“Viens, Patty, je vais te servir à boire” proposa Albert.
“Oh ! Me faire servir par un millionnaire, c'est un luxe que peu de personnes peuvent s'offrir !” Répondit Patty en riant, pendant que Candy relisait attentivement le carton d'invitation.
Les deux gagnèrent la cuisine.
“Tu crois que ça va marcher ?” Demande Patty.
- Je l'espère. J'ai remué ciel et terre pour me procurer ces invitations.
- On devrait peut-être lui dire que ça ne vient pas vraiment de Terry ? Sinon elle risque de se faire des idées. Ce n'est pas un peu cruel ?
- Cruel ? Ce qui est vraiment cruel c’est qu'ils ne puissent plus s'aimer ! Candy est restée dans l'idée que Terry devait choisir Suzanne. Et dans cette situation, elle restera fermée. Mais si elle croit que cette invitation vient de Terry, elle aura un espoir et baissera sa garde.
- Tu joues un peu avec le feu ! Et si Terry ne l'aime plus ?
- D'après mes sources, il n'a eu personne depuis Candy. Je suis sûr qu'il l'aime encore.
- Et Suzanne ?
- Elle court toujours après lui, mais pas assez vite pour le rattraper…”
Les deux amis s'exclaffèrent.
"- D'un autre côté", reprit Albert, "avec cinq invitations, ça fait plutôt réunion de copains. Et quoiqu'il arrive on sera avec elle.
- Et surtout elle est obligée de venir avec nous ! Elle ne pourra pas se cacher dans un coin !
- Exact !
- Et à ton avis, comment Terry va réagir ?
- Je pense que ces années lui ont permis de réfléchir et qu'il sait que Candy est celle qu'il attend. J'espère juste qu'il saisira sa chance."
Candy observait le carton d'invitation. Après le cauchemar, elle croyait rêver ! Pourvu qu'elle ne se réveille pas encore une fois !
Son Terry ne ne l'avait pas oubliée ! Ses tâches de rousseur s'empourpraient et son coeur palpitait. Elle tournoya comme si elle valsait avec Terry. Masi ses doutes la ramenèrent sur terre : Si c'était Terry qui avait envoyé ces invitations, pourquoi en a-t-il envoyé à tout le monde ? Est-ce que c'était une manière de dire qu'elle n'était plus qu'une amie ? Quelles étaient ses intentions ?
“
Qu'est-ce que je vais faire ?... C'est aussi bien que je sois accompagnée. Comme ça, si c'est juste amical, je ne passerai pas pour une idiote…”
Elle regarda la pièce et réalisa qu'elle était encore au foyer.
“
Qu'est ce que je fais là ? J'ai plusieurs familles dans le besoin… Et comme une égoïste, je ne pense qu'à moi !”
Candy était profondément inquiète pour ces familles. Elle savait qu’elle était comme leur flambeau. Si elle s’éteignait, leur espoir s’éteindrait aussi. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. Il fallait continuer à y croire. Elle leva les yeux au Ciel et pria dans son coeur :
“
Oh Seigneur, dans quelques jours, c’est ton anniversaire. Ne permet pas que ces personnes soient à la rue. Amen !”
En attendant, elle devait bien donner le change. Tant qu’Archibald arriverait à avoir des délais, il était inutile d’inquiéter les familles.
Les enfants avaient préparé un spectacle. Les répétitions étaient l’outil idéal pour divertir tout ce petit monde, et, pour elle, de penser à autre chose. Elle retrouva la petite troupe qui l'attendait dans la grange.
“Allez, John, à toi !” dit-elle pour débuter la répétition.
Le petit John, qui jouait un ange, prenait son rôle très à coeur. Il avança en déclarant :
“Ce soir est un jour spécial. C’est une nuit attendue depuis des milliers d’années. Car Jésus, le Sauveur, naîtra dans quelques heures. En ce moment même, Marie et Joseph cherchent un endroit pour se reposer.”
Deux adolescents avancèrent à leur tour.
“Je sens que le bébé va arriver” dit la jeune Marie
“Nous allons certainement trouver” répond le jeune Joseph.
“Mais nous avons demandé partout et personne ne peut nous accueillir. Nous n’allons quand même pas accueillir Jésus dans la rue ?
Ne t’inquiète pas, Dieu pourvoira.”
