvernante savait au fond d’elle-même que celui qu’elle considérait comme son fils, était la pierre angulaire de ce changement.
- Bien mad ... Élisa. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Élisa pressa ses dents sur sa lèvre inférieure. Un air triste et coupable s’invita sur son visage habituellement confiant.
- Je n’ai pas de cadeau ... enfin je veux dire ... vous m’avez accueillie tout ça ... et je ne peux rien vous offrir pour vous remercier ... Lizzy pouffa de rire, ce qui eut pour effet de l’énerver. Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ? Le ton mordant dont elle était coutumière venait de faire sa réapparition.
- Ah rien mad ... Élisa ! Ne vous en faîtes donc pas pour ça !
Elle se renfrogna.
- Si je m’en fais, du monde d’où je viens ça ne se fait pas !
Lizzy plongea son regard dans les siens, la bonté les habitait et leur donnait cet éclat plein de chaleur. Éclat peu habituel pour Élisa qui ne l’avait pour ainsi dire jamais rencontré.
- Oubliez ce monde, vous l’avez fui ! Continua Lizzy. Je sais ... je ne suis qu’une gouvernante et je ne sais rien de votre monde, je n’ai connu pour ainsi dire que celui-là ... Élisa était devenue toute rouge. Je vous ai blessée ?
- Non ... Dieu qu’elle détestait cet état de vulnérabilité ! Elle parla très vite, plus dans un désir de camoufler son trouble que pour dire quelque chose d’utile. Je sais bien mais ... vous allez vous figurez que je suis une mal élevée !
- Non ... Le visage de Lizzy devient grave. Ça c’était avant, votre premier jour.
- Comment ça ?
- Et bien puisque nous en sommes aux confidences, le premier jour que mon Tom vous a amené ici, vous m’avez paru comme une personne parfaitement désagréable, hautaine, fière, bref ... je vous ai mal jugé.
« Ainsi c’est l’image que Lizzy avait de moi ? Mon Dieu ... et Tom ? Elle se sentit blêmir, et si ... si Tom pense la même chose ? Qu’elle était absolument infecte ? Elle se revit à bord de la carriole, son air de Reine déchue, s’ingéniant à lui montrer qu’elle valait plus que lui et son monde de paysan. Elle grimaça devant une remontée de bile que ses souvenirs avaient généré.
- Vous croyez que Tom ... il pensait comme vous ? Elle ferma les yeux et se reprit : il pense comme vous ?
- Je ne sais pas. Tom ne parle jamais de ses états d’âme.

**



Madame Legan et la grande tante Elroy broyaient du noir. Élisa était introuvable, Niel filait le parfait amour avec cette fille qu’elles ne portaient pas dans leur cœur, et pour couronner le tout, Albert cautionnait cet amour ! D’ordinaire elles s’étaient toujours arrangé pour faire que leurs projets arrivent à leurs fins, au détriment de leurs concurrents mais là s’était devenu injouable. Sarah Legan avait eu beau questionner son mari et envoyer aux trousses de sa fille les meilleurs limiers de la police de l’État, aucune trace. L’inquiétude la plus absolue avait fait place à la colère du au refus de sa fille de suivre ses conseils. L’attente à présent faisait de chaque minute un supplice digne des Dieux Grecs. La grande tante n’en était pas moins à plaindre, sa famille dont elle était si fière était désormais en pleine décadence et dans sa tête la question « - Pourquoi ? » tournait en boucle. Pourtant elle avait fait de son mieux. Pour Albert elle avait déniché les meilleurs professeurs mais le garçon têtu restait fixé sur ses « maudites » passions avec celle entre autre qu’elle détestait par dessus tout, les animaux. Sa nièce Sarah avait fait un parfait mariage, elle était celle dont elle était la plus fière. Qu’était-il donc arrivé pour que Niel et Élisa tournent si mal ? Elle le savait tout au fond d’elle-même, tout le mal était arrivé dès que Candy avait mis les pieds chez les Legan.
Sarah leva les yeux de son livre, resté à la cinquante et unième page depuis une demi-heure, décidément impossible de lire. Où était sa « chère » fille ? Tous les scénarios possibles venaient la torturer quelque soit le moment de la journée. La grande tante rompit alors le silence.
- Allons très chère, avez-vous eu la visite de la police ? Ont-ils des nouvelles ?
- Non répondit la femme à la silhouette parfaite qui s’était levée pour se planter devant la monumentale baie vitrée.
La grande tante soupira.
- Peut-être qu’elle bénéficie de soutiens, que les gens couvrent sa fuite ... Je ne comprends pas cette réaction ... c’est tout Élisa d’être excessive !
Sarah ricana.
- Élisa est bien trop fière pour solliciter l’aide de qui que ce soit. Soit elle est tombée sur un ... mais c’est impossible. Je suis convaincue que c’est impossible, Élisa est connue et si elle était tombée sur un malfrat nous aurions été contactées ... pour une rançon par exemple.
- Vous avez sans doute raison.
- Je pense qu’elle se terre quelque part. Elle a peur de revenir. Elle dodelina de la tête. J’ai été stupide poursuivit-elle, j’ai abordé cette question de mariage de façon trop abrupte, elle s’est braquée, j’aurais du l’envisager.
- Et si nous mettions un article dans le New York Times ?
« Pourquoi pas ... si j’avais ne serait-ce qu’une seule nouvelle qui me rassure sur elle ... oui pourquoi pas ? ».
- Excellente idée ... j’avoue l’avoir eue mais j’ai crains que nous soyons importunées par des gens sans grand intérêt.
- Bien alors au travail ! Appelons Monsieur John Truder. Il est réputé pour faire d’excellents articles et également de mener des enquêtes efficaces !
Sarah Legan savait parfaitement qui était ce John Truder. Elle avait eu affaire à lui plusieurs fois à lui notamment pour avoir des informations détaillées sur les familles aisées susceptibles d’être contactées pour une union éventuelle avec sa fille.
- Je l’appelle de ce pas, merci !

**



Albert tournait en rond dans la pièce immense qui logeait son bureau. C’était le jour du réveillon et il n’avait aucune envie de faire la fête. Il se retrouvait avec seulement Georges pour lui tenir compagnie, comme d’habitude. Il soupira. Il y avait bien l’opportunité de rejoindre la grande tante qui avait les Legan, monsieur arrivant dans la soirée car il comptait faire un détour pour passer lui parler (et Albert savait de quel sujet précisément), ainsi qu’Archibald et Annie pour l’entourer mais l’envie lui manquait. La résidence de la grande tante lui était devenue insupportable, en particulier ce protocole qui dénaturait les rapports humains. Il n’y allait que contraint et forcé. Il parcourut le journal reçu le matin même et alla directement vers les publicités de restaurants, susceptibles d’accueillir un célibataire en mal de solitude.

**



Niel se retient de la prendre dans ses bras. Elle était splendide. Candy avait relevé ses cheveux et les avait attachés avec un ruban en velours vert foncé, raccord avec tenue. Ses joues rosies par le bain et son parfum se mirent à le troubler au-delà du raisonnable. Il détourna alors ses pensées pour qu’une seule compte : les autres invités allaient tous la remarquer ! Et surtout ... Marc ! C’était leur ami commun avec Julian. Ils avaient tous les deux leurs petites amies mais il savait pour ce dernier que cela ne serait pas une raison suffisante pour l’empêcher de tourner autour de Candy. La fidélité n’était pas sa qualité première et tout le monde le savait bien dans la faculté de médecine ! Niel n’avait pas tardé à l’apprendre même de la proche bouche de l’intéressé qui s’enorgueillissait de pouvoir séduire tout âme féminine qui s’aventurait dans son sillage. Il déglutit et tentât de chasser cette pensée hideuse d’une Candy dans les bras du beau Marc. En effet le jeune homme avait tout pour lui, un charme magnétique dont l’atout résidait dans de magnifiques yeux bleus, un visage marqué par deux fossettes au niveau des joues, et des cheveux blonds. Sa peau était halée tout le long de l’année car dès qu’il le pouvait il s’échappait vers la Californie pour y retrouver la mer et surtout le soleil qu’il raffolait. Le jeune homme en plus de son physique plus qu’avantageux adorait les vêtements aux couleurs vives – même en Hiver – et aimait attirer l’attention en s’habillant de façon chic et originale.
- Je dois te prévenir fit doucement Niel alors qu’ils allaient rejoindre les autres invités, en ouvrant la porte.
- Me prévenir de ... elle ne put finir, un Apollon blond surgit devant eux. Un sourire fabuleux et qui posa – connaisseur –ses yeux bleus sur la jeune femme. Il lui adressa un clin d’œil amusé. L’instant de surprise passé elle décida que ce garçon était insignifiant.
- Oh de rien ... fit Niel en se passant la main dans les cheveux.
L’autre éclata de rire. Niel lui devient de plus en plus crispé. Marc était pour une fois vêtu de façon sobre : Une veste bleu marine, une chemise blanche (son teint bronzé ressortait par contraste encore plus), un pantalon assorti et des chaussures noires, l’ensemble était chic et soulignait une bonne condition physique.
- Bonjour Niel ... alors ? Tu me présentes ?
- Alors ... quoi ? Euh ...
- Tu ne me présentes pas ? Il se tourna vers Candy, charmeur. Candy rougit et fut tentée de prendre ses jambes à son cou. Il avait ce regard qu’elle haïssait plus que tout : celui qui a le pouvoir de voir le corps à travers les habits les plus épais.
- Si bien sûr ! Concéda t-il de très mauvaise grâce. Candy voici Marc ... Marc voici Candy.
- Candy ? Original comme prénom. Visiblement il ignorait la mauvaise humeur de Niel pour se concentrer sur sa nouvelle proie. Candy du se contenir pour ne pas le gifler. Jamais elle n’avait ressenti une aversion physique aussi forte pour quelqu’un !
- Ouiiiiii, fit Niel de plus en plus gêné.
- En tout cas ton amie est tout à fait charmante. Tu nous avais caché ça ! Lâchât-il sur un ton boudeur, faisant face à son « ami ».
- Disons que ... enfin je pensais que ...
- T’en fais pas va ! Nous avons tous nos petits secrets. Je suis venue avec Clara, tu sais Clara Mitchell, elle fait des études d’architecture, enfin ça c’est en attendant de trouver un bon parti, ajouta t-il sarcastique. « En voilà un qui a une haute opinion des femmes ! » ne put s’empêcher de penser Candy.

Clara ne tarda pas à sortir de leur chambre. Elle était tout aussi blonde que Marc et tout autant bronzée. Elle portait une magnifique robe noir et blanche, qui soulignait sa silhouette parfaite. Un doux parfum enveloppa bientôt le petit groupe. Niel se chargea à nouveau des présentations et Candy put sentir sur elle le regard inquisiteur de la nouvelle venue. Elle put deviner que sa présence n’était pas la bienvenue, ce que Clara s’empêcha vite de travestir dans la conversation mais l’instinct féminin ne la trompait pas.
- Et si nous descendions ? Julian et Alice vont se demander si nous ne sommes pas perdus !
- Tout à fait. Niel tendit son bras à Candy qui se dépêcha de le saisir.

**



- À vous voilà ! fit enjoué Julian, Alice Johnson sa petite amie sur les talons.
- Excuse-nous ... j’avoue avoir pris mon temps ... la route m’a quelque peu fatigué.
- Je comprends parfaitement ne t’en fais pas ! Il se tourna vers Candy qui l’observait à la dérobée. Qu’elle ressemblance presque incroyable avec Alistair ! Il s’en amusa et demanda à Niel de faire une énième fois les présentations. Ceci fait il sourit amusé à Candy puis jeta un coup d’œil en direction de Marc, celui-ci avait rapidement été accaparé par d’autres connaissances de la faculté, visiblement c’était la coqueluche de ces dames ! J’espère Niel que tu as prévenu ton amie sur ... il glissa son regard vers le jeune homme blond et son harem rapidement constitué.
- Ne t’en fais pas, gronda Niel.
- Il est un peu dragueur sur les bords, Alice a aussi été informée et je dois dire que cela n’a pas été vain. N’est-ce pas ma chérie ?
- Tout à fait. Elle lâcha un discret soupir. Julian a peiné à croire que Marc n’était pas du tout mon style et mon instinct me dit que ce n’est pas le vôtre non plus, je me trompe ?
- Pas du tout ! Rétorqua Candy spontanément, Alice avait l’air sympathique ! Au moins une alliée dans cette maison !
- Voilà qui est parfait, nos hommes peuvent donc être rassurés. Si nous nous installions ?

**



Élisa avait reçu l’ordre – le tout premier de sa vie – de s’habiller décemment et de le rejoindre dans le vestibule. Tom avait employé pour se faire son ton le plus autoritaire et emprunté de toute son existence. Élisa était en effet la première fille qu’il daignait inviter ! Elle était restée tout d’abord interdite puis s’était exécutée devant l’air sévère de Tom. Il n’en était pas revenu qu’elle est obéit presque immédiatement et avait eu un petit sourire satisfait. « Après tout une fille ça doit être comme une sorte d’animal sauvage, ça doit revenir à peu de chose près pareil à apprivoiser ! » puis deux secondes après « Tom Steel, détends-toi ... elle ne va pas te manger ! ».
Elle ôta son Jean et sa chemise à carreaux le cœur battant. Elle aimait ses nouveaux habits plus que ses robes aux prix indécents du passé. Le cœur serré elle détacha son unique vêtement chic que sa valise avait pu contenir dans sa fuite. Une robe bleu ciel, qui mettait parfaitement en valeur sa chevelure rousse bouclée, et sa peau indemne de toute imperfection. Son image lui renvoya l’image d’une jeune femme tremblante et anxieuse. Elle inspira profondément, expira, son être recherchait désespérément la confiance en lui qui la caractérisait.
- MISS LEGAN ? C’EST POUR AUJOURD’HUI OU POUR DEMAIN ?
Élisa pouffa tout en rougissant. Elle réalisa qu’il y a encore quelques jours elle aurait envoyé promener de son air le plus méprisant ce malotru, or aujourd’hui il n’en était plus rien.
- J’arrive Tom Steel, à nous deux. Je te promets au mon beau miroir que Tom et moi ça sera le grand amour, je t’en fais la promesse. Le cœur battant elle se dépêcha de tourner les talons.

Tom était sur son trente-et-un un. Un smoking un peu défraichi, une chemise neuve, des chaussures qui crissaient à chaque pas, soulignant la rareté d’être enfilées.
- J’avoue que l’attente valait le coup, fit-il d’un regard brillant. Élisa s’imagina deux secondes en bétail jaugé par un acheteur. « Allons ... c’est le plus sexy des paysans, laisse-lui le temps ... soit conciliante ... ! ».
- Merci. Elle décida de lui rendre la monnaie de sa pièce et lui décocha le sourire le plus séducteur qu’elle avait dans son stock, et passa à son tour à l’inspection. Sa conclusion fut qu’il lui faudrait un jour remettre à jour la garde robe du jeune homme.

**


Alice Johnson se révéla être une personne très cultivée et intéressante. Elle apprit ainsi à Candy qu’elle et Julian se connaissaient depuis longtemps, bien avant que Julian suive ses cours de médecine. Candy lui demanda si sa propre famille avait bien accepté le fait qu’elle aussi suive des études et Alice lui répondit que cela les avait quelque peu surprit puis ils s’étaient fait à cette idée. Vient le tour des questions à son égard et Candy sentit la honte de ses origines l’envahir mais après tout, pour Niel qui devait ne se douter de rien il allait falloir être très prudente.
- Votre petit ami, je dois bien l’avouer m’a fait une excellente impression ... J’avais peur que Julian me présente un autre garçon, du genre de ce Marc qui est un vrai coureur de jupons ... pauvre Clara ... son visage prit des airs tristes.
- J’avoue qu’à moi aussi, Marc m’a fait une assez mauvaise impression !
- Il se croit irrésistible. Bon alors Candy – si vous le voulez bien – comment ? Comment vous avez rencontré Niel ?
- Je dois dire que c’est une question étrange commença Candy tandis que les serveurs posaient devant eux des plats appétissants. Elle jeta un coup d’œil de côté et constata que Niel parlait avec son voisin, un autre étudiant, des professeurs qui les enseignaient. Je me suis réveillée dans une chambre d’hôpital et puis Niel m’a installé chez lui ... a priori j’ai eu un accident ... elle se mordit la lèvre inférieure. Je dois reconnaître qu’il a été aux petits soins pour moi.
Alice hocha la tête. Cette fille était différente de celles qu’elle avait eu à côtoyer jusqu’à présent. Elle sentait intuitivement que Candy était franche, honnête et prête à secourir quiconque aurait besoin de ses services. Son instinct au sujet des gens ne la trompait guère. Elle lui sourit et retourna à son assiette, ce fut là qu’un frisson désagréable la parcourue. Marc regardait dans leur direction, complètement indifférent au babillage de Clara. Alice eut la conviction profonde que Candy l’intéressait, d’autant plus que tout comme elle, elle ne l’appréciait pas du tout.
- Candy ... si je peux me permettre ... Candy se tourna vers elle, gênée. Elle aussi avait vu le regard de Marc.
- Vous voulez me prévenir au sujet de Marc ? J’ai bien vu qu’il regardait dans notre direction ...
- Je pense qu’il va tenter une approche tout à l’heure. Julian et moi avons organisé une soirée dansante ... faîtes attention à vous. Marc peut être collant, j’ai du lui mettre les points sur les « i » !
- Ne vous en faîtes pas ... je me demande bien pourquoi Niel et Julian l’ont comme ami !
- Il est séducteur dans l’âme, il est jovial et ... il doit avoir des qualités pour lesquelles je suis insensible, tout comme vous !
Candy se tût. Elle se souvient que Niel pensait il y a quelques mois, que lui aussi était irrésistible à cause de sa fortune et de son nom. Elle leva la tête et vit que Marc s’occupait à présent de sa petite amie. Elle en fut instantanément soulagée. Le repas se poursuivit, Niel à ses côtés l’air de rien, veillait.





A bientôt pour le CHAPITRE 5, merci de me lire :), je fais au plus vite pour la suite.

view post Posted: 2/10/2018, 22:12 Un passé encombrant - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 3




« Ainsi c’est ma famille » songeait Candy, assise entre Albert et Niel. Elle avait put juger de la froideur de la grande tante et de madame Sarah Legan lorsqu’elle était allée les saluer. Niel lui avait prit alors la main et avait collé sa bouche sur les phalanges de sa main tout en les fixant de la manière la plus insolente qui soit. Sa mère avait – devant cette provocation, une première de la part de son « fils chéri » – tout simplement tourné les talons. « Bienvenue dans ma famille » avait-il murmuré dans son oreille. Elle avait bientôt oublié ce contact calamiteux lorsqu’Archibald et Annie étaient venus à sa rencontre. Archibald avait fait une drôle de tête lorsqu’il avait constaté qu’à son bras se trouvait posté un Niel protecteur. Candy de son côté l’avait observé comme quelqu’un qu’elle voyait pour la première fois. Annie n’avait pu dissimuler également une grande surprise.
- Et bien Candy ? Tu en fais une tête ! Comme si ... comme si tu me voyais comme ... un peu comme si tu ne m’avais jamais vue !
- Euh ...
- C’est cela même, intervint Niel. Candy put sentir qu’il était tendu, comme prêt à bondir.
- Ne me prends pas pour un imbécile fit Archibald, méfiant et courroucé, qu’est-ce que tu lui as fais ? Tu l’as drogué ? Réponds ! On sait tous ici ce dont tu es capable !
- Jamais de la vie ! Archi pour qui me prends-tu ? Il ne put contrôler un petit rictus de travers, celui-là même qui avait tant horripilé Candy dans un passé pas si lointain.
- Jamais Candy ne se tiendrait à tes côtés, cracha Archibald furieux. Tu le sais bien !
- Je ... enfin je ne comprends rien à ce que vous racontez ! Intervient alors Candy dont le regard naviguait de l’un à l’autre, à présent irritée par un tel comportement.
- Niel ... Niel t’a fait beaucoup de mal ! C’est impossible que tu es passé l’éponge ... il y a encore quelques mois tu le fuyais comme la peste. On dirait que ... que tu ne te souviens de rien ! Tu es sûre qu’il ne t’a pas drogué ? C’est obligé que tu t’en souviennes ! Fit Archibald exaspéré.
- C’est impossible ... murmura Candy comme pour elle-même, et même si c’était vrai vous ... vous m’insupportez tous les deux ! Je ne sais même pas qui vous êtes d’ailleurs ! Vous me parlez comme si je vous connaissais ! Elle jeta un coup d’œil à Niel puis dégagea sa main et décida de les planter tous là, elle avait besoin de rassembler ses idées. Annie la regarda s’éloigner abasourdie. Archibald lui désormais, était bien décidé à tirer les vers du nez de Niel ! C’était tellement une situation improbable que forcément il y avait quelque chose de louche là-dedans.


**




Ses pas la conduisirent devant la salle de réception mise sur son trente-et-un pour l’occasion. Un magnifique sapin trônait, habillé comme il se doit : des guirlandes vaporeuses en plumes blanches, des breloques dorées, et des boules argentées terminaient ses branches. Une étoile était plantée bien droite sur son sommet. L’ensemble était magnifique et Candy se surprit à admirer la mise en scène puis ses pensées la détournèrent du spectacle. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Qu’avait donc pu lui faire ce garçon pour que tous la mettent en garde ? Sans compter que même l’intéressé freinait son élan, comme s’il craignait un retour de flammes. Son visage se voila de tristesse, c’était son passé qui détenait une fois de plus la réponse à toutes ses questions. Elle s’éloigna de la pièce centrale des festivités et se retrouva dans une aile de la résidence dans laquelle elle n’avait jamais mis les pieds. Elle réalisa qu’elle était allée trop loin et que ses hôtes allaient s’inquiéter, elle rebroussa chemin. Le silence accompagnait le crépuscule qui allait céder à son tour la place à la nuit, son regard se dirigea alors vers la tour qui trônait à côté du lac. Bizarre cette sensation qu’elle y était déjà allée ... mais quand ? Pourquoi ? Elle soupira ... encore des questions sans réponses !
Elle retrouva enfin la pièce dédiée aux festivités et vit avec angoisse qu’il y avait énormément de monde. Son regard croisa avec soulagement celui de Niel. Il vint au pas de charge à sa rencontre.
- Où étais-tu ? Je me suis fais un sang d’encre ! Je te rappelle que ... enfin tu as des problèmes de mémoire ... tu aurais pu te perdre !
- Excuse-moi mais ça m’insupporte de voir ces gens me prévenir contre toi ! Je ... voilà je veux que tu saches que je me fiche de ton passé ! Je sais que tu es complètement différent de ce que ce ... Archibald ou cette Annie ou ... autre ! Veulent que je croie de toi !
- Ne sois pas si sûre de toi grommela Niel. « Encore cette inquiétude ! Ah si seulement je pouvais me souvenir ! » se dit-elle. Je n’ai pas été si « gentil » que ça fit-il en posant les guillemets dans l’air. Archibald et Annie ont raison d’être méfiants, ils ne peuvent pas savoir à quel point je ... sa bouche devient un trait, aucun son fut autorisé à sortir.
- « A quel point je ... », je quoi ? Niel dis-moi ! Tu t’occupes de moi depuis que je suis sortie de l’hôpital ... pourquoi ? Si tu étais un monstre tu ne l’aurais jamais fais !
« Si tu savais ! » Niel la regardait comme un enfant s’interrogeant sur le fait de piocher ou non dans le pôt de confiture si tentant. « Non ... tu dois attendre qu’elle retrouve la mémoire ... là tu sauras si vraiment elle t’aime ou si ... si elle te détestera comme auparavant ... ». Il lâcha un soupir.
- Je ... j’ai refusé que quelqu’un d’autre que moi-même ne s’occupe de toi. J’ai beaucoup à me faire pardonner.
- Bon ... alors je te pardonne ! Ça te va ?
Il eut un petit rire mais la méfiance et la maîtrise de lui-même l’habitaient, immuables.
- Ce n’est pas si simple. Il eut pitié une poignée de seconde de son expression sur son visage, teintée d’une grande tristesse. « Ne cède pas Niel Legan, ne cède SURTOUT pas ! ». Viens et cesse de te ronger les sangs ! Le ton tentait d’être enjoué mais il fit chou blanc. Je t’aime Candy avoua t-il enfin. Je t’aimerai quoiqu’il arrive mais ... je ne profiterai pas de la situation.
- Niel ... ses lèvres tremblaient, à deux doigts de se laisser submerger par l’émotion. Il posa tendrement son index sur sa bouche. Niel moi aussi je ... une larme générée spontanément jaillit hors de ses cils.
- Pas maintenant ! Souffla t-il alarmé. Surtout pas maintenant ! Répétât-il tout en serrant les dents. Ne laisse pas ma famille voir ta faiblesse ! Chuchotât-il.
- Pour ...
- Ma famille n’a pas les mêmes intentions que moi.
Il prit sa main et l’entraîna à sa suite sans dire un mot.

Leurs places respectives leurs furent indiquées. Elle rencontra alors qu’elle tirait sa chaise, le père de Niel, elle nota qu’il était beaucoup plus aimable que sa femme. Ils parlèrent d’Élisa ... « Qui était-elle ? Et pourquoi cette peur qu’elle pouvait sentir s’échapper de Niel ? ». Puis Albert vint à son tour lui dire quelques mots puis tous prirent place. Elle ferma les yeux, soulagée de voir qu’elle avait été placée au centre des deux hommes qui comptaient désormais dans sa vie.

Niel instaura une conversation qui sembla le passionner avec son voisin puis sa femme Candy soupira, songeant qu’il faisait exprès de se désintéresser d’elle. « Pourquoi ? Pourquoi est-il comme ça alors qu’il m’a dit qu’il m’aimait ! Mais enfin ce garçon est impossible ! ». Bientôt la colère la gagna et elle dû refréner son impulsivité de quitter les lieux. Il ne voulait pas d’elle ? Alors elle allait lui rendre la monnaie de sa pièce ! Non mais !


**




Le repas dura une éternité. Bientôt elle fut également accaparée par des gens dont elle n’avait aucune idée, notamment quelques jeunes hommes célibataires à la recherche d’un beau parti. Puisque Niel faisait mine d’être indifférent et bien elle aussi elle allait jouer ! L’un d’entre eux, plutôt bel homme, les traits fins, cheveux bruns et à la silhouette sportive tenta de faire connaissance et Candy s’amusa à lui céder un peu de terrain, s’efforçant de s’intéresser à sa conversation. Niel bien sûr s’en aperçut et alors qu’ils éclataient de rire, remit le jeune impudent à sa place. Lorsqu’il fut certain qu’il avait à nouveau toute son intention, il tendit l’oreille sur les conversations des différents invités. Candy ne put retenir son agacement.
- Pourquoi as-tu congédié de, de cette manière complètement ... abjecte et humiliante ce jeune homme ? Il ne faisait rien de mal !
- Si, lâcha enfin Niel au bout de quelques secondes.
- Comment ça ? « Si » ?
- Il te parlait et je ne le permets pas !
- Voyez-vous ça ? Tu ne le permets pas ! Nous ne sommes pas mariés que je sache ! Il eut du mal à ces mots, à garder son sérieux. Qu’est-ce que j’ai dis qui te fais rire ?
- Pas encore ... ma chérie, pas encore. Elle se sentit tétanisée devant son regard impérieux et sûr de lui. Maintenant excuse-moi ... je dois écouter ce qui se dit ici, c’est très important. Il y avait différents sujets abordés, mais il y en avait un notamment qui requerrai toute son attention et qui abordait celui d’Élisa qui n’avait pas daigné apparaître aux festivités. « Un comble pour une fille d’une excellente famille comme les Legan ! » disait une convive plutôt bien en chair, « Oui ! Elle aurait refusé les plus beaux partis d’après sa mère ... autant vous dire que cela n’arrange pas leurs affaires ! ». Niel ne put retenir un rictus à ces mots. Des messes basses coururent à son sujet entre la grande tante, madame Legan, son mari et enfin Albert. Niel ne perdait pas une miette des informations qui parvenaient jusqu’à lui. Candy quant à elle s’ennuya à mourir. « Si c’est ça les repas de famille ... pas pressée pour le prochain ! ». Enfin la séance fut levée et ils furent conviés à se rendre dans la grande pièce adjacente, la salle de bal. Le cœur de Candy manqua un battement ! Enfin elle allait danser avec son prince ! Enfin « Prince » c’était vite dit ! Son sourire s’effaça à l’idée qu’une fille mieux qu’elle et ayant toutes ses facultés, la supplante. L’aiguillon de la jalousie entra en elle comme dans du beurre et elle ne put retenir un goût de bile tandis que la musique lui fit presque oublier un bourdonnement dans son crâne très désagréable. Elle regarda la pièce immense et décorée magnifiquement, chaque mur étant auréolés de teintes traditionnelles pour Noël. Quant au plafond elle s’interrogea un instant sur le poids des cinq lustres monstrueux, qui jalonnaient la surface. On aurait dit le fameux château de Versailles et sa galerie des glaces. Elle ignorait qu’un décorateur avait été spécialement requis pour cette occasion. Un orchestre était installé tout au fond sur une estrade et n’attendait plus que les danseurs. Elle sourit à Niel mais ses lèvres se figèrent pour devenir glacées, comme si un sortilège de froid extrême venait de la frapper de plein fouet. Madame Legan tenait à ses côtés une magnifique beauté brune aux yeux verts mais qui laissaient deviner une âme de feu.
- Candy vous allez bien vouloir lâcher votre cousin ? Je pense que ce ne sont pas les beaux partis qui manquent pour assouvir votre appétit !
- Mère ... gronda Niel furieux.
- Niel allons ne te fâche pas, je disais ça comme ça (sa froideur démentait ce que sa bouche disait) ... voici Agnès Dorval, elle est la fille d’un banquier très influent à Washington.
- Enchantée ... Niel. Elle lui sourit, rougissante et timide. « Une parfaite potiche » gronda la petite voix de Niel dans sa tête.
- ...
- NIEL ! Sa mère à présent ne se donnait plus la peine de cacher sa colère.
Niel et sa mère s’affrontèrent et sans crier gare il prit sa décision. Pourquoi pas ? Après tout la jalousie était efficace pour mettre à jour certains sentiments !
- Dansons Agnès. Je vous prie de bien vouloir m’excuser ... mais je n’aime pas laisser seule ma cousine ... cousine d’adoption, lui chuchotât-il tout en jetant un coup d’œil en biais vers une Candy bouche bée.
- Oh ... et pourquoi cela ? Je ... bêtement j’ai cru qu’il y avait plus qu’une simple relation familiale entre vous !
- Elle a des soucis de mémoire. Je m’inquiète pour elle ... Il compta le rythme voulu pour être dans la cadence de la valse que jouait le meilleur orchestre de la ville, et n’oublia pas de faire pivoter avec grâce sa cavalière, une excellente danseuse. Elle peut du fait de son handicap se mettre dans de sales draps, vous comprenez ? Agnès hocha la tête et ses yeux d’ange se mouillèrent. Niel faillit la rejeter brutalement devant son subterfuge. « Elle me prend pour un poussin du mois d’Août ? Elle croit que je vais tomber dans le panneau de la fille sainte-nitouche ? ». Au lieu de ça il lui sortit son plus beau sourire, celui qui ravageait les cœurs de toutes les greluches du Collège Royal de Saint-Paul. Agnès comprit le message et fit papillonner ses cils. Son regard quitta celui de sa partenaire (pour dissimuler une irritation qui arrivait au paroxysme tellement ce jeu de séduction convenue le laissait froid), pour aller en direction de Candy, son astre pour lequel il avait arrangé toute sa vie et son avenir depuis des mois. Sans le vouloir alors, il serra plus fort la main de sa partenaire qui ne put réprimer une grimace de douleur.
- Très cher ... je crois que vous me broyez plus que de raison ma main ! L’irritation faisait étinceler ses yeux. Niel n’en ressenti aucun remord.
- Je vous prie de bien vouloir m’excuser fit-il en mode automatique, ne pensant pas un seul mot de ce qu’il disait. Ses yeux tout en s’adressant à Agnès regardait un autre astre, et celui-ci était à présent accompagné d’une étoile. « Grandchester » enrageait-il tout en faisant virevolter une Agnès désormais impatiente que la danse se termine.
Son vœu fut exaucé, l’orchestre acheva son morceau puis fut chaleureusement applaudi.
- Je pense que ... que vous dansez très bien mais ce sera pour moi la dernière danse ! Désolée ! Niel vit – non sans un petit plaisir intérieur – qu’elle se massait la main. « Tu n’as eu que ce que tu mérites ! Petite hypocrite ! ».
- Ne le soyez pas. Il la gratifia de son sourire VIP sur son meilleur profil, puis la planta sur place. Il avait un compte à régler ... Grandchester ... comment avait-il osé ?!

Elle n’avait pas fait longtemps tapisserie. Un garçon – qui ressemblait traits pour traits à celui du restaurant où Niel l’avait emmenée – vint à elle. Enjôleur il lui proposa de danser à sa compagnie ce qu’elle accepta. Il s’appelait Terrence Grandchester et avait été invité par Albert.
- Pourquoi vous me dîtes tout ça ?
- Albert m’a appris que tu avais des soucis de mémoire.
La tristesse la traversa puis se dissipa, cédant le pas à la colère.
- Oui et ?
- Et bien je ne peux pas te laisser entre les mains de ce Niel Legan.
« Il commence à m’énerver celui-là ..., calme-toi Candy ... c’est quand même étrange que tous ceux que tu croises te préviennes sur le garçon qui t’a pris sous sa protection ! ».
- Et pourquoi ça ? Qui êtes-vous d’abord ?
- Je suis Terrence Grandchester, toi et moi avons eu une liaison en Angleterre, au Collège Royal de Saint-Paul. Il devient soudain triste – lui aussi – comme si des chaines invisibles venaient de se poser sur lui, comme une chape de plomb. J’ai ... j’ai commis une erreur et ...
- Et ?
Il y eut un silence, seuls les instruments de musique de l’orchestre occupèrent l’espace laissé vacant par leur voix.
- Et quoi ?
- Je ... j’ai cumulé les mauvais choix. Je ... je suis juste venu te prévenir que Niel Legan n’est pas un garçon pour toi !
- JE CHOISIS QUI-JE-VEUX ! Bien sûr sa sortie fit retourner une grande partie des invités. Elle s’en fichait. C’était ses affaires à elle ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous à vouloir qu’elle se méfie de Niel ?

Candy le laissa là en plein milieu de la piste, jeta un coup d’œil en direction d’un Niel interloqué qui venait dans sa direction. « C’est ça ... si tu te figures que je vais t’attendre ! Alors qu’il y a deux secondes encore tu te réchauffais dans les bras de cette fille ! Elle te va comme un gant d’ailleurs ! », elle aurait voulu lui hurler sa tirade mais au lieu de ça, ses jambes en décidèrent autrement et elle sortit de la pièce en trombe.


