CHAPITRE 3
« Ainsi c’est ma famille » songeait Candy, assise entre Albert et Niel. Elle avait put juger de la froideur de la grande tante et de madame Sarah Legan lorsqu’elle était allée les saluer. Niel lui avait prit alors la main et avait collé sa bouche sur les phalanges de sa main tout en les fixant de la manière la plus insolente qui soit. Sa mère avait – devant cette provocation, une première de la part de son « fils chéri » – tout simplement tourné les talons. « Bienvenue dans ma famille » avait-il murmuré dans son oreille. Elle avait bientôt oublié ce contact calamiteux lorsqu’Archibald et Annie étaient venus à sa rencontre. Archibald avait fait une drôle de tête lorsqu’il avait constaté qu’à son bras se trouvait posté un Niel protecteur. Candy de son côté l’avait observé comme quelqu’un qu’elle voyait pour la première fois. Annie n’avait pu dissimuler également une grande surprise.
- Et bien Candy ? Tu en fais une tête ! Comme si ... comme si tu me voyais comme ... un peu comme si tu ne m’avais jamais vue !
- Euh ...
- C’est cela même, intervint Niel. Candy put sentir qu’il était tendu, comme prêt à bondir.
- Ne me prends pas pour un imbécile fit Archibald, méfiant et courroucé, qu’est-ce que tu lui as fais ? Tu l’as drogué ? Réponds ! On sait tous ici ce dont tu es capable !
- Jamais de la vie ! Archi pour qui me prends-tu ? Il ne put contrôler un petit rictus de travers, celui-là même qui avait tant horripilé Candy dans un passé pas si lointain.
- Jamais Candy ne se tiendrait à tes côtés, cracha Archibald furieux. Tu le sais bien !
- Je ... enfin je ne comprends rien à ce que vous racontez ! Intervient alors Candy dont le regard naviguait de l’un à l’autre, à présent irritée par un tel comportement.
- Niel ... Niel t’a fait beaucoup de mal ! C’est impossible que tu es passé l’éponge ... il y a encore quelques mois tu le fuyais comme la peste. On dirait que ... que tu ne te souviens de rien ! Tu es sûre qu’il ne t’a pas drogué ? C’est obligé que tu t’en souviennes ! Fit Archibald exaspéré.
- C’est impossible ... murmura Candy comme pour elle-même, et même si c’était vrai vous ... vous m’insupportez tous les deux ! Je ne sais même pas qui vous êtes d’ailleurs ! Vous me parlez comme si je vous connaissais ! Elle jeta un coup d’œil à Niel puis dégagea sa main et décida de les planter tous là, elle avait besoin de rassembler ses idées. Annie la regarda s’éloigner abasourdie. Archibald lui désormais, était bien décidé à tirer les vers du nez de Niel ! C’était tellement une situation improbable que forcément il y avait quelque chose de louche là-dedans.
**
Ses pas la conduisirent devant la salle de réception mise sur son trente-et-un pour l’occasion. Un magnifique sapin trônait, habillé comme il se doit : des guirlandes vaporeuses en plumes blanches, des breloques dorées, et des boules argentées terminaient ses branches. Une étoile était plantée bien droite sur son sommet. L’ensemble était magnifique et Candy se surprit à admirer la mise en scène puis ses pensées la détournèrent du spectacle. Pourquoi la vie était-elle si injuste ? Qu’avait donc pu lui faire ce garçon pour que tous la mettent en garde ? Sans compter que même l’intéressé freinait son élan, comme s’il craignait un retour de flammes. Son visage se voila de tristesse, c’était son passé qui détenait une fois de plus la réponse à toutes ses questions. Elle s’éloigna de la pièce centrale des festivités et se retrouva dans une aile de la résidence dans laquelle elle n’avait jamais mis les pieds. Elle réalisa qu’elle était allée trop loin et que ses hôtes allaient s’inquiéter, elle rebroussa chemin. Le silence accompagnait le crépuscule qui allait céder à son tour la place à la nuit, son regard se dirigea alors vers la tour qui trônait à côté du lac. Bizarre cette sensation qu’elle y était déjà allée ... mais quand ? Pourquoi ? Elle soupira ... encore des questions sans réponses !
Elle retrouva enfin la pièce dédiée aux festivités et vit avec angoisse qu’il y avait énormément de monde. Son regard croisa avec soulagement celui de Niel. Il vint au pas de charge à sa rencontre.
- Où étais-tu ? Je me suis fais un sang d’encre ! Je te rappelle que ... enfin tu as des problèmes de mémoire ... tu aurais pu te perdre !
- Excuse-moi mais ça m’insupporte de voir ces gens me prévenir contre toi ! Je ... voilà je veux que tu saches que je me fiche de ton passé ! Je sais que tu es complètement différent de ce que ce ... Archibald ou cette Annie ou ... autre ! Veulent que je croie de toi !
- Ne sois pas si sûre de toi grommela Niel. « Encore cette inquiétude ! Ah si seulement je pouvais me souvenir ! » se dit-elle. Je n’ai pas été si « gentil » que ça fit-il en posant les guillemets dans l’air. Archibald et Annie ont raison d’être méfiants, ils ne peuvent pas savoir à quel point je ... sa bouche devient un trait, aucun son fut autorisé à sortir.
- « A quel point je ... », je quoi ? Niel dis-moi ! Tu t’occupes de moi depuis que je suis sortie de l’hôpital ... pourquoi ? Si tu étais un monstre tu ne l’aurais jamais fais !