“
Oui” se disait Candy. “
Dieu pourvoira”. Malgré l’inquiétude et les doutes, elle avait décidé de faire confiance à Dieu, car le timing de Dieu était toujours parfait.
De son côté, Kate traînait une oreille curieuse. Toute cette ambiance l’amusait.
Les comédiens en herbe continuaient :
“Cette brave femme nous permet de loger près des animaux. Nous aurons bien chaud !”
Marie, la jeune veuve, suivait de près également, car quoiqu’elle eut une petite Beth, elle avait le seul bébé du foyer qui put tenir le rôle de Jésus.
Elle jeta un coup d’oeil à Kate. Elle lui souffla gentiment :
“Pauvre Jésus, il n’avait même pas un endroit pour dormir. Heureusement que des personnes lui ont prêté gracieusement une grange !”
Cette réflexion interpella Kate. Et tout de suite après, elle sentit son ventre se serrer.
“Oh, je viens de sentir un truc bizarre…
- Quoi donc ? S’enquit Candy.
- Je me demande si ce ne sont pas les premières contractions…”
Puis Kate sentit l’eau ruisseler le long de ses jambes.
“Oh !” s’exclama Candy “ Il arrive ! Je vais appeler le médecin”
Le médecin ne pouvait pas arriver avant une heure, à cause de la neige.
Les contractions s’intensifiaient et le bébé semblait vouloir arriver vite. Candy trancha :
“Il y a peu de chance que le docteur arrive à temps. Quelqu’un peut-il m’apporter de l’eau chaude, une paire de ciseaux et une cordelette ?”
Marie confia sa petite Beth à une demoiselle et arriva avec une couverture et une bouilloire.
“Je pense pouvoir vous être utile. Je vais vous assister.
- Merci !" Dit Candy.”
Les femmes eurent juste le temps de regagner des lieux plus propres.
Le petit se présentait mal. Mais Candy réussit à sauver la situation pendant que Louise rassurait Kate.
Le petit Charly arriva une demi-heure après.
Mme Shepherd le serra enfin contre elle. L'enfant était encore tout frippé et ses yeux embrumés. Mais pour sa maman il avait le visage de l'amour.
“Bonjour, petit Charly. Bienvenu dans ce monde et ravi de te connaître”.
Il prit sa première tétée puis, fatigué de l’épreuve qu’il venait de traverser, s’endormit douillettement contre sa maman. Kate était pensive...
“Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas !” fit Candy, souhaitant sortir pour la laisser se reposer. Mais Kate l’interpella.
“Mademoiselle André ?
- Oui ?
- Pourriez-vous remercier cette maman, Marie, de ma part, s’il vous plaît ?
- Oui, bien sûr !
- Si je puis me permettre, connaissez-vous son histoire ? Pourquoi est-elle là ?
- Elle s’est retrouvée à la rue quand son mari est mort. Une triste histoire.
- Comment est-ce arrivé ?
- Il travaillait pour une compagnie de chemin de fer. Il est mort pendant une mauvaise manoeuvre lors de l’installation des voies de la Central Railway Compagnie.”
Kate blanchit.
Quelqu’un frappa à la porte.
“Oui” répondit Candy” j’arrive.
Un jeune garçon tout emmitouflé tenait une boîte en carton.
“Ce sont vos tracts, madame”.
Candy lui laissa un pourboire et ouvrit la boîte.
“Le foyer André cherche un grand local pour y emménager. Toute offre sera la bienvenue. Possibilité de payer un loyer. Adressez-vous à l’adresse suivante :.....”.
Le plan était que s’ ils étaient contraints de déménager, ils trouveraient vite. Et s' ils pouvaient rester, Candy pourrait en plus fonder un nouveau foyer pour accueillir plus de monde.
Elle appela Georges et lui demanda d’envoyer ses hommes distribuer les tracts le jour même.
Terry regardait par la fenêtre de la chambre d’hôtel. Toute cette neige ! Et ce vent qui soufflait, qui lui murmurait un prénom qu’il n’avait jamais pu oublier.
Était-elle toujours dans cette ville ? Il cessa de respirer un instant.
La ville comptait plus de deux millions d’habitants. Il avait peu de chance de la rencontrer. De toutes façons, ils s’étaient toujours ratés. Pourquoi est-ce que cela marcherait cette fois ? Il ne comprenait pas quel sens pouvait avoir sa vie sans amour.
Était-il simplement né pour être une étoile, faire briller la scène de sa présence, et puis partir ? Être juste un feu follet glissant à la surface des eaux sombres ?