**




L’air fouetta son visage brûlant. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à se mêler de sa vie ? De son choix d’aimer ce garçon ? Il était gentil, s’occupait d’elle, était aux petits soins ! Elle le revit dansant avec cette fille mais ça n’avait aucune importance, elle avait bien remarqué qu’il lui jetant des regards en coin da alors qu’elle dansait avec ce ... Terry ! , de plus elle avait pu sentir son inquiétude – malgré la distance – à son égard.
Bientôt tout devient flou, les larmes voilaient son regard, sa main les écarta, rageuse. Elle vit un bâtiment et décida de s’y réfugier, histoire de mettre ses idées au clair. Elle n’entendit pas (ou à peine) la voix de Niel lui demander de l’attendre.

C’était une écurie. L’idée saugrenue de prendre un cheval et de galoper alors qu’ils étaient tous là à danser la traversa, puis s’imposa. Oui c’est ça ! Elle allait galoper, elle savait comment faire et pourtant comment avait-elle cette connaissance ? Mystère mais elle savait que cela allait lui faire du bien. Elle entra dans le box non sans prendre de précaution et prépara le cheval, elle n’entendit pas Niel, furieux, lui donner l’ordre de retourner avec lui à la réception.
- CANDY ! Tu vas m’obéir à la fin ! Je T’ORDONNE de laisser ce cheval et de venir avec moi !
Elle le fixa comme s’il ne parlait pas la même langue.
- Je ... quoi ? « Comment osait-il lui ORDONNER de le suivre ? Non mais ! Après son attitude ? Il la repoussait et maintenant elle devait être à ses ordres ! IL NE MANQUAIT PAS DE CULOT ! »
- Tu as très très bien entendu ! CANDY !
« Dis ce que tu veux ... fallait pas m’agacer ! ». Elle mit le mors à Rose-des-Vents, sa jument et grimpa sur la selle, sans effort, devant l’air abasourdi de Niel.
- Candy je te préviens que ...
Elle passa outre (et manqua même le renverser), alors qu’elle donnait un coup de talon à l’animal. Niel alors ne perdit pas une seconde et prépara à son tour son étalon. « Éclair de Feu, va falloir que tu galopes au maximum de tes capacités et je sais que tu peux le faire ! » murmura t-il alors qu’à son tour il franchissait le seuil.

**



Ses cheveux fouettaient son visage, le nœud en soie qui retenait sa queue de cheval fut semé dès les premiers mètres Le froid qui enveloppait la nature en cette période n’eut aucune prise sur elle, il passait sans la traverser. La liberté quelle agréable sensation s’était ! Rose-des-Vents galopait sans effort, connaissant mieux qu’elle le terrain elle la laissait aller où elle voulait ... jusqu’à ce qu’un animal choisisse de traverser le chemin qui faisait le tour du lac. La jument se cabra indifférente au poids plume juché sur elle, rua puis augmenta sa vitesse. Candy ne s’entendit pas hurler tandis que ses doigts serraient (comme un alpiniste sa corde qui l’empêchait de choir au fond d’une crevasse), les crins de la crinière. Ses paupières s’étaient fermées par pur instinct, tandis que du fond de sa mémoire des images tentaient de remonter comme des plongeurs en apnée, à la surface. Un garçon blond – dont elle ne cessait d’hurler le prénom dans ses limbes cérébraux, « Anthony ! Anthony ! Relève-toi ! Pourquoi ?! » – gisait sans vie devant elle. Des frissons de terreur avaient remplacés ceux occasionnés par la température hivernale. Alors que ses yeux tentaient de reprendre un quelconque contrôle. Bientôt l’animal se mit à ralentir, puis à s’arrêter. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte que tout mouvement avait cessé. Elle daigna alors regarder autour d’elle. Il n’y avait rien que des bois, un lac en contrebas, un chemin qui ressemblait à une couleuvre albinos du fait de la lumière blafarde que renvoyait la lune. Elle perçut au loin un galop effréné mais une indifférence totale l’enveloppait à présent. Elle daigna descendre de sa monture tout en reprenant son souffle.
Ses jambes tremblaient tellement qu’elle dut s’appuyer contre l’animal qui profitait de cette occasion inespérée pour brouter les quelques brins d’herbes à sa portée de museau.
- Candy !? Tu vas bien ? Cria quelqu’un.
Ses oreilles entendirent bien la voix, mais son cerveau était désormais en veille. Elle fixait une étrange maison délabrée. Elle ne l’avais pas vu tout de suite tellement la nature l’avait rongée en profitant de tout ses points faibles. Les volets fatigués et marqués par les intempéries et les affres du temps avaient fini par se dégonder pour certains, il y avait des carreaux cassés sur presque toutes les fenêtres et pourtant cette bâtisse conservait un charme certain.
- Candy ?
Elle daigna se retourner. Un bref instant elle fut interdite, tellement l’image du garçon blond et celle du jeune homme qui venait vers elle étaient presque identiques. Elle fronça les sourcils en constatant que c’était Niel, qui en cavalier émérite conservait sa classe habituelle. Elle se sentait toujours furieuse de cette soirée calamiteuse.
- Pourquoi m’as-tu suivi ? Je croyais que je n’avais pas d’importance pour toi ! Tu dis que tu as de l’intérêt pour moi mais ... tu ne me le montres pas, on dirait que tu me fuis presque !
Le visage de Niel se ferma, tachant de dissimuler au mieux une grande irritation.
- Candy ... gronda t-il avant de faire deux enjambées et de se retrouver contre elle, Candy quand vas-tu comprendre ? Son souffle chaud sur sa joue glacée laissa son emprunte une fraction de seconde.
- Il n’y a rien à comprendre va ! Tu ... les autres n’arrêtent pas de dire que tu m’as fais du mal sans arrêt et si ça se trouve c’est ce que tu fais en ce moment ! Une boule dans la gorge menaçait à présent d’imploser en elle, elle inspira à fond, espérant faire passer cette désagréable sensation. Tu profites du fait que je ne me souviens de rien pour espérer que je sois amoureuse de toi et après me jeter comme un mouchoir usé ! C’est ça ?
- Ça suffit ... murmura t-il. Sans crier gare il l’attira encore plus puissamment contre lui. Le cœur de Candy menaçait de déborder d’un sentiment totalement paradoxal, hésitant entre fureur et pur désir. Niel prit alors sa bouche, impérieux et implacable. Elle ne put réagir tout de suite tellement ce baiser la surpris. Durant un laps de temps très court elle voulu se soustraire à cette étreinte mais son corps refusa d’obéir à sa raison. Son souffle était altéré par des vagues de désirs qui agissaient comme le ressac de la mer sur les rochers, son corps avait perdu tout contrôle, elle se sentait comme aspirée dans un paradis de délices, intemporel. Sa main vint se poser dans les cheveux de Niel, doux au contact. Elle ne put retenir un gémissement de félicité. Il en fit de même, ses doigts jouant avec ses boucles puis vinrent caresser son cou, sa gorge, hésitèrent à descendre au-delà de ce que la décence autorisait, enfin ses mains se posèrent sur sa taille et n’en bougèrent plus. Des frissons jouaient à la course d’obstacles sur la colonne vertébrale de Candy puis sur – et dans – son corps tout entier. Il en était de même pour Niel qui goûtait comme jamais ce baiser qu’il avait si ardemment imaginé, fantasmé et même rêvé ! Avec regret ils se séparèrent et reprirent leurs souffles.
- Désolé fit d’une voix mal assurée Niel, contrit. Je ... j’ai perdu le contrôle ! Je n’ai pas supporté quand tu m’as accusé de te faire à nouveau du mal.
- Je ... depuis que tu m’as recueillie je ne pense qu’à ce moment ... ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de cette bouche qui pouvait être tour à tour énervante, sexy, moqueuse ... tu ne dois rien regretter ! Niel ! Ajouta t-elle devant son regard empli d’un immense regret.
- Tu vas me détester pour ce qu’il vient de se produire, prévient-il, en colère contre lui-même. Rentrons.
- Non !
- Comment ?
- Pourquoi rentrer ? Tout ces gens ... ta mère ... elle ne m’aime pas ! Et puis j’ai bien remarqué que certains me regardent d’un drôle d’air !
Il ne put se retenir de rire. Même sans mémoire elle avait toujours ce tempérament qui par le passé, l’avait horripilé, cette façon qu’elle avait de ne pas suivre les règles et qu’il avait mit sur le compte de sa « mauvaise » éducation. Il dut se retenir à nouveau de la prendre dans ses bras tellement son attitude le troublait.
- Candy ... les autres vont s’inquiéter ... et je crains surtout Albert ... ton père adoptif de vouloir m’arracher les yeux de nous savoir tous les deux, à cheval de surcroît et dans la nature.
- Et qu’est-ce qu’il craindrait ? Que tu m’embrasses ? Niel gronda devant son air espiègle. Il ne se sentait pas d’attaque de jouer à nouveau.
- Entre autre ronchonnât-il.
- J’avoue que ... c’était très agréable ... et j’ai soudain une très grande envie de te désobéir ... elle eut un petit rire mutin et tourna les talons tout en riant. Niel en resta comme deux ronds de flans puis partit à sa poursuite mi-figue-mi-raisin. « Petite chipie si je t’attrape ! » tempêtât-il intérieurement.
- CANDY ! Reviens ici tout de suite !
Elle jeta un regard dans sa direction par-dessus son épaule toujours en riant puis elle disparu à ses yeux.
- CANDY ! Hurla t-il puis il se tût, tendant l’oreille espérant un son, un indice dans cet endroit isolé. Ses yeux fouillèrent les lieux juste éclairés par une lune complaisante.
Il s’arrêta pour reprendre son souffle, les sens aux aguets. Où était-elle passée ? Ce n’était pas le moment de jouer à cache-cache bon sang !
- « Aïe ... » entendit-il quelque part. Il avisa une irrégularité dans le bas-côté, comme un trou et une forme étendue. L’effroi le submergea.
- Candy ! Mais ... Il l’aida à se relever le plus doucement possible. Tu as mal où ? Où ça ? PARLE ! Elle le regardait les yeux comme absents, comme tournés dans une conscience lointaine. CANDY ! Allez ... ça va aller, relève-toi ... voilà ... doucement ... Ses gestes étaient les plus doux qui soit, Elle se laissa faire, docile.
- Ma tête ... je me suis cognée mais ce n’est rien ... ses yeux rencontrèrent les siens. La lune masqua comme une étincelle de surprise, une étincelle dans une mémoire laissée longtemps inutilisée. Niel se pencha pour regarder la blessure mais même s’il voyait comme une blessure il ne pouvait juger dans cet endroit de sa gravité.
- Je ne vois rien d’ici, il fait trop sombre. Maintenant rentrons d’accord ?
- D’accord. Elle se releva tout en massant sa tempe gauche. Elle constata qu’elle saignait un tout petit peu. Inquiet Niel regarda à son tour ses doigts.
- J’espère que ce n’est pas grave ! Murmura t-il, inquiet.
« Niel inquiet pour moi ... étrange ». Elle choisit de ne rien laisser paraitre tout en marchant à ses côtés. Les chevaux se tenaient aussi compagnie, heureux de cette sortie nocturne. Il l’aida à monter sur sa monture puis s’installa derrière elle. Candy ne put s’empêcher de rouler des yeux mais parvint in extrémis à camoufler sa gêne. Il attrapa les rennes de l’autre cheval puis prit les siens propres et amorça le trajet du retour.

C’est en toute discrétion qu’il la conduisit dans l’aile des domestiques, au rez-de-chaussée. Tout en regardant une jeune femme de service soigner sa protégée il se surprit à s’inquiéter de ce silence inhabituel.
- Hum ... Candy ... tout va bien ?
- Oui, oui, ne t’inquiète pas ! Elle le regarda et daigna lui sourire. Au fond d’elle cependant se battaient des sentiments contradictoires. Comment oublier ce baiser ? En comparaison celui qu’elle avait échangé avec Terry du temps de son adolescence était fade, presque insipide, relégué comme une expérience sans intérêt au tréfonds de sa mémoire. Elle eut envie de se passer l’index sur ses lèvres encore chaudes de ce contact mais ce serait donner des indices sur son émoi intérieur. Niel Legan à ses côtés ? Niel qui s’était conduit avec elle comme le plus charmant des gentlemans ? Niel qui la couvait du regard ? « Oui enfin ça ce n’était pas nouveau, c’était même alarmant ... elle n’avait eu cesse de le fuir d’ailleurs ... alors pourquoi était-elle là ? Avec lui ? ». Il n’y avait qu’une seule possibilité ... elle avait permis cette situation, mais pourquoi ? « Le mieux est que tu fasses comme si ... si tu ne te souvenais toujours de rien ... ». Tout en laissant les doigts fin de la domestique enrouler une bande autour de sa blessure, toute sa mémoire se déversait à nouveau en elle. Comment elle était tombée suite au choc de son sac que des voyous avaient tenté de lui arracher ; la visite de Niel à l’hôpital, sa gentillesse, mais aussi sa retenue à son égard ... alors que les doigts achevaient leur mission, elle sentit ses joues s’empourprer. Comment ne pas se souvenir de l’émoi qu’il lui inspirait depuis qu’il s’occupait d’elle dans cette demeure, cette demeure et son balcon inoubliable, par lequel elle s’était échappée alors qu’il avait voulu la retenir contre son gré ! « Reprends-toi ... il ne doit pas se douter que tu as recouvré la mémoire ! Fais comme si ... même s’il te ... révulse ? ... (silence intérieur), hum ... en es-tu si certaine ? », « Hum ... ce baiser si ... CANDY REPRENDS-TOI ! ».
- Quoi que tu en dises ... tu sembles étrange ! La voix de Niel était emprunte de méfiance, le ton était plus insistant, comme inquisiteur.
- Non ... ne t’inquiète pas ... j’ai juste un peu mal à la tête ... elle feint la lassitude la plus extrême.
- Hum ...
- J’ai quelque chose mademoiselle pour vous ... si vous voulez bien !
- Merci ... mais je crois que je vais y aller, je ne voudrais pas faire attendre.
- Je peux attendre, rétorqua Niel un brin moqueur, de toute façon notre disparition n’a pas ému la foule. Donnez-lui votre remède ... si ça peut lui faire du bien !

Candy but la tisane a base d’herbes parfumées, remercia chaleureusement la jeune domestique, et suivi Niel non sans inquiétude pour son apparence.
- Niel ... regarde de quoi j’ai l’air ... ça va susciter des questions !
Il la jaugea comme un paysan juge une vache sur le point d’être achetée, puis hocha la tête, goguenard.
- À mon avis il n’y a pas que l’apparence qui va susciter des questions. Bah ... je trouverais bien quelque chose ! Se faisant il se passa la main dans les cheveux, l’air mutin qui le rendit encore plus sexy. Ce geste troubla une Candy indécise, en proie à toutes sortes de sensations, et des pensées tournaient comme dans un manège. « Qu’est-ce qui m’arrive ? Je me sens toute bizarre ..., il faut que cela cesse, je dois absolument cesser d’être troublée dès qu’il me regarde ! C’est infernal ! ». Son cœur marqua son désaccord en tambourinant plus fort dans sa poitrine.


**


Sarah Legan ne put cacher sa fureur et dut exercer sur elle-même un contrôle digne d’un Maître Shaolin. Cette garce avait encore une fois détourné son fils chéri de ses plans !
- Où étais-tu ? Avec elle ? Et d’où sortez-vous ? Dans cet état !!!!
- Madame Legan je vous prierai de reprendre vos esprits, vous vous adressez à ma fille et j’exige que ce soit sur un autre ton !
Albert la guettait sans relâche, prêt à prendre l’interrogatoire en main. Madame Legan inspira puis concentra toute son attention sur son fils.
- Alors ? Où étais-tu passé ?
- Ça ne te regarde pas répondit-il, une expression de défi plaquée comme un masque sur son visage.
- Si ça me regarde figure-toi ... ! Déjà ta sœur qui en fait qu’à sa tête ... le regard de Niel devient soudain plus brillant, très intéressé.
- Elle a désobéi à vos plans mère ? Il ne put dissimuler un petit rire méchant.
Sarah Legan pâlit sous l’affront que lui infligeait son fils.
- Il y a des règles dans notre monde et tu le sais ! Ne fais pas semblant de les avoir oubliées !
- Candy fait partie du nôtre ... que cela vous plaise ou non.
Elle ne put dissimuler plus longtemps son dédain.
- Tu peux trouver mieux.
- Cela suffit à présent intervient, Albert d’un ton mordant. Ces jeunes gens – y compris Élisa – ne sont pas des pions que vous pouvez déplacer à votre guise sur votre échiquier, je crois que vous en avez la preuve ici.
- C’est une orpheline ! Et qui plus est ... sans aucune éducation ! Elle travaille ! Aucune femme de notre lignée n’a osé s’abaisser à ...
- Mère ... vous êtes désespérante. Ne vous en déplaise je sortirais avec qui je veux. Madame Legan le toisa et sur un ton mordant lança son ultime attaque :
« - C’est une voleuse ! »
Niel ne put s’empêcher à nouveau de rire.
- Et bien ? Qu’est-ce qui vous amuse à ce point ?
- Candy n’a jamais volé quoi que ce soit.
- Tu as oublié ? Le Ranch ?
- C’était moi mère, moi et Élisa qui avions tout manigancé. La honte de son passé l’envahissait et se manifestait par une discrète rougeur sur ses joues, il fallait bien qu’un jour un pan de son passé soit mis à jour mais il aurait juste souhaité que ce ne soit pas maintenant. Oui Candy, tu comprends maintenant pourquoi ... j’ai honte du mal que je t’ai fait ! Souffla t-il le visage marqué par la douleur que lui infligeait sa conscience.
« Incroyable ! Niel vient d’avouer que c’était lui qui était l’auteur de tout ce dont on m’a injustement accusée ! » ... Elle le fixait stupéfaite par son courage. Sa mère en revanche ne s’en laissa pas compter.
- Tu dis ça mais tu mens ... je le sais ... tu es incapable de faire du mal à qui que ce soit ! Il ricana tout en lui faisant à nouveau face. Candy sentit que définitivement l’adolescent coléreux et méprisant venait de céder la place à un homme sûr de lui.
- Mère ... Élisa et moi avons bien profité de vous, il est temps pour moi d’avouer la vérité.
- C’est ... c’est trop ! Tu es prêt à te salir pour cette fille ! Visiblement les mots lui manquèrent ou l’émotion fut trop forte, elle se tourna vers cette fille qui l’insupportait par sa grâce naturelle, et se retient de lui asséner une ultime insulte mais elle savait qu’Albert veillait tel un Cerbère. Nous verrons ... la grande tante a encore son mot à dire ! Et elle est contre cette union.
- Qu’elle soit contre ou non, personnellement je m’en fiche. J’ai décidé de mener ma vie comme je l’entends.
- Nous te couperons les vivres ! Menaça t-elle alors tout en relevant son menton d’un air qui voulait dire « Qu’est-ce que tu dis de ça ? ».
- Tu crois que je n’ai pas anticipé vos réactions ? Il la jaugea condescendant. J’ai débuté des études de médecine ... tu n’es pas sans le savoir.
- Tu les as interrompues. C’est juste un amusement puisqu’il est également prévu que tu prennes la suite de ton père au Ranch.
- Père est au courant de mes projets. Je serais médecin, c’est ma décision et elle est irrévocable.
Madame Legan se sentit sur le point de défaillir. Candy à un moindre degré également. C’était impossible, incroyable un tel changement ! Niel avait tellement mûri qu’elle se demanda une fraction de seconde si elle ne rêvait pas. Elle fut troublée par des souvenirs tout récents, alors qu’il s’occupait d’elle dans la demeure familiale, alors qu’elle ressentait encore le malaise de son amnésie.
- Tu n’as pas encore gagné, ni vous d’ailleurs crachat-elle en direction de Candy puis d’Albert. Mon fils est promis à un grand avenir et votre fille – adoptive – n’est pas incluse dans mon programme.
- Méfiez-vous madame Legan ... ma complaisance pourrait s’achever vous concernant. Le ton d’Albert avait rarement contenu ce venin mais instinctivement Candy su qu’il ne plaisantait pas. Madame Legan et lui s’affrontèrent puis elle décida de céder la place et partie rejoindre son alliée de toujours, « sans doute pour lui raconter son altercation ... » pensa Candy ; la grande tante Elroy.
- Merci fit Candy aux deux hommes.
- Plus personne ne te fera de mal, je t’en fais la promesse, dit doucement Niel.
L’ambre de ses yeux vint la réchauffer d’un feu ardent, et fit basculer son cœur définitivement. Sur le visage de Niel en revanche persistait une retenue, une chaine invisible, une chaine qui refusait de le libérer de son passé, c’était sa conscience encore abîmée par sa méchanceté passée, tournoyant en lui comme un essaim de guêpes près d’une bouteille de limonade. Désormais cette culpabilité était sur lui comme une cape collante dont il ne parvenait pas à se dépêtrer. Au fond de lui il savait qu’une seule personne pourrait l’en défaire, et cette personne le regardait de la façon la plus agréable qui soit : Candy.


**



- Bonjour mademoiselle ! Fit une femme dans la soixantaine, posant un plateau sur l’unique table de sa chambre. Élisa se frotta la tête et se faisant rencontra une bande de crêpe entourant sa boîte crânienne.
- Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Que m’est-il arrivé ?
- Doucement ... une seule question à la fois si vous le permettez ! Je suis Lizzy, je suis la gouvernante de monsieur Tom Steel. Quoiqu’il en soit ... je sais que monsieur vous a conduite jusqu’à l’orphelinat de mademoiselle Pony et puis ... on vous a retrouvée, étendue dans le torrent, une plaie à la tête. Vous n’étiez pas transportable pour le coup donc monsieur Steel est resté avec les deux femmes pour s’occuper de vous.
- Et combien de temps ?
- Deux jours. Monsieur est resté à vos côtés pendant tout ce temps mademoiselle.
Élisa la fixait les yeux ronds tandis que dans sa tête un petit lutin s’amusait à ranger tous ses souvenirs dans l’ordre. Oui elle se souvenait à présent ! De ce crétin que sa mère et la vieille avaient voulu lui imposer « parce qu’il était riche et avait une bonne situation ! », « Foutaises ! J’épouserais qui-je-veux ! », sa fuite au ranch de son père puis à nouveau ... lorsqu’elle avait appris qu’elle devait retrouver sa chère famille à Chicago. Oui maintenant elle se rappelait de ce Tom Steel, plutôt agréable à regarder, en tout cas le plus beau des mâles qui lui est été donné de contempler. Ainsi il s’était occupé d’elle pendant deux jours ... un drôle de frisson s’insinua et son ventre frémit pour la première fois de son existence.
- Merci. Vous pouvez disposer. Le ton de maîtresse de maison lui fut tout naturel. Lizzy la salua et prit congé.

Rassasiée elle retrouva ses vêtements. Ils avaient été lavés, repassés et sentait bon un parfum fleuri. Avant cependant elle comptait bien prendre un bain et se laver, elle avisa une cordelette qu’elle tira. Lizzy apparut quelques minutes plus tard et la conduisit dans la salle de bain de l’étage. Élisa constata que même si l’ensemble était patiné par les ans, la demeure avait du cachet et était fonctionnelle.
- Merci ... Lizzy.
- Je suis à votre service. Je suis contente – je peux vous le souffler entre nous – je suis contente que monsieur Steel vous ai trouvé. « Intéressant ... mais encore ? Serait-il célibataire ? ».
- Et ... pourquoi ça ? Répondit-elle d’un air angélique.
- Monsieur Steel, Tom ... c’est un garçon solitaire, je ne lui ai jamais connu de petite amie. Il travaille trop, sans arrêt, comme si ... comme s’il voulait se prouver qu’il vaut quelque chose. Bon allez Lizzy ! Quelle bavarde je suis ! Je vous laisse ... et elle lui indiqua où trouver tout le nécessaire.

Élisa goûta la douche avec délice. Où était-elle ? Et qui était surtout ce Tom ? Il devait être un peu comme son père, administrateur de terres ... donc riche ... de quoi faire fermer son clapet à sa mère. Peu importait en fin de compte, elle avait coupé le cordon avec sa famille et il n’était plus question de mariage imposé, elle sentit en plus de l’eau couler sur elle, la liberté tracer des sillons indélébiles au plus profond d’elle-même. « Je suis enfin libre ! », elle ferma les yeux en savourant cette toute nouvelle sensation, elle se crut un instant comme au Paradis. « Plus jamais je n’obéirais à qui que ce soit, à moins qu’il ne le mérite ». Elle se le jura puis prit sa décision : elle saurait qui est ce Tom, s’il valait la peine qu’elle daigne s’intéresser à lui. Elle se tourna vers le miroir qui avait subit lui aussi la marque du temps. Elle prit une mèche de ses cheveux qui avait perdu la marque de ses anglaises légendaires, la tournoya entre ses doigts puis une idée saugrenue lui vient.


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J’espère que ce chapitre 3 vous a plu ☺ n’oubliez pas de me laisser vos remarques, si je peux y répondre favorablement je le ferais. Gros bisous et à bientôt pour le CHAPITRE 4.
view post Posted: 27/9/2018, 09:52 Commentaires pour "Un passé encombrant" - Les commentaires pour les fanfictions sur Candy
Merci :) Oui je suis désolée d'avoir tardé pour le CHAPITRE 2 ... je vais me dépêcher pour écrire le 3 !
view post Posted: 27/9/2018, 09:50 Un passé encombrant - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 2




Le bureau du médecin sentait l’alcool et les produits désinfectants en usage dans le service de l’hôpital. Cela importait peu à Niel qui venait comme chaque semaine, et ce depuis un bon mois, faire un compte-rendu détaillé de sa prise en charge concernant Candy Neige André. Parallèlement il avait demandé un report pour ses études de médecine arguant qu’il avait une personne de sa famille à charge. Ce qui – étant un fils Legan – lui avait été tout naturellement accordé.
- Bien ... fit doucement le médecin, pas de maux de tête, reprise de l’appétit, pas de douleurs à la marche, excellent. Maintenant ... nous savons qu’il y a eu déjà un cas dans votre famille et qui s’est résolu lentement mais sûrement, néanmoins vous savez qu’il lui faut un choc ... pas physique bien entendu mais psychologique ... un choc qui fasse que tout son passé lui revienne en mémoire.
- Je sais. Je sais répétât-il en soupirant. J’avoue que j’ai un peu peur de sa réaction !
- Vous n’avez pas à avoir peur, elle ne pourra que vous remercier de l’avoir aidé à retrouver la mémoire !
« Ça c’est vous qui le dîtes ... en recouvrant la mémoire je risque tout simplement de la perdre ! ». Une barre symptomatique de son anxiété sur cette éventualité lui barra son front d’ordinaire lisse.


**




Élisa ne parvenait pas à se concentrer sur une tâche précise. Elle ne cessait de penser à son frère et à son changement radical d’attitude. Si elle pensait à Niel, elle pensait à Candy évidemment puisque désormais ils étaient indissociables. Par le passé elle l’avait haïe, mais maintenant même cette évidence n’en était plus une. Le passé était le passé, son frère aimait cette fille et elle savait au plus profond d’elle-même que rien ne pourrait le faire changer d’avis. Niel était comme elle, des plus têtu. Elle avait bien essayé, jointe à sa mère de lui faire aimer quelqu’un d’autre, de son rang mais Niel les trouvait soit « hideuses », soit « idiotes », soit – de manière général – sans aucun intérêt. Leur fortune ? Il s’en fichait complètement ce qui avait grandement troublé ce petit monde féminin.
Il y avait aussi un autre problème. Sa mère et surtout la grande tante s’étaient mises martel en tête de lui trouver un bon parti. Elle avait tenu bon en trouvant tous ses prétendants fades, sans intérêt, lui faisant même oublier le côté positif : leur situation familiale, le rang social et bien entendu leur fortune. Niel s’était moqué d’elle en arguant que ce qu’elle lui reprochait concernant son amour pour Candy elle pourrait désormais l’appliquer pour son cas personnel. Confusément cependant elle sentait le danger d’une union imposée par sa mère et la grande tante se profiler sans crier gare. Elle lâcha un soupir rageur. Décidément rien n’était simple. Elle reposa son livre le plus doucement possible sur la table en acajou à ses cotés, tous ses sens en alerte. Le silence régnait habituellement en maître dans la demeure mais elle entendit la voix de sa mère et celle d’un inconnu devenir de plus en plus proche, ce qui voulait dire : une réception, un prétendant, et devenir une poupée des plus parfaites. Elle se surprit alors à haïr sa propre vie, chose qui lui arrivait de plus en plus fréquemment ces derniers temps.


**



Niel décida de faire un crochet par Lakewood et proposa à Albert de rendre visite à sa fille. Albert bien sûr consentit sur le champ à suivre Niel et délégua à Georges les tâches les plus urgentes encore en suspens.
- Je t’ai confié ma fille Niel, tout va bien ? Demanda Albert alors que la maison des Legan se détachait du sommet de la colline.
- Oui. Je vous ai donné ma parole que je prendrais soin d’elle. Il se tourna vers lui. Vous devez avoir confiance en moi, plus jamais je ne lui ferais de mal.
- Hum.
- Je l’aime ... et vous le savez très bien, soupira Niel tout en négociant le virage qui s’achevait devant le portail monumental de la maison cossue dite « de campagne ».

Candy était à la cuisine aux côtés de la domestique de la maison, l’aidant à la cuisine lorsqu’elle entendit la voiture arriver.
- C’est monsieur ... il ne va pas être content s’il vous voit ici !
Candy eut un petit rire. Niel ne lui dirait rien elle en était sûre. Le fait que par le passé il soit son ennemi était oublié, pour elle, c’était tout simplement, impossible.
- J’y vais, merci de m’avoir laissé faire quelque chose.

Albert venait d’entrer lorsqu’il la vit. Elle ne parut pas le reconnaître et cela le blessa. Il se souvient que lui aussi avait été dans cette situation deux ans plus tôt et mit de côté cette petite piqure dans son amour-propre. Elle était identique à elle-même, toujours souriante, avenante, gaie (et à présent une petite rougeur avait élu domicile sur ses joues surtout quand Niel était dans les parages). Ils discutèrent de sujets divers mais Candy s’ennuya rapidement ... les gens dont ils lui parlaient ne lui disaient absolument rien. Leur rencontre s’écourta par la force des choses, (Albert sentant que malgré les indications qu’il lui donnait sur ces personnes de son passé, aucune ne revenait à sa mémoire), mais Niel lui n’en avait pas fini. En raccompagnant Albert il ne put s’empêcher de poser la fameuse question « Comment avait-il retrouvé la mémoire ? ».
- Et bien ça s’est passé doucement en fait. Candy est revenue de New York ... et est arrivée mal en point à la maison ... je suppose que tu t’en souviens, ou que tout du moins tu en as entendu parler ... j’ai eu peur de la perdre et j’ai senti qu’une porte s’ouvrait en moi et petit à petit des éléments de mon passé me sont revenus.
- Le médecin me parle d’un choc ... j’ai pensé à la conduire au Ranch, un cheval, un seau d’eau ... que sais-je ? Son visage s’était rembruni. Il n’aimait pas cette idée de lui rappeler qui il était par le passé. Il en vient à se dire que ce serait même l’idéal si Candy ne se souvenait de rien !
- Es-tu si pressé qu’elle retrouve la mémoire ?
- Je ne sais pas. J’ai peur de sa réaction quant elle se souviendra et ... et pourtant là je sais que ce n’est pas véritablement « elle ». Je suis un peu contradictoire mais ce sont mes sentiments !
- Ton passé ... est encombrant Niel je sais bien mais as-tu vraiment envie qu’elle t’aime sans souvenirs ? Je pense que ce que tu fais pour elle en ce moment comptera pour le futur ! À ta place je ne m’inquiéterai pas ... Candy est intelligente et sait faire la part des choses. À nouveau Niel sentit la honte le submerger. Je sais Niel que tu as changé, tu es devenu quelqu’un d’autre mais ... pour être franc quand tu es venu me voir il y a ... oh bien six mois ... que tu l’aimais je ne t’ai pas pris au sérieux. Le jeune homme à présent avait baissé la tête, une discrète chaleur sur les joues indiquait son malaise. Je ne t’ai pas pris au sérieux poursuivit Albert imperturbable, car tu étais pour moi un enfant gâté, capricieux, et pour achever le tableau, sournois et menteur. Ta franchise – je dois te l’avouer – m’a confondu. Jamais je n’aurais cru que quelqu’un comme toi puisses un jour se mettre comme « à nu » et mettre sur la table ses sentiments, comme tu l’as fais.
- Je ... je ferais n’importe quoi pour qu’elle m’aime. Son expression effrayée troubla Albert au plus profond de lui-même. Je veux qu’elle oublie celui que j’ai été.
Il repensa à Candy alors qu’elle les écoutait patiemment. Il se fit la réflexion que souvent son regard glissait vers le jeune homme, comme si elle était hypnotisée. Il sourit malicieusement.
- Niel ... je pense que Candy t’aime, ou tout du moins est entrain de tomber amoureuse de toi.
- Je le pense aussi répliqua Niel d’une petite voix. Je ... ne veux pas aller trop vite ... je lui ai dit que par le passé elle m’aurait fui en courant !
- Niel ... cesse de te ronger les sangs, fais confiance en l’avenir. Tu es devenu quelqu’un de bien ... ah pendant que j’y suis ... j’ai appris pour ton altercation avec Terry.
- Oh celui-là ! Je n’y pensais plus !
- Tu as vaincu le démon de la fuite on dirait. Terrence est venu me voir pour me convaincre que tu abandonnes Candy. Tu l’as vexé on dirait !
- Et ? Il serait les poings tout en se demandant « Comment avait-il osé celui-là ??? ».
- Je lui ai dit qu’aux dernières nouvelles, elle et lui, leur histoire était terminée. Il sourit tout en affichant un air blasé. Il rit alors qu’il ouvrait la portière du côté passager et Niel au volant. Par exemple jamais pour moi cette situation n’aurait pu se produire tellement nous nous détestions par le passé ! Je me souviens de ton regard à toi et à ta sœur quand vous me surpreniez à traverser le ranch. Excuse-moi pour cette diversion. Terry donc ... je lui ai rappelé que par le passé je lui avais donné une chance, je l’avais aidé ... et que par le fruit du destin cela n’a pas fonctionné. Ce garçon est trop romantique, il a des problèmes de contrôle et de maîtrise ... s’il aimait vraiment Candy il aurait mit les points sur les « i » à cette Suzanne Marlow. Il manque aussi de patience. Il se tourna vers Niel concentré sur le ruban noir, lisse comme un billard, qui conduisait à Lakewood. Tout ça pour dire que toi Niel tu as toutes tes chances. N’oublie pas cependant que je ne tolérerais pas que tu lui refasses du mal. Ils se firent face et Niel su qu’effectivement il ne lui faudrait pas rejouer ce jeu.
- JAMAIS ! Je vous en fais la promesse !
Albert eut un petit rire devant l’expression offusquée du jeune homme. « Décidément quelle évolution ! » pensa t-il avant d’opiner du chef.
- Bien ! À bientôt. Ah j’oubliais ... ta sœur ...
Le visage de Niel se ferma alors, ses lèvres devinrent un trait et ses yeux foncèrent.
- Quoi ma sœur ? Le ton était suintant d’agressivité et de peur.
- Je crois que la grande tante et ta mère se sont liées pour la marier.
Il ricana.
- Connaissant Élisa ... elle ne va pas être d’accord !
- Tout à fait. Je l’attends d’un instant à l’autre à Lakewood. Elle veut fuir la demeure familiale.
- Et vous ? Vous allez l’aider ? Elle qui a ... ?