« Si tu savais ! » Niel la regardait comme un enfant s’interrogeant sur le fait de piocher ou non dans le pôt de confiture si tentant. « Non ... tu dois attendre qu’elle retrouve la mémoire ... là tu sauras si vraiment elle t’aime ou si ... si elle te détestera comme auparavant ... ». Il lâcha un soupir.
- Je ... j’ai refusé que quelqu’un d’autre que moi-même ne s’occupe de toi. J’ai beaucoup à me faire pardonner.
- Bon ... alors je te pardonne ! Ça te va ?
Il eut un petit rire mais la méfiance et la maîtrise de lui-même l’habitaient, immuables.
- Ce n’est pas si simple. Il eut pitié une poignée de seconde de son expression sur son visage, teintée d’une grande tristesse. « Ne cède pas Niel Legan, ne cède SURTOUT pas ! ». Viens et cesse de te ronger les sangs ! Le ton tentait d’être enjoué mais il fit chou blanc. Je t’aime Candy avoua t-il enfin. Je t’aimerai quoiqu’il arrive mais ... je ne profiterai pas de la situation.
- Niel ... ses lèvres tremblaient, à deux doigts de se laisser submerger par l’émotion. Il posa tendrement son index sur sa bouche. Niel moi aussi je ... une larme générée spontanément jaillit hors de ses cils.
- Pas maintenant ! Souffla t-il alarmé. Surtout pas maintenant ! Répétât-il tout en serrant les dents. Ne laisse pas ma famille voir ta faiblesse ! Chuchotât-il.
- Pour ...
- Ma famille n’a pas les mêmes intentions que moi.
Il prit sa main et l’entraîna à sa suite sans dire un mot.
Leurs places respectives leurs furent indiquées. Elle rencontra alors qu’elle tirait sa chaise, le père de Niel, elle nota qu’il était beaucoup plus aimable que sa femme. Ils parlèrent d’Élisa ... « Qui était-elle ? Et pourquoi cette peur qu’elle pouvait sentir s’échapper de Niel ? ». Puis Albert vint à son tour lui dire quelques mots puis tous prirent place. Elle ferma les yeux, soulagée de voir qu’elle avait été placée au centre des deux hommes qui comptaient désormais dans sa vie.
Niel instaura une conversation qui sembla le passionner avec son voisin puis sa femme Candy soupira, songeant qu’il faisait exprès de se désintéresser d’elle. « Pourquoi ? Pourquoi est-il comme ça alors qu’il m’a dit qu’il m’aimait ! Mais enfin ce garçon est impossible ! ». Bientôt la colère la gagna et elle dû refréner son impulsivité de quitter les lieux. Il ne voulait pas d’elle ? Alors elle allait lui rendre la monnaie de sa pièce ! Non mais !
**
Le repas dura une éternité. Bientôt elle fut également accaparée par des gens dont elle n’avait aucune idée, notamment quelques jeunes hommes célibataires à la recherche d’un beau parti. Puisque Niel faisait mine d’être indifférent et bien elle aussi elle allait jouer ! L’un d’entre eux, plutôt bel homme, les traits fins, cheveux bruns et à la silhouette sportive tenta de faire connaissance et Candy s’amusa à lui céder un peu de terrain, s’efforçant de s’intéresser à sa conversation. Niel bien sûr s’en aperçut et alors qu’ils éclataient de rire, remit le jeune impudent à sa place. Lorsqu’il fut certain qu’il avait à nouveau toute son intention, il tendit l’oreille sur les conversations des différents invités. Candy ne put retenir son agacement.
- Pourquoi as-tu congédié de, de cette manière complètement ... abjecte et humiliante ce jeune homme ? Il ne faisait rien de mal !
- Si, lâcha enfin Niel au bout de quelques secondes.
- Comment ça ? « Si » ?
- Il te parlait et je ne le permets pas !
- Voyez-vous ça ? Tu ne le permets pas ! Nous ne sommes pas mariés que je sache ! Il eut du mal à ces mots, à garder son sérieux. Qu’est-ce que j’ai dis qui te fais rire ?
- Pas encore ... ma chérie, pas encore. Elle se sentit tétanisée devant son regard impérieux et sûr de lui. Maintenant excuse-moi ... je dois écouter ce qui se dit ici, c’est très important. Il y avait différents sujets abordés, mais il y en avait un notamment qui requerrai toute son attention et qui abordait celui d’Élisa qui n’avait pas daigné apparaître aux festivités. « Un comble pour une fille d’une excellente famille comme les Legan ! » disait une convive plutôt bien en chair, « Oui ! Elle aurait refusé les plus beaux partis d’après sa mère ... autant vous dire que cela n’arrange pas leurs affaires ! ». Niel ne put retenir un rictus à ces mots. Des messes basses coururent à son sujet entre la grande tante, madame Legan, son mari et enfin Albert. Niel ne perdait pas une miette des informations qui parvenaient jusqu’à lui. Candy quant à elle s’ennuya à mourir. « Si c’est ça les repas de famille ... pas pressée pour le prochain ! ». Enfin la séance fut levée et ils furent conviés à se rendre dans la grande pièce adjacente, la salle de bal. Le cœur de Candy manqua un battement ! Enfin elle allait danser avec son prince ! Enfin « Prince » c’était vite dit ! Son sourire s’effaça à l’idée qu’une fille mieux qu’elle et ayant toutes ses facultés, la supplante. L’aiguillon de la jalousie entra en elle comme dans du beurre et elle ne put retenir un goût de bile tandis que la musique lui fit presque oublier un bourdonnement dans son crâne très désagréable. Elle regarda la pièce immense et décorée magnifiquement, chaque mur étant auréolés de teintes traditionnelles pour Noël. Quant au plafond elle s’interrogea un instant sur le poids des cinq lustres monstrueux, qui jalonnaient la surface. On aurait dit le fameux château de Versailles et sa galerie des glaces. Elle ignorait qu’un décorateur avait été spécialement requis pour cette occasion. Un orchestre était installé tout au fond sur une estrade et n’attendait plus que les danseurs. Elle sourit à Niel mais ses lèvres se figèrent pour devenir glacées, comme si un sortilège de froid extrême venait de la frapper de plein fouet. Madame Legan tenait à ses côtés une magnifique beauté brune aux yeux verts mais qui laissaient deviner une âme de feu.