Mademoiselle Marlow frappa à la porte.
“Chéri ! Si nous allions faire un tour dehors ? La neige est si belle !”
Il n’aimait pas qu'elle l’appelle ainsi. Mais il avait fini par s’habituer.
“Ce n’est pas raisonnable, Suzanne. Tu risques de glisser.
- Tu n’es pas drôle. Noël dernier nous étions à Malibu et il n’y avait pas de neige. Tu sais que j’adore la neige, n’est-ce pas ? Sortons juste un peu. Je m’accrocherai à ton bras pour ne pas glisser !”
Le jeune Thomas Shepherd avait intégré son bureau du centre des affaires de Chicago, pour la journée. Il repassait ses notes. L’avocat Smith le rejoignit.
“Où en sommes-nous ?
- Vos magasins de Chicago et de New York ont explosé leur chiffre d'affaires pour Noël. Vous avez 35 075 dollars de bénéfices, exactement.
- Bien.
- J’ai contacté, comme vous me l’avez demandé, Les entrepôts Griffith et leur ai proposé de louer leur local pour entreposer nos marchandises. Pour l’instant, ils sont encore sous contrat pour six mois. Il faudra les recontacter.
- Notez sur l’agenda.
- Et il y a toujours cette affaire avec le Central Railway.
- Quelle affaire ?
- Plusieurs ouvriers ont été blessés, et il y a eu quelques morts dans l’explosion de la locomotive, l’an dernier.
- Et que puis-je y faire ? La compagnie ne m'appartenait pas !
- Ils se sont regroupés en syndicats. Ils menacent de vous faire un procès si vous ne versez pas d’indemnité. Beaucoup se retrouvent sans ressources… et sans logis.
- Ah ! Vraiment, grommela Shepherd, j’aurais dû me méfier quand j’ai racheté cette compagnie ! C’était une trop belle affaire ! Que pouvons-nous faire maintenant ?
- Nous devons négocier pour trouver un accord, avant de nous retrouver au tribunal.”
Le téléphone sonna.
“Allô, mademoiselle André, que puis-je faire pour vous ? A part vous laisser la ferme, j’entends bien ! Quoi ? Déjà ? Oh, oui, oui ! j’arrive tout de suite !”
Le jeune homme enfila son manteau comme si il y avait le feu.
“Que se passe-t-il ?" interrogea l'avocat
"Je suis papa, mon vieux ! Je suis papa !! Et c'est un garçon !”
Suzanne s’accrochait comme une sangsue au bras de Terry. Il avançait doucement.
Elle avait voulu voir le Lincoln Park. C’est vrai que c’était un bel endroit.
“Quand nous aurons fini de faire les tournées et que nous aurons assez d’argent, ça me plairait qu’on s’installe ici. Qu’en penses-tu, Chéri ?”
“Il y a tellement de villes, Suzanne, tu peux acheter une maison n’importe où. Pourquoi ici ?
-Tu as raison.” dit-elle en faisant la moue, car elle se rappela soudain qui habitait là. Et cela n’était certainement pas étranger à l’attitude de Terry. “Il y a beaucoup d’autres villes à découvrir” reprit-elle.
A une centaine de mètres, un homme distribuait des tracts.
“Oh ! Un vendeur de journaux ! Il a peut-être des invitations pour une fête de Noël ! Allons voir !” cria Suzanne.
Terry alla se renseigner et prit le papier.
“Le foyer André cherche un grand local pour y emménager. Toute offre sera la bienvenue. Possibilité de payer un loyer …”.
“
Le foyer André ! Ce ne peux pas être une coïncidence, il s’agit de Candy !” Peut-être que cette fois, finalement, Dieu les réunirait pour Noël ? frémit Terry.
”
Où est donc ce foyer ? Voyons l'adresse…”
“Oh ! Terry, dis, qu’est-ce que c’est ?" geignit Suzanne.
"Rien. Juste une publicité sans intérêt, Suzanne. La nuit va bientôt tomber. Il est temps de rentrer nous préparer.” Déclara-t-il en rangeant soigneusement le papier dans sa poche intérieure.
Et voilà ! C' est un peu court,mais je pense avoir respecté le cahier des charges
et que cela vous a plu. Joyeux Noël à toutes et à un
Et mainteant je passe le stylo à ... Lulune !!
Edited by Barroco - 3/12/2023, 14:48