- Si j’aide ce sera donnant-donnant fit-il sur un ton énigmatique. Au-revoir Niel et à bientôt.


**




Albert eut son entrevue puis il convint qu’il fallait mettre son père au courant. Cela n’enchanta guère monsieur Legan qui avait un instinct des plus sûrs lorsque les problèmes avec son épouse allaient surgir. Élisa partie au Ranch s’y réfugier mais sa mère et la grande tante surent bientôt où elle s’était terrée.
Il lui fallait encore fuir le Ranch de son père, furieuse. Elle tournait comme une tigresse en cage et cherchait désespérément d’échapper à ce mariage. Sa mère avait choisi un imbécile notoire qui malheureusement avait le défaut d’être riche. D’ordinaire elle se serait concentrée sur l’argent mais la pensée d’avoir cet incapable à ses basques la révulsait. Que faire ? Son père avait bien tenté de la remettre dans le droit chemin mais il savait au fond de lui-même que sa fille avait un sacré caractère et que c’était peine perdue. Elle regarda par la fenêtre au-delà de la ligne d’horizon, et une chose incroyable se produisit, elle « envia » la situation de son ennemie jurée pour la première fois de sa vie. Candy n’avait aucune obligation « elle », elle était totalement autonome, elle ne devait rien à personne ! Elle pouvait devenir quelqu’un d’autre à volonté ... et si ... les poings d’Élisa se contractèrent. Oui ... c’était ça la solution ! Quitter cette vie, « cette prison » se dit-elle le dégoût déformant soudain sa bouche. Elle regarda désabusée le salon d’apparat, (celui-là même qui avait eu comme théâtre l’humiliation de Candy dès le premier jour par sa mère), le jardin et les écuries, tout cela lui donna un goût bizarre dans la bouche. Fuir ... maintenant et pour toujours !
Sa valise ne contenait que le nécessaire et elle la jaugea encore stupéfaite. Elle avait en fin de compte besoin de très très peu de choses pour démarrer une nouvelle existence ! Elle entendit son père l’appeler mais l’ignora d’un haussement d’épaules. Ses pas lourds passèrent devant sa chambre avant de s’aviser et d’y entrer. Personne. Élisa était en apnée dans l’armoire, sa valise à la main et attendit patiemment que son père quitte les lieux. Alors elle prit son inspiration et prit le chemin de la liberté.


**



Candy était sur un nuage. Enfin presque. Elle rêvait souvent que la bouche de Niel se pose sur la sienne mais ce moment n’arrivait jamais et pourtant ! Elle aurait mit sa main au feu que Niel n’attendait que ça mais semblait se retenir d’un tel élan d’amour. Pourquoi ? Il lui avait parlé de son passé catastrophique mais cela ne lui importait pas, elle n’en avait aucun souvenir ! Lui par contre en ressentait une honte indéfectible ... . Elle soupira encore. Tant qu’elle ne se souviendrait pas il mettrait cette barrière entre eux deux. Elle eut du coup du mal à dormir. Des questions tournaient dans sa tête ainsi que toutes sortes d’hypothèses :
« 1/ Elle s’imaginait qu’il n’était pas indifférent à ses sentiments, mais en réalité il ne les ressentait pas.
2/ Il avait une petite amie dont il prenait soin à ne pas lui dévoiler son existence.
3/ Elle le dégoûtait ! (Candy passa vite à une autre hypothèse)
4/ Il l’avait aimé mais – comme elle avait cru comprendre, l’avait repoussé – du coup il était passé à autre chose ... »

Ce jeu cessa au petit matin, veille de Noël. Ce soir elle allait rencontrer « sa » famille à Chicago et ressentait un léger stress encore embrumé par son court sommeil mais qui avait été d’une rare intensité. On toqua à sa porte pour l’inviter à déjeuner, c’était Niel. En peignoir de soie, les cheveux quelque peu en bataille, son air juvénile et son visage sexy ... Candy déglutit lentement, complètement sous le charme. Il la regarda avec une telle intensité que ses joues prirent instantanément feu. Il lui sourit, l’œil pétillant, les lèvres étirées dans un sourire moqueur. Candy sentit son rythme cardiaque partir au galop.
- Et bien Candy qu’est-ce qui t’arrive ? Puis reprenant plus bas ... cesse de me regarder comme ça ! Il ne put s’empêcher de lui décocher un sourire entendu, son regard glissa à la naissance de ses seins dissimulés à la vue par une chemise de nuit en coton.
Elle reprit ses soins capillaires, tentant de reprendre le contrôle de ses émotions complètement désordonnées. La rougeur désormais marquait la colère d’avoir été à ce point lisible à ses yeux.
- Excuse-moi fit derrière elle la voix d’Apollon. D’instinct elle ferma les yeux pour savourer sa voix, si douce et si chaude. « REPRENDS-TOI ! » pensait-elle comme un leitmotiv alors qu’une autre partie d’elle-même espérait un moment qui n’arriverait jamais.
- C’est moi qui dois m’excuser, c’est que ... J’ai été surprise de ta venue.
- Il faut bien que je t’informe du programme chargé de notre journée. Je ne veux pas que tu t’inquiètes par le fait que ce soir tu retrouves ta famille ... et surtout la mienne !
- Ta famille a l’air assez particulière ... je ... elle ne m’apprécie pas c’est ça ? Je ... je lui ai fait quelque chose ?
- Non lâchât-il en soupirant. Non Candy tu ne lui as rien fait. C’est comme ça ... mais je veux que tout se passe bien.
- Je ... Je peux te poser une question ? Et ... et tu peux y répondre en toute franchise. Il se mit à rire.
- Pose toujours ta question mais je ne peux rien te promettre.
- C’est à cause de ta famille que ... par un passé dont je ne me souviens plus ... que je t’ai rejeté ? Et donc que là tu ... tu fais comme si ... comme si tu jouais un rôle et que tu ne ressens plus rien pour moi ? Elle s’obligea à poursuivre malgré son air triste mais si « sexy ». C’est ça ? Ou ... ou tu as quelqu’un dans ta vie et ... « et il faudra bien que je l’accepte ! Mais bon sang pourquoi est-ce que je ressens un tel amour pour quelqu’un qui n’en a rien à faire de moi ? ».
Il se taisait. Les secondes devinrent une minute puis enfin Niel se décida.
- Crois-moi, tant que tu ne te souviens de rien vaut mieux que les choses restent telles qu’elles sont.
- C’est TOUT ?
- Oui c’est tout. Ce soir tu vas voir nos deux familles réunies ... je crois qu’Élisa sera absente d’ailleurs, il n’y aura plus que ma mère, un moindre mal. Peut-être que des éléments de ton passé te reviendront.
- Tu as quelqu’un dans ta vie. Tu m’as soigné par charité, c’est ça ! Elle récolta un petit rire désabusé.
- Non Candy. Je te promets que je n’ai personne dans ma vie. Personne. Je ne veux qu’une seule femme qui partagera ma vie. Cette femme ... il plongea ses yeux d’ambre dans le bleu le plus pur qui soit, cette femme je veux que ce soit ... toi.
- Moi aussi ! Je ... j’ai des sentiments pour toi ! Je pense que tu le sais, je ... ça se voit en fait ... j’essaie de les cacher mais ... c’est idiot n’est-ce pas ?
- Non ça ne l’est pas. Candy tu me voies sous mon meilleur jour, tu ne sais pas celui que j’ai été par le passé ... je ne profiterais pas de la situation. Il y a quelques moi je l’aurais sans doute fait mais pas maintenant. Désormais sa mâchoire devient un bloc, contractée dans un effort terrible. Crois-moi ... ça vaut mieux ! Je veux que tu m’aimes en connaissance de cause.
- Niel je sais ... ton passé tout ça ... mais je m’en fiche ! Tu es ... si tu as été un monstre tu es complètement différent ! Là !
À nouveau cette chape de plomb sur le visage de Niel.
- Attends que tous les éléments te reviennent. Je t’attends pour le petit-déjeuner, à tout de suite. Il referma la porte dans la foulée. Bizarrement ce bruit se calqua sur son cœur en larmes.

Un silence inhabituel s’instaura entre eux deux à leur table. Ils étaient installés dans le salon à l’ambiance très cosy. Seuls les piaillements des oiseaux envahissaient l’espace. Candy tout en mangeant se posait mille questions mais sa mémoire disparue ne l’aidait pas à trouver toutes les réponses manquantes. Elle soupira devant sa situation qui ressemblait en tout point à une impasse. Niel eut alors la bonne idée de rompre ce silence digne d’un monastère.
- Ce soir nous sommes – comme tu le sais – attendus pour le réveillon familial. Elle hocha la tête. Il lui lança un regard soucieux. Tu vas ... voir ma mère, la grande tante ... elles ne savent pas, tout du moins je crois, que tu as des problèmes de mémoire ... il posa un doigt sur ses lèvres. Candy plongea dans son bol de céréales. Je le leur dirais parce que ça vaut mieux fit-il en se parlant à lui-même. Tu comprendras quand tu les verras.
- Elles ont l’air terrible ! Je ... peut-être que ça vaut mieux que je ne vienne pas. Le regard ambré de Niel eut alors un éclat des plus dur, implacable, mais réveilla en elle comme l’ombre d’un souvenir lointain. Son ventre se noua.
- Elles le sont dans leur genre. Il attaqua son deuxième œuf brouillé. Je veux que tu sois parfaite, je veux que tu sois un soleil pour tout ceux qui t’aiment. Au fait ... il fit un rond avec son couteau, au fait il y aura aussi Archibald et Annie. Je sais que ces deux prénoms ne te disent rien mais ... c’était tes amis, pardon ... ce sont tes amis.
- Mon Dieu Niel ... c’est le réveillon ... je viens de réaliser mais je n’ai pas de cadeaux !
Il manqua avaler de travers et toussa dans sa serviette de table.
- Crois-moi tu n’as pas besoin d’en apporter. À nouveau ce regard malicieux qui lui faisait tellement d’effets ! Elle se dépêcha d’aller poser son regard sur la bibliothèque qui habillait tout un pan de mur.
- Mais ... ça va faire mauvais genre !
- Tu n’as pas à en apporter. Cette fois le ton était ferme et autoritaire.
- Pourquoi ?
- Elles ne le méritent pas. Le son du couteau sur l’assiette accompagna le ton froid et cassant employé.
- Niel ça ne se fait pas ! Je crois !
Il ne répondit pas. Enfin au bout d’une poignée de secondes daigna la regarder.
- Est-ce que tu as le souvenir de n’avoir jamais reçu un seul cadeau de la part de ces femmes ? Un seul ?
- Tu sais bien que je ne peux pas me souvenir !
- Tu n’en as jamais reçu. Tu as récolté des humiliations, des rabaissements, et j’en passe et des meilleurs mais jamais un cadeau ... alors s’il te plait ... cesse de te culpabiliser.
Candy baissa la tête et continua de manger à son tour, du bout des lèvres.


**




Élisa avait marché une journée entière et s’était largement traitée d’imbécile pour ne pas avoir prit un cheval. Heureusement sur sa route elle rencontra un homme en carriole qui retournait chez lui et qui passait par l’orphelinat Pony, endroit béni où elle pourrait passer la nuit avait-il cru bon d’ajouter en la jaugeant comme inappropriée dans un endroit désert, seule avec une valise. Sur le coup elle faillit l’incendier en lui aboyant dessus qu’elle n’était pas une « fille-de-rien » et qu’elle méritait mieux qu’un orphelinat puis elle réfléchit et se dit que c’était la meilleure solution. Personne n’irait la chercher dans cet endroit. C’était de notoriété publique que JAMAIS une LEGAN n’irait mettre les pieds pour sauver sa liberté en un tel lieu ! Chemin faisant elle apprit que son chauffeur de fortune s’appelait Tom Steel, qu’il avait été locataire de l’orphelinat et que par chance il avait été adopté par un homme fantastique. Ça se compliqua légèrement lorsqu’il voulu en savoir plus sur sa passagère.
- Je ... je fuis, avoua t-elle contrite.
- Vous ? Et pourquoi donc ? En tout cas ce n’est pas la misère !
- Oui moi, pourquoi ne pourrais-je pas fuir ? Elle sentit la colère pointer le bout de son nez.
- Et bien ... c’est peu commun de fuir une fortune, des parents qui vous aime, à moins que la situation soit très grave ...
- Elle l’est.
- Ah fit Tom, prudemment. La demoiselle nécessitait des pincettes, il le sentait confusément. Vous pouvez me dire qui vous êtes vous savez ... je ne vois quasi personne dans mon ranch.
- Élisa... beth, et c’est tout ce que je vous dirais.
- Et Élisaaaaabeth qu’est-ce qui vous fait fuir ainsi ?
- On veut me marier.
- Ah ... oui ça peut être un problème ...
- S’en est un ! Que diriez-vous si on vous forçait à épouser une femme que vous n’aimez pas ! Qui sert de potiche et juste à faire des enfants pour môssieur ?
- Je serais furieux mais ... vous le saviez non ? Enfin je veux dire dans votre milieu c’est comme ça que les choses se passent !
Silence. « Oui c’est comme ça que les choses se passent ... IMBECIL ! Je ne suis pas comme ça moi ! Je suis Élisa Legan et je suis bien décidée à diriger ma vie et ne pas être un ventre à faire des enfants à un benêt aussi riche soit-il ! »
- Je veux dire on vous forme dans votre éducation pour ce destin. Je me trompe ? « Houlà Tom ! Ta passagère n’a pas l’air commode du tout ! ».
« Non évidemment que tu ne te trompes pas imbécile ! Mais je m’imaginais que ça n’arriverait bien entendu jamais ! Quelle idiote j’ai été ! J’ai aimé ces robes, ces bijoux, on m’a fait aimer l’argent pour que ce soit moins dur pour moi d’épouser un portefeuille ! » . Elle pinça les lèvres, la colère faisait briller ses yeux noisette et la rendait presque belle. Tom laissa son regard naviguer sur les boucles qui jadis formaient des anglaises parfaites mais qui là étaient plutôt mal en point.
- Je vous prie de bien vouloir m’excuser dit-il, contrit.
- Ce n’est pas grave finit-elle par dire après quelques secondes.
- Et ... que comptez-vous faire ?
- Ne pas me marier avec un imbécile et point numéro deux, je ne sais pas !
- Vous pourrez y réfléchir tranquillement à la maison de Pony. Elle lui lança un regard acéré.
- C’est un endroit très bien reprit-il indifférent à son air de dame outragée.
- Pfff !
Tom sentit poindre en lui la colère. Non mais pour qui elle se prenait celle-là ?
- C’est un endroit magnifique. Là-bas personne ne juge personne pour son apparence ni son appartenance. Les gens y sont formidables et je pense que ça vous fera le plus grand bien de les côtoyer ! La côte de la colline qui conduisait à l’orphelinat arrivait à son terme. Un toit rouge, une grande bâtisse, des cris d’enfants jouant dehors, se profilaient. Tiens nous voilà arrivés ! Élisa put ressentir tout le soulagement de son chauffeur.
- Je n’y resterais pas, enfin pas longtemps, siffla t-elle très agacée alors que son chauffeur descendait le marchepied, pressé soudain d’aller livrer la marchandise.

Une sœur apparut bientôt suivi par une femme beaucoup plus âgée. Élisa décida de bien marquer son mépris pour ces gens qui n’avaient rien de commun avec son milieu prestigieux. Ce fut facile jusqu’à ce que Tom soit cordialement invité à se rafraîchir. Élisa ne put s’empêcher de couler vers lui un regard exaspéré alors qu’il les suivait content de cette pause.
Le calme régna une poignée de secondes puis une horde d’enfants s’échappa de nulle part en criant et en riant. Élisa les regardait d’un air des plus hautain du haut de son perchoir. Elle tenta bien par un regard réfrigérant d’empêcher qu’un garçon au visage poisseux et teinté d’une substance indéfinissable, s’approche d’elle. Il ignora l’avertissement et vint se coller contre son propre marchepied. Elle arrangea alors sa robe au plus près d’elle, des fois qu’il tâche.
- Eh madame !?
- ...
- Eh MADAME ?
- ...
Bientôt le gamin fut rejoint par un autre.
- Laisse Adam, vient jouer plutôt avec nous ! On est vers le grand chêne ... Carrie veut prouver à Jim qu’elle est plus rapide que lui !
Le dénommé Adam leva les yeux vers la colline ou régnait en maître végétal absolu un splendide chêne. Des enfants ressemblant à des lutins sautaient et tentaient d’en atteindre son sommet.
- Carrie va y arriver soupira Adam, Jim est un gros nul qui va s’essouffler dès la première branche.
- Il s’est entrainé souffla l’autre.
- Peut-être allez viens ! Tu vois bien qu’elle (il désigna Élisa qui s’entraînait à ne pas les regarder) ne veut pas te parler ! On m’a dit que ces gens sont méchants alors ne perds pas ton temps.
- Hum ... Adam délaissa sa proie et consentit à suivre son copain, pour le plus grand soulagement d’Élisa. Un autre sentiment vint remplacer son agacement d’être dérangée quelques secondes plus tard : l’impatience.

Tom se posa avec ravissement, faisant tourner dans ses doigts un verre d’eau glacée qui était bienvenue après toute la marchandise qu’il venait de déposer. Il adorait cet endroit et y revenait avec délices à chaque fois. Il jeta un coup d’œil à son carrosse et vit avec stupeur qu’Élisa n’était plus sur son siège. Il en fut ravi puis inexplicablement contrarié. Cette fille était pire qu’un âne des plus têtu !

Élisa avait juste décidé de se dégourdir les jambes. Pas d’enfants insolents à l’horizon (ils étaient tous à sautiller comme des puces autour de l’arbre). Elle eut envie aussi de se rafraîchir un peu et se décida à demander où se situait le point d’eau le plus proche. Les enfants reluquèrent cette fille étrange une fraction de seconde puis la plus téméraire se décida de la conduire près de la rivière. Élisa apprit ainsi que son guide s’appelait Alice, qu’elle avait six ans, et qu’elle avait été placée ici suite aux décès de ses parents. Cela la toucha mais une Legan ne montre pas ses sentiments même pour une histoire des plus tragique. La rivière enfin fut là, scintillante entre les feuillages clairsemés en cette fin d’automne. La soif se fit impétueuse et Élisa se précipita pour aller boire. L’enfant lui cria « qu’il y avait des écrevisses et que le torrent pouvait être dangereux car un de ses amis y avait déjà glissé et c’était fait mal et ... » . Elle entendit bien au loin la voix d’Alice la prévenir que la rivière était traite mais qu’importe ce que pouvait bien dire cette gamine, elle voulait étancher sa soif et qu’elle aille au Diable. Sa posture pour boire étant des plus inconfortable, elle se déchaussa et envoya ses bottes sur la rive devant la tête de la fillette qui marquait l’effroi. « Je ne vois pas pourquoi elle fait cette tête là ! Il n’y a aucun danger ! » et ignora l’avertissement. Enfin débarrassée de ces chaussures qui avaient coûtées une petite fortune elle décida de s’avancer un peu plus au milieu du torrent, en zigzaguant entre les cailloux et les pierres plus massives. Une écrevisse ou autre bestiole, certainement dérangée par les pas de la jeune femme jaillit presque entre ses orteils et Élisa laissa échapper un cri. Par pur réflexe elle voulu retourner vers la rive mais se faisant glissa et perdit l’équilibre. Sa chute fit que sa tête rencontra une pierre et elle perdit connaissance. Alice hurla et fit la course de sa vie pour aller prévenir les adultes.


**




- Euh ... où sommes-nous ? Je ne reconnais pas l’endroit ... elle regarda Niel qui gardait un visage des plus hermétique.
- Tu ne peux pas te rendre au réveillon familial dans des simples habits de tous les jours. Viens.
Candy fronça les sourcils mais obtempéra.

C’était une boutique splendide au premier abord mais quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu’il n’y avait rien à part deux vendeuses parfaitement raccordées à l’ambiance.
- Monsieur Legan s’empressa une blonde à la mise impeccable. Cheveux lisses enserrés dans un bandeau de velours bleu marine dont aucun cheveu ne pouvait s’échapper, une chemise blanche parfaitement ajustée et une cravate elle aussi accordée au bandeau et à la jupe droite, qui donnait un air stricte et classe, une photo de magazine. Candy se sentit comme hypnotisée et pas seulement par son allure générale. Elle n’aurait su le dire mais elle ressentit dès lors comme une froideur à son égard.
- Monsieur ET mademoiselle André dit-il, cassant. La blonde ne laissa rien paraître sur son visage tandis que Candy elle ressentit par ricochet une pointe d’humiliation.
- Monsieur et mademoiselle André que puis-je pour vous ?
Niel eut l’air de la jauger comme un fermier jauge une vache à vendre dans un marché aux bestiaux.
- Vous savez que nous sommes le jour du réveillon. Il toussotât. J’ai eu un emploi du temps des plus chargé alors je vais faire court. Je souhaiterai que vous habilliez mademoiselle André de façon à ce qu’elle soit ... parfaite, je veux dire encore plus qu’à présent. Candy entraperçut un éclat inhabituel au fond des yeux aux reflets dorés.
- Bien monsieur ... elle glissa un regard de velours aux abords humide vers une Candy légèrement anxieuse. Vous faîtes un 38 – 40, hum vous avez un peu de poitrine mais pas trop ... hum ... je pense que nous avons ce qu’il vous faut. Elle prit du recul comme un peintre devant son modèle. Elle ignora une Candy maintenant cramoisie. Elle resta ainsi à la regarder, silencieuse. Puis elle se tourna vers Niel. Devons-nous aussi vous préparer quelques costumes ?
- Hum ... pourquoi pas ... À ces mots la vendeuse tourna les talons et les invita à entrer dans le saint des saints, le salon privé.

Les robes se succédèrent les unes aux autres, plus élégantes et raffinées les unes que les autres. Candy en eut bientôt le tournis. Niel s’amusa de son désarroi mais le dissimula à la perfection.
- Monsieur a fait son choix ?
« - Monsieur ? »
Niel eut envie de rire devant son expression consternée.
- Oui, je prendrais deux robes, ainsi que deux ensembles ... il les désigna sans aucune hésitation. Les yeux de Candy s’arrondissaient comme des soucoupes. Discrètement il lui fit signe de se taire.

Puis ce fût autour de Niel de passer aux essayages. Il ne mit guère qu’une demi-heure pour faire son choix. Restée dans le salon elle put entendre la vendeuse souffler « Monsieur a un goût certain pour les belles choses ». Instinctivement elle tendit l’oreille mais n’entendit pas la réponse. Elle ressentit pour la première fois de sa vie l’aiguillon de la jalousie.
- Tu n’avais pas dis une robe ?
- J’avais envie de deux.
- Mais ... mais elles ont coûté combien ? Il va falloir que je te rembourse ! Il la regarda d’un drôle d’air puis retourna à sa conduite.
- Niel ! Combien je vais te devoir et ... Mais où allons-nous à présent ?
- Et bien tu ne vas pas aller à la réception ... même familiale pieds nus ... donc nous allons chercher des chaussures.
- Niel ... je ... tu as tout payé ! Je tiens à te rembourser ! Elle posa ses dents sur sa lèvre inférieure. Les mains de Niel se contractèrent sur le volant en cuir. « Ne craque pas Niel, pas maintenant ! Elle est adorable sur tous les plans tu l’as enfin compris, ne va pas tout gâcher ! ».
Il soupira tout en affichant un rire narquois ce qui eut pour effet d’agacer sa passagère.
- Ça ne me fait pas rire du tout ! Je ... je n’aime pas l’idée qu’on achète des ... des vêtements pour moi.
- Crois-moi ... ça vaut mieux. Tu n’aurais pas assez de toute ta vie pour te les payer.
- QUOI ?
- Candy ne le prend pas mal, mais tu es infirmière ... et (le sourire qui s’étalait sur son visage s’évapora) dans une modeste clinique ... ton salaire ne suffirait pas.
- En gros je suis ... une ... une « pauvre » ? Une drôle de sensation vient piquer son ventre, un pincement désagréable.
- Non ... je ne veux pas dire ça souffla t-il. « Marche sur des œufs Niel Legan ! » prévient une petite voix alarmée au fond de lui. Tu as choisi d’être autonome financièrement ... il soupira. J’admire ce choix mais ... à présent il faut que tu laisses ceux qui t’aiment s’occuper de toi. Albert serait totalement d’accord avec ce que je viens de dire.
Candy était atterrée.
- Donc ... donc je suis quelqu’un qui a refusé sa famille adoptive pour être autonome financièrement ... c’est ça ?
- Tout à fait.
- Et c’est vers ces gens que je dois aller ce soir ?
Une chape de plomb s’abattît dans la voiture. Niel soupira.
- Oui. Il faut que tu sois parfaite. Que tu montres que tu es une André.
- Vu ce que je viens d’apprendre ... c’est peut-être mieux que je n’en fasse jamais partie ! Ces gens sont superficiels ! Même si je ne me rappelle pas d’eux ... c’est peut-être mieux comme ça ! Il faut bien présenter du moment qu’on est en apparence recevable ! Je sens que je vais les détester gronda t-elle, hargneuse. Niel parvint à conserver son sérieux. Il avait oublié à quel point Candy pouvait être mignonne lorsqu’elle s’énervait.
- Que tu le veuilles ou non tu fais partie de la famille, le ton était diplomatique, soucieux de faire disparaître cette tension qui régnait dans l’habitacle de la voiture. Il gara la voiture devant l’autre boutique qui ne payait pas de mine de part sa devanture. Candy restait bizarrement silencieuse ce qui finit par l’intriguer.
«- Tout va bien se passer, dit-il doucement. Prends ce qui t’ai donné sans te poser de questions. »
Un soupir fut sa réponse.

**



Ils entrèrent dans la boutique et une petite musique se déclencha, une petite musique qui se mit à raisonner étrangement en elle. Elle l’avait déjà entendue mais où ? Les sons heurtaient la caverne où se logeait sa mémoire en hibernation, des images étranges vinrent à son esprit alors qu’une vendeuse élégante (mais beaucoup moins stylée que la précédente) les dirigeait vers un salon cossu. Une boîte à musique revenait régulièrement dans sa tête ainsi qu’un jeune homme à lunettes mais pourquoi ? Quel en était le lien ? Elle s’oblige à mettre de côté ces images qui surgissaient de son passé et regarda autour d’elle. Il y avait peu de tableaux, les murs étaient recouverts d’un papier uni, d’un blanc cassé, très pur mais efficace. Au centre trônait une table basse en marbre, comme une star mobilière, sur laquelle étaient posés des petits apéritifs. Manifestement Niel ne laissait rien au hasard et avait prévenu de sa visite.

Les achats furent rondement menés. Candy souffla, comme soulagée mais c’était oublier que Niel adorait l’élégance et la mode.
- Ne crois pas que ce soit terminé, il nous reste un dernier endroit où aller.
- Encore ?
Il eut un petit rire.
- Je ne connais que toi pour soupirer en faisant du shopping.

Il revient les bras chargés de tous petits colis. Il s’installa et démarra en trombe en direction de la maison d’été des Legan. Il lui tardait d’être à ce soir. Il jeta un regard de côté et constata que Candy ne disait rien et regardait la ville s’éloigner dans un silence total. Ce soir allait être le grand test, une épreuve, il se devait d’être au top et de la protéger.


**




Je tiens à m’excuser d’avoir tardé à poster ☺ mais j’ai manqué de temps ! Je vais vous écrire le CHAPITRE 3 au plus vite. Bises et merci à tous mes lecteurs qui me laissent des commentaires.
view post Posted: 9/9/2018, 13:31 Un passé encombrant - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 1






La semaine vient de se terminer à l’orphelinat de Pony et tout le monde est retourné à ses occupations. Candy est retournée au dispensaire du Docteur Martin en ce mois de septembre 1917. Elle espère que Niel s’est enfin tourné vers une autre jeune femme. Bien sûr elle se trompait.

Niel n’avait jamais cessé de penser à elle. Elle était devenue son unique objectif. À force de tourner autour et de se briser les dents il envisagea alors de contacter Albert. Parallèlement son oisiveté commençait à lui peser alors il chercha à s’occuper. Il s’inscrivit à l’université de médecine et commença à étudier. Sa mère et sa sœur cherchèrent bien à le dissuader à entreprendre ce genre d’études, en lui martelant qu’il serait l’héritier du Ranch un jour mais rien y fit, Niel prouva qu’il était têtu bien au-delà de ce qu’elles auraient pu imaginer.

**



C’était un dimanche pluvieux, le premier du mois d’octobre. Niel avait passé outre ses cours de médecine à enquêter pour trouver le domicile de celle qu’il aimait mais il avait échoué. Alors tous les débuts de soirée, quand son emploi du temps le permettait, il attendait discrètement qu’elle sorte du dispensaire et jouait au détective privé en la suivant. C’est ainsi que bascula son existence. Alors qu’il avait gardé une distance de sécurité, son cœur manqua un battement lorsqu’au minimum trois voyous se jetèrent sur elle, lui arrachèrent son sac à main. La surprise et le choc la firent basculer et elle tomba inconsciente sur le trottoir. Niel le cœur à cent à l’heure se précipita et constata les dégâts. Il se pencha, la prit dans ses bras et la déposa délicatement dans sa voiture. Rapidement alors il l’emmena aux urgences de l’hôpital Ste-Johanna.

**



Candy se réveilla, la bouche pâteuse. Tout était flou, un choc, la pluie, puis plus rien. Ses yeux firent une mise au point de l’endroit où elle se trouvait. Manifestement l’endroit était élégant ce qui étrangement la remplit d’angoisse. Qui était-elle ? Impossible de se souvenir et ... où se trouvait-elle ? Elle ne connaissait pas cet endroit elle en était certaine. Ses mains se portèrent à son crâne, elles rencontrèrent une bande qui l’enserrait. Elle ôta les draps et s’apprêta à se lever lorsque la porte s’ouvrit. Une domestique d’abord suivie par un beau jeune homme.

- Oh mademoiselle ... vous êtes réveillée ... le docteur nous a formellement interdit de vous laisser vous lever ... vous n’êtes pas assez solide !
- Je me sens bien, parvient-elle à dire.
- Content que tu te sentes mieux fit le jeune homme inconnu.
- « Tu » ? Vous me connaissez ? Elle fixa son regard bleu sur lui, fouilla dans sa mémoire mais c’est comme si quelqu’un était venu vider tous les tiroirs de son passé. Elle rougit lorsqu’elle rencontra ses yeux ambre. Une chaleur l’envahit comme lorsqu’on ouvre un four à peine éteint.
- Bien sûr. Il s’assit négligemment sur le lit et se faisant fit venir à elle une vague de parfum qui vint chatouiller agréablement son odorat. Quelques secondes plus tard, son estomac se manifesta. Le jeune homme eut un petit rire. Tu vas te lever et te tenir à mon bras. Il la fixa, parut amusé par la rougeur de ses joues ce qui eut pour effet d’accentuer le phénomène déjà horriblement gênant. Quant à Niel son cœur fit un bond devant celle qu’il aimait et son trouble manifeste, mais il n’en montra rien. La vie lui offrait une chance et il savait qu’il ne fallait pas la gâcher.
- Je n’ai pas pour habitude de me tenir au bras d’un inconnu ... « aussi beau soit-il » faillit-elle ajouter, son attention fixé sur ce soleil comme un papillon de nuit sur un néon.
- Je ne suis pas un inconnu. Il se détourna et elle ressentit alors une indicible tristesse. Tu vas te tenir à mon bras pour manger.
- Je n’ai pas faim.
- Toi non mais ton estomac manifestement si ! Allons-y ...
- Attendez ! J’ai le temps de manger, j’ai faim de questions ! Vous semblez me connaître effectivement dit-elle d’une voix douce, mais ce n’est pas réciproque. Elle vit les épaules d’Apollon s’affaisser.
Il tenta de cacher son irritation. Il plongea à nouveau dans les yeux bleu-vert et parcouru son visage d’ange, un léger sourire sur ses lèvres. Il eut le sentiment qu’il ne s’en lasserait jamais.
- Bon ... je vais te dire qui tu es. Tu t’appelles Candy Neige ... André. Tu as été élevée à l’orphelinat, à l’orphelinat Pony (il parut guetter sa réaction à l’évocation de ce nom)... il n’y eut rien. Ensuite tu as été adoptée par la famille André. Autre chose ... je ne vais pas supporter que tu me vouvoies.
Pendant qu’il parlait elle essayait désespérément de se souvenir mais rien ne vient à elle.
- Je ne me rappelle pas ... Les yeux émeraude disparurent derrière le rideau mince des paupières. Le désespoir venait de l’habiter maintenant, elle ne pourrait pas rester dans cet état pour toujours ! Elle sentit une larme couler puis un doigt l’ôter avec une délicatesse infinie. Décidément cet inconnu était très gentil, prévenant et surtout incroyablement sexy. Qui était-il ? Pourquoi cet air triste qu’elle devinait lorsqu’il la regardait ? Quel était son secret ?
- Hum ... Tu as eu un choc des plus violents. Je ... je passais par là lorsque ça s’est produit.
- Quel choc ?
- Des voyous ont volé ton sac ... mais depuis il a été retrouvé se dépêchât-il d’ajouter. Tes papiers vont être refaits, c’est ton père adoptif qui s’en charge.
- Qui est-il ? C’est un André c’est ça ?
- L’oncle William Albert André.
Silence. Son corps frissonna mais se fut le seul indice qui lui fut donné.
- Ça ne me dit rien. Non vraiment
- Ce n’est pas grave. Il passa les doigts dans ses cheveux châtains et Candy se sentit comme hypnotisée par ce geste. « Calme-toi Niel, calme toi tu sais que quand son amnésie disparaîtra ça risque d’être compliqué ... ». J’en étais ... ton sac a été retrouvé sans l’argent ni les papiers. J’ai vu avec l’oncle William, ton père adoptif pour que ... bref ... cesse de t’inquiéter, tu es en sécurité ici.
- En sécurité ... mais ... je dois retourner chez moi ... je ... co ... je travaille ... non ? Je ... je ne suis pas oisive ... à ne rien faire ... je sens que je ne pourrais pas le supporter ! Niel en entendant ces mots se retient de rire.
- On se calme ! Pour l’instant chez toi c’est ici, ok ? Et oui tu travailles et le Docteur Martin est au courant. Devant son air interrogatif il poursuivit. C’est le chef d’une clinique qui accueille les nécessiteux. C’est en en sortant d’ailleurs que tu as eu cette mésaventure.
- Pourquoi avez-vous ri ? C’est peut-être légitime pour quelques filles mais pas pour moi ! Elle regarda autour d’elle contrariée. Je ne veux vivre aux crochets de personne ! « Pour qui il me prend ? ».
- J’ai ri parce que tu es tellement différente de ma famille ... nous y viendront plus tard ...en attendant le Docteur a prescrit un repos absolu.
- Je ... je n’aime pas cette idée que ... au fait ... Je viens de réaliser que vous ... pardon tu as évité de répondre à ma question ! Qui es-tu ?
- Je suis ... Niel Legan. Elle vit clairement sa mâchoire se contracter. Pas que la mâchoire d’ailleurs, tout son être fut tendu d’un seul coup, sur le qui-vive.
- Et nous nous connaissons ? Je sais que tu m’as dit que c’était le cas ... mais je ne comprends pas ...
« Oh ça oui ! Si tu savais ... si tu avais toute ta mémoire tu te sauverais en courant ! ». Il se contenta de prendre doucement sa main.
- Oui, puis dans un soupir parvint à lâcher « je suis ton cousin ». Ton cousin en quelque sorte, adoptif. Il ne quittait pas son visage magnifique, honteux d’un passé que lui pour tout l’or du monde aurait bien voulu oublier.
- Et ici je suis ? Où ? Elle réalise que cet endroit était magnifique mais comme suspendu dans le temps, pas de vie, pas de mouvements, le silence était l’unique locataire.
- Dans la propriété de mes parents mais ils n’y viennent jamais enchaîna t-il très vite.
- Et elle est où cette propriété ? Je ... je me demande c’est tout. Je ... merci de m’avoir amenée ici et de m’avoir soignée ... je crois que je ne te l’ai pas dit ... et elle ne put aller plus loin, elle se sentit fondre.
Niel devait faire appel à toute son énergie pour se contrôler. Il avait une envie folle de la renverser au creux de ses bras et de poser sa bouche sur la sienne, ce qui ruinerait toutes les chances d’être à jamais avec la seule femme qu’il aimait. Il se détourna de son phare, posant son attention sur une magnifique lampe posée sur une petite table en acajou d’angle. Quand il sentit en lui la tension être revenue à la normale il daigna lui répondre.
- Pas loin de Lakewood là où vit ton père. Il a donné son accord hein ... et quand tu seras totalement remise nous irons le voir. Allez ... à table.