- Candy vous allez bien vouloir lâcher votre cousin ? Je pense que ce ne sont pas les beaux partis qui manquent pour assouvir votre appétit !
- Mère ... gronda Niel furieux.
- Niel allons ne te fâche pas, je disais ça comme ça (sa froideur démentait ce que sa bouche disait) ... voici Agnès Dorval, elle est la fille d’un banquier très influent à Washington.
- Enchantée ... Niel. Elle lui sourit, rougissante et timide. « Une parfaite potiche » gronda la petite voix de Niel dans sa tête.
- ...
- NIEL ! Sa mère à présent ne se donnait plus la peine de cacher sa colère.
Niel et sa mère s’affrontèrent et sans crier gare il prit sa décision. Pourquoi pas ? Après tout la jalousie était efficace pour mettre à jour certains sentiments !
- Dansons Agnès. Je vous prie de bien vouloir m’excuser ... mais je n’aime pas laisser seule ma cousine ... cousine d’adoption, lui chuchotât-il tout en jetant un coup d’œil en biais vers une Candy bouche bée.
- Oh ... et pourquoi cela ? Je ... bêtement j’ai cru qu’il y avait plus qu’une simple relation familiale entre vous !
- Elle a des soucis de mémoire. Je m’inquiète pour elle ... Il compta le rythme voulu pour être dans la cadence de la valse que jouait le meilleur orchestre de la ville, et n’oublia pas de faire pivoter avec grâce sa cavalière, une excellente danseuse. Elle peut du fait de son handicap se mettre dans de sales draps, vous comprenez ? Agnès hocha la tête et ses yeux d’ange se mouillèrent. Niel faillit la rejeter brutalement devant son subterfuge. « Elle me prend pour un poussin du mois d’Août ? Elle croit que je vais tomber dans le panneau de la fille sainte-nitouche ? ». Au lieu de ça il lui sortit son plus beau sourire, celui qui ravageait les cœurs de toutes les greluches du Collège Royal de Saint-Paul. Agnès comprit le message et fit papillonner ses cils. Son regard quitta celui de sa partenaire (pour dissimuler une irritation qui arrivait au paroxysme tellement ce jeu de séduction convenue le laissait froid), pour aller en direction de Candy, son astre pour lequel il avait arrangé toute sa vie et son avenir depuis des mois. Sans le vouloir alors, il serra plus fort la main de sa partenaire qui ne put réprimer une grimace de douleur.
- Très cher ... je crois que vous me broyez plus que de raison ma main ! L’irritation faisait étinceler ses yeux. Niel n’en ressenti aucun remord.
- Je vous prie de bien vouloir m’excuser fit-il en mode automatique, ne pensant pas un seul mot de ce qu’il disait. Ses yeux tout en s’adressant à Agnès regardait un autre astre, et celui-ci était à présent accompagné d’une étoile. « Grandchester » enrageait-il tout en faisant virevolter une Agnès désormais impatiente que la danse se termine.
Son vœu fut exaucé, l’orchestre acheva son morceau puis fut chaleureusement applaudi.
- Je pense que ... que vous dansez très bien mais ce sera pour moi la dernière danse ! Désolée ! Niel vit – non sans un petit plaisir intérieur – qu’elle se massait la main. « Tu n’as eu que ce que tu mérites ! Petite hypocrite ! ».
- Ne le soyez pas. Il la gratifia de son sourire VIP sur son meilleur profil, puis la planta sur place. Il avait un compte à régler ... Grandchester ... comment avait-il osé ?!
Elle n’avait pas fait longtemps tapisserie. Un garçon – qui ressemblait traits pour traits à celui du restaurant où Niel l’avait emmenée – vint à elle. Enjôleur il lui proposa de danser à sa compagnie ce qu’elle accepta. Il s’appelait Terrence Grandchester et avait été invité par Albert.
- Pourquoi vous me dîtes tout ça ?
- Albert m’a appris que tu avais des soucis de mémoire.
La tristesse la traversa puis se dissipa, cédant le pas à la colère.
- Oui et ?
- Et bien je ne peux pas te laisser entre les mains de ce Niel Legan.
« Il commence à m’énerver celui-là ..., calme-toi Candy ... c’est quand même étrange que tous ceux que tu croises te préviennes sur le garçon qui t’a pris sous sa protection ! ».
- Et pourquoi ça ? Qui êtes-vous d’abord ?