Candy prit sans hésiter sa main puis se laisser conduire en confiance jusqu’à la table du salon. Celle-ci était magnifiquement arrangée avec des fleurs savamment disposées au centre. Il y avait deux assiettes. Étrangement elle se sentait comme sur un nuage. Ce jeune homme était charmant, tout comme-il-faut, galant mais elle percevait aussi une arrogance dans son maintien, dans son allure en général.

**



Niel resta à ses côtés toute la journée, lui faisant visiter le domaine. Elle s’émerveilla devant la grâce des jardins. De loin on pouvait apercevoir la maison et son balcon splendide qui surplombait le lac (dans lequel elle avait plongé pour échapper à Niel mais cet épisode pour l’instant lui était occulté). Du côté de Niel l’envie de l’embrasser le tenaillait et cela lui coûtait des efforts incessants pour se contrôler. Il s’enivrait à son insu de son visage, de sa silhouette à chaque seconde, l’inscrivant à jamais dans les méandres de son cerveau.
Candy quant à elle se questionnait sur ce jeune homme, sur sa famille, pourquoi était-il seul ici ? Une délicieuse peur aussi venait la troubler ... « Et si c’était un kidnappeur ? Un des voyous qui lui aurait arraché son sac ? ». « Non c’est impossible ... tu sais que tu sais qui il est mais tu l’as oublié ... et lui ne te dis pas tout ... tu ne sais rien de ton passé avec lui ... il ne t’a rien dit ! On dirait qu’il ne veut pas que tu saches ».

Alors qu’ils revenaient vers la maison, Candy cessa de se tenir à son bras. Niel en fut chagriné mais c’était mieux ainsi. Une légère brise venait caresser leurs visages respectifs, elle était vivifiante. Elle inspira alors, heureuse comme jamais. En confiance malgré ses impressions contradictoires, à nouveau elle le questionna. Au fond d’elle-même toutes ses zones d’ombre lui étaient insupportables.
- Je ... Ses pas s’arrêtèrent. J’ai peur de t’ennuyer avec toutes mes questions. Il oscilla de la tête en signe de dénégation. Merci. Est-ce que tu peux me dire ... ... je suis avec un garçon ? Elle eut un petit rire nerveux. Excuse-moi ... je cherche ... je cherche les pièces du puzzle qu’est ma vie. Une autre question vint alors lui brûler les lèvres. Est-ce que tu ... est-ce qu’on ... ? (d’où provenait cette boule dans son estomac ?)
- Ta vie sentimentale ... il se tût soudain, une expression indéchiffrable plaquée sur le visage. Son cerveau tournait à plein régime. « Que lui dire ? Que son Terry l’a laissé tomber ? Qu’elle m’a rejeté ? Idiot bien sûr que non ... reste simple ! ». Il se ressaisit. Tu es célibataire, finit-il par dire d’une voix douce. Je ne te cache pas que tu as eu quelques garçons dans ta vie ... « Et que c’est surtout le dernier qui me hérisse d’ailleurs ! », mais il choisit la prudence. Quant à nous ... c’est compliqué ! Il se retient de la prendre dans ses bras à nouveau, devant son air totalement désabusé.
Elle fronça les sourcils. « Doucement Niel ... vas-y tout doux ! » ! Il repensa aux chevaux difficiles que son père détenait dans son ranch et des conseils hors contexte vinrent envahir son cerveau.
- Comment ça « nous c’est compliqué ? » ? Son cœur était entrain de s’emballer dangereusement.
- Je ne peux pas ... Candy je te promets que je ne peux pas t’en dire plus.
- Nous ...
- NON ! Il fit le geste de se boucher les oreilles. Il parut alors effrayé et fut tenté de la laisser là toute seule au milieu de la volée de marche qui conduisait au hall principal de la demeure.

Le cœur de Candy manqua un battement. Était-il lui aussi célibataire ? C’était quand même incroyable ce paradoxe qui cohabitait en elle : une attirance et une peur tapit quelque part au fond d’elle-même. Il s’était arrêté et la fixait, d’étranges flammes dansaient dans l’ambre, elle sentait une énorme contrariété mêlée à une peur tangible.
- Hum ... qu’y a t-il ? J’ai quelque chose dans les cheveux ? Elle tira une boucle et se passa la main dans ses cheveux blonds, épais. Tu me regardes ... bizarrement je dois dire mais ... ça ne me dérange d’aucune façon je voulais juste savoir si ... Je suis navrée de t’avoir mis en colère.
Il prit un temps infini pour lui répondre.
- Non, tu ne m’as pas mis en colère. La réponse était totalement en contradiction avec l’impression générale. Il soupira et elle put sentir encore cette tristesse, ce quelque chose d’autre qui transparaissait, qui refusait de sortir.
- Je ... Je t’ai fais du mal ?
Niel fit une petite moue qui le rendit plus sexy et de façon impromptue eut un petit rire.
- On-peut-le-dire. Le ton était des plus énigmatique.
Candy sentit ses joues s’empourprer.
- Je ... je suis désolée ! Je ... qu’est-ce que j’ai bien pu te faire ? « Quand vas-tu lui poser la question qui te brûle les lèvres ? » se morigéna t-elle.
- Je suis désolée, je ... vraiment !
Niel affichait une expression des plus indéchiffrable. Elle s’en voulu soudain de toutes ses questions bien indiscrètes.
- Ce n’est pas entièrement de ta faute. Il eut son air qui la jaugeait, celui qui par le passé l’horripilait prodigieusement mais là bizarrement lui occasionnait des sensations inédites dans son ventre, comme des papillons prisonniers qui s’agitaient par un phénomène inconnu. Elle sentit un feu prodigieux enflammer ses joues alors qu’il l’enveloppa toute entière dans son regard aux reflets d’or en cette fin d’après-midi. Elle était sous le charme, harponnée par ce visage parfait, désormais sans défense aucune. Il eut alors ce petit rire narquois. Tu veux savoir mais ... permets-moi de rester le plus longtemps possible secret. Cela vaut mieux ... pour toi et pour moi.
Ils entrèrent, Niel se tourna vers la pendule, une idée nichée derrière la tête. – Tu dois avoir faim non ? Elle fit la moue. Elle avait faim oui mais décemment elle ne pouvait pas dire de qui ni de quoi, Niel imperturbable dévoila le planning de soirée. Je vais faire appeler quelqu’un pour t’aider à te vêtir puis nous irons dîner quelque part.
- Ça me gène ... je ... j’aimerais ... enfin je n’aime pas l’idée de me laisser entretenir. L’expression indéchiffrable du jeune homme l’obligea à se taire. Une sonnette d’alarme tentait de très loin à l’encourager à la méfiance mais son cœur lui, manifestement, avait décidé de se lâcher et de négliger la prudence.
- Il va pourtant falloir t’y faire. Le docteur a prescrit du repos et je me suis engagé à m’occuper de toi entièrement.
- Mais je vais m’ennuyer ! Je sais que je peux faire la cuisine !
Il éclata de rire.
- Je te trouverais des trucs à faire s’il n’y a que ça ... pour l’instant c’est ta santé qui est mon principal objectif. « Mon deuxième étant que tu m’aimes ... surtout quand tu auras retrouvé la mémoire ... et il va falloir que je réfléchisse à ce fameux « choc » émotionnel ... ». Ici il y a un couple de domestiques pour entretenir le domaine, il est donc hors de question que tu fasses quoi que ce soit.


**




Niel lui ouvrit galamment la portière et elle s’installa précautionneusement. Elle portait une ravissante robe en mousseline verte pastel qui mettait en valeur sa taille fine et surtout sa chevelure vaporeuse bouclée, enfin ses yeux brillaient d’un feu ardent. Elle se sentait comme en apesanteur, le cœur bondissant d’un drôle d’élan inédit a priori par le passé. Sa mémoire avait occulté la plus grande partie de son histoire personnelle certes, mais cette perception étrange ou tout avait une couleur sucrée lui était totalement nouvelle, elle en était sûre, jamais un garçon n’avait eu cet effet-là sur elle. Elle lui sourit il se contenta de hocher la tête. Le bolide s’élança sur l’asphalte, s’éloigna de Chicago, bête tentaculaire tentant sans cesse de manger les paysages encore sauvage. Bientôt la route traversa des forêts denses, puis il tourna à droite, prit une montée et enfin arriva devant un établissement discret mais qui ne la trompa pas, c’était un des plus select de la région, tout l’indiquait, du panneau aux lettres ouvragées, au portail et aux jardins magnifiquement éclairés.
- Je ... enfin c’est peut-être un peu trop pour moi ... « Je suis complètement à sa merci ! Je ne sais pas qui est ce garçon réellement ... si seulement je pouvais me souvenir ! ».
- Descends ... et cesses de t ‘inquiéter, laisses-toi conduire sans te poser autant de questions.
- Si justement ! Rétorqua t-elle plus hargneusement qu’elle l’aurait tout d’abord souhaité. Il eut un petit rire et se détourna d’elle au plus vite pour ne pas qu’elle perçoive son trouble permanent qu’il tentait chaque jour de dissimuler. Il entendit un « pardon » contrit.
- Viens. Je t’ai dit que je m’occupe de tout même si c’est tout nouveau pour toi, d’accord ?
- J’ai peur. Cet aveu la fit frissonner.
« Par le passé tu aurais pu, plus maintenant » se dit-il au plus profond de lui-même.
- Je sais.


La salle était déserte ou presque. Un jeune homme brun, aux cheveux attachés par un ruban de velours les regarda passer l’air des plus intrigué. Candy se dit que cet homme lui était un parfait inconnu et son esprit passa vite au tableau suivant. L’endroit était adorable, une table, une magnifique baie vitrée qui donnait sur la ville scintillante nichée au creux d’une vallée. À leurs pieds se déroulait des pelouses parfaites aux rangées de fleurs taillées au cordeau dans un ordre parfaitement symétrique et agréable à l’œil. Elle était tellement absorbée par le spectacle qu’elle entendit à peine un raclement de gorge. Lorsqu’elle revint sur Niel celui-ci était triomphant et savourait manifestement son succès devant l’inconnu aux allures de dandy, qui l’espace d’un instant ne l’avait pas laissé indifférente.
- Alors comme ça Candy tu t’es décidée à fréquenter la haute société ? Ce ... cet avorton de Niel Legan ?
- Euh ... nous nous connaissons ? « Maudite mémoire ! » gronda t-elle intérieurement.
- Ne joue pas les ingénues avec moi répliqua t-il d’un ton acide. Il eut un petit rire désabusé mais ne comptait visiblement pas baisser les armes devant l’héritier des Legan.
- Je m’excuse mais ... qui êtes-vous ?
- Je sais que je n’occupe plus le haut de l’affiche ... pas la peine en plus d’être moqueuse.
- Je ...
- Candy je « vous » présente Terrence Grandchester. Un éclat dans les prunelles l’avertie qu’il allait contrattaquer. Je pense que monsieur n’a pas supporté votre rupture, murmura t-il, un ton des plus sarcastique.
- C’est quoi encore que cette mascarade ? Tu la vouvoies ? Ces mains devinrent des poings, symptômes d’une grande agitation intérieure. Candy se sentit prête à entrer dans la lutte au cas où une bagarre se pointait. Terrence parvint à se contrôler in-extremis. Tu sais que tu ne la mérites pas ! Tu as agis envers elle comme la pire des ordures ! Il ricana. Si elle est là c’est que tu as du la droguer, ou alors elle a perdu la mémoire parce que si elle était dans son état normal ... elle fuirait !
Candy le fixait complètement ébahie, les yeux écarquillés.
- Et bien oui comme tu l’as si bien remarqué rétorqua Niel sur un ton las et des plus calme. Maintenant je te prie de bien vouloir nous laisser seuls et par pure provocation ... toucha les doigts de Candy puis lui prit tendrement la main pour la porter à sa joue. Candy ferma les yeux, pâle, son instinct lui soufflant que le dandy romantique n’allait pas apprécier du tout.
- Tu voudrais que je te mette une raclée Legan, que je tombe dans ton piège mais vois-tu ... j’ai mûri, je ne suis plus ce que j’étais avant.
- Nous avons tous une chance siffla Niel, fixé sur son adversaire.
- J’ai un doute te concernant. Tu es un rat et tu le resteras comme ta chipie de sœur, et le reste de ta clique. Il fixa Candy. Celle-ci était encore stupéfaite. « Qu’est-ce qu’elle fait avec cet avorton ? Je dois le savoir, il FAUT que je le sache ... j’irais voir Albert au plus tôt ». Il choisit de revenir sur Niel. Ne t’inquiète pas je ne vais pas troubler votre repas en amoureux. TOI, son index accusateur pointait dans la direction d’une Candy ébahie. TOI ! Saches que tu me déçois énormément ! Je ne te pensais pas aussi cupide que les autres, te tourner vers ce minable pour l’argent ... franchement je me disais que je ratais ma vie et ma carrière, je vois que tu es tombée plus bas que moi !
- Mais enfin je ne vous permets pas ! Elle était furieuse à présent mais Niel serra un peu plus fort sa main dans la sienne... Au fond de lui en fait c’était une tempête sous son crâne, il bouillonnait à l’idée de lui mettre un bon coup de poing mais les convenances sociales et son éducation agissaient sur lui comme des chaines invisibles.
Terry les enveloppa d’un regard méprisant et s’éloigna. Enfin. La tension qui stagnait au-dessus d’eux comme une chape de plomb elle, resta tout le long du dîner.
- Quel ... quel rustre ! Je ne sais pas qui était cette personne mais ... elle en tous les cas paraît me connaître ... Terrence Grandchester c’est ça ? Ce nom ne me dit rien.
Niel lui, souriait d’un air triste mais ses yeux eux, brillaient d’une nouvelle volonté. Plus personne ne lui marcherait sur les pieds.
- Vous avez été très proches tous les deux reprit-il lentement, la voix sourde. Ça a commencé ... au Collège Royal de St-Paul en Angleterre.
Candy ferma les yeux et tenta une nouvelle fois de se souvenir mais juste un brouillard lui vient à elle.
- Je ... j’étais donc proche ? J’étais ... une sorte de petite amie ? Souffla t-elle.
- Je pense que tu l’étais ... d’après ce que je sais sur toi. Tu l’as aimé, énormément et puis il s’est passé quelque chose à New York. Terrence est ton « deuxième » amoureux, auparavant tu as eu Anthony. Tandis qu’il parlait il sentait un pincement désagréable en lui.
- Anthony ? Non ... à nouveau elle tentât de fouiller dans sa mémoire mais elle était toujours aussi réticente à lui dévoiler ses secrets. Il ... qui était-il ?
- C’était un garçon jovial, il a été élevé avec Alistair et Archibald ... nous étions voisins. Il se caressa le menton se demandant s’il devait en dire plus. Il a eu un accident de cheval.
- D’accord, murmura Candy. Je ... et avec vous, euh ... pardon ... toi ? Je veux dire j’étais ton amie ? Je suis tenace ... j’ai une impression étrange que je te connais mais pas tant que ça.
Cette question le paralysa quelques secondes, lesquelles furent utilisées par le serveur pour déposer les plats.
- Non. Je dois même t’avouer que longtemps nous avons été ennemis.
- ennemis ? Les papillons reprirent leur danse étrange.
« C’est le moment de te jeter à l’eau ».
- J’ai une sœur tu vois, et tu es arrivée chez nous. Tu avais dix ans je crois. Tu étais innocente et ... en totale confiance. Son expression vira à une tristesse abyssale. Tu n’aurais pas dû, conclut-il doucement. Il plongea dans ses yeux tellement gourmands de plus d’informations sur sa vie passée qu’il souhaitait de toute son âme laisser dans l’ombre.
- Je ... si nous étions ennemis ... (sa voix était douce, si agréable, si fragile, Niel du faire des efforts surhumains pour garder sa poker face) tu ne serais pas là à m’emmener au restaurant, à m’avoir offert cette robe sublime ... je ... si nous étions ennemis c’est que j’ai fais quelque chose de mal ?
« - J’ai fais quelque chose de mal ? » raisonna en Niel, accentuant son malaise diffus. Il savait au fond de lui que jamais Candy n’aurait accepté de dîner avec lui dans son état normal. « Profites-en » souffla sa voix intérieure, mêlée d’excitation et de plaisir. Il frissonna mais veilla à ce que la jeune femme n’en sache rien.
- Non. Il se caressa lentement le menton avec son index de la main droite tandis que son autre main jouait avec les doigts fins de Candy. Celle-ci ne s’en offusquait pas (bien au contraire). Ce geste eut pour effet d’hypnotiser en quelque sorte son attention. Non reprit-il. Tu es arrivé, superbe, dans ta robe bleue à rayures, tu t’étais fais belle pour nous et en geste de bienvenue ma sœur et moi-même nous t’avons versé un seau d’eau glacé. Il se tût devant son expression atterrée. Oui ... si tu savais comme je regrette cet instant ! Je donnerais n’importe quoi pour qu’il ne se soit jamais produit ! Mais tu avais déjà un sacré caractère car tu as aussitôt répliqué en enserrant mon bras avec ton lasso.
Candy pouffa. Ses oreilles avaient peine à croire les propos de Niel. Comment ce garçon divin, adorable, ait pu par le passé être un vrai goujat ? Pourquoi était-il maintenant différent ? Elle dodelina de la tête, septique. Elle allait encore poser une question quand le serveur vint leur amener la suite.
- Je ... j’ai du mal à te croire j’avoue ... tu es si ... enfin tu ne colles pas au portrait que tu fais de toi-même ... c’est ...
- Pourquoi je suis si différent à présent ? Un petit rire franchit ses lèvres bien dessinées et gourmandes. Je t’aime vois-tu ... et le moins que l’on puisse dire est que tu ne me facilites pas la tache. Je ne t’en veux pas sache-le, j’ai mérité ton attitude. Je veux maintenant réparer toutes mes fautes.
À ces mots le cœur de Candy s’emballa. « Il vient de me dire, de m’avouer même qu’il M’AIME !!! » c’est génial ! Mais ... pourquoi a t-il ajouté que je ne lui facilitais pas la tache ? Il est si beau, prévenant ... à cause du passé ? De sa sœur ? – Euh ... votre famille ... je sens que ... elle ne m’aime pas trop ... c’est ça ? Je ... je pense pour le coup que tu aurais du me laisser sur le trottoir ... elle se mordit la lèvre inférieur qui engendra une légère tachycardie chez son vis-à-vis.
- Que ce soit clair entre nous, même quand tu auras retrouvé la mémoire ... je ne te laisserais jamais dans une situation difficile, jamais. J’ai une dette envers toi.
- Mais ... elle rougit devant les yeux emplit de désir et de volonté de Niel.
- Plus jamais, rectifia t-il. Je ne peux plus rien pour le passé que nous avons en commun mais pour le futur, c’est mon affaire.
- Oui mais si ... ta famille ... elle ne put aller plus loin. Il lui fit comprendre que même sa famille ne pourrait rien pour la décision qu’il avait prise.
- Mon père m’écoutera et il a même commencé, et votre oncle est désormais mon plus fidèle allié. Ma sœur, ma mère et la vieille ... il sourit alors que Candy se montra offusquée, croyez-moi si vous vous rappeliez qui est celle que j’appelle familièrement « la vieille », vous ne seriez pas tellement outragée, bref ... j’ai repris le contrôle, plus personne ne me dictera ce que sera ma vie. « C’est incroyable ... quelle assurance, quel charisme, whaooo ! » ne cessait de se répéter Candy alors que Niel lui parlait. Était-il comme ça par le passé ?
- Je vous crois ne put-elle que dire. Tu me détestais si je comprends bien ... pourquoi maintenant ... qu’est-ce qui a fait que vous ayez changé d’opinion à mon égard ?
Elle leva les yeux lorsque Terry se leva en galante compagnie et passa dédaigneusement devant leur table. Il murmura quelque chose à Niel qu’elle ne put intercepter. Son regard avisa que son hôte serrait les poings, furieux.
- Je sais que je n’ai rien à vous dire ... mais je pense qu’il faut laisser ce monsieur et ne pas faire attention, chuchota Candy désireuse de retrouver la sérénité de sa table.
- Non. Je dois me prouver quelque chose à moi-même. Sur ce il quitta la table à la suite de Terry.
Aussitôt elle fit de même mais Niel la cloua littéralement à sa place.
- Je dois me prouver quelque chose répétât-il. Si je ne sais pas me défendre lorsqu’on m’attaque ... comment pourrais-je le faire si ... on cherche à te faire du mal ? Tu comprends ?
- Mais ...
- Reste ici, c’est un ordre.
Sur le coup l’ordre en question elle faillit lui dire qu’il pouvait le mettre où il le souhaitait mais son attitude lui interdit toute rébellion.

Il fut de retour vingt minutes plus tard. Il était débraillé, les cheveux en bataille et l’œil gauche qui visiblement avait subit un choc. Elle alla à sa rencontre, bouleversée.
- C’est complètement stupide ! Se battre ... mais dans quel état tu es !
- Il le fallait. Elle appela le serveur, lui ordonna de ramener une poche de glace. Ce dernier se confondit en excuses pour la sécurité de l’établissement quelque peu défaillante. Niel le rassura.
- Il fallait que je le fasse Candy. Je devais me prouver quelque chose.
- Que ... quoi ?
- Pour moi répétât-il doucement. Je veux que quand tu retrouveras la mémoire tu te souviennes de ce que je vais te dire ... Je n’aime qu’une seule personne sur cette terre et elle se tient en ce moment devant moi. Je veux être capable de la protéger ... et ... être un homme, un vrai. Les yeux de Candy hésitaient entre la fierté et une certaine colère.
- Et ? Niel ! Je ne sais pas pourquoi nous nous détestions par le passé mais ce n’est pas la peine de se mettre dans un état pareil ! Il eut un petit rire.
- J’avoue ne pas être un fan de la lutte en général, je n’aime pas ne pas avoir le contrôle, je suis plus cérébral d’habitude mais ça doit changer. Il y a des moments ou ... l’action importe plus que la réflexion. Il fallait que je lui montre que je peux m’occuper de toi, que tu dois être fière d’être à mon bras.
- Mais ... tu sais que je peux me défendre et toute seule encore !
- Ce ne sera plus nécessaire. Je veux être capable de te défendre dès qu’un malotru t’insultera, je veux te protéger de ma sœur, de ma mère et de l’autre momie qui sert de matriarche. En clair je veux que tu aies une totale confiance en moi.
- Je ... je n’aime pas l’idée de dépendre de quelqu’un pour mes affaires ... qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?
Niel cessa de rire.
- Tu as peut-être perdu la mémoire mais tu es telle que par le passé, têtue, fière et indépendante, tu sais ce que tu veux, tu ne cèdes pas facilement aux ordres surtout s’ils viennent de notre « chère famille » et il ajouta les guillemets dans l’air.
- Ça m’ennuie tout ça ... je ... je ne me souviens de rien ... je suis comme obligée de te croire sur parole ! J’ai par dessus tout du mal à croire que nous nous détestions.
- Oui nous nous détestions avant. Cette situation n’est pas pour me déplaire sachez-le. Il affichait ce petit air narquois du passé mais étrangement cela ne lui fit ni-chaud-ni-froid.
- Mais ... votre famille va bien finir par s’inquiéter ... non ? Elle ... va tout faire pour que tout rentre dans l’ordre.
- Je le sais bien mais pour l’instant tu es à l’abri. J’ai demandé à mon père de m’aider en engageant une domestique pour la maison. Quand ça sera le moment, je vous emmènerai dans un autre endroit, plus sûr. Ça c’est ma première option. La deuxième est de vous imposer à ma propre famille ... c’est nettement plus risqué. Je ne veux pas de cette éventualité en fait, pas avant que vous ayez retrouvé la mémoire. Là nous serons fixé.
- Fixé ?
- Oui ... tu feras le point sur tes sentiments me concernant. Je t’aime, je me suis juré à moi-même de te protéger quoi qu’il arrive, même si je dois accepter que tu me rejettes en fin de compte.
« Ça n’arrivera jamais ! » faillit-elle lui crier. Son visage d’ange, son allure, ses bras (dans lesquels elle ressentie comme une envie soudaine d’y aller se blottir), sans compter sa gentillesse ... non il n’avait pas pu la détester, être son ennemi ! Quant à elle comment avait-elle fait ne pas voir à quel point il l’aimait ?

Il parla ensuite du Ranch, de son père, comment était sa sœur, sa mère, sans doute pour la préparer psychiquement à une future rencontre. Le repas fut divin, puis avec regrets ils reprirent la route.


Bonne lecture et dîtes-moi ce que vous en pensez, à bientôt pour le :994a2e4f51b8: CHAPITRE 2 :994a2e4f51b8:

view post Posted: 2/6/2018, 08:34 Commentaires pour "La mort me va si bien" - Les commentaires pour les fanfictions sur Candy
Non j'ai le virus de l'écriture :)
Pour moi c'est Niel et Candy et ce depuis la diffusion du manga en dessin animé dans les années 80 ! La haine qui appelle à l'amour absolu pour moi c'était une évidence mais bon ... nous avons eu une fin bizarre et qui m'a laissé sur ma faim. Du coup j'écris pour éliminer cette frustration ^^ .
Sinon j'ai un projet de livre à moi mais c'est pas dit que je ne trouve pas une autre histoire sur "mon" couple préféré.
view post Posted: 28/5/2018, 14:53 La mort me va si bien - NielFic - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 10




Juliette Sullivan donna sans ciller sa démission. Elle ne dégageait comme à son habitude aucune émotion particulière. Georges lui demanda la raison de cette décision et la réponse qu’il reçu fut pour le moins ... laconique.
« - J’ai trouvé mieux ailleurs. ».
Il n’insista pas mais se doutait que la raison était Sarah Legan. Elle était responsable de la plupart des défections du secteur des domestiques. Il hocha la tête, compréhensif. Juliette se garda bien de dire quoique ce soit et tourna simplement les talons.

1886, dans un établissement scolaire pour famille aisée, Juliette Sullivan travaillait à ses études de façon acharnée. C’était un petit miracle d’y avoir été admise et elle ne voulait pas faire honte à ses parents. Tout aurait pu être parfait s’il n’y avait pas eu le clan Cornwell. Sarah était la meneuse. Hautaine, calculatrice, la méchanceté dans la peau, elle haïssait les gens comme elle mais Juliette le lui rendait bien. Grâce à Sarah Orwell, Juliette s’aguerrit, appris la dissimulation et surtout que son plus grand allié était le silence et le camouflage des émotions. Sarah en avait fait son ennemi juré et parvint à faire renvoyer Juliette sur une fausse accusation de vol. Juliette se jura qu’elle lui paierait cet affront.

Ses parents furent atterrés devant la honte que leur fille soit considérée comme une voleuse. Juliette eut beau exposer les faits ce n’étaient pas les preuves qui comptaient mais la fameuse réputation. Ils persévérèrent à lui fournir une bonne éducation mais à ses dix-huit ans la chassèrent du domicile parental. Elle accumula alors les petits boulots mais n’oublia jamais son objectif : retrouver Sarah Cornwell et lui faire payer la destruction de sa vie.


**



Juliette ne jeta pas un regard derrière elle. La femme qu’elle haïssait le plus au monde venait de succomber à son cocktail mortel et au fond d’elle-même n’en concevait aucun regret. Bien au contraire. Elle ouvrit la porte de son appartement, celui qu’elle s’était échinée à conserver malgré les aléas de sa vie et qui provenait de l’héritage que ses parents lui avaient tout de même laissé. Elle le regarda indifférente. Bientôt elle partirait pour le Mexique et y ferait enfin sa vie, ou plutôt elle y retournerait pour ne plus jamais revenir aux États-Unis. Son visage hermétique laissa apparaître un léger sourire, et un regard qui s’illumina de l’intérieur avant de retrouver son masque habituel.


**




Dès mon arrivée dans la demeure principale du clan Legan et André je sens que quelque chose ne va pas. Je jette un coup d’œil en direction de Niel qui semble pour le moins aux aguets. Je ne peux m’empêcher de soupirer, le stress m’envahit. Qu’est-ce qui se passe ? Me voir va raviver la haine à mon égard et je me demande si je vais le supporter. Je n’ose pas me tourner vers Niel mais devinant certainement mon angoisse qui monte, me prends doucement la main. Je ferme les yeux tandis que sa chaleur monte en moi.
- Courage me souffle t-il doucement.
- Merci ... je me tourne et lui fait face, mon cœur saute dans sa cage, j’ai envie d’un baiser et sans doute lit-il en moi comme dans un livre ouvert, sa bouche prend la mienne et je me laisse submerger par cette vague de plaisir que je voudrais éternelle.
- Tu me rends fou ... me susurre t-il doucement contre mon oreille qui si elle pouvait frissonner se transformerait en hérisson.
- Moi aussi dis-je tout bas.
Le silence nous enveloppe alors. Je sais qu’il va falloir sortir de notre cocon protecteur que représente la voiture. Je me sens comme un bébé quelque seconde avant sa naissance.
- Tu vas y arriver.
Ma porte s’ouvre et je découvre avec stupeur ... Élisa. Je dois être blanche comme le marbre, je sens mon sang se réfugier dans mes pieds, voir dans la semelle de mes chaussures.
- Bonjour Candy.
Tous mes sens sont en éveil, je tente de déceler un ton de haine, ironique, jaloux, mais je ne perçois rien de tout cela.
Je descends de mon carrosse, lentement, histoire de reprendre le contrôle sur moi-même.
- Bonjour Élisa.
C’est tout, rien d’autre. Le silence invisible devient néanmoins palpable, comme une barrière entre nous deux.
- Bonjour Candy ! Niel !
C’est Tom Steel. Élisa me sourit, amusée.
- Oui c’est Tom, je suis avec lui ... si on peut dire grâce à toi d’ailleurs.
- Ah ?
- Oui ... elle soupire. Je voulais savoir si cette Jessie André existait vraiment ... je sentais que c’était toi.
- C’était moi. Que dire d’autre ? J’ai l’impression que ça ne finira jamais.
- Je sais. Et puis j’ai rencontré Tom. J’étais allée le voir pour avoir la confirmation que c’était toi qui l’avait soigné ... et je ne suis plus jamais repartie de la ferme.
- Tu aimes Tom ? Je m’en veux soudain d’être si directe.
Elle a un petit rire. Je ne lis plus comme par le passé la jalousie, la méchanceté qui étaient en elle, c’est incroyable les miracles de l’amour !
- Oui je l’aime.
Je sens que c’est l’heure de mettre tout à plat. Je soupire, peut-être que je vais avoir la réponse à mes questions ... mais le timing est serré chez les André et Georges nous interpelle.
- Mesdames ... Miss Candy, Élisa, messieurs Tom Steel, Niel ... nous vous attendons au salon.
Ce sera pour plus tard. En montant la volée de marche quelque chose qui pesait sur mes épaules c’est envolé, je me sens nettement plus légère qu’à mon arrivée. Je sens une main prendre mon poignet et je ne peux qu’avoir les yeux écarquillés en constatant que ce contact encourageant provient ... d’Élisa. Je me retourne pour voir où se trouve Niel. Il est juste derrière moi, ses yeux ne me quittent pas, mais sa bouche parle à Tom.


**




Les visages solennels d’Albert et de son homme de confiance ajoutent à l’air lugubre de l’atmosphère. Des sanglots fusent quelque part derrière mon dos à l’annonce du décès de madame Legan. Le médecin jusque là silencieux se racle la gorge, s’apprêtant à nous en dire plus mais l’expression alarmée d’Albert me fait craindre le pire.
- Madame Legan a été empoisonnée. Au cyanure.
- Vous êtes certain de ce que vous dites ? Niel est atterré.
- Certain. Le poison a agit de manière fulgurante. Madame Legan a été retrouvée étendue devant la fenêtre de sa chambre ... sans vie.
- Mais ... c’est impossible !
- Mademoiselle Legan c’est comme je viens de vous le dire. Il semblerait que ce soit une toute nouvelle domestique qui l’ait vu en dernier ... pour un verre d’eau fraiche ... tout du moins c’est ce que nous a dit le shérif ... qui va nous rejoindre d’un moment à l’autre.

Je n’osais pas me tourner vers qui que ce soit. Un décès c’est déjà terrible (même si c’est celui de la grande tante qui ne m’a jamais aimé mais tout de même ...) mais deux ! Mes pensées sont chamboulées, je pense à ma future ex belle-mère ... qui me détestait de toute son âme, et aux probabilités qu’elle est eue de nombreuses ennemies. Je perçois la tension de tout ceux qui sont autour de moi. Bientôt des pas viennent troubler le silence compact qui nous enveloppe. Ce sont ceux du shérif. C’est un grand sec, le visage taillé à la serpe muni de deux petits yeux vifs et rapides. Instinctivement je sais alors qu’il s’installe en face de nous qu’il a fait notre portrait-robot à chacun d’entre nous. Il prend son temps puis nous fait face et peaufine son esquisse. Ceci fait il prend la parole.
- Je suis désolé donc de vous apprendre que le décès de Madame Sarah Legan n’est donc pas du à une décision divine. Il se tait, son regard perçant fait le tour de notre petite assemblée. Ce qui nous interroge donc également sur celui de Madame Elroy. Il y a quelques « Oh » et « Ah ! » qui fusent vers le coin où se tient Élisa.
- Pardon ...
- Oui mademoiselle ?
- Donc vous voulez dire que ma mère et ma grande tante ont été ... vraisemblablement assassinées ?
- Exactement.
- Mais ... mais qui ... ???
- C’est justement la raison pour laquelle je suis ici. Cependant vous êtes mis hors de cause à moins que ... mais vous étiez tous absents lors des faits. Nos soupçons vont vers cette personne, celle qui a servi ce fameux verre d’eau fraiche.
- Ma mère aurait senti le poison, intervient doucement Niel.
- Non. Lorsqu’on ne se sent pas en danger nous mettons en veilleuse nos alarmes, et surtout ... la fraicheur du verre a permis de camoufler en partie le goût ... Je suis également navré mais en ce jour funeste je vais devoir tous vous voir ...
- Nous voir ... pour nous interroger ?
- Oui mademoiselle Legan.
- Nous ne sommes intéressés en rien pour ce meurtre ... vous devriez vous concentrer sur cette personne ... cette domestique ... ça semble évident. Je manque de rire. Élisa vient de retrouver son mordant, celui que j’ai toujours connu. Le Shérif lui, cache bien sa surprise devant cet aplomb.
- Je ne dois rien négliger. Cette personne a pu être ... commanditée pour commettre son crime. Il nous inspecte, je me sens comme disséquée.