- Je suis Terrence Grandchester, toi et moi avons eu une liaison en Angleterre, au Collège Royal de Saint-Paul. Il devient soudain triste – lui aussi – comme si des chaines invisibles venaient de se poser sur lui, comme une chape de plomb. J’ai ... j’ai commis une erreur et ...
- Et ?
Il y eut un silence, seuls les instruments de musique de l’orchestre occupèrent l’espace laissé vacant par leur voix.
- Et quoi ?
- Je ... j’ai cumulé les mauvais choix. Je ... je suis juste venu te prévenir que Niel Legan n’est pas un garçon pour toi !
- JE CHOISIS QUI-JE-VEUX ! Bien sûr sa sortie fit retourner une grande partie des invités. Elle s’en fichait. C’était ses affaires à elle ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous à vouloir qu’elle se méfie de Niel ?
Candy le laissa là en plein milieu de la piste, jeta un coup d’œil en direction d’un Niel interloqué qui venait dans sa direction. « C’est ça ... si tu te figures que je vais t’attendre ! Alors qu’il y a deux secondes encore tu te réchauffais dans les bras de cette fille ! Elle te va comme un gant d’ailleurs ! », elle aurait voulu lui hurler sa tirade mais au lieu de ça, ses jambes en décidèrent autrement et elle sortit de la pièce en trombe.
**
L’air fouetta son visage brûlant. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à se mêler de sa vie ? De son choix d’aimer ce garçon ? Il était gentil, s’occupait d’elle, était aux petits soins ! Elle le revit dansant avec cette fille mais ça n’avait aucune importance, elle avait bien remarqué qu’il lui jetant des regards en coin da alors qu’elle dansait avec ce ... Terry ! , de plus elle avait pu sentir son inquiétude – malgré la distance – à son égard.
Bientôt tout devient flou, les larmes voilaient son regard, sa main les écarta, rageuse. Elle vit un bâtiment et décida de s’y réfugier, histoire de mettre ses idées au clair. Elle n’entendit pas (ou à peine) la voix de Niel lui demander de l’attendre.
C’était une écurie. L’idée saugrenue de prendre un cheval et de galoper alors qu’ils étaient tous là à danser la traversa, puis s’imposa. Oui c’est ça ! Elle allait galoper, elle savait comment faire et pourtant comment avait-elle cette connaissance ? Mystère mais elle savait que cela allait lui faire du bien. Elle entra dans le box non sans prendre de précaution et prépara le cheval, elle n’entendit pas Niel, furieux, lui donner l’ordre de retourner avec lui à la réception.
- CANDY ! Tu vas m’obéir à la fin ! Je T’ORDONNE de laisser ce cheval et de venir avec moi !
Elle le fixa comme s’il ne parlait pas la même langue.
- Je ... quoi ? « Comment osait-il lui ORDONNER de le suivre ? Non mais ! Après son attitude ? Il la repoussait et maintenant elle devait être à ses ordres ! IL NE MANQUAIT PAS DE CULOT ! »
- Tu as très très bien entendu ! CANDY !
« Dis ce que tu veux ... fallait pas m’agacer ! ». Elle mit le mors à Rose-des-Vents, sa jument et grimpa sur la selle, sans effort, devant l’air abasourdi de Niel.
- Candy je te préviens que ...
Elle passa outre (et manqua même le renverser), alors qu’elle donnait un coup de talon à l’animal. Niel alors ne perdit pas une seconde et prépara à son tour son étalon. « Éclair de Feu, va falloir que tu galopes au maximum de tes capacités et je sais que tu peux le faire ! » murmura t-il alors qu’à son tour il franchissait le seuil.
**
Ses cheveux fouettaient son visage, le nœud en soie qui retenait sa queue de cheval fut semé dès les premiers mètres Le froid qui enveloppait la nature en cette période n’eut aucune prise sur elle, il passait sans la traverser. La liberté quelle agréable sensation s’était ! Rose-des-Vents galopait sans effort, connaissant mieux qu’elle le terrain elle la laissait aller où elle voulait ... jusqu’à ce qu’un animal choisisse de traverser le chemin qui faisait le tour du lac. La jument se cabra indifférente au poids plume juché sur elle, rua puis augmenta sa vitesse. Candy ne s’entendit pas hurler tandis que ses doigts serraient (comme un alpiniste sa corde qui l’empêchait de choir au fond d’une crevasse), les crins de la crinière. Ses paupières s’étaient fermées par pur instinct, tandis que du fond de sa mémoire des images tentaient de remonter comme des plongeurs en apnée, à la surface. Un garçon blond – dont elle ne cessait d’hurler le prénom dans ses limbes cérébraux, « Anthony ! Anthony ! Relève-toi ! Pourquoi ?! » – gisait sans vie devant elle. Des frissons de terreur avaient remplacés ceux occasionnés par la température hivernale. Alors que ses yeux tentaient de reprendre un quelconque contrôle. Bientôt l’animal se mit à ralentir, puis à s’arrêter. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte que tout mouvement avait cessé. Elle daigna alors regarder autour d’elle. Il n’y avait rien que des bois, un lac en contrebas, un chemin qui ressemblait à une couleuvre albinos du fait de la lumière blafarde que renvoyait la lune. Elle perçut au loin un galop effréné mais une indifférence totale l’enveloppait à présent. Elle daigna descendre de sa monture tout en reprenant son souffle.
Ses jambes tremblaient tellement qu’elle dut s’appuyer contre l’animal qui profitait de cette occasion inespérée pour brouter les quelques brins d’herbes à sa portée de museau.