**




Le Shériff et son adjoint se sont installés dans le bureau d’Albert. C’est Albert lui-même qui commence les entrevues.
- Monsieur André ... quels étaient vos rapports avec madame Legan et madame Elroy ?
Le Shérif ne le quitte pas des yeux. Il a en face de lui un homme particulièrement indifférent. C’est d’ailleurs une caractéristique majeure dans cette famille a t-il pu constater alors qu’il faisait son discours.
- Hum ... et bien je les côtoyais ... je n’avais pas d’affinités avec madame Legan ... je ne l’aimais pas pour être franc ... mais de là à vouloir sa mort ... ce n’est pas mon cas. Je ne l’aimais pas mais pas au point de vouloir lui ôter la vie.
- Je comprends.
C’est au tour d’Albert d’observer le Shérif. Tout est carré chez cet homme, il sent que l’imprévu n’a aucune place et que tout est parfaitement cadré.
- Vous vous entendiez bien avec madame Elroy ?
Albert plonge son regard sur ses chaussures parfaitement cirées. Est-ce qu’il s’entendait bien avec cette femme austère ? Froide ? Qui récriait sans cesse son comportement ?
- Non.
- Pouvez-vous s’il-vous plait développer ?
Soupir.
- Non. Je n’aime pas être obligé de suivre une étiquette, un comportement qui sied à la bonne société. C’était ce que voulez madame Elroy. Elle était pétrie par soit-disant l’étiquette, celle qui régit notre famille. Je ne la supportais pas.
- Elle vous a tout de même mit à la tête de votre clan.
- Parce que mon père m’a donné cet héritage.
- Et madame Legan ?
Silence. Le Shérif sent qu’Albert choisit parfaitement ses mots.
- Je ne fréquentais que très rarement cette personne.
- A ce point ?
- Je ne supportais pas sa façon hautaine et méprisante de s’adresser aux gens. Le Shérif ressent une certaine tension et agressivité dans le ton.
- Elle était ... agressive envers le petit personnel ?
- On peut le dire.
- Merci. Si j’ai d’autres questions ...
- Je serais disponible. C’est terminé ?
- Oui monsieur Albert William André.
**

Niel regard le Shérif, serein. Il devrait être au trente-sixième dessous à l’annonce du décès de sa mère mais cela lui importe peu voir le réjouirait. Désormais il n’y a plus d’obstacles à son amour avec un grand « A » pour Candy. Une partie de lui-même se demande quand même qui a eu assez de cran pour commettre un tel acte. Quelqu’un qui devait la haïr à un point considérable CQFD.
- Monsieur Legan ... vous êtes donc le fils de Sarah Legan et le petit-fils de la grande tante Elroy.
- Exact.
- Quels étaient vos relations avec ces deux femmes ?
- Normales.
- Ça ne veut rien dire ...
- Je m’étais éloigné de ma mère et de ma grande tante. Le Shérif se tait, il sait que le silence est impitoyable et force les gens à parler. Elles refusaient que j’aime quelqu’un.
- La demoiselle blonde ... celle qui s’appelle Candy ... ou Jessie ... au choix ?
Niel ricane mais cesse bientôt devant l’air glacial du représentant de l’ordre.
- Candy. Elle avait choisi de disparaître justement pour ne plus être harcelée par ma mère et la grande tante Elroy.
- Intéressant.
Le visage de Niel se fait soudain soucieux.
- Poursuivez ... pourquoi dîtes-vous « harcelée » ?
Désormais Niel sent que l’interrogatoire va être long. Il s’installe plus confortablement dans son fauteuil.
- Candy a toujours été rejetée ... par ma mère et par le reste de la famille.
- Et donc vous-même.
- Oui jusqu’à ce que je comprenne que ... j’ai été obligé de penser d’une certaine manière. J’ai compris que mon éducation avait été catastrophique, que ma mère avait fait de moi une sorte de monstre.
- À ce point-là ?
- Oui. Niel serre les mâchoires.
- Monstre dans quel sens ?
- Imbu de moi-même, un tyran pour ceux qui ne sont pas de ma condition.
- Et vous êtes tombé amoureux de ... miss Candy Neige André.
- Oui.
«Évidemment qu’il l’aime ... on dirait qu’il parle d’un ange qu’en j’évoque son nom ... » pense le Shérif.
- Bien. Votre mère pensait quoi par rapport à votre fiancée ?
- Ah ! Nous y voilà ! Et bien pour ma mère ... Candy est une moins-que-rien. Une voleuse, une arriviste, une manipulatrice ...
- Hum ...
- Cette image-là ... elle la doit à nous, à moi et à ma sœur.
- Développez ...
- Et bien ... Candy a été adoptée avant par nous ...
- D’accord, coupe le Shérif. Il contemple un Niel soudain assailli par la honte, celle-là même qui s’abat sur un garnement prit la main dans un pot de confiture.
- Nous ... nous avons fait de la vie de Candy une sorte d’enfer durant cette période.
- Et votre mère ? Elle s’est rendue compte de rien ?
- Pire ...
- Comment ça « pire » ?
- Elle savait mais a toujours prit notre défense. Voyez ... quand je vous disais que son éducation a fait de moi un monstre.
- Nous nous éloignons de l’enquête mais ... il semblerait que vous soyez devenu quelqu’un de bien. Maintenant ... comment étaient vos relations avec votre mère ?
- Je dirais ... nécessaires.
- Vous ne la haïssiez pas ?
Rire.
- Ça aurait avancé à quoi ? Elle m’indifférait si c’est ce que vous voulez savoir.
« Encore ! ».
- Merci monsieur Legan. Vous pouvez disposer.
Une fois Niel sorti, il jeta un coup d’œil à son assistant.
- Je n’ai jamais rencontré des personnes aussi détachées face à la mort de proches !
- Bah ... l’assistant se concentrait tout en tachant de répondre sur son clavier de machine à écrire rutilante, la dame me paraît ... antipathique à souhait ! Non ?
- Tout à fait ... la famille semble s’y être accommodée ... On dirait un bloc uni face à ces deux femmes ...
- Unis « contre » une femme, ajouta l’assistant tout en lâchant son clavier pour poser les guillemets dans l’air. Il retourna ensuite à son compte-rendu tout en affichant un petit air des plus satisfait.
- Cette Candy ... c’est la prochaine sur la liste. Il ouvrit alors la porte et l’appela.

**



- Monsieur, Shérif ... bonjour.
- Bonjour mademoiselle ... Candy Neige André. C’est ça ?
- Tout à fait.
Le shérif fronça les sourcils ce qui m’inquiéta quelque peu.
- Candy ou Jessie ?
- Candy.
- Pourquoi cette double identité ?
- Parce que ... je regarde mes mains, que dire ? Je lâche un soupir. A un moment de ma vie, il fallait que je disparaisse.
Le shérif plisse ses petits yeux secs sur moi. L’image d’une fouine s’impose alors dans mes pensées. Je sens un petit rire naître en moi. Je parviens à le chasser.
- Oui il le fallait. Devant son silence j’enchaîne. Je ... Niel Legan me harcelait. Je sens mes joues devenir cramoisies. Je ne voulais pas de lui ni surtout de sa famille ... . Je crois percevoir alors une étincelle dans les deux miroirs amorphes qui me scrutent.
- Et pourquoi ça ?
- J’ai tout d’abord été adoptée par la famille Legan. Je m’efforce d’ignorer ce petit pincement au creux de mon ventre. Il me fait un petit signe pour poursuivre. Derrière moi j’entends le cliquetis cadencé de la machine à écrire. Ce fut une période difficile pour moi.
- C’est-à-dire ?
- Madame Legan ... je pince les lèvres, mon cerveau cherche une formule diplomatique, je ne veux pas accabler cette femme qui vient de décéder. Madame Legan et ses enfants avaient fait en sorte de moi, comme un souffre-douleur.
- Je comprends.
- Vous comprenez ?
- Oui votre « fiancé » nous a parlé de votre passé plutôt difficile.
- Niel a changé vous savez ?
- En tous les cas il n’est toujours pas tendre avec lui-même.
- Je sais. Oui je le sais et j’ai un petit soupir intérieur.
- Comment étaient vos relations avec votre ex-future-belle-mère ?
- Je ... nous ne parlions que si nécessaire.
Le shérif garde alors le silence. Son visage dur, ses petits yeux malins semblent calculer à toute vitesse qu’elle a été la trajectoire entre cette femme et son assassin.
- Et vos relations avec votre grande tante ?
- Pareilles. Elles ne m’appréciaient pas beaucoup. Pour elles j’étais une roturière, une moins-que-rien que la chance avait favorisé pour entrer dans leur famille illustre alors que je ne le méritais pas.
- Bien ... encore une chose ...
- Oui ?
- Vous les haïssiez ?
- Non pourquoi ? Il tressaille et je me demande si je n’ai pas répondu trop vite.
- Vous auriez pu ...
- Non ... je ... j’avais choisi de disparaître pour être enfin tranquille, avoir un travail, me marier ... peut-être, bref être libre de mener ma propre vie comme je le souhaitais.
- Et vous avez retrouvé Niel Legan.
- Plus exactement c’est lui qui m’a trouvé.
Son regard trahi alors une certain relâchement. Je lui souris.
- Bien. Je vous libère. Tout en m’ouvrant la porte il met sa main sur mon épaule ce qui me déconcerte. Soyez heureuse mademoiselle, vous le méritez.
- Merci !

Je retrouve Niel plutôt décontracté sur un banc dans le jardin. Des yeux je cherche sa sœur dont l’attitude m’a totalement prise au dépourvu.
- Si tu cherches Élisa elle est partie rejoindre Tom ... . Il paraît amusé devant mon air soucieux.
- Je ... tu crois qu’elle est comme avant ?
- Non. Viens là, et cesse de te torturer l’esprit pour ma sœur.
- Je ne me « torture pas l’esprit pour TA sœur » fis-je sur un ton vexé. Je m’inquiète c’est tout ... c’est ... elle ... j’ai été sa tête de Turc pendant des années tout de même !
- Et ça te manque ?
- Non ça ne me manque pas mais ce changement radical ... c’est bizarre voilà c’est tout. Non mais des fois il m’agace à la fin ! Il me fixe et son regard chaud produit chez moi des sensations bizarres. Sans crier gare il m’attire à lui et m’embrasse dans le cou, mon corps et mon cerveau se laisse embarquer sur le paquebot des plaisirs. Soudain je ne sens plus que son souffle et je veux qu’il continue !
- Pourq ...
- Parce que si je continue tu vas te retrouver dans une situation très embarrassante.
Houlà mes joues prennent feu ! Je sens son désir et le mien qui se télescopent.
- Si ça ne t’ennuie pas ... même si j’ai eu une éducation pour le moins désastreuse, ça j’y tiens.
- Tu tiens ... à quoi ?
- Je veux que tu sois à moi, telle que tu es là aujourd’hui ... pour notre nuit de noce.
- Notre nuit de noce ? Il me demande en mariage là ? Mon cœur lui est plus prompt que moi aux déductions et se met au galop.
- Je veux que tu deviennes ma femme. C’est une conséquence logique non ? Je ... peut-être que je ne m’y prends pas comme il faut alors voilà « Mademoiselle Candy Neige André ... (il s’est mis à genoux ! Devant moi !), souhaitez-vous m’épouser ? Je vous promets de vous chérir et de vous aimer tout le long de notre vie conjugale. Je suis devenu un honnête garçon ... je vais bientôt exercer la profession de médecin dans un futur proche ... ma famille vous acceptera à présent sans aucun problème, et mon cœur ardent se languit de votre réponse ... » Il me regarde d’une façon si douce et amusée à la fois que je me demande si mon grill costal va être assez solide pour contenir mon cœur qui menace de sauter hors de ma poitrine. Toute mon attention est tournée vers ce garçon que par le passé j’ai détesté de toute mon âme. J’entends un ricanement reconnaissable entre tous derrière mon dos mais je décide de donner ma réponse malgré tout.
- J’accepte !
- Evidemment qu’elle accepte ! Niel ... je n’arrive pas à croire ce que mes yeux viennent de voir !
Niel s’est relevé, lentement, son visage ne montre aucune expression vis à vis de sa sœur. Je sais qu’en ce moment même, il n’y a que moi qui compte. Je m’enflamme peut-être là non ?
- Et bien Élisa ... tu vois ... tout est possible !
- Tout. Elle balaye son regard sur moi et Niel. Elle a conservé son petit air supérieur si déplaisant mais pourtant je sens un changement subtil qui s’est produit en elle. Heureuse pour vous deux.
- Dis voir ... tu as laissé quelque part Tom ? Il risque de se perdre ...
- Non, je ne m’en fais pas pour lui. Elle fronce ses sourcils délicats. Sa peau n’est plus aussi blanche que par le passé et ses anglaises sont nettement moins apprêtées que par le passé. Je pense une chose en tout cas (son regard se détache de son frère pour se perdre quelque part sur un nuage) c’est que ... ça doit bien t’arranger que la grande tante et notre mère soit disparues. Je me trompe ?
- Non je ...
- C’est à mon frère que je parle. Elle me sourit comme pour s’excuser de son ton encore plutôt frais à mon égard.
- J’aime Candy ... je me serais passé de leur accord à toutes les deux.
Je n’ose pas regarder Élisa. Je sais qu’au fond de moi elle m’impressionne encore. Je me demande bien pourquoi d’ailleurs.
- Pourquoi Candy d’ailleurs. Elle s’assombrit soudain. Pourquoi Tom ? Elle a un petit rire. Je crois que nous deux on l’a fait exprès. Quelque part j’en avais assez que mère me guide dans le choix de mes petits amis. Elle prend un ton nasillard qui m’arrache un sourire. « Ma chérie ce garçon n’est pas d’une bonne famille ... (manière guindée caricaturée à l’excès) ses parents ont été ruinés l’année dernière ! » ou encore « Tu seras la risée de nos amis très chère avec ce garçon à ton bras ! Dieu qu’il est laid et on m’a rapporté que les affaires de son père ne sont pas florissantes et que dire au fait qu’il a en plus de ça la tare de la manie du jeu ! ». Je crois que c’est pour ça que je me suis retrouvée dans la ferme des Steel et que depuis je ne l’ai pas quittée !
- Mais le confort, le luxe, les robes ... j’avoue que ... je ne te voyais pas t’en passer si facilement !
- Tout arrive. Elle me regarde avec un drôle de sourire. Je crois que Candy et toi vous étiez fait l’un pour l’autre. Je ne promets pas de t’apprécier comme une vraie amie mais ... je vais faire de mon mieux.
- Je le sais intervient Niel tout en m’enlaçant tendrement. Sinon de toute façon tu auras affaire à moi. Le ton est sans équivoque.
- Bonne chance. Elle se lève et nous quitte sans crier gare, aussi soudainement qu’elle est venue nous parler.


**




La soirée a été des plus agréables. Archibald et Annie nous ont rejoint mais le shérif n’a pas eu l’air de trouver nécessaire de les interroger. En fait ils reviennent d’Ecosse et Annie a encore des étoiles plein les yeux. À l’annonce de notre union à venir elle frôle l’hystérie. Archibald lui aussi est aux anges. Élisa et Tom ont quitté Chicago pour retrouver leur vie paisible, après bien sûr que le shérif et les autorités aient donné leur accord. Albert et Georges nous rejoignent, ainsi que le père de Niel.
- Bien ... un nouveau tournant s’amorce, un changement d’époque !
- Oui Albert, c’est ça ... un changement d’époque. Je souris et mes yeux rencontrent ceux de Niel. Il me prend la main et un courant chaud m’envahit.
- Archibald et Annie, Niel et Candy, Élisa et Tom certainement à venir ... notre famille évolue ! Et c’est tellement mieux comme ça !
- Oui ... à présent terminé cette étiquette obsolète et inutile ! C’était Archibald et sa remarque fut accueillie par des rires et des « Hourra ! ». Albert lui conserve son petit air sérieux.
- Pas tout à fait susurre t-il. Non ... il va falloir garder le cap c’est ce que je pense. L’étiquette doit rester mais être modifiée, remise au goût du jour.
- Mais ... mais pourquoi ? Firent Niel et son cousin en chœur.
Le visage d’Albert se renferme soudain, comme si quelque chose de grave pointait son nez.
- L’étiquette c’est la cohésion, elle existe pour que les membres d’un groupe se respectent. Il soupire. Du temps de la grande tante je vous avoue que je ne voyais que l’hypocrisie, la malhonnêteté, l’injustice ... mais je veux qu’elle soit maintenue mais que chacun ici présent ait la possibilité de s’exprimer. C’est compris ?
- Un peu comme la politesse. C’est ça ?
- Oui Annie, exactement ça.
Quelques secondes s’écoulèrent et puis Albert repris sur un ton enjoué « Et si nous parlions de votre mariage ? ». Mariage ... ce mot qui revêtait tant d’espoir depuis toute petite et qui devenait réalité ! Mais pour mon prince il y avait eu en tout et pour tout trois prétendants mais c’est celui dans lequel je mettais toutes mes rancœurs passées qui avait remporté mon cœur. Niel Legan ! J’allais devenir une Legan ! Je ne parvenais pas encore parfaitement à y croire.



FIN

view post Posted: 16/5/2018, 08:45 Commentaires pour "La mort me va si bien" - Les commentaires pour les fanfictions sur Candy
Écrire est ma passion :) j'adore ce couple et je pense que mon imagination n'a pas fini de travailler. Je m'excuse en revanche de publier lentement mais j'ai mon travail alimentaire qui me prend beaucoup de temps :/ Votre commentaire m'encourage à persévérer et à m'améliorer et peut-être un jour écrire mon propre livre. À bientôt pour la suite.
view post Posted: 13/5/2018, 08:41 La mort me va si bien - NielFic - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 9




« - Je viens te chercher pour 20 heures. » Il m’a sourit avec un drôle d’air. J’ai tenté de lire ses yeux mais ils sont restés indéchiffrables. J’ai senti le froid en moi. Comme jamais. Terry ... ce nom ne raisonne plus dans mes pensées comme par le passé. Je sens quelque part un soulagement, mais je ne peux m’empêcher d’espérer qu’il en sera de même pour mon ancien amour.


**



Terry était sur les dents. Il se sentait comme un carrefour dans lequel les voitures jouent au Stock-Car, s’entrechoquent, s’écharpent, et duquel aucune ne sort indemne. Il savait au fond de lui que les sentiments qu’il avait eu envers Candy n’étaient plus mais restait un attachement. Il avait tourné la page de ses premières amours et surtout vis à vis de Susanne. Il continuait – tous les mois – à lui verser une sorte de rente mais était sorti de sa vie et par la même occasion de celle de sa « belle-mère ». Il était reparti de zéro et commençait une carrière dans le cinéma muet dans lequel son imprésario lui promettait un bel avenir. Mais Niel Legan l’avait retrouvé et le mettait au défi. Il l’avait revu et lui avait exposé le but de ce dîner. Bien sûr il avait tout d’abord refusé et puis Niel (qui savait se montrer persuasif quand il le fallait) avait sorti sa panoplie d’arguments et il avait fini par accepter. A présent il regrettait sa décision. Il jeta un énième coup d’œil vers la pendule implacable et qui faisait filer le temps. Plus qu’une demi-heure.

**



Niel lui était prêt. Il était sûr de lui et sûr aussi de Candy. C’était plus par défi que par méchanceté qu’il lui imposait cette énième épreuve. Il se surprit à sourire devant le miroir. Une partie de lui aimait voir Candy en colère, quelque chose se produisait en lui – une sorte d’alchimie – qui l’attirait inexorablement vers elle quand elle était furieuse. Son sourire s’évanouit alors qu’une pensée sournoise s’immisçait. Candy pouvait retomber amoureuse. « Cela ne se pourra pas » répondit-il à voix haute, pour se rassurer.
« - En es-tu si sûr ? Si elle retombe dans ses bras se sera entièrement de ta faute.
- Elle m’aime.
- Tu la retentes, tu joues le rôle de Dieu en invitant Satan sur tes terres. Tu aimes le risque Niel Legan mais as-tu tout prit en compte ?
- J’ai confiance en elle.
- Tu es un idiot Niel Legan, tu viens de jouer peut-être ton ultime partie avec elle, si elle revoit Terry et que ses anciens sentiments renaissent ... tu auras tout perdu. ». Il ferma les yeux et les imagina dans les bras de l’autre. Il sentit un frisson lui parcourir l’échine et ses lèvres se tordirent dans un rictus de souffrance.
Lorsqu’il rouvrit les yeux pour voir son reflet, ce dernier se montrait beaucoup moins certain de sa réussite. Il se détourna très vite et sentit le fluide la peur (qu’il avait lui même élaboré), brûler ses propres veines. Il jeta un coup d’œil vers la pendule, encore une poignée de minutes avant l’heure de vérité.


**




Le lieu de rendez-vous était très select. Niel souhaitait avant tout de la discrétion et ça tombait bien, Terry aussi. Il y avait un portail et ensuite un chemin impeccable, goudronnée pour le confort des passagers se rendant en ce haut lieu de la gastronomie, en voiture. Une volée de marche avec en son sommet un groom pour accueillir les clients et un voiturier qui se tenait prêt également pour libérer l’entrée. Candy sortit du véhicule le cœur battant mais ce n’était pas pour la majesté de l’endroit. Ses sens étaient tous en alerte, tous tournés vers un seul être : Terrence Grandchester. Niel quant à lui, paraissait très sûr de lui, et avait retrouvé cet air du passé, cet air supérieur qui la mettait toujours hors d’elle. Ses pensées tournaient dans son cerveau comme un papillon dans un filet et ne cessaient de marteler qu’il se jouait d’elle, encore une fois. Venaient alors les pensées suivantes, bien ordonnées, comme les stars recevant leurs récompenses devant tout un parterre de célébrités :
« - Nous avons la moquerie tout d’abord pour son rôle dans « Niel m’a joué la comédie »,
Puis ensuite dans la catégorie « regrets »
- « J’aurais du me méfier »
Et enfin dans le film « la peur »,
- Terry le complice ? »
Je sens sa main prendre la mienne, autoritaire. Son regard daigna se tourner vers l’extérieur et laisser momentanément son introspection.
- Je ne te veux pas de mal.
Voix calme, sereine, tout du moins en apparence.
- J’en doute, tu n’as pas confiance en moi ! Tu as de la chance que ... je me mords la lèvre lorsqu’un serveur des plus guindés se présenta à nous et nous conduits dans un endroit isolé. Terry est là, une cigarette à la main, l’air d’un dandy. Je sens intuitivement que ce n’était plus celui que j’ai connu.
- Bonsoir Terrence fit Niel en lui tendant la main. La poignée est fugace. Il me regarde à peine lorsque je lui tends la mienne.
Les yeux sombres nous dévisagent. Je me sens comme disséquée même s’ils ne s’arrêtent pas sur moi. Manifestement c’est Niel qui l’interroge.
Je daigne enfin me détendre tandis que je m’assois. Il est toujours aussi charismatique, mais je perçois des fêlures. Elles l’ont marqué lentement telle la mer se fracassant sur les rochers, les érodant lentement, son visage. J’esquisse un sourire alors qu’il termine sa cigarette. Je devine que cette manie n’est pas au goût de Niel. A mes côtés, il se crispe subrepticement devant ce comportement calculé de séduction masculine.
- Bonsoir vous deux, dit-il enfin. Un nuage sortit de son nez et pendant une fraction de seconde devient un dragon à visage humain. Si un jour on m’avait dit que nous nous retrouverions seuls dans cet endroit, invité par Sieur Legan himself, je ne l’aurais jamais cru. L’ironie mêlée à la méfiance et ... à la jalousie ? Flirte à la surface de sa voix.
- J’avoue que tu m’as toujours impressionné, commence Niel. « Passation de pouvoir » je songe. En deux secondes je m’imagine deux cerfs bramant et s’encornant et moi au milieu. Je fais la moue et me détourne de la scène, pour photographier l’endroit dans lequel je me trouve. Magnifique. Tout est luxe, élégance, autour de nous des tables partiellement occupées par des hommes d’affaires bien portant.
J’entends un petit rire sec. Je souffle discrètement et reviens à la conversation.
- Je ne vois franchement pas pourquoi.
- Tu es ... tu as toujours été libre. Terry me jette un coup d’œil tandis que Niel cherche ses mots. Tu as réussi à te faire aimer (... « de moi » était clairement audible malgré le sous-entendu). Je sens mes muscles se contracter, toute mon attention désormais fixée sur l’expression de ce visage qui avait fait en son temps la « Une » de tous les magazines féminins.
- Ce n’était pas bien dur. Les yeux de Terry jaugeaient à présent son adversaire. Je veux dire par là que Candy avait besoin d’un garçon qui puisse l’aider dans ce monde d’hypocrites ... Il sort une nouvelle cigarette, l’allume tout en fixant Niel. Il tire dessus sa première bouffée, indifféremment à l’air réprobateur de Niel. Le Collège Royal reflète parfaitement notre monde ... au tien et au mien, un monde de Piranhas, un monde dans lequel seul l’argent compte. Je suis juste arrivé au bon moment. Il dévoile une rangée de dents parfaites, un sourire parfaitement confiant et sûr de son charme. Par provocation me fait-il un clin d’œil ? Ou est-il gêné par la fumée de sa cigarette ?
- J’étais jaloux de toi. La voix de Niel tremble un peu, humble. Je t’enviais parce que tu n’avais personne à qui rendre des comptes.
Le visage de Terry a changé, fermé comme un bénitier.
- Tu t’imaginais que ma situation était plus enviable que la tienne ?
- Tout à fait.
- Allons Legan ... tu ne veux pas pointer du doigt ce qui te gène.
- Et qu’est-ce qui me gène ?
Il tire sur sa cigarette prenant visiblement son temps pour lui répondre.
- Tu étais fier, imbu de toi-même, un fayot de la pire espèce. Et lâche en plus. Je ferme les yeux devant les assauts de Terry. J’ai mal pour Niel même si je sais au fond de moi que tous ces reproches sont fondés et qu’il le sait.
- Tu ne m’apprends rien, soupire Niel. Sa main vient se poser sur mes genoux, comme pour me rassurer que tout va bien se passer. Après tout pourquoi nier l’évidence ? C’était une époque peu glorieuse c’était même pire que ça ... il savait qu’au détour des couloirs on parlait de lui comme un « cafard », un « collabo », un « fils-à-papa », un « moins-que-rien » mais les langues s’immobilisaient dès qu’il apparaissait avec sa « bande ». Sauf quand Terry ou ses cousins étaient là, là deux forces s’affrontaient mais usaient de sagesse en n’ouvrant pas les hostilités ouvertement. Je sais ce que j’étais Terry ... pas la peine de me le rappeler.
Terry achève sa cigarette, l’éteint tout en plissant les yeux. Un serveur vient nous amener les menus et la trêve s’annonce enfin, à mon grand soulagement. Nous nous plongeons dans les feuillets quand la voix de Terry coupe le silence.
- Par contre ... c’est grâce à Candy que tu as ouvert les yeux ?
- On peut dire ça comme ça, réponds Niel du tac-au-tac.


Le dîner fut fantastique. La tension que je ressentais tout au début avait fini par s’évaporer. Je n’avais plus de sentiment pour ce garçon et je crois que c’était réciproque. J’avais juste le goût de nostalgie à la sensation qu’une page se tourne. Nous étions devenus comme deux connaissances que les chemins avaient rapprochés un court moment pour s’écarter, comme un choc qui fait rebondir une balle sur un mur. Nos souvenirs d’enfance laissèrent la place à une discussion sur les projets d’avenir, les liaisons, les ruptures, les problèmes de famille. Ainsi j’appris que Terry avait quitté Susanne et sa mère du jour au lendemain. Il avait payé un avocat pour définir sa responsabilité dans la cause du handicap de Susanne. La mère de la jeune fille avait été furieuse et avait frôlé la folie et l’internement en psychiatrie. Je me souviens que ça avait fait un temps la « une » du New York Times.
- Bien sûr, j’ai été innocenté. Je suis devenu libre mais ma carrière a été mise en pause.
- Hum ... évidemment. Niel hocha la tête. Pas faciles ces problèmes de famille. Son visage s’était assombri, regardant de l’intérieur ses propres ennuis.
- Fini de parler de moi hein, et toi ? Ta « chère » sœur ? Son visage se ferme alors que son regard cherche à percer ma carapace. Il savait à quel point Élisa me haïssait.
- Ma sœur a voulu, ainsi que ma mère ... nous mettre des bâtons dans les roues mais c’est en bonne voie. Il afficha un sourire mutin ce qui déclencha un regard interrogateur de Terry qui navigua sur nous.
- Élisa est devenue beaucoup moins tenace alors ? Vous m’avez l’air de deux conspirateurs ajouta t-il amusé.
- Non, Niel sourit puis eut un petit rire. Non elle est tombée amoureuse. Le visage de Terry se détendit.
- J’avoue que je suis content de ce que tu viens de m’apprendre ... la voir à chaque sortie de mes spectacles, m’attendre comme une groupie à la porte de ma loge, commençait à me peser.
- Elle ne t’aimait que dans l’espoir que tu te détournes de Candy. Il haussa les épaules. Elle voulait – encore une fois – lui nuire.
- Je sais.

Terry se sentit plus léger. Depuis sa rupture sur le toit de l’hôpital à New York, il n’avait pas passé une seule journée sans penser à elle. Puis il avait lu qu’elle était morte ce qui lui avait valu des nuits oniriques, teintées d’alcool, tentant de noyer sa culpabilité. Cet état avait amené à prendre des décisions irrévocables. Quelque part il s’était fait la promesse de s’en sortir pour lui déjà, puis pour Candy. Ensuite il l’avait revue au bras de Niel Legan. Deuxième choc. Ce ne fut pas tant de la savoir en vie que de constater l’amour sans faille et volontaire de Niel. Niel n’avait été à ses yeux, qu’un pantin aux mains de sa sœur, un être maléfique, lâche et peureux, bref un moins que rien. Il avait changé, avait prit en stature et en maturité et Terry l’avait envié un court instant. Lui n’avait à contempler que sa carrière détruite, une mère absente et un père qui l’était tout autant. La Vérité l’avait alors cloué au pilori ... la vie stable de couple n’était pas pour lui. Candy avait été son astre, Susanne sa chaîne, il avait compris qu’il ne voulait être l’esclave d’aucune.

Enfin la fin du dîner mit fin à leur rencontre. Niel et Terry s’échangèrent leurs adresses respectives et prirent congé. Niel souriait, heureux comme jamais alors qu’il s’installait derrière le volant.


**




Élisa lisait et relisait la lettre de sa mère, la prévenant que c’était bel et bien Candy qui accompagnait Niel au Ranch. Bizarrement cela lui fit ni chaud ni froid. Ce qui la surprit. Elle aimait Tom et à présent sa vision du monde avait changé. Ce qui avant avait de l’importance était devenu banal, sans intérêt, elle appréciait les petits plaisirs simples alors que par le passé elle n’y aurait même pas prit garde. Elle soupira et rangea la lettre, s’étira, et se plongea sur la vision de l’étendue du domaine de la ferme Steel. Elle était bien là, c’était le paradis, personne pour la juger, lui dire comment se comporter, libre. Elle repensa à Niel et à son choix d’aimer une fille hors de sa condition. Lui aussi quelque part avait trouvé la clé de sa cage. A nouveau elle soupira à l’idée d’aller à Chicago rendre visite à sa famille et en particulier à sa mère qui avait des problèmes de santé. Comment allaient-ils prendre la nouvelle qui consistait à avouer son amour pour Tom ? Un petit rire franchit ses lèvres. Ca n’allait pas leur plaire, Niel et elle avaient décidés de voler de leurs propres ailes et de faire fi de leur réputation d’enfants dits de « bonne famille ».