- Candy !? Tu vas bien ? Cria quelqu’un.
Ses oreilles entendirent bien la voix, mais son cerveau était désormais en veille. Elle fixait une étrange maison délabrée. Elle ne l’avais pas vu tout de suite tellement la nature l’avait rongée en profitant de tout ses points faibles. Les volets fatigués et marqués par les intempéries et les affres du temps avaient fini par se dégonder pour certains, il y avait des carreaux cassés sur presque toutes les fenêtres et pourtant cette bâtisse conservait un charme certain.
- Candy ?
Elle daigna se retourner. Un bref instant elle fut interdite, tellement l’image du garçon blond et celle du jeune homme qui venait vers elle étaient presque identiques. Elle fronça les sourcils en constatant que c’était Niel, qui en cavalier émérite conservait sa classe habituelle. Elle se sentait toujours furieuse de cette soirée calamiteuse.
- Pourquoi m’as-tu suivi ? Je croyais que je n’avais pas d’importance pour toi ! Tu dis que tu as de l’intérêt pour moi mais ... tu ne me le montres pas, on dirait que tu me fuis presque !
Le visage de Niel se ferma, tachant de dissimuler au mieux une grande irritation.
- Candy ... gronda t-il avant de faire deux enjambées et de se retrouver contre elle, Candy quand vas-tu comprendre ? Son souffle chaud sur sa joue glacée laissa son emprunte une fraction de seconde.
- Il n’y a rien à comprendre va ! Tu ... les autres n’arrêtent pas de dire que tu m’as fais du mal sans arrêt et si ça se trouve c’est ce que tu fais en ce moment ! Une boule dans la gorge menaçait à présent d’imploser en elle, elle inspira à fond, espérant faire passer cette désagréable sensation. Tu profites du fait que je ne me souviens de rien pour espérer que je sois amoureuse de toi et après me jeter comme un mouchoir usé ! C’est ça ?
- Ça suffit ... murmura t-il. Sans crier gare il l’attira encore plus puissamment contre lui. Le cœur de Candy menaçait de déborder d’un sentiment totalement paradoxal, hésitant entre fureur et pur désir. Niel prit alors sa bouche, impérieux et implacable. Elle ne put réagir tout de suite tellement ce baiser la surpris. Durant un laps de temps très court elle voulu se soustraire à cette étreinte mais son corps refusa d’obéir à sa raison. Son souffle était altéré par des vagues de désirs qui agissaient comme le ressac de la mer sur les rochers, son corps avait perdu tout contrôle, elle se sentait comme aspirée dans un paradis de délices, intemporel. Sa main vint se poser dans les cheveux de Niel, doux au contact. Elle ne put retenir un gémissement de félicité. Il en fit de même, ses doigts jouant avec ses boucles puis vinrent caresser son cou, sa gorge, hésitèrent à descendre au-delà de ce que la décence autorisait, enfin ses mains se posèrent sur sa taille et n’en bougèrent plus. Des frissons jouaient à la course d’obstacles sur la colonne vertébrale de Candy puis sur – et dans – son corps tout entier. Il en était de même pour Niel qui goûtait comme jamais ce baiser qu’il avait si ardemment imaginé, fantasmé et même rêvé ! Avec regret ils se séparèrent et reprirent leurs souffles.
- Désolé fit d’une voix mal assurée Niel, contrit. Je ... j’ai perdu le contrôle ! Je n’ai pas supporté quand tu m’as accusé de te faire à nouveau du mal.
- Je ... depuis que tu m’as recueillie je ne pense qu’à ce moment ... ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de cette bouche qui pouvait être tour à tour énervante, sexy, moqueuse ... tu ne dois rien regretter ! Niel ! Ajouta t-elle devant son regard empli d’un immense regret.
- Tu vas me détester pour ce qu’il vient de se produire, prévient-il, en colère contre lui-même. Rentrons.
- Non !
- Comment ?
- Pourquoi rentrer ? Tout ces gens ... ta mère ... elle ne m’aime pas ! Et puis j’ai bien remarqué que certains me regardent d’un drôle d’air !
Il ne put se retenir de rire. Même sans mémoire elle avait toujours ce tempérament qui par le passé, l’avait horripilé, cette façon qu’elle avait de ne pas suivre les règles et qu’il avait mit sur le compte de sa « mauvaise » éducation. Il dut se retenir à nouveau de la prendre dans ses bras tellement son attitude le troublait.
- Candy ... les autres vont s’inquiéter ... et je crains surtout Albert ... ton père adoptif de vouloir m’arracher les yeux de nous savoir tous les deux, à cheval de surcroît et dans la nature.
- Et qu’est-ce qu’il craindrait ? Que tu m’embrasses ? Niel gronda devant son air espiègle. Il ne se sentait pas d’attaque de jouer à nouveau.
- Entre autre ronchonnât-il.
- J’avoue que ... c’était très agréable ... et j’ai soudain une très grande envie de te désobéir ... elle eut un petit rire mutin et tourna les talons tout en riant. Niel en resta comme deux ronds de flans puis partit à sa poursuite mi-figue-mi-raisin. « Petite chipie si je t’attrape ! » tempêtât-il intérieurement.
- CANDY ! Reviens ici tout de suite !
Elle jeta un regard dans sa direction par-dessus son épaule toujours en riant puis elle disparu à ses yeux.
- CANDY ! Hurla t-il puis il se tût, tendant l’oreille espérant un son, un indice dans cet endroit isolé. Ses yeux fouillèrent les lieux juste éclairés par une lune complaisante.
Il s’arrêta pour reprendre son souffle, les sens aux aguets. Où était-elle passée ? Ce n’était pas le moment de jouer à cache-cache bon sang !
- « Aïe ... » entendit-il quelque part. Il avisa une irrégularité dans le bas-côté, comme un trou et une forme étendue. L’effroi le submergea.
- Candy ! Mais ... Il l’aida à se relever le plus doucement possible. Tu as mal où ? Où ça ? PARLE ! Elle le regardait les yeux comme absents, comme tournés dans une conscience lointaine. CANDY ! Allez ... ça va aller, relève-toi ... voilà ... doucement ... Ses gestes étaient les plus doux qui soit, Elle se laissa faire, docile.
- Ma tête ... je me suis cognée mais ce n’est rien ... ses yeux rencontrèrent les siens. La lune masqua comme une étincelle de surprise, une étincelle dans une mémoire laissée longtemps inutilisée. Niel se pencha pour regarder la blessure mais même s’il voyait comme une blessure il ne pouvait juger dans cet endroit de sa gravité.
- Je ne vois rien d’ici, il fait trop sombre. Maintenant rentrons d’accord ?
- D’accord. Elle se releva tout en massant sa tempe gauche. Elle constata qu’elle saignait un tout petit peu. Inquiet Niel regarda à son tour ses doigts.
- J’espère que ce n’est pas grave ! Murmura t-il, inquiet.
« Niel inquiet pour moi ... étrange ». Elle choisit de ne rien laisser paraitre tout en marchant à ses côtés. Les chevaux se tenaient aussi compagnie, heureux de cette sortie nocturne. Il l’aida à monter sur sa monture puis s’installa derrière elle. Candy ne put s’empêcher de rouler des yeux mais parvint in extrémis à camoufler sa gêne. Il attrapa les rennes de l’autre cheval puis prit les siens propres et amorça le trajet du retour.
C’est en toute discrétion qu’il la conduisit dans l’aile des domestiques, au rez-de-chaussée. Tout en regardant une jeune femme de service soigner sa protégée il se surprit à s’inquiéter de ce silence inhabituel.
- Hum ... Candy ... tout va bien ?
- Oui, oui, ne t’inquiète pas ! Elle le regarda et daigna lui sourire. Au fond d’elle cependant se battaient des sentiments contradictoires. Comment oublier ce baiser ? En comparaison celui qu’elle avait échangé avec Terry du temps de son adolescence était fade, presque insipide, relégué comme une expérience sans intérêt au tréfonds de sa mémoire. Elle eut envie de se passer l’index sur ses lèvres encore chaudes de ce contact mais ce serait donner des indices sur son émoi intérieur. Niel Legan à ses côtés ? Niel qui s’était conduit avec elle comme le plus charmant des gentlemans ? Niel qui la couvait du regard ? « Oui enfin ça ce n’était pas nouveau, c’était même alarmant ... elle n’avait eu cesse de le fuir d’ailleurs ... alors pourquoi était-elle là ? Avec lui ? ». Il n’y avait qu’une seule possibilité ... elle avait permis cette situation, mais pourquoi ? « Le mieux est que tu fasses comme si ... si tu ne te souvenais toujours de rien ... ». Tout en laissant les doigts fin de la domestique enrouler une bande autour de sa blessure, toute sa mémoire se déversait à nouveau en elle. Comment elle était tombée suite au choc de son sac que des voyous avaient tenté de lui arracher ; la visite de Niel à l’hôpital, sa gentillesse, mais aussi sa retenue à son égard ... alors que les doigts achevaient leur mission, elle sentit ses joues s’empourprer. Comment ne pas se souvenir de l’émoi qu’il lui inspirait depuis qu’il s’occupait d’elle dans cette demeure, cette demeure et son balcon inoubliable, par lequel elle s’était échappée alors qu’il avait voulu la retenir contre son gré ! « Reprends-toi ... il ne doit pas se douter que tu as recouvré la mémoire ! Fais comme si ... même s’il te ... révulse ? ... (silence intérieur), hum ... en es-tu si certaine ? », « Hum ... ce baiser si ... CANDY REPRENDS-TOI ! ».
- Quoi que tu en dises ... tu sembles étrange ! La voix de Niel était emprunte de méfiance, le ton était plus insistant, comme inquisiteur.
- Non ... ne t’inquiète pas ... j’ai juste un peu mal à la tête ... elle feint la lassitude la plus extrême.
- Hum ...
- J’ai quelque chose mademoiselle pour vous ... si vous voulez bien !
- Merci ... mais je crois que je vais y aller, je ne voudrais pas faire attendre.
- Je peux attendre, rétorqua Niel un brin moqueur, de toute façon notre disparition n’a pas ému la foule. Donnez-lui votre remède ... si ça peut lui faire du bien !
Candy but la tisane a base d’herbes parfumées, remercia chaleureusement la jeune domestique, et suivi Niel non sans inquiétude pour son apparence.
- Niel ... regarde de quoi j’ai l’air ... ça va susciter des questions !
Il la jaugea comme un paysan juge une vache sur le point d’être achetée, puis hocha la tête, goguenard.