**



La grande tante se sentait depuis quelques mois, fatiguée. Qu’est-ce qui avait dysfonctionné à ce point-là ? Ses lèvres se tordirent sous la colère sourde qui ne la quittait plus depuis que cette fillette blonde avait envahi l’espace de sa présence maudite. Candy Neige. Elle l’avait tout de suite détestée. La raison ? Anthony s’était pris d’amitié pour cette moins que rien tout d’abord or ... Anthony était son petit-fils préféré, sa perle, son joyau, et elle avait eu de grands projets pour lui. Elle l’avait tué. Il lui fallait un coupable et en l’occurrence elle était parfaite pour endosser tous les malheurs de sa famille. Elle avait ensuite perdu le contrôle. Pourtant jamais elle n’avait douté de sa bonne étoile jusqu’à ce que cette fille soit envoyée au fin fond du Mexique par les Legan. Débarrassée et soulagée, elle aurait presque esquissé quelques pas de danse si l’étiquette ne réprouvait pas toute espèce de folie. Albert ensuite avait contrecarré absolument tous ses plans. Lorsqu’il avait disparu bien sûr cela l’avait contrarié mais elle avait repris la main sur le clan. Candy avait été mise hors d’état de nuire en quelque sorte même si Georges avait veillé à ce que ses droits soient maintenus, menaçant s’il le fallait de prévenir la presse de tout manquement à son égard.
Candy était son problème, son épine, son écharde profondément enfoncée quelque part et qui distillait son poison dans son corps et dans ses pensées. Pas une journée sans que son visage angélique vienne ternir son quotidien.
Un domestique entra avec son plateau repas. Léger. Elle avait à présent de fulgurantes douleurs à l’estomac qui lui interdisaient tout excès. L’appétit comme les deux enfants Legan, la désertait aussi, elle fit la moue et s’obligea néanmoins à toucher au plateau. Sarah Legan entra alors. La grande tante ne put que constater qu’elle n’était pas mieux lotie qu’elle. Sarah avait les traits tirés, signes extérieurs d’une intense contrariété intérieure.
- Qu’y a t-il encore ? La grande tante venait de parler d’une voix sous laquelle perçait comme un sentiment de fatalité. Encore une mauvaise nouvelle ?
- Élisa vient de m’envoyer un télégramme.
- Et ?
- Et elle s’est entichée de ce propriétaire terrien, de ce Steel ... de ce Tom ... qui a un domaine non loin du Ranch. Grand certes mais c’est un ... paysan finit-elle par cracher ressemblant ainsi à un cobra, ou a une démone, selon.
- En quelque sorte, votre mari en second.
La grande tante esquissa un sourire amusé. Les ennuis continuaient comme une roue infernale imperturbable qui continue son travail de sape.
- J’imagine que c’est pour cette raison que votre visage est si ... las. Elle fera comme vous ... elle désertera cet endroit ennuyeux et viendra s’établir en ville. Sarah la regardait, consternée. Pour une fois la grande tante paraissait indifférente, glaciale.
- Je ne cesse de me demander ce qui a pu mal tourner. Elle se dirigea vers la fenêtre. J’ai fais tout ce que je pensais être correct, je leur ai donné à tous les deux une éducation remarquable, dans les meilleures écoles ... et ... tout ça pour que Niel et Élisa tombent dans les bras de personnes inférieurs à leur condition sociale ! Je ne comprends pas comment cela a pu se produire. Elle serrait les points et dans le contre-jour on aurait dit une statue grecque, rigide, froide, que même le soleil refusait de réchauffer. Je leur ai absolument tout cédé ! J’ai pris leur défense même si au fond je savais que cette fille était innocente ... (la grande tante laissa en l’air son couteau qui s’apprêtait à couper sa cuisse de poulet), oui je le savais mais je voulais qu’ils m’aiment, qu’ils comprennent qu’ils avaient le pouvoir même sur cette ... cette ... effrontée !
- On peut dire qu’elle aura bouleversé en profondeur notre famille. Peut-être que vous et moi sommes ... finies, acheva la grande tante d’une voix sifflante et presque audible.
- Je ne me rendrais pas sans combattre ! Si cette peste croit qu’on peut enterrer comme ça une Legan ... s’enticher de mon fils sans que j’ai mon mot à dire ... elle se trompe !
Un petit rire sec s’échappa de la gorge de la grande tante.
- Vous n’y pouvez rien ma chère. Elle a gagné. Je ne sais pas comment mais elle a gagné.
- Elle les a charmé, c’est une sorcière, une ...
La grande tante baissa la tête sur la carcasse du poulet. Candy ... qu’est-ce qui avait cloché ? Déjà jamais elle n’avait baissé les bras devant les injustices, elle s’était adaptée sans rechigner. Son cœur se serra. Oui elle n’avait jamais plié devant leurs maléfices. Elle pinça les lèvres prenant soudain conscience que celui qui leur avait prit ses deux petits-fils leur avait donné une leçon. Il leur avait fait payé le mal qu’elles lui avaient fait. Sa main trembla, un frisson la submergea, comme si elle se retrouvait enterrée vivante dans la glace. Le couteau tomba dans le plateau, sa peau prit la teinte jaunâtre et sa tête toute molle et sans volonté vint s’écraser à son tour, tenant compagnie à ce qui restait de la bête qu’elle venait de manger. Elle n’entendit pas le cri qui suivi.

**



Albert, Georges et le médecin ne purent que constater que toute vie venait de quitter la vieille femme. Sarah Legan se situait plus loin d’eux, presque dans un état second. Le médecin la voyant n’avait pas hésité à lui injecter un sédatif. De drôles de sentiments se disputaient chez Albert. Il ne l’avait jamais aimé c’était une certitude. Elle ne l’avait jamais compris. Son amour pour les animaux, son intérêt pour les sciences naturelles, son caractère prompt à l’isolement voire au rejet pur et simple des gens qu’elle appelait « amis » n’avait rien arrangé. Il se souvint du plus loin que sa mémoire put remonter, qu’elle l’avait toujours sous-estimé, le prenant pour à demi-mot ou mot complet pour une sorte d’handicapé social, un idiot, bref il lui avait toujours fait honte mais il était l’héritier et pour ça elle avait tout fait pour taire ses sentiments à son égard mais quoi qu’elle eut pu faire, ils avaient toujours pu se montrer à lui. Sa mort en fait le mettait face à la sienne, lorsqu’une mine avait explosée tout près de lui. Il soupira et veilla à ce que personne ne puisse déceler son indifférence. Il jeta un coup-d’œil à son homme de confiance : Georges. Celui-ci constata qu’il s’était apposé une poker face.
Georges avait toujours choisi de passer inaperçu. Il avait choisi d’être un passe-partout, pour sa propre tranquillité. Combien de fois l’avait-il détestée pour son attitude envers son personnel. C’était une certitude, il ne la regretterait pas. Il n’avait jamais aimé cette femme. Hautaine, méprisante, se croyant au-dessus du commun des mortels, elle ne lui avait inspiré que du mépris. Il savait qu’Albert, son ami de toujours pensait de même. Son regard quitta alors l’enveloppe charnelle sans vie pour se poser dans un battement de cils sur Sarah Legan. Autant il n’avait jamais apprécié la vieille tante, autant il détestait cordialement cette femme. Elle était – à ses yeux – un monstre qui n’aurait jamais du sortir des enfers.

**



- Niel je te sens bizarre ... fis-je d’une petite voix. Niel s’était montré taciturne toute la journée, m’indiquant peut-être par un sixième sens bien enfoui, que quelque chose ne tournait pas rond.
- Rien.
Je soupire plus fort cette fois. Je décide de revenir à la charge.
- Je ne suis pas retombée dans les bras de Terry ... je sens l’aiguillon de la colère me titiller. Alors ?
Son visage parfait se retourne vers moi et mon cœur manque un battement. Qu’il est beau ! « Et il est à moi » me souffle ma petite voix.
- J’ai reçu un télégramme. Il grimace. Un télégramme qui m’annonce que la grande tante est morte.
J’accuse le coup de cette nouvelle. Ce n’est un secret pour personne mais je n’ai jamais apprécié cette femme que je voyais comme hautaine, méprisante, en bref détestable et surtout avec moi. Il y avait des raisons à cela : la famille Legan qui m’avait adopté à mes dix ans avait mit beaucoup de soins à me faire détester des André. Pourtant par la suite elle avait eu de nombreuses preuves de mon innocence mais elle avait continué à m’accuser de tous ses maux. Je devrais ressentir néanmoins de la tristesse ... mais rien de ce genre ne se produisit.
- Désolée. Ma voix est comme indifférente ce qui me vaut un drôle de regard de Niel.
- Candy tu mens très mal, tu ne peux pas être désolée et je te comprends. Ce qui me tracasse ... il suspend sa phrase pour suivre le vol d’un pigeon qui vient de chiper un morceau de pain. Central Park est envahi en ce week end, le beau temps s’étant mit au diapason en ce mois de septembre. Ils avaient travaillé le matin et prenait un repos bien mérité. Désormais Niel attaquait confiant sa deuxième année d’Université qui le conduirait à un choix de carrière sur son avenir professionnel. Dans le service ce n’était plus un secret que lui et moi nous nous aimions, ce qui me valait quelques regards de jalousie et des coups de poignards dans mon dos. Je m’en fichais. Oui ... je disais que ce qui me tracassait c’était que je vais devoir me rendre à son enterrement. Il me fixa, attentif. Voudras-tu venir avec moi ?
- Euh ...
- Je te laisse réfléchir mais c’est mercredi de la semaine prochaine.
- Niel ... je suis morte. Je le vois baisser la tête. Il faut que j’y aille déguisée.
- Ou avouer que ce n’était qu’un stratagème.
- Ta mère ? Ta sœur ?
Il eut un petit rire.
- Ma sœur je crois a choisi la voie de la désobéissance familiale tout comme moi.
- Qu ... quoi ?
- Oui elle est amoureuse du garçon a qui tu as retiré une balle dans son bras.
- Tom ?
- Voilà ce ... Tom. Je le trouvais antipathique mais il a considérablement grimpé les échelons de mon estime je dois dire. Tomber amoureux de ma sœur ... incroyable.
- Nous avons tous des qualités ... je le regarde, gourmande sans doute, car il m’attrape les lèvres. Je me transforme aussitôt en pâte à modeler, j’adore ses mains, sa bouche, bref je me sens couler en lui et lui en moi. Je nage dans le bonheur. Il est sincère à présent, je ne le sens plus comme par le passé, un être malfaisant, je sais que lui aussi est heureux. Et que ça n’a pas de prix.
- Viens. Sa voix est rauque, je sens désormais le désir monter en nous ce qui n’est pas raisonnable dans cet endroit public. Viens avec moi à l’enterrement de la Grande Tante.
- Je ne sais pas ... tout ça pour ... pour revenir à zéro ?
- Et alors ? De toute façon je compte bien t’épouser, je compte bien faire de toi la future Madame Legan et rien au monde ne me fera renoncer. Tu le sais. Tu sais combien je t’aime.
- Oh oui !
Il me sourit. C’est incroyable cet amour que j’ai pour cet homme. Je repense à cette voyante et c’est incongru. Elle m’avait dit alors que j’allais retrouver Anthony, dans mon enfer chez cette famille Legan, elle m’avait dit que je perdrais un homme mais que j’en trouverais un, et très riche ... elle avait eu raison.
- Oui Niel, je viens avec toi.
Il fronce les sourcils et hoche sentencieusement la tête. Il a cette barre qui scinde son front en deux. La marque d’une préoccupation que j’ai appris à très bien reconnaître.
- Ma sœur et ce Tom seront sans doute là. Promets-moi de ne pas t’inquiéter.
- Je ne m’inquiète pas !
- Je ferais en sorte qu’il ne t’arrive rien. Je sens le sous-entendu qui est « Je te mettrais en sécurité, sous protection rapprochée ! ». S’il me demande de ne pas être inquiète je sais qu’en revanche pour lui ce n’est pas gagné.
- Il ne m’arrivera rien. Il me regarde en proie au doute.
- Avec ma sœur, je ne jure de rien.

**



Albert relu pour la énième fois le télégramme provenant de New York.

« Lundi 22 septembre 1919 – New York – LEGAN NIEL
Revenons Chicago Mercredi 24 septembre 9 heures. Candy avec moi.
- Signature : Niel Legan »

Il se leva et alla vers la fenêtre du clan André. Désormais il était seul maître à bord. Finis les conseils de bienséance, d’étiquette, de sa tante. C’était à cause d’elle que par pure rébellion il avait trouvé refuge dans la nature, qui le comprenait « elle ». Il parcourut à nouveau le court message de Niel et sourit. Ces deux-là avaient fini par se comprendre et à s’aimer d’un amour profond. Une chose de faite. Il songea un court instant à Élisa qui elle aussi avait envoyé une lettre. Elle était désolée de la mort de sa grande tante et viendrait également pour mercredi à l’enterrement. Elle serait accompagnée de Tom Steel. Georges avait eu un petit sourire. Il avait bien connu le père adoptif de Tom. Un grand gaillard costaud, aux manières rustres mais qui avait le cœur aussi énorme que ses mains. Son fils avait suivi les jalons paternels et se sortaient admirablement bien dans les affaires.
- Ça ne vous surprend pas qu’Élisa ... soit amoureuse de ce genre de garçon ?
Georges avait ri.
- Les Steel font dans la culture du fourrage et les bêtes. J’ai déjà vu Monsieur Steel sénior faire des miracles avec des taureaux récalcitrants.
Albert avait hoché la tête, attendant la suite.
- Élisa Legan est une forte tête assurément. Elle croit à son impunité grâce à sa mère. La voix suintait le mépris pour ce genre d’éducation. Tom en a déjà vu d’autre, il la matera.
- « Matera ? » Albert avait froncé les sourcils. Ce n’était pas le Georges auquel il était habitué.
- Oui. Miss Legan a besoin d’un cadre, de quelqu’un qui la maintient dans des limites. C’est l’homme parfait.
- Si vous le dîtes avait conclu Albert, circonspect.


**



Sarah Legan n’était plus celle qu’elle avait été. La guerre qu’elle avait elle-même inspirée une douzaine d’années plus tôt venait de s’achever par une défaite. Elle venait de perdre son alliée la plus loyale. Elle goûtait l’échec que venait de lui infliger cette gamine qu’elle avait depuis la première seconde haïe de toute son âme. Candy. Du haut de ses dix ans elle avait osé se rebeller contre son autorité, son éducation envers ses enfants, sous-entendant qu’elle en avait fait des monstres. Un goût de bile remonta et de rage envoya valser au loin le verre d’eau fraîche qu’elle avait exigé deux minutes plus tôt. Elle appela aussitôt une domestique. Après tout ces sous-êtres étaient à son service, et s’était son plaisir d’agir en tyran. Elle l’ignorait mais la folie la guettait, prête à l’engloutir. Dans son dos ceux qui la côtoyait la percevaient, intuitivement, derrière son regard fuyant et malade.
La domestique toqua et fut accueillie par une femme hors d’elle. Elle exigea un autre verre celui-ci n’étant pas assez frais à son goût. La servante obtempéra sans dire un mot. Elle savait que cela n’aurait fait qu’empirer les choses. Une fois sortie, madame Legan se mit à pleurer. De rage. Elle aurait aimé voir une trace de colère, d’agacement mais rien. Cette fille à son service tout récemment (le turn-over du petit personnel chez les André/Legan était connu de toute la ville et le recrutement y était ardu désormais), était l’indifférence personnifiée, rien ne paraissait la contrarier. Elle s’obligea à l’oublier pour revenir à son sujet préféré, son sujet de haine, celui qui allait la faire sombrer dans la folie sans qu’elle puisse y faire quoi que ce soit. Candy. Cette garce avait réussi à lui prendre son fils, mais aussi son mari ! Qui – elle le savait pour avoir mit quelques oreilles indiscrètes grâcement payées pour jouer les espionnes – ne jurait que par elle pour le bonheur de Niel. Quant elle l’avait su bien sûr elle avait été furieuse. Il l’avait regardé d’un air qui sous entendait à quel point il la plaignait d’être si haineuse. Il lui avait semblé également qu’il la détestait, cordialement, et qu’il était bien content d’être débarrassé d’elle une grande partie de l’année. Lui non plus n’avait pas compris le jeu de cette impudente qui séduisait, attirait dans ses filets des gens riches, au-dessus de sa condition, et ainsi détruisait les épouses et les enfants de bonne famille. Cette fille n’était qu’un poison, un curare, un démon malfaisant. On toqua à la porte. C’était cette fille au calme hors du commun avec dans les mains un plateau sur lequel trônait un verre d’eau glacé. Elle reçu un « ENTREZ ! » péremptoire. Elle se dépêcha de déposer le verre devant madame Legan.
- Et bien ? Sortez ! Fit sèchement la maîtresse de maison. Qu’est-ce que vous attendez ?
La jeune femme se fendit d’un regard à la noirceur insondable et pour la première fois de sa vie, Madame Legan sentit la peur s’immiscer en elle. D’une lenteur exaspérante la domestique quitta la pièce non sans avoir affiché un petit sourire. Le regard de cette fille, implacable, sous contrôle total, la perturba une seconde puis elle éclata de rire devant sa paranoïa. Le froid a nouveau la saisit à l’improviste, comme s’il provenait de ses os. Elle se leva et passa le châle posé nonchalamment sur un dossier de fauteuil. Le bruit du vent la fit se diriger vers la grande fenêtre. Il vint frapper les branches encore habillées de leur feuillage et elles grincèrent sous son assaut. Le jardin perdait jour après jour sa magnificence pour ressembler à la nature alentour et se préparer à affronter les rigueurs de l’hiver. Un corbeau indifférent vint se poser sur la branche et regarda cette humaine au port de tête royal, de ses yeux noirs, il pencha sa tête comme s’il était à l’écoute de quelque chose. Il ouvrit alors son bec et le referma d’un coup sec qui raisonna tout au fond du crâne de madame Legan. Sa gorge s’assécha alors d’un coup. Elle avala d’un trait le verre que la servante avait apporté, lui trouva un goût mais la fraicheur était si voluptueuse que son cerveau ignora cette bizarrerie. A nouveau elle fixa l’oiseau. Sa vue se troubla, puis ses côtes se resserrèrent, l’empêchant de respirer, une douleur insoutenable l’irradia du cœur à son bras gauche puis au niveau du cou. Elle voulut crier mais ne le put pas. Le corbeau nettoyait son plumage, indifférent. Lorsqu’il eut finit il sembla regarder dans la pièce cette femme qui lui faisait face quelques secondes plus tôt, mais ne vit qu’une forme gesticulant et s’écroulant, le visage déformé par la douleur.
view post Posted: 25/4/2018, 09:11 La mort me va si bien - NielFic - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 8




Ottawa, Canada. J’ai eu l’adresse par Francine, la fille du couple canadien qui nous accueille pour nos quelques jours de repos. Je l’ai rencontré alors qu’elle commençait à travailler comme infirmière dans mon service. J’ai tout de suite sympathisé. Elle est toujours joviale et s’est rapidement fait une place parmi nous. Niel a succombé également. Niel désormais fait parti des murs. Il a appris à devenir indispensable à son chef de service. Je sais aussi qu’il est le meilleur dans sa promotion d’étudiants en médecine mais il reste secret concernant ses intentions à venir et je sais que ça a à voir avec ses intentions de se volatiliser, de disparaître aux yeux de sa famille. Il ne cesse pas en revanche de me signifier son amour pour moi et je suis flattée je dois bien le reconnaître. Ottawa donc. Les températures sont au-dessus de zéro et annoncent les beaux jours et la région est fantastique. Nos hôtes sont charmants. La dame s’appelle Marie et son mari Jean-Philippe. Leur maison comporte deux étages. L’ambiance y est chaude et confortable, bref nous nous y sentons bien dès que nous y posons nos valises. Francine a une sœur, Jessica. Elle a seize ans et sait parfaitement ce qu’elle veut. Travailler pour ne pas être dépendante de son futur époux. Elle a de magnifiques yeux bleus et ses cheveux sont soyeux tout en étant bouclés. Son visage ressemble à celui d’une poupée. Francine nous a tout de suite mis à l’aise Niel et moi et nous a guidé dans les choses incontournables à visiter dans la région.
Je pense que Niel est ravi. Une fois nos valises rangées nous nous retrouvons dans le salon et nous prenons congé de notre hôtesse. C’est le milieu d’après-midi sur Ottawa, la ville est en évolution. De nouveaux bâtiments cherchent comme des animaux souterrains à approcher la lumière du soleil et sortent de terre comme des marmottes qui achèvent leur hibernation pour sentir la chaleur des beaux jours. Main dans la main Niel et moi marchons. Le silence nous enveloppe, il nous lie, il nous enseigne l’harmonie dans nos gestes. Je sens le bras de Niel se poser comme une plume sur mes épaules et là je plonge dans ses yeux pailletés et j’ai une envie folle de goûter des sucettes au sirop d’Érable, une spécialité locale. Il me sourit, hoche la tête, penche son visage et vient à ma rencontre, m’embrasser. Je veux fixer ce moment dans ma mémoire. La chaleur m’envahit, je suis seule avec l’homme que j’aime dans une ruche qui s’allume timidement par endroit, des bruits bourdonnent et viennent à mes oreilles mais je ne les entends pas, mon intention entièrement tournée vers mon unique soleil. Lorsque nous nous séparons enfin, la lumière artificielle gagne sur l’obscurité qui tombe.


**




Moi Élisa jamais j’aurais parier que je serais follement amoureuse d’un homme tel que Tom Steel. Tout arrive. Niel est tombé amoureux de Candy et malgré mes efforts je ne parviens pas autant qu’auparavant à ressentir de la haine pour elle. On dirait qu’Éros a fait quelque chose à mon cœur ou à autre chose ... désormais son existence et celle de mon frère m’indiffèrent. Tom est le soleil qui me manquait. Mère a bien tenté de me ramener à la raison. Elle est venue elle-même me chercher au domaine des Steel c’est vous dire ! J’ai refusé. Ce n’est pas faute de son insistance mais ici je me sens moi-même. J’aide Judith, mes journées sont désormais bien remplies et je me sens utile ! Elles passent à une vitesse incroyable alors qu’avant elles s’éternisaient, des secondes devenaient des minutes, des minutes devenaient des heures, et les heures ... interminables. À présent limite le temps n’a pas la même mesure, ici l’espace-temps est concentré et je me rends compte du travail qu’impose une maison ! Je veux que Tom soit heureux, je veux surtout qu’il m’aime. J’ai une peur immense à l’idée qu’il me rejette car je sais qu’il n’y a qu’avec lui que je peux être heureuse.
Et Candy ? Bah elle a prit nettement moins d’importance comme je vous le disais. Plus personne n’a d’ailleurs d’importance à mes yeux si ce n’est Tom. Je sais que son travail est dur, qu’il ne pense qu’à lui, qu’il est en quelque sorte sa maîtresse mais Foi d’Élisa je le lui ferais oublier même si pour le moment je ne vois pas comment.
Aujourd’hui c’est Pâques et Judith et moi-même nous nous sommes mis en quatre pour un déjeuner exceptionnel, pour notre homme et ses employés. J’adore faire plaisir et recevoir des compliments pour mon travail je l’avoue. Tom d’ailleurs a de plus en plus de gentils gestes à mon égard et je dois dire que ça me comble à la perfection.


**




Bientôt la fin de nos vacances, fini Ottawa et le canal Rideau, la rivière, le calme et l’agitation. Niel s’est révélé comme quelqu’un adorable. L’image du passé que j’avais c’est presque dissoute, il ne reste plus grand-chose de ce garçon suffisant, sûr de lui, sûr de son pouvoir que lui conférait l’argent de sa famille, c’est incroyable comme il a mûri. Je n’ai plus peur de lui confier ma modeste existence et ça me fait un bien fou ! Lorsque nous retournons via le train dans la grosse pomme je me dis que ça serait peut-être pas mal de nous installer ensemble.
- À quoi penses-tu ? Ma voix est un souffle. Ses yeux qui ont la couleur du sirop d’Erable se posent sur moi. Mes joues ont chaud d’un coup. D’un signe de tête il m’engage à poursuivre.
- Je ... je me demandais si ... tu voudrais bien de moi dans ta vie. Je sais que tu m’aimes ... je veux être sûre que ... je ne suis pas un passe-temps, un caprice ... je souris mal à l’aise consciente que c’est idiot ce que je dis.
- Bien sûr ! Tu n’as jamais été un passe-temps. Il est grave. Les autres filles ont été des jouets mais la seule avec qui je n’ai jamais joué c’est toi. Il m’enveloppe, je suis une araignée prise dans la sève d’un pin. Ses yeux brillent maintenant. Je ne laisserais aucun autre homme t’approcher, te séduire, te détourner de moi.
Je souris. Mon corps adore quand il me couve de cette manière.
- Je voulais dire ... que ... que dirais-tu si nous nous mettions en ménage ?
À son tour il me sourit.
- Excellente idée.
Il me prend les mains et se met à les malaxer, sa chaleur m’irradie et mes paupières baissent le rideau devant cette sensation agréable.
- Candy ... je propose que nous nous mettions en recherche d’un appartement dès la semaine prochaine. Espérons que mon père et l’oncle William ne tardent pas trop ... il a du m’envoyer un télégramme pendant notre escapade.
- Peut-être n’est-il plus nécessaire que tu ... enfin que tu ... disparaisses. J’avoue que ça m’angoisse cette idée que tu tournes le dos définitivement à ta vie passée !
Je l’inspecte, son visage est emprunt de regrets et mon cœur se serre.
- Moi pas. Ton tranchant, coupant, irrévocable.
- Niel ... je ... je pense que ce n’est pas bien de tourner le dos à ses parents. Même si ... ils t’aiment !
Il a un petit rire.
- Mon père certainement. Ma mère n’aime qu’elle même.
- Tu es bien sévère ... je me mords la lèvre inférieure.
- Je suis réaliste. Il soupire. Non Candy, disparaître est la meilleure solution pour nous deux. J’ai tout fait pour te conquérir et je ne regrette rien. Tu as été la clé qui a ouvert ma cellule. J’ai été prisonnier tellement longtemps mais le plus fort c’est que je ne le savais pas ! Je me croyais libre ... sa bouche a un petit sourire. Au fond du wagon j’entends un enfant pleurer, sans doute à cause d’un sentiment de frustration. Une odeur de sucrerie vient dans le même temps chatouiller mon odorat. J’ai faim. Tu as ouvert la porte de ma cage dorée. J’ai lutté tu peux me croire ! Je t’ai repoussé après la bagarre avec les voyous ! Dieu m’est témoin que j’ai tout fait pour te rejeter mais je me suis toujours demandé « Pourquoi ? ».
- Pourquoi ?
- Oui ! Tu m’as aidé et pourtant je peux largement me qualifier aujourd’hui comme une espèce d’ordure. C’est ça qui a fait que tu as chamboulé mon cerveau. Puis mon cœur, puis toute ma petite personne.
- Je ... je ne pouvais pas te laisser comme ça. Je ... ça a été toi mais ça aurait pu être quelqu’un d’autre ! Je me mords la lèvre inférieure.
- Bref ... tu as modifié le cours de ma vie. Il me sourit tendrement et je regrette d’être dans un train. Maintenant je veux t’épouser, je veux te donner tout ce dont tu as envie, je veux faire de toi la femme la plus heureuse de la terre.
- Tu ... je n’ai besoin que de toi. Niel tu es le seul garçon que j’aime à ce point-là.
- Hum ... je pense souvent à ce Terrence. J’avoue que j’ai peur de la concurrence.
- Tu n’as plus rien à craindre !
Le silence s’immisce entre nous. Terrence ... il y a bien longtemps que je n’ai plus pensé à lui !
Niel pose son regard sur moi, protecteur. Je me sens rassurée car je sais que plus jamais il cherchera à me nuire. Mes pensées vagabondent alors que la tentacule de la grosse pomme se fait plus grosse, nous attirant inexorablement vers son centre.
- En revanche ... je ne peux m’empêcher de craindre Élisa.
Son visage se ferme, ses yeux deviennent plus foncés à moins que ce ne soit l’effet de la pénombre. Élisa est l’écueil qui peut tout faire échouer et Niel et moi le savons parfaitement, et pourtant ...


**




Tom est là fièrement devant moi avec un autre homme. Il vient de m’expliquer qu’il est temps pour tout le monde de prendre quelques jours de vacances et je n’en crois pas mes oreilles ! Il me propose que nous partions tous les deux pour Miami !
- Moi ?
- Oui évidemment ! Qui d’autre ? Judith bien sûr vous êtes également du voyage. Vous avez assez travaillé pour moi ... vous les avez bien méritées !
- Alors si monsieur me permet ... j’ai de la famille en Louisiane ... son regard navigue entre moi et Tom. Partez donc tous les deux en amoureux !
Tom pose son regard sur moi et ma main se porte instinctivement sur mes cheveux. Désormais exit mes anglaises dont j’étais si fière. Ils sont bouclés mais en désordre et je m’en fiche. Je sens le regard de Tom donc, et j’ai des larmes qui menacent de couler sur mes joues, et ça m’énerve ! Je renifle et tente de me dérober de cette observation qui me met mal à l’aise.
- C’est ça. Sa voix devient chaude, enveloppante. Partir en amoureux est une excellente idée. Nous partons pour trois semaines ! Il sourit et mon cœur accélère, je le trouve si beau !
- Parfait ! C’est Judith et elle aussi semble ravie.
- Monsieur Clayton prend en charge le domaine le temps de notre absence.
- Oui fit l’homme, le visage buriné par le soleil, le travail à l’extérieur. Je note que Tom lui aussi a le visage qui porte les traces de l’effort et du grand air, et ça lui va bien.
- Bien !
J’ai hâte d’être au mois de Mai. Nous partons la deuxième semaine et nous rentrons fin de la première semaine début Juin, et je me sens libre comme jamais. Je me rends compte que ma vie de princesse ne me manque pas, bien au contraire. Je me sens comme pousser des ailes.


**




Qui aurait pu dire un jour que mon soleil s’appellerait Niel Legan ? Il a passé ses examens de fin d’année avec succès. J’avoue que ça me fait tout drôle de constater à quel point il a changé. Il a gagné en maturité ! Fini le garçon lâche et capricieux qui se cachait dans les jupons de sa mère, à présent il est posé, calme, je sens la sérénité et le calme en lui. J’ai confiance. Je sais qu’il a fait tout ça pour moi. Parfois je crois discerner une ombre sur son visage mais quand je tente d’aborder ce qui le tracasse je récolte le vide. Il me regarde et agite la tête tout en me souriant tandis que sa bouche me murmure un « rien, rien, ne t’en fais pas ! ». Je sais au fond de moi que cet air-là il ne l’arbore qu’au sujet de sa famille.

Les beaux jours arrivent enfin. Niel et moi travaillons en fonction de nos plannings. Nous cherchons depuis peu un appartement « à nous ». Un vendredi de Juin, alors que je prenais ma pause, il a débarqué dans l’office, l’air conspirateur et m’a fait signe de venir. Je déteste quant il fait ça. Tous les regards se sont posés sur moi interrogateurs et j’ai du faire un sourire qui voulait dire de m’excuser devant des airs entendus. J’ai soupiré et daigné le suivre tout en marquant mes très mauvaises dispositions.
- Oui ? Pourquoi me déranger maintenant ? Je suis énervée et je parle en sifflant. Tu sais que je n’aime pas ça ... !
- Dans mon bureau.
- Dans ton ... elles vont s’imaginer ! Il rit devant mon air ahuri.
- Qu’elles s’imaginent ce qu’elles veulent. Il me prend par le bras et je sens qu’il ne faut pas trop que je m’aventure à le contrarier.

La porte claque derrière lui. Je regarde le panneau de bois se refermer. J’ai rarement vu Niel dans cet état je dois dire. Sa mâchoire est contractée et ça ... ça indique de mauvaises nouvelles ou une contrariété.
- J’ai reçu une lettre de mon père.
- Oh ...
- Il me dit que ma mère a enfin regagné Chicago.
Je souris. Je n’aurais visiblement pas du. Il hoche la tête tout en soupirant.
- Sans Élisa.
- Sans Élisa ?
Silence.
- Euh ... mais ...
- Père me dit qu’elle est restée avec ce garçon là ... celui que tu as soigné ... Tom ...
J’ai un petit rire.
- Et ? Je jette un coup-d’œil devant la lettre que Niel a enfin déplié devant lui sur son bureau.
Pour la première fois de la journée il me lance un sourire plein de malice.
- Elle est partie pour en savoir plus sur nous et n’est jamais retournée au Ranch. Je pense qu’elle est – pour la première fois de sa vie – bel et bien amoureuse. Voilà qui change tout.
- Qui « change tout » ?
- Il n’y a plus que ma mère et la vieille qui soient contre moi.
Je n’aime pas quand Niel parle des membres de sa famille ainsi même si c’est à moi qu’elles ont fait le plus de mal.
- Tu ne ...
Il baisse sa main et je m’arrête. Je sens son reproche sous-jacent. Pour lui les gens qui m’ont fait du mal ne doivent avoir aucun droit de défense. Sauf lui.
- Elles resteront nos ennemies. Quoiqu’il arrive.
- Si Élisa ...
- Élisa reste un mystère mais je connais ma sœur ... la méfiance reste primordiale, jusqu’à ce que je sois sûr qu’elle ne représente plus un danger. Il reprend encore une fois la lettre. Son papier n’est plus aussi lisse, il a du la lire et relire depuis un bon moment, son état de froissage me le confirme.
- Alors ... ? je me racle la gorge. Je sais qu’il ne m’a pas fait venir pour parler des liaisons de sa sœur.
- Ma mère est toujours à ma recherche. Albert et mon père travaillent à ma disparition. Qui va avoir lieu incessamment sous peu.
- Co ... comment ?
Il a un sourire calculateur. Je retrouve cette expression ancienne sur son visage, celle que je détestais et qui à présent me fait chavirer.
- Un SDF. Il portera mes vêtements à sa mort.
- Ne me dis pas que ...
- Albert et mon père connaissent des gens de la police. Il est convenu qu’ayant fait une grave dépression j’aurais mis fin à mes jours ... . Ils attendent le bon candidat. Celui qui prendra mon identité.
J’ai conscience que ma bouche fait un « O » quasi-parfait.
- Tu es vraiment sûr de ce que tu veux faire ?
- Tout à fait. Je t’aime et je ne veux que plus personne ne « te » nuise, ni à moi par la même occasion. Il m’enveloppe de son regard et bizarrement le cadre disparaît, je ne vois, ne sens que lui. Il s’approche de moi et m’enlace tendrement. J’ai fais tout ça pour toi, je t’aime comme je n’ai jamais aimé quelqu’un et tu le sais. J’ai travaillé dur pour nous offrir une vie magnifique, dans laquelle mes enfants ... nos enfants ne seront pas gâtés mais à qui nous pourrons offrir une belle vie. Pour ça il me faut effacer mon ancienne existence.
- Si tu es sûr ... et vu son expression il l’est indubitablement.
- Je retournerais voir mon père avec toi ... mais personne ne nous reconnaîtra. Il se touche le menton d’un air énigmatique. Je vais me faire pousser la barbe (je grimace ... je doute que ça me plaise, il rit devant ma tête dubitative). Toi tu garderas cette coupe de cheveux que j’adore (ces doigts viennent jouer avec mes boucles, je sens la chaleur sur mon cou). Ses yeux s’assombrissent et j’ai envie de plus tout d’un coup. Je lorgne vers le bureau mais ma petite voix dans ma tête me crie que ce n’est pas du tout raisonnable car « des patients attendent mes soins ! ». Sa bouche vient sur la mienne et je ne la refuse pas ! Un nuage noir tapis au fond de moi vient gâcher mes sensations et d’instinct je sais ce qui il est. Ce nuage ne m’a jamais abandonné et ce ... depuis mon adoption dans la famille Legan. Son nom ? La peur. La peur que tout s’écroule, que mon bonheur actuel s’effondre. Le nuage a son antagoniste. Il est devenu puissant aujourd’hui et il s’appelle « confiance » et cette confiance c’est Niel. Jamais un homme ne m’a autant apporté ! Je sais qu’il est sûr de lui, organisé et surtout infaillible dans ses décisions. C’est la première fois que je peux me reposer sur quelqu’un. Quelqu’un qui sait comment agissent les vipères du nid puisqu’il en est lui-même issu.