- À mon avis il n’y a pas que l’apparence qui va susciter des questions. Bah ... je trouverais bien quelque chose ! Se faisant il se passa la main dans les cheveux, l’air mutin qui le rendit encore plus sexy. Ce geste troubla une Candy indécise, en proie à toutes sortes de sensations, et des pensées tournaient comme dans un manège. « Qu’est-ce qui m’arrive ? Je me sens toute bizarre ..., il faut que cela cesse, je dois absolument cesser d’être troublée dès qu’il me regarde ! C’est infernal ! ». Son cœur marqua son désaccord en tambourinant plus fort dans sa poitrine.
**
Sarah Legan ne put cacher sa fureur et dut exercer sur elle-même un contrôle digne d’un Maître Shaolin. Cette garce avait encore une fois détourné son fils chéri de ses plans !
- Où étais-tu ? Avec elle ? Et d’où sortez-vous ? Dans cet état !!!!
- Madame Legan je vous prierai de reprendre vos esprits, vous vous adressez à ma fille et j’exige que ce soit sur un autre ton !
Albert la guettait sans relâche, prêt à prendre l’interrogatoire en main. Madame Legan inspira puis concentra toute son attention sur son fils.
- Alors ? Où étais-tu passé ?
- Ça ne te regarde pas répondit-il, une expression de défi plaquée comme un masque sur son visage.
- Si ça me regarde figure-toi ... ! Déjà ta sœur qui en fait qu’à sa tête ... le regard de Niel devient soudain plus brillant, très intéressé.
- Elle a désobéi à vos plans mère ? Il ne put dissimuler un petit rire méchant.
Sarah Legan pâlit sous l’affront que lui infligeait son fils.
- Il y a des règles dans notre monde et tu le sais ! Ne fais pas semblant de les avoir oubliées !
- Candy fait partie du nôtre ... que cela vous plaise ou non.
Elle ne put dissimuler plus longtemps son dédain.
- Tu peux trouver mieux.
- Cela suffit à présent intervient, Albert d’un ton mordant. Ces jeunes gens – y compris Élisa – ne sont pas des pions que vous pouvez déplacer à votre guise sur votre échiquier, je crois que vous en avez la preuve ici.
- C’est une orpheline ! Et qui plus est ... sans aucune éducation ! Elle travaille ! Aucune femme de notre lignée n’a osé s’abaisser à ...
- Mère ... vous êtes désespérante. Ne vous en déplaise je sortirais avec qui je veux. Madame Legan le toisa et sur un ton mordant lança son ultime attaque :
« - C’est une voleuse ! »
Niel ne put s’empêcher à nouveau de rire.
- Et bien ? Qu’est-ce qui vous amuse à ce point ?
- Candy n’a jamais volé quoi que ce soit.
- Tu as oublié ? Le Ranch ?
- C’était moi mère, moi et Élisa qui avions tout manigancé. La honte de son passé l’envahissait et se manifestait par une discrète rougeur sur ses joues, il fallait bien qu’un jour un pan de son passé soit mis à jour mais il aurait juste souhaité que ce ne soit pas maintenant. Oui Candy, tu comprends maintenant pourquoi ... j’ai honte du mal que je t’ai fait ! Souffla t-il le visage marqué par la douleur que lui infligeait sa conscience.
« Incroyable ! Niel vient d’avouer que c’était lui qui était l’auteur de tout ce dont on m’a injustement accusée ! » ... Elle le fixait stupéfaite par son courage. Sa mère en revanche ne s’en laissa pas compter.
- Tu dis ça mais tu mens ... je le sais ... tu es incapable de faire du mal à qui que ce soit ! Il ricana tout en lui faisant à nouveau face. Candy sentit que définitivement l’adolescent coléreux et méprisant venait de céder la place à un homme sûr de lui.
- Mère ... Élisa et moi avons bien profité de vous, il est temps pour moi d’avouer la vérité.
- C’est ... c’est trop ! Tu es prêt à te salir pour cette fille ! Visiblement les mots lui manquèrent ou l’émotion fut trop forte, elle se tourna vers cette fille qui l’insupportait par sa grâce naturelle, et se retient de lui asséner une ultime insulte mais elle savait qu’Albert veillait tel un Cerbère. Nous verrons ... la grande tante a encore son mot à dire ! Et elle est contre cette union.
- Qu’elle soit contre ou non, personnellement je m’en fiche. J’ai décidé de mener ma vie comme je l’entends.
- Nous te couperons les vivres ! Menaça t-elle alors tout en relevant son menton d’un air qui voulait dire « Qu’est-ce que tu dis de ça ? ».
- Tu crois que je n’ai pas anticipé vos réactions ? Il la jaugea condescendant. J’ai débuté des études de médecine ... tu n’es pas sans le savoir.
- Tu les as interrompues. C’est juste un amusement puisqu’il est également prévu que tu prennes la suite de ton père au Ranch.
- Père est au courant de mes projets. Je serais médecin, c’est ma décision et elle est irrévocable.
Madame Legan se sentit sur le point de défaillir. Candy à un moindre degré également. C’était impossible, incroyable un tel changement ! Niel avait tellement mûri qu’elle se demanda une fraction de seconde si elle ne rêvait pas. Elle fut troublée par des souvenirs tout récents, alors qu’il s’occupait d’elle dans la demeure familiale, alors qu’elle ressentait encore le malaise de son amnésie.
- Tu n’as pas encore gagné, ni vous d’ailleurs crachat-elle en direction de Candy puis d’Albert. Mon fils est promis à un grand avenir et votre fille – adoptive – n’est pas incluse dans mon programme.