**




Mme Legan n’était plus l’ombre d’elle-même. Sa fille l’avait envoyé paître. Son mari lui restait le même. Il la tolérait dans son monde mais lui faisant sentir qu’elle y était étrangère. À présent il le lui faisait sentir dès les premières minutes. L’avait-il aimé ? Ne serait-ce qu’un seul jour ? Même de ce sentiment elle s’était mise à douter. Oh au début elle en avait rien eu à faire ! Elle était entrée dans le moule que ses parents lui avait préparé : un beau mariage, des enfants, une fortune. Elle avait rempli le contrat. Un goût de bile vint la chatouiller désagréablement. Seule. Ils l’avaient tous abandonnée même Élisa, la prunelle de ses yeux, son âme sœur, sa jumelle de pensée. Sarah serra le poing et pour la première fois de sa vie vit son monde en passe de s’effondrer et elle savait à cause de qui. La haine envahit ses yeux comme l’ancre sur un buvard. Candy. La coupable de son malheur c’était cette fille de rien mais qui avait eu la chance d’être belle et qui avait tourné la tête de son Niel chéri. Le mal avait commencé comme ça. Candy avait été un charmant serpent et Niel l’Ève de son jardin d’Eden à elle. Ensuite elle avait complètement perdu le contrôle. Elle se redressa et tenta d’ignorer un point désagréable quelque part dans ses entrailles. Une seule femme dans cette demeure vide et gigantesque la comprenait, c’était la tante Elroy mais elle n’était à présent qu’un fantoche. Sarah soupira, son teint avait la couleur du marbre blanc, elle n’était que l’ombre d’elle-même et tout en regardant le parc à la perfection immuable comprit que son statut, son rang social, sa « grandeur » avaient été le fruit de l’illusion.
Candy était le poison qui était venu bousculer ses certitudes. Sa bouche n’était plus qu’un trait sur son masque. Elle l’avait détestée d’emblée lorsqu’elle s’était rebellée et avait osé – quelque part – demander le respect. Depuis quand une fille sans famille devait « exiger » quelque chose ? Elle l’avait recadré, violemment et elle avait eu l’air d’être une Reine pour ses enfants. Pas pour cette fille. Elle avait fait l’erreur de la sous-estimer et maintenant c’était elle qui payait le prix fort. Des pas raisonnèrent, c’était l’oncle William. Fixant la fenêtre elle ne daigna pas se retourner pour le saluer, elle le détestait et c’était réciproque. Les pas s’arrêtèrent derrière elle et elle sentit son regard sur elle, sa haine sur sa nuque. Il n’avait pas besoin de parler pour qu’elle sente sa colère. Elle se détacha des carrés de verdure parfaitement ordonnés et lui fit face comme une boxeuse qui sait que son dernier match a sonné.
- Alors à ce que je vois ça ne vous suffit pas d’avoir tenté de nuire à ... feu ma fille, maintenant il faut que vous vous en preniez à votre fils ? Ceci dit je vous comprends, encore un qui voit à quel point vous êtes une femme abjecte.
Elle sentit l’uppercut et son effet. Elle tenta de monter sa garde mais Albert manifestement n’avait pas envie de s’éterniser.
- Je m’inquiète. Vous n’êtes pas une « mère » pour savoir ce que je ressens.
Il eut un rire sec.
- Je sais ce que vous êtes. Niel a commis l’erreur d’avoir aimé ma fille chérie et ça ... vous ne le lui avez pas pardonné.
- Vous vous trompez ...
- Non ... vous croyez que vous avez toujours le contrôle ? Elle ferma les yeux par pour instinct. Elle pouvait ressentir à quel point il la haïssait. La tante Elroy n’était plus d’aucun secours même si elle l’entendit manifester sa désapprobation.
- Albert ! Comment pouvez-vous ...
- La ferme. Elle entendit la matriarche hoqueter.
- Vous n’avez pas compris à quel point vous avez perdu la bataille ? Non ? Alors je vais vous expliquer. Il croisa les bras et invita la tante Elroy à s’asseoir, ainsi qu’elle-même.
- Vous êtes venues voir si Niel n’avait pas retrouvé Candy ... parce que quelque part vous doutiez de sa mort, je me trompe ?
Son mari avait parlé. Sarah baissa les yeux.
- Répondez !
- Oui. Nous n’avons vu qu’un cercueil ...
- Vous avez raison ... Candy n’est pas morte. Il les regarda à tour de rôle, satisfait. Il avait fait le tour de la question, Candy était à l’abri, à jamais, il avait veillé à tout avec ses avocats. Il s’adossa confortablement, content de lui. Les deux vipères allaient obéir et obtempérer sinon elles seraient mises hors d’état de nuire. Niel et Candy sont à New York et vivent tranquillement leur histoire.
- Mais ...
- Mais ?
- Je refuse que mon fils ...
- Je pense madame Legan que votre fils ... se fout complètement de votre opinion. Comme tout le monde d’ailleurs.
- Elle a ... elle a ...
- Elle ? Non madame Legan ... tout est arrivé par votre faute et oui ... il hocha la tête, moqueur.
- Je refuse qu’il épouse cette fille, elle n’a pas de famille, c’est une moins que rien et ... elle ferma très vite la bouche. Jamais elle n’avait vu Albert en colère et en une fraction de seconde elle venait de réussir cet exploit.
- Ma fille vaut plus que vous deux réunies. Elle est mon héritière même si elle l’ignore actuellement. Quand à votre consentement ... euh ... on s’en fiche. Monsieur Legan l’a donné sans hésitation. Vous ne comprenez toujours pas ? C’est vous qui n’êtes rien madame Legan ... vous êtes d’aucune utilité, vous êtes ce que le Doryphore est à la pomme de terre ... un parasite ... Vous vivez sur le travail que fournisse les autres. Il la fixa et elle sentit toute force la quitter. Au loin elle entendit la voix de la grande tante tenter de la défendre. Elle n’entendit pas Albert daigner répondre.


**




Niel a déniché la perle rare. Un appartement par contre largement au-dessus de mes moyens. Quand j’entends le prix de l’acquisition mes yeux s’écarquillent. Pas Niel qui est prêt visiblement à signer pour notre nid d’amour. Je veux intervenir mais d’un signe il me fait taire.
En dix minutes la tractation est faite. J’ai le cœur qui bât à tout rompre. Niel lui est calme, serein, comme jamais.
- Voilà maintenant nous sommes vraiment chez nous.
- Niel ce ... c’est très cher !
- J’ai un travail, toi aussi et ... j’ai reçu ceci. Cérémonieusement il me sort une enveloppe et je sais intuitivement d’où provient cette lettre. Il rit.
- Qu’est-ce que ...
- C’est Albert.
- Et ?
- Et ... je ne suis plus obligé de disparaître, et toi ... et bien tu vas ressusciter.
- Co ... quoi ?
- Albert a blindé notre situation, surtout la tienne. Il a prit des dispositions légales pour que tu sois hors d’atteinte de ma famille en général.
- Ne me dis pas ... il a dévoilé que ...
- Il a dévoilé.
- Ta sœur ... je sens la colère m’envahir, tout ce en quoi je croyais en passe de s’effondrer.
- Tu es protégée. Tu m’as dis que tu me faisais confiance ...
- Oui mais ...
- Ma mère, la grande tante, ma sœur ... ne peuvent plus rien pour nous nuire.
- Je ... j’avoue que j’ai du mal à y croire ...
- Hum ... je comprends. Il éclata soudain de rire et devant mon air soucieux il me caresse la joue avant de m’embrasser à nouveau. Je ris parce que j’imagine la tête des deux vipères quand il leur a annoncé que tu es l’unique bénéficiaire testamentaire du patrimoine des André (je frissonne à cette idée, et je me mords la lèvre inférieur, une si grosse fortune à gérer ... je sais que je n’y connais rien ...), quant à moi à présent j’ai un diplôme de médecine et je vais hériter du Ranch ... tu vois qu’il ne peut rien nous arriver.
- Élisa ?
- Nous aviserons mais je doute qu’elle soit aussi dangereuse que par le passé. Elle est amoureuse et c’était ce qui nous fallait pour que sa haine envers toi cesse enfin.
- Alors ... (je n’arrive décidément pas à croire que tout est terminé), alors je ne suis plus une sorte de paria, je ne suis plus ...
- Tu ne l’as jamais été. Enfin si quand j’étais un idiot. Mais je voudrais cependant être certain d’une chose ...
- Certain de quoi ... ?
- Je veux être sûr que tu n’as plus aucun sentiment pour ce Terrence Grandchester.
- Niel ! Mais évidemment ... !
- Ce sont les faits qui m’intéressent. Il me regarde comme un professeur qui a conçu une épreuve ultime pour jauger du niveau de son élève. Ce soir nous allons au théâtre.
- Au théâtre ?
- Terrence joue dans « Un songe pour une nuit d’été » et ensuite j’ai concocté une petite rencontre entre nous.
Pourquoi suis-je agacée ? Je le fixe et je dois avoir l’air furieuse. Il le sait mais ne semble pas affecté.
- Je veux être sûr et certain que tu vas être à moi, entièrement à moi.
- Niel !
- Prouve-moi que Terrence n’est plus dans ton cœur.
Je déglutis. J’ai froid en moi comme si la chaleur de mon sang m’avait déserté, mes veines frigorifiées.
- Si tu m’aimes tu n’as rien à craindre de cette épreuve.
- Je ... comment peux-tu ...
Il fronce les sourcils, terriblement séduisant mais implacable.
- Je n’aime que ce qui est neuf, pas l’occasion.
- JE NE SUIS PAS UN OBJET !
Je suis furieuse et soudain tout m’insupporte. Je fixe la porte et sans crier gare je m’enfuis. De l’air j’ai besoin d’air, sentir le vent, la vie, remettre le mouvement en moi, je me sens comme une pendule qu’on a arrêté. J’entends la voix de Niel qui m’ordonne de revenir. Je me retourne, lui jette un coup d’œil et je le vois s’avancer vers moi, derrière mon rideau de larme qui menace d’inonder mes joues. J’inspire et mes jambes me propulsent vers la sortie. Je pique un sprint vers la rue à droite.

J’ai un point de côté et je ralentis. Je me penche au-dessus de la rambarde du pont et je me laisse aller, le regard des gens je m’en fiche. Comment a t-il pu oser douter ? Et si c’était pour me faire du mal dès le début ? J’inspire ... je veux retrouver l’empire sur moi-même. Une pensée incongrue vient jouer à présent tandis que je regarde l’eau couler dans son nid, indifférente à mon tourment. Petite voix tente de se faire entendre au fond de moi. « Il veut jouer ? Laisse-le jouer ... rends-lui pour une fois la monnaie de sa pièce ! Séduis Terrence Grandchester ... mets-le en rogne ... après tout tu as le droit de vérifier si lui aussi t’aime non ? Est-il jaloux ? Tient-il vraiment à toi ? Est-ce que tu n’es pas qu’une pièce pour un mariage juteux ? Qu’est-ce que tu en sais ? ». Ça tourne dans ma tête et je laisse la farandole de mes pensées se calmer toute seule.

Combien de temps suis-je restée là ? Je ne sais pas mais lorsque je décide de quitter ma vigie, il est là. Silencieux et me fixe, l’expression indéchiffrable.
- Je suis navré.
- Il y a de quoi !
- Je veux que tu passes ce test.
« Ah tu veux toujours que je passe le test ? Et bien tu vas voir comment je vais le passer ce fichu test ! Tu vas le regretter ... je te le promets ... moi aussi je vais te le faire passer le test ... ! ». J’ébauche un sourire et je prie intérieurement que mes yeux ni le reste ne trahissent mes intentions.
- D’accord Niel, de toute façon tu diriges tout ... je m’oblige à me taire. Déjà j’en ai peut-être trop dit !
- Je veux être certain que tu ne l’aimes plus. Je trouve que c’est normal.
- Meuh tout à fait !
Il me regarde d’une drôle de manière. Il « sent » comme quelque chose mais contrairement à lui, je ne sais pas mentir.
- Candy ... il soupire tout en m’attirant à lui. Je ne fais pas ça pour te faire du mal.
- ...
- Je veux être certain que je n’ai plus rien à craindre de lui.
- Et moi ?
- Comment ça « Et moi » ?
- Tu as été un tombeur, un coureur de jupon invétéré ! Même si tu me dis que tu n’aimais aucune de ces femmes pourquoi « moi » je devrais te croire ?
Son visage se ferme, ses yeux sont noirs et énigmatique. Drôle de chose que le temps, que la roue du destin. Ce soir, tout va se jouer autour d’une rencontre, un examen de passage pour notre union. Au fond de moi quelque chose a peur, peur de ressentir quelque chose pour Terry ? Non ... peur d’une autre sorte de jeu.


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Bientôt le chapitre 9 ☺ désolée pour l’attente entre les chapitres mais sachez que je fais ce que je peux. Merci pour votre patience et de me suivre.

:wub:



Edited by fandefanfictions - 25/4/2018, 10:30
view post Posted: 31/3/2018, 17:48 La mort me va si bien - NielFic - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 7




Je me sens étrangement bien, je veux dire la tête dans les nuages, comme si je planais. Niel est adorable, jamais je ne l’aurais imaginé comme ça et mes pensées sont toutes chamboulées par cette étrange attirance, mes émotions ont pris le contrôle de mon corps. Quand je le vois dans le couloir, boire un café, quand ses yeux se posent sur moi comme un papillon sur une corolle de fleur, j’ai mon cœur qui fait un sprint, mon pouls s’accélère, mes mains se mettent à transpirer. Mon trouble ne doit pas passer inaperçu et ça m’énerve.
Nous sortons dès que nos week end coïncident. J’ai enfin réussi à lui faire comprendre que ça comptait pour moi de lui faire plaisir. J’apprends au fur et à mesure à mieux le connaître et la distance entre ce qu’il était et ce qu’il est devenu est devenu incommensurable.
Il a cependant une part d’ombre et celle-ci réapparaît inévitablement lorsque la conversation dérape sur ses origines. Je sens en lui comme un malaise, une honte et j’ai beau le rassurer en lui disant que tout cela n’a plus d’importance, je sais qu’au fond de lui il ne se remet pas de son comportement.

Les beaux jours arrivent sur la grosse pomme. Je sais que régulièrement Niel prend des nouvelles sur l’avancement de son plan, et paradoxalement je le sens encore plus préoccupé mais il refuse de m’inclure dans son tourment.
« - Tu n’es pas concernée, c’est à moi de régler ce problème.
- Niel ! Nous sommes maintenant deux, tu dois me dire ce qui se passe ... c’est Élisa ? »
Inévitablement l’huitre referme son couvercle et il m’est impossible d’en tirer quelque chose.


**




La voiture avec chauffeur se gara dans la cour du Ranch et son épouse accompagnée d’Élisa en sortit. Monsieur Legan grimaça. Il allait lui falloir supporter les récriminations de sa femme et de sa fille ce qui lui était de plus en plus insupportable au fil des années. Il y avait anguille sous roche sinon les deux pestes n’auraient pas fait tout le trajet. Il sentit un frisson sur sa colonne vertébrale. Ce qui lui confirma que cette visite n’avait rien de spontanée. « Évidemment qu’elles ne viennent pas pour combler ta solitude, elles viennent par intérêt. » Sa mâchoire se contracta, la colère s’immisça en lui mais il avait encore suffisamment de maîtrise de lui-même pour la maintenir à distance.
- Bonjour très cher. Elle soupira tout en réajustant sa robe. « L’apparence c’est tout ce qui compte pour vous » mais il tût sa réflexion et afficha son plus beau sourire, celui qu’il réservait pour de futurs clients.
- Vous avez fait bonne route ?
- Oui mais cessons ces faux-semblants, entrons ... tu sais parfaitement l’objet de ma visite.
Monsieur Legan soupira. Il se fit l’effet d’un lièvre fraichement tué que la ménagère s’apprête à cuisiner.


**




Niel relu une énième fois le télégramme. Son père l’avertissait qu’Élisa avait flairé sa liaison. Ses yeux si sûrs de lui étaient à présent entachés de peur. Il décida d’accélérer les choses mais à présent ce n’était pas si simple : il y avait Candy. La convaincre de partir à nouveau se révélait indispensable. Son monstre de sœur n’allait pas les laisser en paix et ça il le savait.
«Calme-toi » il ferma les yeux, s’obligea à retrouver son sang-froid. Qu’est-ce qui faisait que sa sœur tourmentait Candy ? S’il avait la réponse à cette question il en aurait fini avec elle.


**




Elle avait raison, son frère avait quelqu’un dans sa vie et sa description était celle de cette fille. Elle apprit aussi qu’il y avait eu un blessé et n’eut aucun mal à savoir son nom. Décidément jouer les détectives se révélait payant ! Elle décida de rendre une petite visite au jeune homme.


**




Tom se remettait très vite de sa blessure. Mars était déjà là et il ne ressentait plus aucune séquelle. De temps en temps il repensait à Candy mais l’image qu’il avait d’elle était devenue floue, il faut dire que l’administration du domaine lui donnait fort à faire et que les amours n’étaient pas sa priorité. Il s’occupait encore de son bétail lorsqu’au loin il vit un nuage de poussière sur le chemin sec et partiellement entretenu. Allons bon ... il n’attendait aucune visite, qui était donc cet emmerdeur ? Il soupira et s’excusa auprès de son employé.
Il réajusta son Stetson non sans avoir essuyé son front agrémenté de petites perles transparentes au goût salé auparavant. Il mit ses mains sur ses hanches et jaugea sa visiteuse. Une rousse avec des anglaises, ronde et complètement incongrue dans son monde.
- Bonjour monsieur ...
- Tom. Ici c’est Tom. Il se sentit comme disséqué par la fille et il n’avait pas de temps à perdre, qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Que me vaut votre visite ? Il jeta un coup d’œil vers le nuage de poussières que faisaient les bêtes peu coopératives pour le marquage de leurs flancs au fer rouge. C’était inconscient mais cela signifiait clairement que son temps était précieux.
- Vous êtes venu dans le domaine de ma famille, Legan. Vous avec croisé mon frère et une fille qui l’accompagnait. Elle plongea dans les yeux de l’homme qui étaient devenus plus foncés à moins que ce soit l’ombre du Stetson qui les assombrissaient.
- Et ?
- Vous la connaissez ?
- Pourquoi cette question ? Il soupira. Elle l’agaçait franchement à présent et surtout son instinct lui soufflait de ne rien dire sur Candy.
- En fait vous n’avez pas besoin de me répondre, votre expression sur votre visage m’a tout raconté. Elle ricana. C’était donc bien elle ... siffla t-elle et il eut nettement d’avoir affaire à un Crotale et non à une femme. Son cœur manqua un battement et il su qu’il devait faire quelque chose. « Tu me devras une fière chandelle Candy quand je te reverrais ! ».
- Ce n’était pas Candy ... et oui désolé de vous décevoir. Lentement il fit le tour de la voiture, la jaugeant tout en faisant la moue d’une chose absolument merveilleuse stationnée devant son ranch. Discrètement il donna un coup d’éperon dans les deux pneus à l’arrière tout en ne quittant pas des yeux cette fille désagréable.
- Hum ... bon ... je vous prie de laisser tranquille ma voiture. Elle chercha du regard son chauffeur mais il avait disparu, sans doute pour soulager un besoin pressant. Il revint vers elle, s’approcha, il sentait la transpiration et l’odeur des bêtes, elle grimaça.
- Je peux vous offrir quelque chose à boire ?
- Euh ... c’est-à-dire que ... elle replia ses avant-bras sur elle. Rouge écarlate, ses yeux noisette étaient plus brillants qu’à l’ordinaire. C’était la première fois qu’un homme l’invitait « à boire un verre » !
- Allez c’est ma tournée ! Il siffla dans la direction de ses ouvriers qui levèrent le nez. Stop tout le monde, c’est la pause !


Il les fit s’installer dans le salon et l’unique domestique prit les commandes. Tom intercepta le chauffeur et le mit au courant en espérant de tout cœur qu’il soit de son côté ... ce que par bonheur il fut.
« - Si vous pouviez en même temps la transformer en ange ... » il lui glissa un regard entendu.
Tom sourit et entraina Bart Spencer, un homme fluet au regard aiguisé, dont le surnom était « Ka-Bar », une marque de couteau.
- Va retrouver Albert William André, et dis-lui que j’ai Élisa Legan ici ...
- Et ?
- Elle vient pécher des informations sur sa fille adoptive.
- D’accord. Et vous ?
- Je vais la retenir ici.

Élisa quitta le ranch de Tom en fin d’après-midi. Elle avait passé un bon moment et surtout maintenant elle était quasi-certaine que son frère était avec Candy, sous une autre identité. Tom la raccompagna et regarda la voiture s’éloigner ... avant de la voir godiller et enfin s’arrêter en urgence au milieu de la descente qui conduisait à la route principale. Le chauffeur descendit et constata la crevaison. Élisa se mit à hurler et à taper sur le pauvre homme, Tom pouffa puis se décida à aller à leur rencontre avec Soleil Noir, son cheval personnel.
- J’ai cru comprendre que vous aviez des ennuis. Il parvint à rester sérieux.
- Crevés ! Deux pneus crevés ! Fit une Élisa dont il devinait la rage sous ses essoufflements.
- Ooooooh .... ça c’est embêtant !
Sa tête ne reflétait pas la compassion.
- C’est de votre faute !
Tom mit la main sur sa poitrine jouant les personnes blessées par l’accusation.
- Hum ... et bien voilà une excellente occasion pour que vous me teniez compagnie !
- Vous plaisantez ?
- Pourquoi j’en ai l’air ?
« Du tout ! Il m’invite à rester ici ! Moi ??? ». Elle le regardait scotchée. Tom était devenu un vrai homme, un cow-boy gracieux, elle avait notée sa démarche à tomber qu’actuellement nous qualifierions de « sexy ». Elle sentit son regard sur elle et la honte tomba sur elle comme une chape de plomb.
- Je dois retourner chez moi. Le ton était glacial, coupant, un tesson de verre égaré dans l’espace.
- Je pense que cela vous est impossible. Je n’ai qu’un cheval ... « Mon Dieu ... Mets-ça sur mon compte ... je fais ça pour Candy ! ». Votre chauffeur pourra aller chercher de quoi réparer et surtout quand il fera jour à nouveau. En attendant vous êtes la bienvenue chez moi. « Tu parles ! » mais il serra les dents.
- Je dois prévenir ma mère.
- Pourquoi ? Vous êtes tenue de lui rendre des comptes ?
- C’est-à-dire ... Elle regarda la pointe de ses chaussures, gênée soudain d’être l’objet de son ton ironique. Non mais elle m’attend.
- Je vais lui faire parvenir un message comme quoi vous restez ici.
- Héla ! Pas si vite !
- Miss ça me fait plaisir. Je me sens seul et j’ai besoin de distraction. Il lui décocha son sourire le plus irrésistible, ses yeux chaud et le cœur d’Élisa chavira. Enfin.


**




Niel relisait pour la centième fois peut-être le télégramme de son père. Sa mère et sa fouineuse de sœur s’étaient invitées pour la semaine. Son cœur se serra. Il se décida enfin à le ranger et prit ses affaires pour ses cours. En quittant le service il ne put s’empêcher de trouver son infirmière préférée qui remarqua aussitôt son air préoccupé. Il se dépêcha de la rassurer et de changer de sujet.
- Tu me donneras tes congés.
Elle se mordit la lèvre inférieure et il eut une envie furieuse qu’elle cesse ce tic. Il était comme hypnotisé.
- Niel qu’est-ce que tu as ?
- Je voudrais t’empêcher de faire ce que tu fais même si c’est charmant.
- De faire quoi ?
- De martyriser cette partie de ta bouche et il posa son index dessus, doucement. Elle devient toute rouge.
- D’accord. Pour mes congés, je ... ça me gène.
- Et qu’est-ce qui te gène ?
- Que tu t’occupes toujours de moi. Un silence s’immisça entre eux un bref instant. Niel ... tu veux bien que j’organise nos prochains congés ?
Il sourit et l’embrassa rapidement.
- Oui, d’accord ! Et il se sauva, en retard.


**




Sarah Legan ne décolérait pas. Comment son mari avait-il osé lui cacher la venue de son fils ? Elle lui en voulait. Décidément depuis que Candy avait tourné la tête de son Niel chéri plus rien ne tournait rond dans cette famille !
Elle jeta un coup d’œil à la Comtoise qui trônait majestueuse dans le salon. Acquisition de sa belle-mère, un achat compulsif lorsqu’elle l’avait vu chez un antiquaire d’origine Française. Élisa tardait ... le Ranch de Tom n’était qu’à quelques kilomètres et ça faisait maintenant près de quatre heures qu’elle aurait du être de retour, qu’est-ce qu’elle fabriquait ?


**




Élisa constata que la demeure de John était aussi grande que le ranch. Il y avait cependant beaucoup moins de domestiques et il vivait que dans une petite partie. C’était meublé pratique. Pas de fioritures ni fanfreluches chez Tom, on vivait et on achetait utile. C’était propre et entretenu mais une subtile odeur s’accrochait telle un parasite à son odorat. Elle ne put s’empêcher de lui demander son origine.
- Le cuir. Ici il y du cuir partout. Il enfoui ses mains dans son Jean. Le regard d’Élisa glissa sur lui. Pas de doute il était beau garçon, athlétique, et quelque chose de brut dans son allure bousculait ses hormones. Elle déglutit, sentant soudain sa bouche sèche.
- Je ... auriez-vous un verre d’eau ?
- Oui ... nous avons ça je pense. Judith ? Une domestique d’un certain âge se retourna tout sourire, le visage criblé de rides, témoins d’un âge conséquent. Elle le lui apporta dans la seconde.
- Merci.
- Maintenant je suis désolé miss, mais je dois retourner à mes occupations. J’ai un ranch à faire tourner. Il soupira et machinalement vint toucher la cicatrice que la balle extraite par Niel avait laissée sous sa chemise.

Élisa se retrouva seule avec l’unique domestique du domaine. Judith vaqua à ses occupations et se garda bien d’inviter Élisa à ses tâches journalières. Bientôt celle-ci fut atteinte par l’ennuie et partit à sa recherche. Elle la trouva entrain d’étendre le linge à la lisière du potager. Judith sentit son regard mais passa outre elle avait bien trop à faire pour s’en offusquer. Elle sourit en son for intérieur cependant lorsqu’elle pensa à Tom partit s’occuper de son bétail. Elle le connaissait depuis toujours, depuis son adoption par son patron. Elle en avait été ravie pour lui car le fait de n’avoir pas de descendance jouait négativement sur l’humeur de monsieur Steel et par conséquent de son épouse. Tom avait été un véritable rayon de soleil à partir du moment où il était entré dans leur vie. Plongée dans ses souvenirs elle ne remarqua presque pas qu’une aide supplémentaire s’était ajoutée à la tâche domestique. Si elle avait connu plus complètement Élisa elle aurait été témoin d’un miracle, un authentique miracle.
- Merci Mademoiselle glissa t-elle.
Un soupir lui répondit.
- Je vous aide parce que je m’ennuie ... mais promettez-moi que vous ne le direz à personne.
- Dire quoi ?
- Que je vous aide. Elle repoussa une anglaise qui la gênait sur son épaule.
- Je suis peut-être une domestique mademoiselle, mais je ne considère pas mes tâches comme dégradantes.
Le panier de linge était vide et le soleil s’amusait avec ses rayons, faisant comme une mosaïque de lumières sur la rangée de linge étendu.
- Je le sais. Je suis une fille de bonne famille et si on apprenait ...
- Que vous m’avez aidé ? Vous craignez pour votre réputation ? Alors je vais vous rassurer parce qu’ici il y a les arbres, la nature bref ... ce qui nous entoure, moi et Tom. Elle posa ses yeux bleus délavés, (couleur d’un Jean usé jusqu’à la trame mais qu’on ne veut pas abandonner) sur la jeune femme. Tom n’aime pas les gens fainéants. Était-ce un avertissement ?
- Je ne suis pas fainéante. Elle s’en voulu d’avoir montré un quelconque intérêt envers le jeune homme. Elle se dépêcha (trop vite ?) de marquer son indifférence. Tom ne m’intéresse pas, tenez-vous le pour dit. Et sur ce ... fila en vitesse au ranch. Judith souriait, amusée.

Tom entra fourbu à l’heure du dîner. Ses cheveux étaient tamisés par la poussière qu’avait faite la terre desséchée par endroit. Il avait ôté sa veste et Élisa remarqua le pansement protecteur posé à l’endroit de la plaie. Il rangea méticuleusement ses affaires, et les rejoignit. Élisa avait donné un coup de main à Judith jusqu’au repas mais aurait préféré la mort plutôt qu’il le sache.
- Whaoo ... ! Judith vous avez fait des miracles !
Judith glissa un coup d’œil entendu vers une Élisa cramoisie qui faisait mine de se plonger dans la beauté de l’endroit en partie éclairé par la lune.
- Ah monsieur ! C’est si rare que nous ayons une invitée !
Un grognement lui répondit. Élisa se retient de sourire.
- Je n’ai pas le temps Judith. Il soupira. Miss Legan ne reste que le temps d’avoir les pneus pour la voiture, je suis sûr qu’ensuite elle sera ravi de quitter cet endroit qui correspond peu à ses attentes. N’est-ce pas ?
Élisa tarda à répondre. Bizarrement elle était bien ici, elle pouvait être elle-même et aider les domestiques sans que cela soit jugé par sa propre mère ou quelqu’un d’autre était formidable. Le temps avait filé si vite qu’elle ne s’était pas rendue compte de l’heure.
- Je n’ai pas d’attente.
- Oh ... vous avez bien amoureux ? Un homme riche qui aura du temps et de l’argent à vous consacrer ! Il se tut vite devant la tête qu’Élisa lu servait. J’ai dit une bêtise ?
Elle fixa son assiette, généreusement remplie par Judith.
- Oui. Je n’ai personne.
- Allons ... je suis sûr que vous avez des garçons autour de vous qui ...
- Taisez-vous siffla t-elle soudain, furieuse. Vous ignorez ce qu’est ma vie ... sa voix se retrouva enserrée par un nœud coulant. Elle lutta pour empêcher les larmes. « Calme-toi, reprends toi enfin ! » se morigéna t-elle. Tom comprenant que sa question maladroite avait remué là où il ne fallait pas son invitée, plongea prudemment dans son ragoût. Vous ne connaissez rien de ma vie finit-elle par souffler. Non je n’ai pas d’amoureux moi. Elle le regardait toujours l’air en colère, « mais contre qui ? » se demandait-il. Vous ne semblez pas comprendre n’est-ce pas ?
- Qu’est-ce que je suis censé comprendre ? Sa voix était douce, enveloppante comme une couverture réchauffée quand on sort d’un bain d’eau glacée. Le visage d’Élisa était décomposé en revanche.
- Je me rends compte que je n’ai pas eu votre chance à vous et à Candy.
- Encore Candy ? Décidément ...
- Quoi « décidément » ?
- Elle est votre point de référence on dirait. Vous ... vous comparez sans cesse à elle. Je peux vous dire que Candy n’a sans doute pas eu une vie facile. À nouveau le visage d’Élisa changea et Tom rebaissa le nez, prudent tout en s’ordonnant de se la fermer.
- J’ai l’air comme ça imbue de moi-même ... c’est l’impression que je vous ai donné comme à tous les autres.
- Certes. Je vous ai trouvé tout à l’heure assez imbue de vous-même.
- Je n’étais pas comme ça quand j’étais petite. Ma ... j’ai toujours eu quelqu’un pour me dire que je ne devais pas faire ci ou ça ... que ce n’était pas à moi de le faire, que seul quelqu’un d’un rang inférieur le pouvait. J’ai été entrainée à commander, à donner des ordres et à mépriser les gens qui devaient me rendre service. Mon frère – si c’est ce que vous vous demandez – a été logé à la même enseigne.
- Hum ...
- Mais Niel lui est tombé amoureux de Candy.
- Ça n’a pas du être facile pour lui de faire avaler une telle couleuvre à votre mère, à votre famille en général.
- À moi la première.
- Je me doute. Merci Judith ... alors que celle-ci débarrassait sans bruit les assiettes.
- Merci ... Judith. Élisa fixa Tom qui lui souriait. À son tour elle lui renvoya un sourire éclatant. Elle se rendit alors compte qu’elle aimait cet endroit, qu’elle n’était plus si pressée que ses pneus soient remplacés, bref elle ne voulait plus partir.

La chambre était pourvue d’une énorme armoire dans laquelle étaient rangées des affaires de jeune femme. Élisa ne put s’empêcher de se demander à qui elles appartenaient. À la mère du jeune homme ? Une ex fiancée ? Elle les inspecta et pour finir choisit la plus confortable des tenues pour dormir.


**




Week end de Pâques. Aujourd’hui j’ai hâte de partir en ballade avec Niel. Je me souris dans la glace, le cœur emballé, mon corps excité par ces trois jours avec celui que j’aime. Oui je l’aime c’est maintenant une évidence, j’aime ce nouveau Niel, comme jamais je n’ai aimé un autre garçon. Je tente de me souvenir de Terrence Grandchester mais je me rends compte que c’est presque impossible, son image est devenue floue, mes souvenirs sont moins nets que par le passé.
« - C’est mieux comme ça. » me dis-je à moi-même face à mon reflet, ma valise presque trop petite à présent, trônant sur mon lit. Un coup de boutoir et je m’inspecte à nouveau, je replace mes boucles indisciplinées, maintenue en place par un bandeau rouge. Ma chemise fait garçon mais pour crapahuter dans les collines c’est idéal. J’ai un Jean – Celui que j’ai porté lors de mon évasion du collège royal en Angleterre – et des chaussures de marche. Bref mon allure est tout sauf sexy et ça m’amuse d’imaginer la tête de mon amoureux.
Je lui ouvre et lui aussi a fait des efforts. Il faut dire que ça fait une semaine que je lui dis de s’habiller en conséquence ! J’avais comme un doute au fait qu’il daigne lâcher enfin ses éternels costumes à la coupe parfaitement ajustée ! Il porte une veste en cuir, une chemise bleu ciel, un jean et des chaussures de sport. Il est canon ... je suis scotchée ce qui l’amuse follement.
- Si je m’étais douté une seconde de l’effet que je pouvais te faire dans cet accoutrement, je peux dire que j’aurais changé mon look beaucoup plus tôt !
- ...
- Candy ?
- Tu es magnifique.
Il se passe la main dans sa tignasse châtain, ses yeux ambre m’enduisent comme du caramel sur une friandise, sa bouche ... j’imagine qu’elle s’abat sur la mienne ... ma frilosité s’envole, à présent je me sens habitée par le Vésuve lui-même. Je suis peut-être devenue télépathe car Niel m’embrasse tout en prenant soin de refermer la porte d’entrée. Je quitte terre, je quitte mon modeste appartement, je me dissolve ...


**




Élisa se réveilla le lendemain, à dix heures. Jamais de sa vie elle n’avait dormi aussi longtemps ! Elle s’étira et inspecta sa chambre. Modeste et fonctionnelle étaient ses principales caractéristiques. En d’autres temps elle l’aurait dédaigné, la considérant inférieure à sa condition et aurait exigé une chambre décorée avec goût, avec des matières nobles, un bureau et une bibliothèque pour parer à tout ennui. Là pas de bureau, mais un lit tout simple, une fenêtre donnant sur le jardin qui se découpait en plusieurs pièces, comme un puzzle. Un potager, des arbres, des endroits pour se reposer, et enfin une barrière qui donnait sur le reste des terres du domaine. Sa chambre était idéalement placée. Un arbre au feuillage dense apportait une protection nécessaire face à un soleil implacable qui donnait une chaleur étouffante l’été. Elle aimait cet endroit et surtout son propriétaire. Loin de ses pensées la jalousie ressentie vis à vis de Candy et de son Terrence, non tout cela se tenaient loin d’elle, le calme, la nature, la vie simple étaient entrain de balayer tout ça devant la porte de son esprit. Elle se mordit la lèvre soudain en proie à une drôle d’angoisse. Son visage pâlit. Comment sa mère, la grande tante Elroy réagirait si elle leur avouait qu’elle était attirée par Tom Steel ? Un frisson la parcourut et elle referma énergiquement la fenêtre.
Judith était encore une fois seule dans la cuisine. Elle était entrain d’élaborer le déjeuner. Elle jeta un coup d’œil à la nouvelle venue et réalisa soudain qu’elle n’avait pas déjeuné.
- Je manque à tous mes devoirs ! Je vous prépare votre petit-déjeuner !
- Ne vous en faîtes pas pour moi fit Élia, la voix douce. Dîtes-moi où se trouvent les choses et je vais me débrouiller toute seule. Elle se mit à rire devant la drôle d’expression sur le visage de la domestique. Alors ?
Judith lui fit la visite guidée de la cuisine et des pièces adjacentes dont une était la réserve de toutes sortes de produits. Élisa se prépara elle-même son thé, se tartina son pain. Elle se rendit compte que jamais par le passé elle avait autant englouti. Elle prit aussi conscience de ses rondeurs or ... comment un garçon comme Tom pourrait faire attention à elle ? Dans son état ? Elle inspira profondément, elle allait changer et au diable sa mère, sa famille, sa soit-disant « éducation » de fille de bonne famille. Aussitôt son petit-déjeuner avalé elle se mit à la tâche et demanda à Judith qu’elles étaient les tâches domestiques à accomplir.