- Méfiez-vous madame Legan ... ma complaisance pourrait s’achever vous concernant. Le ton d’Albert avait rarement contenu ce venin mais instinctivement Candy su qu’il ne plaisantait pas. Madame Legan et lui s’affrontèrent puis elle décida de céder la place et partie rejoindre son alliée de toujours, « sans doute pour lui raconter son altercation ... » pensa Candy ; la grande tante Elroy.
- Merci fit Candy aux deux hommes.
- Plus personne ne te fera de mal, je t’en fais la promesse, dit doucement Niel.
L’ambre de ses yeux vint la réchauffer d’un feu ardent, et fit basculer son cœur définitivement. Sur le visage de Niel en revanche persistait une retenue, une chaine invisible, une chaine qui refusait de le libérer de son passé, c’était sa conscience encore abîmée par sa méchanceté passée, tournoyant en lui comme un essaim de guêpes près d’une bouteille de limonade. Désormais cette culpabilité était sur lui comme une cape collante dont il ne parvenait pas à se dépêtrer. Au fond de lui il savait qu’une seule personne pourrait l’en défaire, et cette personne le regardait de la façon la plus agréable qui soit : Candy.
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- Bonjour mademoiselle ! Fit une femme dans la soixantaine, posant un plateau sur l’unique table de sa chambre. Élisa se frotta la tête et se faisant rencontra une bande de crêpe entourant sa boîte crânienne.
- Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Que m’est-il arrivé ?
- Doucement ... une seule question à la fois si vous le permettez ! Je suis Lizzy, je suis la gouvernante de monsieur Tom Steel. Quoiqu’il en soit ... je sais que monsieur vous a conduite jusqu’à l’orphelinat de mademoiselle Pony et puis ... on vous a retrouvée, étendue dans le torrent, une plaie à la tête. Vous n’étiez pas transportable pour le coup donc monsieur Steel est resté avec les deux femmes pour s’occuper de vous.
- Et combien de temps ?
- Deux jours. Monsieur est resté à vos côtés pendant tout ce temps mademoiselle.
Élisa la fixait les yeux ronds tandis que dans sa tête un petit lutin s’amusait à ranger tous ses souvenirs dans l’ordre. Oui elle se souvenait à présent ! De ce crétin que sa mère et la vieille avaient voulu lui imposer « parce qu’il était riche et avait une bonne situation ! », « Foutaises ! J’épouserais qui-je-veux ! », sa fuite au ranch de son père puis à nouveau ... lorsqu’elle avait appris qu’elle devait retrouver sa chère famille à Chicago. Oui maintenant elle se rappelait de ce Tom Steel, plutôt agréable à regarder, en tout cas le plus beau des mâles qui lui est été donné de contempler. Ainsi il s’était occupé d’elle pendant deux jours ... un drôle de frisson s’insinua et son ventre frémit pour la première fois de son existence.
- Merci. Vous pouvez disposer. Le ton de maîtresse de maison lui fut tout naturel. Lizzy la salua et prit congé.
Rassasiée elle retrouva ses vêtements. Ils avaient été lavés, repassés et sentait bon un parfum fleuri. Avant cependant elle comptait bien prendre un bain et se laver, elle avisa une cordelette qu’elle tira. Lizzy apparut quelques minutes plus tard et la conduisit dans la salle de bain de l’étage. Élisa constata que même si l’ensemble était patiné par les ans, la demeure avait du cachet et était fonctionnelle.
- Merci ... Lizzy.
- Je suis à votre service. Je suis contente – je peux vous le souffler entre nous – je suis contente que monsieur Steel vous ai trouvé. « Intéressant ... mais encore ? Serait-il célibataire ? ».
- Et ... pourquoi ça ? Répondit-elle d’un air angélique.
- Monsieur Steel, Tom ... c’est un garçon solitaire, je ne lui ai jamais connu de petite amie. Il travaille trop, sans arrêt, comme si ... comme s’il voulait se prouver qu’il vaut quelque chose. Bon allez Lizzy ! Quelle bavarde je suis ! Je vous laisse ... et elle lui indiqua où trouver tout le nécessaire.
Élisa goûta la douche avec délice. Où était-elle ? Et qui était surtout ce Tom ? Il devait être un peu comme son père, administrateur de terres ... donc riche ... de quoi faire fermer son clapet à sa mère. Peu importait en fin de compte, elle avait coupé le cordon avec sa famille et il n’était plus question de mariage imposé, elle sentit en plus de l’eau couler sur elle, la liberté tracer des sillons indélébiles au plus profond d’elle-même. « Je suis enfin libre ! », elle ferma les yeux en savourant cette toute nouvelle sensation, elle se crut un instant comme au Paradis. « Plus jamais je n’obéirais à qui que ce soit, à moins qu’il ne le mérite ». Elle se le jura puis prit sa décision : elle saurait qui est ce Tom, s’il valait la peine qu’elle daigne s’intéresser à lui. Elle se tourna vers le miroir qui avait subit lui aussi la marque du temps. Elle prit une mèche de ses cheveux qui avait perdu la marque de ses anglaises légendaires, la tournoya entre ses doigts puis une idée saugrenue lui vient.
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J’espère que ce chapitre 3 vous a plu ☺ n’oubliez pas de me laisser vos remarques, si je peux y répondre favorablement je le ferais. Gros bisous et à bientôt pour le CHAPITRE 4.