**




Les nouveaux pneus arrivèrent, furent remis sur la voiture. Élisa ne put s’empêcher de ressentir une grosse tristesse.
- Mademoiselle fit le chauffeur, nous pouvons y aller ... votre mère vous attend avec impatience !
Comment dire à se crétin qu’elle ne voulait pas rentrer au bercail ? Élisa fixait la voiture, circonspecte.
- J’aurais pensé que ça vous aurez fait plaisir de quitter cet endroit ! Lui souffla Tom.
- Je peux vous parler ?
- Là ? Maintenant ?
« Il est sourd ou quoi ? Oui maintenant ! ». Sa tête obligea le jeune homme à obéir.
- Nous revenons, dit-elle au chauffeur qui décidément avait de plus en plus de difficulté à suivre sa patronne.

- Hum, alors ? Il a raison votre mère va s’inquiéter.
Élisa le regarda et le désarroi qui emplissait ses prunelles lui fit comme un coup de poing vers le sternum. Jamais quelqu’un n’avait paru aussi ... désemparé.
- Je me rends compte que ... ça m’a fait du bien d’être ici.
- Je suis d’accord avec vous. Judith m’a paru nettement moins fatiguée que d’ordinaire. Il baissa d’un ton, prenant garde que ses propos ne soient pas surpris. Elle ne me dit jamais rien mais hier je l’ai entendu aller se coucher en chantonnant, et ce matin elle avait le sourire aux lèvres.
- Vous et moi sommes donc tombés d’accord. Je reste ici.
- HEIN ?
- Vous ne voulez pas de moi ? Elle s’obligea à retenir ce qu’elle retenait au bout de sa langue « vous non plus ? ».
- C’est-à-dire ... je ne voudrais pas d’ennui avec votre père ...
- Croyez moi, mon père ne vous fera rien, dans ma famille ce sont plutôt les femmes qu’il vous faut craindre.
- Ah ?
- Oui. Bref ... je me ferais toute petite, je ne vous gênerais pas ... mais je n’ai pas envie de retourner ... de retrouver ma mère ...
- Euh ... je crains qu’ici vous finissiez par vous ennuyer ... il n’y a pas grand chose en distractions ... par rapport à ce que vous connaissez ! C’est la campagne !
- Je m’en contre fiche. Alors ? Je peux congédier mon chauffeur ?
- Si ... Comprenez-moi bien ... si vous voulez partir ...
- Et bien vous me ramènerez ? Ça vous va ?
Tom fit un petit signe de tête affirmatif. Après tout elle faisait du bien à Judith, un point positif, et puis elle ne lui était pas indifférente. Certes ... il n’aimait pas particulièrement les rousses aux anglaises, ni le monde d’où venait Élisa mais elle semblait vouloir « changer ».

Élisa partit donner son congé à son chauffeur. Tom de son observatoire vit que l’homme n’était pas décidé à lui obéir mais pour finir, il céda.

« Allons bon, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire d’elle ?!! » se demandait-il alors qu’elle revenait vers lui. En fait quelques rares jeunes femmes l’avait côtoyé mais lassées par sa boulimie de travail, avaient fini par partir. Au fond de lui il ne doutait pas qu’Élisa suivrait le même chemin que les précédentes. Qui voudrait une vie faite de labeur ? Sans distraction aucune ? « Aucune » se murmura t-il pour lui même.

Élisa ne regrettait rien. En fait elle sentit qu’un lourd poids venait de quitter ses épaules. Elle goûtait pour la première fois de sa vie à une forme de liberté. Elle regarda l’homme qui venait d’ouvrir la porte de sa cage, de sa prison dorée. Il ignorait qu’elle était amoureuse de lui. Ce n’était pas le même genre d’amour que celui qu’elle avait ressenti pour Terrence Grandchester. Là c’était le « vrai » amour. Elle sentit une boule qui jouait au flipper dans son estomac. Elle savait qu’il ne l’aimait pas, qu’en gros il ne comptait que sur lui-même, sur son travail pour maintenir son héritage, son domaine, c’était un homme comme elle n’en avait jamais vu, une sorte de Pygmée, ou un indien jamais sorti de sa réserve, un étranger, un cas à part dans tous ceux qu’elle avait rencontré. Les hommes qu’elle avait croisés dans sa vie de petite fille riche lui avaient tous déplus. Pour quelle raison ? Elle aurait été bien en peine pour vous répondre car elle-même ignorait ce qui la rebutait chez eux. Il y avait toujours eu un défaut soit dans le physique, soit dans la situation sociale, soit dans le comportement, bref elle les avait tous congédiés. Sa mère pourtant ne désespérait pas qu’elle tombe amoureuse comme elle disait « d’un bon parti ». En s’approchant de Tom son cœur lui savait parfaitement qui était l’élu. Sa vie venait de changer et qu’elle le veuille ou non ... encore à cause de celle qu’elle détestait ... Candy.



À bientôt pour le CHAPITRE 8 :)

view post Posted: 24/3/2018, 11:01 La mort me va si bien - NielFic - Les fanfictions sur Candy

CHAPITRE 6





Tom est parti et franchement entre nous ce n’est pas dommage ! J’ai un peu honte de penser ça de lui mais la crainte qu’il dévoile tout m’a empoisonné au minimum deux nuits. L’Oncle William arrive demain mercredi soir, puis je quitterais cet endroit vendredi. Niel et moi sommes de garde le week end. En fin de compte j’aime bien le Ranch et je comprends pourquoi monsieur Legan s’y terre. Oui s’y terre car il a bien fait comprendre à Niel à quel point il exècre l’étiquette instaurée par la famille André et qui perdure grâce à la volonté farouche de la grande tante Elroy de rester comme figée dans un espace-temps révolu mais qu’elle ignore. Ici c’est calme, je n’ai pas droit aux « gros yeux » du passé lorsque j’aidais le cuisinier à faire ses brioches, bien au contraire d’ailleurs ! Niel m’a accompagné et à même participer ! J’avoue que je l’aime de plus en plus ... il est tellement différent et à la fois identique à lui-même, comme un diamant à plusieurs facettes qui envoie une lumière différente selon l’angle qu’il présente. Depuis le départ de Tom lui aussi et soulagé mais je sens que quelque part il m’en veut mais de quoi ? De le connaître ?
« - Oui de le connaître, m’a t-il avoué alors que Tom passait le portail.

- Tu n’as rien à craindre pourtant.

- Tu as tout à craindre bien au contraire, a t-il marmonné. Je l’ai regardé l’air interrogateur.

- Et pourquoi ?

- Son père connaît des gens qui ont des points communs avec ceux de notre famille. C’est un fermier certes mais il travaille avec l’oncle William. Je sais, rajoute t-il en me fixant, l’oncle William te protège mais ... il ne faudrait pas que ...

-- Niel personne ne le croira qu’il m’est revu.

- À espérer. De toute façon si je disparais aussi nous serons totalement libre. J’avoue que j’ai hâte.

- Ce qui m’épate ... c’est que tu ne crains pas de ne plus voir ni ta mère, ni ta sœur ...

- Elles sont tes ennemies, et tes ennemies deviennent mes ennemies. ».

Il m’a ensuite enlacée et nous nous sommes embrassés, et je dois dire que je suis une sorte de pécheresse droguée à ses baisers. Il me transporte et j’adore repenser à ces moments dès que j’ai cinq minutes, et croyez-moi, je les ai !

- Candy à quoi penses-tu ? Tu as l’air songeuse ... j’espère que ce n’est pas ce Tom qui monopolise ton cerveau mais moi !

- Rhôôô bien sûr que c’est toi Niel, tu n’as plus rien à craindre de qui que ce soit ...

- Oh mais que si !

- Mise à part ta famille je veux dire !

- Crois-moi que c’est un sacré chantier mais je compte bien en venir à bout. Les secondes se mettent à filer, notre regard enveloppe le domaine recouvert de la seule clarté lunaire.

- J’ai bien réfléchi ... je vais disparaître dans un accident de voiture ... ça ne les étonnera pas.

- Tu es sûr de ce que tu fais ?

- Oui ... il a un drôle de sourire à présent. Pour être certain que ce Tom ne nous nuira pas j’ai même peaufiné le plan.

- C’est-à-dire ?

- Que quelqu’un d’autre sera décédé à mes côtés.

La pointe de la jalousie m’asticote. Cette idée-là ne me plait pas du tout !

- Et qui ?

Mon ton a dû ressembler à celui d’un pic à glace. Niel mime l’effroi et je ris.

- Jessie André.

- NIEL !

- J’ai un boulot et ...

- On se calme d’accord ?

Je me mords la lèvre inférieure et je m’aperçois que son regard est comme scotché sur cette partie de mon visage.

- En tant qu’infirmière tu retrouveras du travail facilement.

- Et toi ? Tu n’es pas encore médecin !

- Pour mourir je vais attendre de l’être.

- Tom peut nous nuire, je glisse, morose.

- Je vais en glisser un mot à l’oncle William ... crois-moi il y a une seule chose qui retient quelqu’un de nuire à un autre.

- Et laquelle ?

- L’argent. Candy ... il soupire amusé, l’argent peut tout faire ! L’argent c’est une sorte de Dieu sur notre terre. J’adore imaginer d’ailleurs la tête de cette vieille bique de Mère Supérieure au Collège Royale quand je dis cette vérité à haute-voix.

« Il a raison », c’est ma première pensée. Il n’y a que les gens modestes comme moi qui nous en fichons parce que nous n’avons pas peur du travail et de nous investir pour les autres. Les gens riches craignent la ruine car ils descendraient à notre niveau et seraient complètement inadaptés.


**




L’oncle William arriva, me salua et s’enferma avec les hommes de la maison. Cela me surprit au premier abord puis me retrouvant seule je décide d’aller me promener, un peu pour vérifier que tous les endroits qui m’avaient marqué au fer rouge, n’avaient plus une quelconque importance.
Il fait beau mais froid, l’endroit est désert, le silence est roi, fini les bruits de mon enfance, je me sens enveloppée dans une cape appelée mélancolie. Je sais qu’ici j’ai été malheureuse mais aussi heureuse car j’y ai rencontré mes amis de toujours. Je décide d’aller vers le lac dont la surface est un miroir qui renvoie un ciel exempt de nuages. Je me laisse aller à l’admiration de sa beauté.


**




- Ainsi Niel tu veux toi aussi partir et quitter notre famille, j’avoue que cette attitude me surprend.

- N’est-ce pas ... gronde Niel. Je vous comprends quelque part, vous m’avez toujours connu me jetant dans les jupons de ma chère mère, faisant mes mauvais coups avec ma sœur, bref ... de cette vie-là je ne veux plus.

Albert baisse le nez et glisse un regard vers le père de Niel. Il y a une sorte de connivence entre eux.

- Je veux que Candy et moi-même soyons en paix, loin de notre famille.

- Je te comprends. Maintenant ... il faut un plan, des gens dans la confidence, bref ... il faut éliminer tout risque que ce que nous allons établir soit dévoilé.

- Bien entendu.

Niel se tourne les mains, comme cherchant quelque chose à avouer.

- Au fait, commença t-il doucement. Albert lève son visage vers lui, attentif. Au fait ... il faut que vous détruisiez les documents concernant Candy.

- Il n’y a aucun document.

- Si ... rétorqua t-il, têtu. Je le sais continua t-il, contrit. Une de vos domestiques, me les a montré alors qu’elle me voyait dépérir. Il sentit se peindre la satisfaction, puis le remord sur le visage encore juvénile d’Albert. Il faut que vous détruisiez ses preuves au plus vite je pense. Imaginez si ma sœur tombe dessus par une âme malveillante.
Albert garda le silence mais il savait depuis le début qu’il aurait du détruire les documents mais l’idée de se détacher complètement de Candy lui était tout simplement impossible.

- Oui ... Albert, Niel a raison. Je suis désolé mais vous le savez au fond de vous. C’est un trop grand risque.

- Je sais.

- Bon, maintenant comment allons-nous nous y prendre ? Il regarda son fils, plus volontaire que jamais à disparaître.

- J’y ai réfléchi. Je fini mes études à New York puis j’ai un accident ... je fais la « une » des journaux et dans le même temps vous me fournissez une autre identité. Ma situation sera stable puisque j’aurais un travail et aucune difficulté d’en retrouver un autre ... je pense même que nous changerons d’état afin qu’il ne vient à l’idée de personne de remonter ma trace.

- Hum ... qui devra mourir à ta place ?

- Et bien ... avec du maquillage ... je peux passer pour un bon mort je pense ... ensuite j’échangerais ma place avec un vrai ... vous voyez ce que je veux dire ... Les deux hommes hochèrent sentencieusement la tête. Ainsi ma mère et ma sœur pourront constater mon décès.

- C’est risqué, intervient Albert. Non Niel ça ne va pas être possible ... mais une sculpture de toi en revanche pourra faire l’affaire. Qu’est-ce que je viens de dire de si extraordinaire ? Niel et son père le regardait, leurs oreilles comme tournées telles des radars à la recherche d’une vie extraterrestre. Cela vous semble impossible ?

- Non. Évidemment ... mais il ne faudra pas que quelqu’un s’approche de trop près ... ni touche ...

- On peut également éviter cette exposition par une disposition testamentaire peut-être ... ou ... si c’est un accident, établir que tu es trop défiguré et ... ta présentation impossible. Il eut un petit rire. Je songe à notre conversation, à son côté morbide.

- Je veux disparaître. Continuer certes à vous rencontrer mais ne plus côtoyer ma mère ou ma sœur, je ne veux plus que ma famille nuise à Candy.

- Nous allons faire en sorte que tu sois libre. Déjà je vais voir à mon avocat et notaire pour que ta part d’héritage te soit versée.

- Maman ne va se douter de rien ?

- Ta mère ne s’intéresse en rien à notre fortune, elle se contente de la dépenser.

- Évidemment.


**




Le déjeuner se déroula dans la bonne humeur et la légèreté. Je sens chez Niel comme un poids qui s’est volatilisé de lui-même, il est comme libéré, il me fait l’effet d’un prisonnier qui est remit dans la rue après de longues années d’emprisonnement. Je me sens heureuse pour lui.

- Candy, voilà ce qui a été décidé. Je deviens médecin, j’ai un accident quelque temps après ... je meurs sur le coup ... nous partons ailleurs avec une autre identité ... et nous nous marions. Ça te va ?

- Tu ne regretteras pas ? Je me sens tendue. Pour moi mourir n’a pas été un problème loin de là ... parce que n’ayant aucune famille en quelque sorte, (tout du moins n’en ayant pas conscience tellement les André vivaient dans une autre dimension) je n’ai eu aucun problème à rompre le cordon.

- Non ! Je t’assure que non. J’ai changé et tu le sais, je l’espère ...

Je hoche la tête. Oh que oui il a bel et bien changé. Il a cependant conservé son expression d’être sûr de lui, cet air conquérant qui fait qu’on est certain qu’il va gagner le dernier round. C’est peut-être ça qui fait que j’aime être dans ses bras ... ça ne m’avait jamais fait ça ... me souffle ma petite voix, même quand Terry m’avait embrassé ... je lâche un soupir nostalgique.

- Hum ... tu as une drôle d’expression, comme une sorte de regret m’avoue Niel, attentif.

- Non rien. Je t’assure. Je mesure le changement ...

- Pour nous aussi c’est un changement, intervient Albert. Il va falloir que nous nous montrions discrets ...

- Oh il y a un autre moyen ! Le père de Niel nous regarde amusé.

- Lequel ? Faisons-nous tous en cœur.

- La guerre est terminée ... je sais que ma chère épouse aimerait visiter la France ... tout comme ta sœur ...

- C’est une idée, murmure Niel, intéressé.

- N’est-ce pas ? Au moins elles ne seront plus dans nos jambes, nous éliminons un risque.

- Vous ne me paraissez pas très « attaché » à Élisa, à votre femme ... je rougis car je sens le regard surpris de Niel et d’Albert.
Il soupire. Son visage a soudain le poids des années, une fatalité, la solitude, s’invitent dans ses yeux qui sont de la même couleur que ceux de Niel.

- Vous avez raison. Sans doute est-ce du à notre éloignement. Ma femme ne l’est que par le titre, je me sens comme un étranger dans ma propre famille, ça te surprend non ? Niel ?

- Non papa. Tu l’as quelque part toujours été ... tu ne viens quasiment jamais aux réceptions, et maman et bien ... n’est jamais avec toi et depuis quelques années !

- Oui ... j’aime la solitude. Il se lève et se dirige vers la fenêtre qui domine le domaine, une vigie sur un bateau de pirate. J’aime être seul, ici, je gère le Ranch à ma façon, la nature pour partenaire et elle ... elle ne triche jamais.
Nous le regardons, pour moi il a toujours été une énigme. J’ai cette sensation d’un pincement lorsque je pense qu’il n’est jamais intervenu dans les injustices dont j’ai fait l’objet mais bizarrement aujourd’hui je le comprends, il n’a fait qu’obéir aux normes de l’éducation des enfants de mon époque : c’est le travail des épouses.


**




Tom se remettait de sa blessure par balle et malgré les injonctions, avait refusé obstinément de rester à la maison. Il était à nouveau sur pied, rassemblant avec la dextérité qui le caractérisait le troupeau qui comptait une bonne centaine de bêtes. Lorsqu’il avait quelques minutes de répit il repensait à Candy. Au fait qu’elle avait beaucoup changé surtout. A ses cheveux coupés courts et qui contre toute attente, lui allaient à merveille, à sa silhouette toujours fine et gracile, à ses magnifiques yeux verts toujours bienveillants envers tout le monde. Puis il repensait au fils Legan et instinctivement son visage appliquait en revanche une humeur beaucoup plus morose. Il se faisait du souci malgré tout pour celle qui avait été son alter ego à l’orphelinat Pony. En regardant son domaine, son cheptel, son passé, Tom se rendait compte à quel point il avait négligé sa vie personnelle. Certes il avait eu quelques amoureuses, dont une plus jeune que lui mais ça n’avait pas collé, à présent il se rendait compte à quel point il avait été victime d’une illusion, sa solitude largement dissimulée par des excuses en tout genre dont une qui avait fonctionné au-delà de ses espérances : le travail. Son père adoptif lui avait inculqué dès son plus jeune âge que le bonheur ça se mérite et ce par un travail acharné et l’effort. Il n’avait jamais eu un moment de répit car seule la prospérité du domaine comptait. Il était lui aussi un prisonnier et il pinça les lèvres à cette idée. Oui il était bel et bien enchaîné à la prospérité du domaine, à son père et à son nom, sa vie ne lui avait jamais à proprement parlé « appartenu ». Il soupira et quiconque se serait approché, aurait remarqué l’immense tristesse qui marquait ses traits, une vérité implacable taillant à la serpe des rides jusque là invisibles, cachées par le masque d’une jeunesse passée au grand air.


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C’était le moment de partir. Valises enfournées dans le coffre, j’agite mon bras à cet homme, cet inconnu qu’a toujours représenté à mes yeux, le père de Niel. Je prends conscience que j’ignore même encore son prénom ... mais est-ce que cela a une quelconque importance ? À vrai dire cela n’est même pas sûr. Niel m’appelle et je m’assois à ses côtés. C’est parti pour des heures et des heures des routes. J’ai hâte à présent de retrouver mon minuscule chez moi, de me retrouver seule et de faire le point. Bientôt le silence nous enveloppe tous les deux, chacun dans ses pensées, se repassant le film de ce séjour. Je devine cependant que Niel réfléchit à son moyen de disparaître ... je sais qu’en fin de compte nous on amené à une disparition ce qui éviterait les inconvénients de mise en scène avant sa mise en terre. Il doit être arrivé à la même conclusion d’ailleurs car au bout d’un moment je sens sa main sur ma cuisse. Je sens mes idées devenir de moins en moins clair, et le sommeil m’emporte.

Je me sens rêver. L’orphelinat, Tom, Niel, sa famille infecte ... tous jouent un drôle de rôle dans ma tête ... puis la valse devient plus lente et enfin je me réveille. Niel a garé la voiture dans un endroit isolé et lui aussi prend une pause. Eclairé par la lune je le regarde. Il est détendu et je ne me lasse pas de me repaître de sa beauté qu’Aphrodite lui a donnée. Je me réinstalle sur mon siège et j’observe les alentours. C’est calme, peut-être trop, peut être est-ce avant une tempête ... c’est trop exceptionnel dans ma vie pour que cet aspect perdure.


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Mme Legan se sentait envahir depuis le départ de Niel d’une étrange lassitude. Qu’avait-elle raté pour qu’il la fuie ? Quelle lubie lui avait été insufflée pour qu’il veuille travailler ? Cette fille, cette satanée orpheline avait eu beau avoir la bonne idée de disparaître définitivement, elle avait eu l’outrecuidance de changer son fils. Son « Niel », sa fierté, son héritier, son enfant sur lequel elle avait fondé tant d’espoirs ! Elle soupira et jeta un coup d’œil à Élisa. Il ne lui restait qu’elle. Elle grimaça. Élisa n’avait jamais été malléable. Elle avait toujours eu du tempérament mais à sa décharge avait vite compris l’intérêt de suivre les règles à la lettre. Elle s’était montrée douée au plus tôt pour appliquer l’étiquette du clan et ainsi passer pour la préférée de la grande tante Elroy. À présent elle prit conscience qu’Élisa ne quitterait jamais de son plein gré son nid familial. Elle s’y sentait trop à l’aise. Elle ferma les yeux s’obligeant à décoller de sa rétine sa fille qui désormais se boudinait dans des robes qu’elle s’obstinait à prendre d’une taille inférieure, au risque de faire céder les coutures. Ce changement avait eu lieu dès la disparition de sa grande ennemi. Élisa n’ayant plus de souffre-douleur attitré se vengeait sur la nourriture, comme une sorte de compensation. Souvent elle se demandait ce qui ne tournait plus rond chez sa fille mais n’étant pas une adepte de la psychanalyse l’ignorait et se réconfortait en se convainquant que lorsqu’elle tomberait amoureuse d’un beau parti (et surtout riche) elle ferait à nouveau attention à son alimentation.

La tante Elroy était elle aussi d’humeur morose. Albert refusait obstinément de vivre sous le même toit qu’elle. Ce qui n’était pas pratique. Elle avait bien tenté d’en connaître la raison mais il avait répondu par des excuses telles que « Ce n’est pas ma façon de vivre et vous le savez bien », ou « Pour gérer les affaires j’ai besoin de silence », ou encore « J’aime avoir les bruits de la nature pour compagnie, vous savez au combien je fuis la société ». Elle soupira une énième fois en quittant son livre des yeux, son Albert avait toujours été une sorte d’étranger, à se demander s’il était réellement son fils. Son visage se contracta lorsque son esprit lui rappela l’adoption de cette trainée, de Candy. Il lui avait désobéi lorsque malgré ses menaces il avait adopté cette fille. Oh elle avait bien compris qu’il l’avait fait parce que la seule grâce dont elle disposait était sa beauté, et sa spontanéité. Elle grimaça comme si une remontée acide l’avait accommodée. Sa spontanéité était une épine dans le beau tableau que faisait la famille André, car la plus grosse crainte de la grande tante Elroy était d’être non conforme au regard des autres.


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- Le carrosse de madame Legan ... pardon ... on en trouvera bien un qui nous ira comme un gant ... est avancé.

- Merci Niel. J’ai une boule au ventre parce que mon séjour avec lui est terminé et que le travail va reprendre dès demain.

- Hum ... il lève les yeux sur ma façade d’immeuble et comme si je l’avais connu depuis toujours, je sais ce qu’il pense. Candy ... pardon (il fait un rapide droite-gauche) Jessie, dès que possible je t’emmènerais dans un autre endroit.

- Je suis bien ici.

Il me jauge. Je me sens comme j’avais dix ans et qu’une remarque cinglante va franchir ses lèvres.

- Je veux dire que j’ai tout ce qu’il me faut ... que ça va avec mon métier d’infirmière !

- Tu mérites mieux.

Il prend ma valise, referme le coffre et ferme à clé la voiture.

J’entends des bruits sur le palier de Bettie ... je sais qu’elle est aux aguets, qu’elle a hâte que je lui fasse un compte-rendu de mon séjour au Ranch.

- Voilà ... il a la mine morose et il me fait de la peine. Bizarrement j’ai envie qu’il reste, je me sens prête à n’importe quoi pour ne pas qu’il referme la porte derrière lui. Hum ... j’avoue que je ne me sens pas pressé de partir. Tu as du café ?

- Euh ... non ! Du lait ... (il grimace), mais pas de café.

- Tant mieux ! Allez viens je t’en paye un ... j’avoue que j’aime bien cette excuse de retarder notre séparation.

Le froid est piquant. Lui aussi resserre son col sous la morsure du vent. Son bras libre vient alors m’enserrer la taille et me serrer contre lui. Je réalise que les hormones ou les émotions sont décidément étranges par leur comportement, mes joues deviennent brûlantes, insensibles à la température réfrigérante. Un café se matérialise devant nos yeux, et ce n’est pas le plus adapté à ma bourse, je tente une désertion.

- Pas question gronde Niel qui vient de s’arrêter, le nez dans mes boucles libérées de tout ruban superflu.

- Niel ... c’est cher, pour un café c’est ...

- C’est moi qui paye, cesse de t’en faire.

- Ça me gène.

- Je sais. Il sourit fier de lui. J’aime quand tu es gênée parce que je peux te gronder et je sais que ça t’énerve.

- Grrr.

Il se contente d’un petit rire et sans crier gare me propulse à l’intérieur. La chaleur ambiante me sèche d’un coup, comme une orange juteuse qu’on déshydrate en quelques secondes. Un homme stylé (mais qui a la grosse tête à en juger par le regard qu’il me jette) s’approche, guindé.

- Monsieur, madââââââme ?

- Une table.

Il le balaye du regard (sans doute pour évaluer le porte-monnaie) et le met dans les payeurs acceptables pour son établissement. Il nous conduit dans un renfoncement, pas loin d’une cheminée monumentale.

- Un café ? J’avoue que j’ai un peu faim également ... alors prends toi aussi ce que tu veux.

- Niel ...

- Je ne veux aucune objection.

Il me cloue avec son regard brûlant. J’y vois une drôle de lueur qui pourtant ne m’est pas inconnue ... son visage se détend d’un sourire.

- Tu es magnifique ... et si l’établissement n’était pas si regardant avec les bonnes manières ... sa voix est plus rauque et moi ? Je me sens inexplicablement frissonner.

- « Si l’établissement n’était pas si regardant avec les bonnes manières ... » et bien ? Que ferais-tu ?

- Tu as une exacte idée de ce que je ferais.

Je me mets à jouer avec une de mes boucles dont la pointe vient agacer ma lèvre inférieure. Son regard chaud comme la sensation de l’alcool d’un verre de whisky vient gonfler mon système circulatoire, je sens mes joues devenir presque incandescentes.

- Arrête Candy ... menace t-il.

J’ai chaud et je sais que la cheminée du café n’est pas l’unique responsable de cette température intérieure.

- Sinon ?

Le serveur se tortillant tel un mannequin qui joue sa carrière sur le podium vient prendre notre commande. N’ayant pas eu le temps de choisir, Niel prend la liberté de le faire à ma place. Étrangement ça ne me fait rien qu’il prenne les rennes, j’ai la gorge sèche, je suis cramoisie, exsangue.

- Bien ... ton insolence se paiera ... tu le sais ?

« Oh son regard m’envoûte ... », pour la première fois de ma vie, j’ai drôlement envie de la payer l’addition, s’il savait ! « Oh mais il le sait ! ». Mon attention se fige sur sa bouche gourmande, ses yeux, ah si seulement nous n’étions pas entrain de boire un café !

Il tient sa promesse, sa bouche sur la mienne alors que la porte de mon appartement vient de se refermer. Je n’ai pas envie qu’il parte même si je sais que je le verrais dans mon service. Je réalise que le temps passé avec lui a été trop court.

Il vient de partir et je sens encore son eau de toilette qui flotte, un ectoplasme odorant s’étend dans toutes mes pièces, je ferme les yeux et je revoie Niel me serrer dans ses bras, Niel et son regard envoûtant, Niel et son air supérieur qui ne me déplaît plus du tout, Niel, Niel est devenu un habitant à plein temps de mon cerveau. Je me plante devant ma fenêtre et je réalise soudain que j’ai voulu mourir pour lui échapper et qu’étrangement je suis devenue une proie consentante dans les griffes de mon chasseur. J’ai soudain un petit goût acide dans la bouche ... et si Niel me jouait un nouveau tour ? « Et pourquoi le ferait-il ? Tu n’existes plus ... son alibi pour te faire du mal a disparu le jour de ton enterrement. ». Je souris mais je ne parviens pas à taire mes angoisses.


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Une lettre attendait Niel sur la table de son salon. Il rechigna aussitôt à la décacheter car il savait d’emblée sa provenance. Il prit sur lui et déplia le papier parcouru d’une écriture serrée, sèche, et donc agressive. Sa mère l’enjoignait à venir à Chicago pour une réception avec la promesse d’une rupture de sa retraite monastique. Elle lui avait trouvé une perle rare, belle et riche, qui le dispenserait de « travailler » (elle avait souligné ce mot tant il la révulsait). Une idée lui vient que sa mère méprisait en quelque sorte son père et c’était la raison pour laquelle ce dernier vivait reclus dans son ranch. Il sentit l’agacement familier s’insinuer en lui comme un poison. Il allait lui répondre qu’il refusait puis se ravisa. Une perte de temps de plus, et il rangea son papier à lettres. Il se servit un verre de whisky et l’avala cul sec. Il repensait à son séjour avec la seule femme qui désormais comptait à ses yeux. Il l’avait conquise et cela l’emplissait de bonheur mais subsistait néanmoins une ombre et non des moindres : sa famille. « Bientôt j’aurais disparu de vos vies à toi maman, à toi Élisa, à moi la liberté de mener ma vie comme je l’entends ! » Il sourit tandis que la chaleur du whisky prenait le dessus sur l’effet glacé de la lettre de sa mère.



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- Il ne répondra pas fit Élisa à sa mère.

- Mais si ... il aime les réceptions ...

Sa fille la regarda d’un air de dire « Ma pauvre maman tu vis dans ton monde d’illusion si tu savais ! ». Elle se contenta de serrer ses lèvres fines. Son regard qui était le jumeau de celui de son frère c’était fait glacé. Le comportement de Niel ne lui disait rien qui vaille. Il y avait quelque chose et elle saurait ce que c’était.

- Maman ... je pense qu’il faut que nous changions d’air.

- Que veux-tu dire par là ?

Elle la regardait d’un air ahuri. Élisa prit la mesure que sa mère avait vieillie. Désormais quelques cheveux blancs venaient éclaircir ses cheveux disciplinés dans un chignon immuable qu’elle lui avait toujours connu.

- Je veux dire par là que j’irais bien au Ranch voir papa.

Elle guetta l’effet sur le visage marqué de sa mère avec une certaine satisfaction.

- Dans ce trou paumé ?

- Oui ... peut-être que Niel y a été ... peut-être qu’il y a quelque chose à apprendre ...

- Qu’est-ce qui te prend ? Tu trouvais cet endroit indigne de ta condition sociale et là maintenant ... Un sourire calculateur associé à un regard intelligent illuminait le visage de sa fille.

- Maman ... il y a ce qu’on sait nous, et ce que savent d’autres.

- Je te prie d’arrêter de parler par énigmes.

- J’ai entendu des domestiques ... c’est toujours très intéressant.

- Va au fait.

- Et bien l’une d’entre elles a entendu des rumeurs comme quoi Candy ne serait pas vraiment morte.

- QUOI ?

- Ce n’est qu’un bruit de couloir mais cela expliquerait pourquoi Niel est devenu cachottier, pourquoi il a quitté la ville ... ou alors c’est qu’il a quelqu’un ...

Le mot « quelqu’un » plana sur eux comme une raie Manta qui va s’abattre violemment sur eux. Madame Legan arbora un magnifique masque d’angoisse sous le regard impassible d’Élisa qui visiblement attendait les effets de sa bombe avec délectation.

Elle en était devenue convaincue presque jour après jour. Elle avait surveillé son frère avec beaucoup plus d’attention que d’ordinaire ... elle avait noté ce changement imperceptible en lui lorsqu’il s’était mit à sortir, à surveiller ses arrières, il y avait quelque chose, une anguille, un truc pas clair et elle n’était pas loin de parier une somme conséquente que Candy n’était pas plus morte qu’elle-même. Elle saurait si c’était cette fille qui avait une nouvelle fois tourné la tête de son frère. Les domestiques lorsqu’on faisait mine de les écouter étaient une véritable mine d’informations et elle comptait bien l’exploiter.

- Tu viens ou pas au Ranch maman, mais moi j’y vais dès demain.

- D’accord ... je te suis ... si nous pouvons en apprendre un peu plus ... peut-être a t-il présenté une fille à ton père, il n’y aura plus qu’à faire des recherches sur son compte.

Élisa se détourna vers les rayonnages de la bibliothèque, son visage portait les stigmates de toutes ses années de haine envers cette fille. Si elle avait raison, si l’oncle William avait aidé Candy a changé d’identité ... après tout personne ne l’avait vu dans le cercueil ... soit-disant parce qu’elle y était défiguré et que ce serait trop dur visuellement à supporter ... « Tu parles ... c’était pour mieux nous berner oui ! Je suis sûre que Niel a retrouvé sa trace ... il est avec cette fille, mon instinct ne m’a jamais trompée ! Jamais ! ».


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New York, monstre autonome, reprit ses fonctions de vie dès l’aube, grouillant de cris et d’agitation disparates. Les voies de circulation surtout se bouchèrent comme d’habitude aux mêmes heures par un phénomène encore inexpliqué. Candy quand à elle avait repris le travail d’excellente humeur ainsi que Niel. Personne ne remarqua les nuages sombres s’amoncelant au-dessus de leurs têtes car s’ils les avaient vu ils auraient fait au plus vite leurs bagages pour fuir les pages obscures qui allaient survenir.


J'espère que ce chapitre vous a plu, n'oubliez pas de me laisser vos impressions. Bientôt le CHAPITRE 7

195 replies since 22/4/2015